Page images
PDF
EPUB

A ces vers on voit que M. de la Martine est un élève passionné de l'école romantique, mais aussi qu'il a cherché dans une source plus élevée que lord Byron, des idées consolantes.... Son ouvrage, dont le titrea paru ambitieux, est une série de chants élegiaques sur l'homme et l'immortalité, le désespoir et la Providence, l'enthousiasme et la retraite, la prière et le génie, la gloire, la semaine sainte, et la mort..... Dans quelques endrois seulement il chante une maîtresse perdue, dans le style dont Pope et Colardeau ont célébré les amours d'Héloise et d'Abailard. Partout ailleurs les grandeurs, la misère et la fin de l'homme, sont l'objet de ses méditations; c'est l'idée dominaute de Pascal, sur la nature de l'homme, le péché originel et la néces sité de la revelation:

.. De tous les morceaux de ce recueil, nul n'est plus profondément empreint du talent de l'auteur que la meditation intitulée le désespoir; les plaintes que l'homme adresse à la Providence, y sont d'une âcreté brûlante, comme les pensées de lond Byron. Il s'en faut bien que la réponse de la Providence au malheureux soit de la même force, Il arrive à M. de la Martine, ce qui était arrivé avant lui à Milton, au Dante, à M. de Chateaubriand. Pourquoi donc la poésie de l'homme estelle plus habile à peindre les crimes ou les tourmens de l'enfer, que les vertus, ou les joies célestes.....?

L'apparition des méditations poétiques, a fait sensation. A peine connu dans le monde littéraire par quelques fragmens échappés de son portefeuille ou Ins dans les salons, M. Martine a été cité comme un de nos premiers poëtes. Il a reçu des félicitations ministérielles, et quatre éditions tirées à plusieurs milliers d'exemplaires, ont à peine suffi à satisfaire l'avide empressement des lecteurs.

La critique, importunée de ce succès, regardé comme un succès de parti, lui a reproché des divagations, "des impropriétés d'expressions, des incorrections des négligences dans ses rimes et dans les formes de sa versification, des ellipses forcées, des images infideles on désavouées par le goût, des réminiscences frequentes, des teintes monotones, un defaut général d'in

vention, une sterilité réelle d'idées sous l'abondance de termes obscurs et d'épithètes oiseuses; d'un autre côté, on a vanté justement l'aisance avec laquelle il porte le joug de la rime et de la prosodie, des tableaux pleins de vie et de chaleur, des morceaux où il s'élève aux plus hautes spéculations de la philosophie et de la religion, dans un style fort de pensées et magnifique d'expressions. Soit que retiré dans un vallon solitaire, à l'aspect d'un beau lac, ou dans une église de vilfage aux approches du soir, il chante ses chagrins, ses plaisirs mélancoliques et ses pieuses espérances, soit que transporté sur la cime des monts, au-dessus de la région des tempètes, on s'élançant par-delà notre univers, dans les champs de l'éternelle nuit, il attende avec la foi religieuse, la destruction des mondes, il nous intéressse, nous émeut, nous entraine. Il saisit les imaginations fortes et touche les cœurs tendres. Cet art d'émouvoir avait d'abord fait sa fortune auprès des femmes, il a fini les hommes. L'art de faire des vers est par subjugner commun; ce n'est plus, si j'ose le dire, qu'un talent de société; mais les poëtes sont rares, et quand il en parait un, il faut préparer pour son front la couronne de lierre.

THEATRES.

Quoique le Théâtre Français n'ait point été préservé de l'invasion étrangere, quoique Shakespeare et Schiller se montrent, dans la gloire de leurs traductions nouvelles, à côté de Corneille et de Racine, ce n'en est pas moins encore la plus belle partie de notre domaine littéraire. L'Allemagne et l'Angleterre ont été stériles cette année en comparaison de la France.

ACADÉMIE ROYALE DE
MUSIQUE.

