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rique intense, sorte de crise hystérique en miniature. Sur les 64 sujets traités je trouve 7 hystériques à crises: 4 filles et 3 garçons.

Chose à noter, sur les 4 insuccès, tous fournis par les garçons, on trouve 1 cas d'hystéro-épilepsie, 1 cas de psychose émotive, 1 cas de folie morale et 1 cas d'excitation maniaque légère avec tics : c'està-dire 4 enfants profondément atteints dans leur système nerveux.

Ma nouvelle série d'observations confirme les idées que j'ai précé demment émises sur la valeur de l'incontinence comme stigmate de l'hérédité nerveuse. Dans les familles auxquelles appartiennent ces malades, j'ai noté surtout les convulsions, les paralysies infantiles, la méningite, l'hystérie et l'épilepsie chez les frères et sœurs, et, chez les parents, la migraine, la névropathie, les névralgies, l'hystérie et l'instabilité mentale.

Enfin, ces nouveaux faits contribuent à établir l'opinion que j'ai soutenue en 1896, à savoir que le nombre des incontinents appartenant à la même parenté est tel, que cette infirmité revêt dans certains cas les caractères d'une véritable maladie familiale. Parmi la nouvelle série de malades traités se trouvent 2 fois les deux frères, 1 fois les deux sœurs. Dans la parenté des autres je relève 14 cas d'incontinence.

Dans une famille, je trouve le père, sa sœur et deux de ses enfants atteints de cette infirmité; dans une autre, le père et les deux fils; dans une troisième, le père et la fille.

:

II

Sommeil naturel et suggestion

Par M. le Dr Paul FAREZ

Je voudrais revenir sur une question que j'ai déjà abordée précédemment (1) et appeler votre attention sur quelques points spéciaux qui se rapportent à la suggestion pendant le sommeil naturel.

La suggestion formulée d'emblée à l'oreille d'une personne qui dort du sommeil normal, réussit parfois. Mais, le plus souvent, elle échoue. C'est qu'alors, ou bien l'énonciation verbale de la suggestion a réveillé le sujet, ou bien celui-ci, accaparé par le polyidéisme du rêve et de la cérébration subconsciente, n'a pas été impressionné par la suggestion.

Donc, dans le cas qui nous occupe, une double préoccupation s'impose, à savoir:

1o Ne pas éveiller le sujet;

2o Le mettre dans l'état d'« anidéisme ».

Par conséquent, ici comme dans l'hypnotisme proprement dit, l'idéoplastie doit être précédée d'une hypotaxie spéciale, c'est-à-dire d'une sorte de préparation qui rende le sujet apte à être suggestionné. Voici quelle est la technique qui me paraît la plus pratique, la plus simple, la plus rapide et la plus efficace.

On se rappelle que le procédé le plus courant de l'hypnotisation, c'est le maintien d'une sensation simple, homogène, uniforme, continue, exclusive. J'ai recours ici plus volontiers à la sensation auditive et je la produis par la simple répétition des deux syllabes nettement articulées et uniformément scandées dor-mez..., dor-mez..., que je suis prêt à répéter, sans impatience aucune, pendant un quart d'heure, une demi-heure, plus même, s'il le faut.

Je me place à quelques mètres du lit et je m'en approche quelque peu, de minute en minute; j'arrive bientôt à quinze ou vingt centimètres, de l'oreille du dormeur. Je n'ai pas cessé d'articuler mes deux syllabes dor-mez..., dor-mez..., sur le même rythme lent et monotone, d'une voix très basse à peine audible.

Alors, je commence à hausser le ton; ma voix s'élève suivant des degrés, pour ainsi dire, imperceptibles; petit à petit, sans soubre

(1) De la suggestion pendant le sommeil naturel. Paris, Maloine, 1898, 46 pages.

saut, sans heurt, sans aucune brusquerie, elle parvient à atteindre le seuil de la conscience du sujet.