L'execrable attentat que nous avons ailleurs déploré a jeté un crepe sur les jeux de Polymnie et de Terpsichore. Chassées de leur temple, privées de la pompe de leurs fetes, réfugiées sur une scene étroite (à la salle de la rue Favart), elles n'ont fait que donner

signe de leur existence. Un petit opéra de M. Viennet, Aspasie (première représentation, 16 juillet), sujet déja mis sans succès sur la scène lyrique; deux ballets, Clari (première représentation, 4 juin), et les Pages du duc de Vendome (17 octobre ), sujet pris l'un, d'une nouvelle de Darnaud Baculard, l'autre d'un vaudeville ont seuls soutenu la renommée de l'établissement, en attendant la construction d'une salle où la muse lyrique doit reparaître dans l'éclat d'une cour plus nombreuse, plus brillante et plus jeune.

THEATRE FRANÇAIS.

MARIE STUART, tragédie en cinq actes , par M. P. Lebrun (première représentation 7 mars ). ·

[ocr errors]

Marie Stuart est un des personnages les plus dramatiques qu'on ait jamais mis sur la scène. Il ne reste guère aujourd'hui d'elle que le souvenir de ses courtes prospérités, suivies de longs malheurs, de l'empire qu'elle exerça par sa beauté, des tendres faiblesses de son cœur, des ennuis d'une longue captivité, de l'horreur de son supplice et du courage qu'elle montra dans ces derniers momens... Dans le doute où l'histoire nous a laissés sur le crime affreux dont on a chargé sa mémoire, le poëte tragique est libre de neprendre que ce qu'il y a a dans son sujet de pathétique et de théâtral. Tel qu'ilse presente à l'imagination, il était éminemment favorable au développement des beautés vaporeuses de la Melpopomene anglaise ou germanique; aussi le Sophocle allemand, Schiller, y at-il déployé toutes les ressources de son école et le charme de son imagination. Nous ne reproduirons pas ici l'analyse intéressante que madame de Staël en a donnée dans son livre intitulé De l'Allemagne, nous ne remarquerons que certaines différences entre la manière dont Schiller et son imitateur ont conçu le même sujet.

[ocr errors]

fenime

Stuart, captive depuis dix-huit ans
ne parait que comme une
sensible, coupable de quelques, fai-;
blesses, et victime d'une affreuse per-
sécution; elle est dans le château de
Fotheringay, déjà sous le poids d'un
arret de mort, rendu par une com-
mission parlementaire, qui n'est pas
encore signé, mais dont l'effet n'est
suspendu que par l'irresolution calcu-
lée de sa rivale Elisabeth; elle est sous
la garde du chevalier Pawlet, dont
ses charmes et ses » alheurs ont tou-
ché le cœur, qui la préserverait du fer
d'un assassin, mais qui ne fera rien
pour sa délivrance. Au dedans, elle.
n'a pour consolation que l'entretien
de sa confidente; mais au dehors,
des amis conspirent pour elle. C'est le
jeune Mortimer, neveu de Pawlet,
qui s'est fait catholique par amour
pour elle, et Leicester, favori d'Eli-
sabeth, qui brûle en secret du mème
amour.

Ces deux personnages forment le
noeud de l'action dans M. Le Brun,
comme dans Schiller; mais il s'en faut
que le poëte français ait tracé d'une
manière aussi hardie que Schiller
le rôle de Mortimer; il a mis plus de
soin et d'art à représenter Leicester,
qui veut opérer la délivrance de Ma-
rie par des moyens qui n'exposent ni
sa faveur, ni sa vie. Ici le favori d'E-
lisabeth a donné sa voix pour la con-
damnation de Marie; mais il essaie de
la sauver en intéressant sa rivale par
le spectacle même de son infortune.
Sous prétexte d'une partie de chasse,
il amene Elisabeth au château de Fo-
theringay, dans l'espérance qu'une
entrevue qu'il saura ménager, amé-
nera une réconciliation entre les
deux reines ; mais cette entrevue pro-
duit un effet tout contraire. Marie
s'efforce en vain d'étouffer ses ressen-
timens, de s'humilier en présence de
sa rivale superbe : quelques reproches
amers irritent sa douleur, elle laisse
échapper des sarcasmes que la vanité
d'une femme ne pardonne point;
l'altière Elisabeth se retire de cet en-
tretien (scène habilement conduite)
le cœur plein du désir d'assouvir sa ·
vengeance.