Suivant une progression régulière, je continue à accroître l'intensité de ma voix qui patiemment répète : dor-mez..., dor-mez...; la sensation auditive, d'abord vague, à peine existante, s'installe ainsi peu à peu, puis devient de plus en plus nette, passe de la pénombre à la pleine lumière, jusqu'à ce qu'enfin elle atteigne la vivacité des représentations imaginatives du rêve. Or, l'excitation sensorielle produite par... dor-mez,... dor-mez..., n'a cessé d'être maintenue et régulièrement accrue; la sensation persiste donc comme un « état fort » et, de plus en plus vivace, elle ne tarde pas à devenir prépondérante ; elle « réduit » donc peu à peu les autres états qui, auparavant, occupaient toute l'« aire » de la conscience; ceux-ci deviennent de pius en plus faibles, s'atténuent, se « dégradent », jusqu'à ce qu'ils tombent sous le seuil de la conscience et soient ainsi tout à fait écartés. A ce moment, il ne subsiste plus guère chez notre sujet que la seule sensation auditive causée par dor-mez..., dor-mez..., tous les autres états antagonistes ont disparu devant ce seul état, réducteur des précédents.

Ce n'est pas tout. On sait que la conscience ne peut rester longtemps identique à elle-même; elle comporte véritablement, à certains égards, la « perception d'une différence »; aussi ne tarde-t-elle pas à s'obscurcir dès que son contenu cesse d'être successif et nettement différencié. Or, je persiste à répéter dor-mez..., dor-mez..., avec une intensité, non plus progressivement croissante, mais, cette fois, maintenue à dessein uniforme et constante. Dès lors, la qualité et la quantité du phénomène conscient ne variant plus, cette sensation auditive simple,' homogène, tout à l'heure pleinement consciente, va devenir de moins en moins consciente, puis subconsciente, c'est-à-dire pratiquement inconsciente. A ce moment, la vie psychique est, pour ainsi dire, vide de tout contenu; elle réalise cet état de docilité de réceptivité et de malléabilité dont nous avons besoin; elle est pour ainsi parler, le terrain fécond où germera la suggestion curative. Le sujet pourra donc être influencé comme s'il était plongé dans le sommeil hypnotique; cette sorte d'« anidéisme» artificiel permettra de réaliser par suggestion le « monoidéisme » ou, pour être exact, un « oligoidéisme» nettement circonscrit.

Mais, est-on jamais sûr d'avoir obtenu un pareil état ? A quel moment en est-on averti? A quel caractère peut-on le reconnaître ?

Afin d'articuler, suivant un rythme isochrone, les syllabes dormez..., dor-mez..., je m'applique à les rendre synchrones aux mouvements respiratoires du sujet; en d'autres termes, chaque syllabe dor... est énoncée pendant chaque inspiration, chaque syllabe mez... pen dant chaque expiration (1). Or, j'ai remarqué que si, au bout d'un

(1) C'est en vue de faciliter l'exécution de cette technique opératoire que MM. les docteurs Bellemanière et Watteau ont fait construire et ont présenté au récent congrès de l'hypnotisme un minuscule et très ingénieux appareil à hypnotiser.

temps certes variable, je modifiais légèrement le rythme de mes paroles, le rythme respiratoire du malade était modifié de même, accéléré ou retardé suivant que mon rythme vocal était lui-même accéléré ou retardé.

Lorsqu'ainsi j'ai pu agir indirectement et comme à volonté sur les mouvements respiratoires du sujet, j'estime qu'il se trouve « à point » et que le moment est propice pour la suggestion; la période préparatoire est terminée, la phase véritablement active commence.

Quant aux détails de cette idéoplastie, il est superflu d'y insister ici devant des professionnels de la suggestion; elle ressemble à l'idéoplastie de l'hypnotisme proprement dit (1). Un point toutefois est à préciser.

Lorsque je juge qu'il est opportun de terminer la séance, j'ai soin, avant de quitter mon, malade, de lui faire quelques suggestions spéciales; je lui prescris de ne s'éveiller qu'à telle heure déterminée; je lui ordonne de dormir toute la nuit, d'un sommeil calme, et pendant toute la durée de son sommeil, de rêver uniquement à ce que je lui ai suggéré. Occupant ainsi sa conscience pendant la nuit, mes suggestions deviennent vivaces et se réalisent bien plus sûrement.