M. Le Brun s'est écarté de son modèle. en ce qu'il a cru nécessaire de sacrifier à la délicatesse de la langue, et de la scène française, et au dogme. Cependant son ministre Burleigh, fondamental des trois unités, source qui poursuit avec ardeur l'exécution de toute illusion dramatique. Ici Marie, de la reine d'Ecosse, a découvert quel

ques indices de la conspiration trainée en sa faveur ; il soupçonné Leicister qui fait arrêter Mortimer, pour se justifier aux yeux de la reine. Ce trait caractéristique d'un lâche courtisan a paru trop odieux, mais la faiblesse y a plus de part que la méchanceté; on en a vu plus d'un exemple et mème ailleurs que dans les

cours.

Cependant, la reine Elisabeth déjà secrétement décidée sur le sort qu'elle réserve à Marie, en délibère avec ses ministres et son favori. Leicester n'ose encore tenter rien en faveur de Marie; elle n'a pour défenseur qu'un vieillard autrefois au service des rois d'Ecosse, Meivil, dont la vertu est vénérée à la cour d'Angleterre, mais qui ne peut rien pour sauver la vietime immolée à l'ambition et à la ja lousie. Elisabeth signe le fatal arrét, et charge Leicester de le faire exé

cuter.

Marie le reçoit avec calme; elle prend ses plus beaux vêtemens; elle les avait conservés pour l'échafaud.On lui avait refusé un prètre catholique: elle fait sa derniere confession aux pieds du vénérable Melvil. Elle adresse les adieux les plus touchans à ses femmes, à sa nourrice, et marche tranquillement à la mort.

Leicester espère en vain que Mortimer va la soustraire à ses bourreaux. Mortimer vient d'être tué au moment où il allait briser les portes de la prison, et le lâche courtisan, contraint de dévorer sa douleur, est témoin pour sa punition du supplice qu'il ne peut plus empêcher: placé à une fenetre d'où il voit l'exécution, chargé d'en rendre compte aux spectateurs; il en suit les progrès avec terreur, dans les angoisses du désespoir. La hache du bourreau est levée; sa faiblesse ne peut résister à ce spectacle, il tombe privé de sentiment...... L'infortunée Marie vient de cesser de vivre. Tel est le tableau mis à la place d'un récit ordinairement si froid; il est d'un effet neuf et terrible.

Une partie des beautés que les étrangers admirent dans Schiller, est perdue pour les spectateurs français, On n'y voit point une foule de traits qui serviraient au développement des faits ou du caractère des personnages.

L'envoyé français, qui vient demander la main d'Elisabeth pour le duc d'Anjou, en est écarté; il aurait entrainé des longueurs. Mortimer n'y paraît pas avec cet amour ardent, impétueux qui ne respecte ni le caractere, ni le malheur de la reine d'Ecos se. La délicatesse de nos mœurs n'aurait pu supporter cette scène, où il lui propose de céder au transport de sa passion amoureuse le dernier moment qui lui reste à vivre. On n'y voit pas non plus cette scène touchante, où le prètre vient recevoir la confession de l'auguste pénitente, et lui. administrer la communion, avec une hostie que le pape a consacrée pour elle. L'auteur n'a pu donner qu'une copie pâle de ce tableau, mais ce qu'il a conservé porte l'empreinte d'un beau talent, d'une sensibilité vraie, moderée par le goût des convenances théâtrales. Le style n'en est pas toujours, pur, élevé. correct, mais il est exempt d'affectation et d'enflure. Les personnages y disent toujours ce qu'ils doi-' vent dire. Ce rôle de Leicester dù à Schiller, censuré par quelques critiques, n'en est pas moins une création nouvelle heureusement appropriée à nos mœurs, et Talma en fait deviner la pensée profonde; celui de Marie, mélange de bonté, de grâce et de sentiment, nous la peint admirablement avec ses faiblesses, telle qu'elle devait être pour nous émouvoir et nous intéresser. On a justement applaudi le monologue, où respirant, pour la première fois, l'air dans la jardin de Fotheringay, elle adresse à la France des vers qui rappellent les adieux qu'elle' lui fit, après la mort de Henri II son premier époux. Le cinquième acte n'est que le tableau d'une longue agonie, mais l'auteur y a versé les trésors du sentiment, et l'actrice chargée du rôle (mademoiselle Duchesnois) y a donné avec sa diction pure, une teinte vaporeuse et mélancolique dont il est impossible de rendre ici le charme, l'expression et l'effet.