J'insiste encore sur un point: quand le sujet se réveillera, il ne sera point fatigué; il se sentira plein d'entrain; il aura l'esprit alerte et dispos.

En outre de son efficacité thérapeutique indéniable, confirmée d'ailleurs par des faits probants, la suggestion pendant le sommeil naturel peut exposer à certaines surprises ou mésaventures dont il est bon d'être prévenu.

Par exemple, Madame X... qui est parvenue à pratiquer couramment sur son mari la suggestion pendant le sommeil naturel, a acquis sur Monsieur X... un grand empire.

Il lui déplaît que son mari fréquente assidûment chez certains de leurs amis. Elle lui suggère qu'il ne pourra plus monter l'escalier qui mène à l'appartement de ces derniers et, en effet, une fois arrivé au bas de cet escalier, il se sent cloué sur place, incapable de gravir seulement une marche.

Ce même Monsieur X... a été, pour certains troubles nerveux, amené chez un médecin hypnotiseur, très justement renommé. Craignant de voir son influence diminuée ou anéantie, Madame X... se hâte de suggérer à son mari, non seulement de l'antipathie, mais de la répulsion et de l'horreur pour ce médecin. Monsieur X... entre dans une violente colère lorsqu'il voit simplement le nom de ce docteur imprimé sur une carte de visite.

Cette Madame X... profite du sommeil naturel de son mari pour

(1) Pour de plus amples détails, voir la brochure ci-dessus mentionnée.

lui poser les questions les plus indiscrètes et lui faire raconter ses allées et venues, ses visites, ses fréquentations, ses moindres faits et gestes.

Dans le même ordre d'idées, notre distingué confrère hollandais, le Dr Van Renterghem put réussir une expérience fort curieuse. Lors d'un voyage en chemin de fer, un de ses amis dormait paisiblement dans un coin du compartiment. Le Dr Van Renterghem profita de ce sommeil pour suggérer à son ami que celui-ci était son débiteur pour la somme de cinq florins que le dit ami devrait rendre le soir même, pendant le dîner, en s'excusant fort d'avoir tant tardé à rembourser l'argent prêté.

La suggestion se réalisa pleinement; on eut toutes les peines du monde à persuader à cet ami que sa dette était fictive.

Ainsi, dans certains cas, la suggestion pendant le sommeil naturel est susceptible, elle aussi, d'entrer dans le domaine médico-légal. En outre, on voit qu'il pourrait parfois ne pas être sans danger de s'endormir en wagon, en compagnie d'une personne mal intentionnée, comme aussi de s'abandonner sans réserve aux tentatives de suggestion conjugale.

Pour ceux qui se croiraient susceptibles de courir des dangers de cette sorte, rappelons que par la vaccination psychique, par l'immunisation morale, la psychothérapie est capable de rendre un sujet réfractaire à toute suggestion à laquelle il n'aurait pas, au préalable, librement consenti.

Ajoutons encore, pour rassurer les esprits, que la personne soumise à la suggestion pendant le sommeil naturel n'est pas toujours et nécessairement un esclave livré pieds et poings liés à la merci de son suggestionneur.

Ainsi, Monsieur X... est très répandu dans le monde des théâtres, et sa femme le soupçonne de quelques infidélités conjugales. Elle l'interroge à ce sujet; mais Monsieur X... qui, jusqu'alors s'était montré d'une sincérité et d'une docilité exemplaires, trouve en lui assez de présence d'esprit et de force de résistance pour passer sous silence tout ce qui peut être compromettant. Il ne fait aucun mensonge et n'invente aucune histoire; il se tait, il s'abstient de répondre. Après avoir opposé cette force d'inertie, Monsieur X... se sent très fatigué; mais enfin il a pu soutenir son effort et, ainsi, éviter une brouille sérieuse dans le ménage.

Pour terminer, rappelons brièvement quelles sont, au point de vue uniquement thérapeutique, les indications de la suggestions pendant le sommeil naturel.

En principe, elle peut s'appliquer à tous les cas justiciables de l'hypnotisme, dont elle est, en somme, le succédané ou le substitut. Toutefois, son emploi est particulièrement indiqué:

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