Le succès prodigieux de cette pièce que la mode a consacrée par des innovations dans la toilette des dames, a été une espèce de triomphe pour l'école romantique. On a publié et vivement accueilli une traduction littérale de la pièce allemande : le théâtre de la Porie

St.-Martin aessayé d'en donner uneimitation fidèle pour les grands effets (9 août), mais contre toute attente Schilker n'a paru qu'un génie timide auprès de ceux qui exploitent les mines du melodrame, et malgré la pompe horrible du supplice étalée aux yeux du spectateur, la pièce n'a pu tenir long-temps à côté du Vampire et des petites Danaides, et comme l'a remarqué un judicieux critique, Schiller applaudi sur la scene, où brillent d'un éclat immortel Corneille et Racine, Schiller sifflé sur les boulevarts, voilà deux phénomènes à remarquer dans l'histoire littéraire de cette an

née. »

[ocr errors]
[merged small][merged small][ocr errors]

Le goût du public s'est prononcé pour Les sujets tires de l'histoire nationale ou qui s'y rapportent. Les auteurs l'exploitent avec succès, et s'y rencontrent fréquemment. Ainsi M. Le Mercier et M. Viennét avaient conçu en même temps l'idée de mettre Clovis sur la scène française. Le premier, accoutumé à traiter tous les sujets avec plus d'indépendance, n'avait vu dans son héros que le meurtrier de ses parens, qu'un hypocrite se servant de la religion chrétienne qu'il embrasse, comme d'un instrument politique pour adoucir ou façonner au joug ses indociles Sicambres; mais le second, considérant dans le fondateur de la monarchie française, un homme d'un génie supérieur à sa nation et à son siècle, a voulu le représenter vainqueur de la perfidie Bysantine, de l'indocilité des Gaulois, de la férocité de ses soldats. Entre deux caractères d'une ressemblance historique peut-être également douteuse, il était naturel que la scène française s'ouvrit de préférence à celui qui donne au fondateur de la monarchie des traits plus héroiques et M. Le Mercier, impatienté des lenteurs du théâtre en appelant au jugement des lecteurs',

a laissé les honneurs et le succès de la représentation à son rival.

Dans la pièce de M. Viennet, Siagrius, que Clovis a vaincu et fait prisonnier, devient amoureux de la sœur du roi des Français qui partage son amour, quoique promise à l'un des chefs de l'armée. Siagrius est franchement entre dans le parti de Clovis; mais la haine que son rival a pour lai, le fait soupçonner d'ètre le chef d'une révolte des Gaulois, et il perit au moment même qu'il voulait l'apaiser.. Clovis, éclaire sur son innocence, plaint son sort, mais il profite de sa victoire pour achever la conquête de la Gaule et la fondation de la monarchie. On a trouvé les amours épisodiques, froids, les incidens et les récits trop multiplies, mais un style måle, aus-> tère, Cornelien; et le beau caractère de Clovis, représenté par Talina, dans le coloris du temps, a procuré a: la piece un succès que sa lecture, a justifié.

JEAN DE BOURGOGNE tragédie en cinq actes, par M. Guilleau de Formont. (1re représentation, 4 décembre.)

LA DEMENCE DE CHARLES, VI, tragé die en cinq actes, par M. Népomucene Le Mercier. (Imprimée, non représentée. — octobre ).

Deux fois dans la même année M. Le Mercier rencontre un rival dans les champs de notre histoire et dans la lice théâtrale. Ici peut être, le but des deux poëtes a été de montrer le malheur des discordes civiles d'inspirer l'amour du pays, l'horreur des traitres et du joug étranger. Quel temps plus fécond en trahisons, en infortunes, en leçons terribles, que, cette honteuse et funeste époque de nos annales! Ce triste tableau a été peint sous deux aspects différens; M. de Formont s'est arrêté au sujet indiqué par son titre; sa pièce finit après l'assassinat du duc de Bourgogne, par Tanneguy-Duchatel; il y introduit Valentine de Milan, morte onze années auparavant; l'anachronisme est fort, mais on ne saurait s'en plaindre, puisqu'il amène des situations théâtrales; Charles VI, et Isabeau de Bavière sont écartés; le dau

phin y parait écrasé par la figure colossale du terrible duc de Bourgogne; ce caractère meme offre quelque chose de vague. Un seul est franchement des siné, c'est celui de Tanneguy-Duchâtel qui se dévoue au crime par zèle pour son prince et sa patrie. En général, la pièce est conduite dans toutes les règles de l'art; mais il a fallu faire violence à l'illusion, pour y conser ver l'unité de lieu. Elle est écrite avec correction et noblesse. Reçue depuis quatorze ans, elle a paru dans ne solennité theatrale, pour la représentation donnée au bénéfice de Damas, qu'on a vu antrefois chausser, aver un succès égal, le rothurne et le brodequin, et qui a terminé sa carrière tragique par le rôle de Tanneguy-Du chatel.

-La tragédie de M. Lemercier est conçae dans le goût de l'école tomantique; il n'a pas eraint de nous mióntrer le caractère d'Isabeau dans sa diflormité, ni la démence de Charles VI dans l'aspect qui peut inspirer la pitié. De cette conception hardie, résultent de grands effets dramatiques et des scènes touchantes. Ici Charies, dont la physionomie n'est pas moins vénérable que celle du roi Lear; il n'a pous compagnie et pour consolation que la douce Odelle (sans doute c'est Odette de Champ-divers, qu'on appélait la petite Reine), dont la tendre pitié fait un contraste admirable avec l'indifférence de la cour et le caractère odieux d'une épouse criminelle. Quelquefois le malheureux monarque a des lueurs de raison, et l'auteur y trouve le secret d'exciter les émotions les plus vives. On lui a repro-, che, non sans raison, une espèce de duplicite d'action'; mais la mort du duc de Bourgogne ne parait avoir été pour lui qu'un incident de la pièce. Le veritable sujet, c'est la démence du roi, c'est la perte de la France vendue par l'infâme Isabelle à l'Angleterre, et dans cette vué éminemment patriotique, l'apparition du monarque au moment où le honteux traité va etre signé; la bénédiction qu'il donne au dauphin qui va porter l'éténdard des lys dans les provinces restées françaises; ces dermeres lueurs d'une raison qui s'éteint en faisant des vœux pour l'expulsion

1

'

[ocr errors]

des Anglais et le bonheur de la France, ce dénoûment singulier nous parait offrir un tableau qui, malgré ses teintes apres et ses touches incor-" rectes, devait produire une grande impression.

Cette tragédie était destinée au second theatre; mais la représentation n'en a pas été permise on a craint qu'elle ne renouvelat des souvenirs et des haines que la paix doit éteindre.

LE FOLLICULAIRE, comédie en cing actes, en vers, par M. Delaville' de Mirmont. (1re rep. 6 juin.)

De quatre à cinq comédies représentées au méme théâtre ( te Flatteur,' 6.avril le Paresseux, 3 oel. etc.) une seule a obtenu un succes déci

dé en voici l'idée principale,

Un misérable rédacteur de journaux et le pamphlets, Valcour, s'est iutroduit dans la inaison d'un houuéte bourgeois (Dubuisson), qui s'éprend d'une admiration ridicule pour ie geufe du Folliculaire, il l'a recueilli dans sa maison, et veut l'avoir pour gendre. A la fin, un article injurieux inseré par méprise contre une actrice, dont Valcour avait reçu un cadeau pour la vanter dans son journal, et un libelle infame dirige contre un homme en place, et dont Valcour voulait jeter l'odieux sur le fils de Dubuisson, dévoilent son caractère odieux et lâche. Le nouvel Orgon détrompe, chasse l'autre Tartufle, et donne la main de sa fille à celui qu'elle aimait.

J

Cette pièce, représentée au milieu des troubles dont la capitale a été agitée, n'a pas produit l'effet que l'auteur était en droit d'en attendre dans des temps plus calmes. Elle offre beaucoup d'incidens et des situations piquantes; c'est la satyre d'une profes sion plus qu'une comédie de caractere. Le rôle du Folliculaire a paru plus odieux et plus láche, peut-être, que comique; inais les détails de cette comédie en soutiennent l'intérêt : le style presque toujours pur, élégant et correct, abonde en saillies spirituelles et en plaisanteries un peu abières, mais toujours de bon goût. L'auteur y flétrit d'un vers inpitoya:

[ocr errors]
« PreviousContinue »