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La malade reçoit alors la suggestion qu'elle est calme, que le cœur se régularise et se ralentit. Cinq minutes après la suggestion, le pouls est descendu à 114 pulsations. (3o tracé.)

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Il s'est modifié dans un sens très favorable. Les oscillations sont plus régulières, le dicrotisme est plus accentué.

3 tracé. – Hypnose. Première suggestion de ralentissement, 114 pulsations.

La même suggestion est répétée. Le pouls repris après une attente de cinq minutes, donne 102 pulsations. (4° tracé.)

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Hypnose. Deuxième suggestion de ralentissement, 102 pulsations.

Nous insistons encore et nous lui suggérons que son cœur est devenu tout à fait normal, qu'il bat lentement et régulièrement. Le nombre des pulsations n'est plus que de 84 par minute. (5o tracé.)

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5e tracé. Hypnose. Troisième suggestion de ralentissement, 84 pulsations

Nous pensons qu'il est légitime de terminer l'expérience, la jugeant assez démonstrative. Aussi, après avoir laissé la malade reposer tran

quillement pendant cinq minutes nous la réveillons, et nous consta tons que le pouls est remonté à 104. Il y est resté pendant plusieurs heures, puis la tachycardie a reparu. La même expérience a pu être faite à plusieurs reprises dans des conditions analogues. Actuellement la malade est guérie de sa tachycardie et les modifications que présente la circulation sous l'influence de la suggestion hypnotique sont très. peu marquées.

CONCLUSIONS. L'existence d'un état pathologique, une tachycardie très accentuée, nous a permis de constater expérimentalement l'influence exercée par la suggestion hypnotique sur le nombre des battements du cœur.

En résumé, la comparaison entre les deux expériences, la première faite chez un sujet dont le cœur est normal, l'autre chez un sujet atteint de troubles cardiaques accentués, montre que dans les deux cas la suggestion hypnotique a provoqué un ralentissement appréciable du pouls. Mais tandis que dans le premier cas le nombre des pulsations est tombé de 78 à 66 et a été diminué de douze par minute, dans le second, il est tombé de 132 à 84. La diminution a été considérable puisqu'elle a été de 48 pulsations. Ces expériences indiquent clairement l'influence que la suggestion hypnotique exerce sur la circulation. Lors de la visite des membres du congrès à l'Institut psychophysiologique, nous soumettrons à leur contrôle des expériences analogues, absolument confirmatives de celles dont nous venons de donner la description.

Les crises d'angoisse

Indications du traitement psychothérapique et moral

Par M. le professeur RAYMOND

Professeur de la Clinique des maladies nerveuses
Membre de l'Académie de médecine

Lorsque des malades se plaignent de sentiment de peur, d'angoisse, de serrement, d'oppression, de palpitations, dire avec Freud qu'il s'agit de névrose d'angoisse, c'est désigner ces états pathologiques par un nom, ce n'est pas faire de la clinique. En réalité les états pathologiques qui provoquent l'angoisse sont variables et il importe de déterminer d'une façon précise l'étiologie des symptômes accusés par le malade si l'on veut dégager les indications d'un traitement rationnel. A l'appui de cette manière de voir, j'exposerai sommairement trois cas caractéristiques dans lesquels l'angoisse joue un rôle important, bien que la cause en soit très différente.

1° Un homme est très impressionnable. Son hérédité bilatérale donne l'explication de son émotivité excessive. Il y a un an, il a eu une grosse peur : Un dimanche à la campagne, une voisine vient en pleurant chercher quelqu'un pour « décrocher son père »; il y court et voit un homme se balancer au plafond. Six mois après, par un beau clair de lune, il aperçoit quelque chose qui se balance à un arbre; c'est un tablier qu'on y a suspendu pour le faire sécher; mais notre homme croit revoir son pendu et éprouve une nouvelle émotion. Il en résulte une dissociation des centres cérébraux; ceux-ci fonctionnent les uns en dehors des autres; de là naissent des troubles de la personnalité et des manifestations de la grande névrose. En effet, on constate à gauche de l'hypoesthésie, du rétrécissement du champ visuel, en outre, au niveau de l'estomac, là où se localise le serrement, des plaques d'anesthésie ou d'hypoesthésie, puis, de la contracture du diaphragme, des muscles intercostaux et même des muscles abdominaux. Ces derniers phénomènes entretiennent l'émotion subconsciente.

2o Une femme, d'autre part, dès l'âge de 12 ans, rougissait à propos de tout et de rien; elle est timide, impressionnable et se crée toutes sortes de chimères; avant d'entrer en place, elle se demande avec anxiété si elle sera capable de satisfaire ses maîtres; si on la regarde, elle s'imagine qu'on lui trouve la figure de travers; c'est une scrupuleuse qui, à force de faire vibrer son émotivité l'a amenée à l'état d'équilibre instable.

3o Un troisième malade est âgé de 52 ans ; il exerce la profession de

mécanicien. Depuis huit ans, il a des crises qui se sont aggravées, il y a quelques semaines. Il se trouve mal à l'aise, il tremble de tout le corps et voit les objets s'éloigner, puis, brusquement, instantanément, il éprouve un choc du côté du cœur, des palpitations surviennent et, souvent, il perd tout à coup connaissance. Après cela il ressent un impérieux besoin de dormir et son sommeil dure pendant 7 ou 8 heures. Au réveil, il se sent fatigué. Il n'a pas uriné sous lui et ne s'est pas mordu la langue. D'autres fois, ce sont seulement de petites crises: les mains tremblent, les objets s'éloignent ou se rapprochent et notre homme est pris d'une faim vorace, bien que, d'ordinaire, il mange très peu. Parfois cet impérieux besoin de manger constitue toute la crise.

Il s'agit ici de mal comitial tardif, lequel débute à vingt, trente, quarante, soixante ans ; ... je l'ai même vu débuter à quatre-vingts ans passés. Cette épilepsie a une signification assez grave; elle est liée à l'artériosclérose et on l'a vue causer la mort sur la voie publique.

Notre malade est fils d'une mère hypocondriaque, morte à la Salpêtrière; un de ses cousins germains présente des crises convulsives. Il a été très bien portant jusqu'à douze ans. A cet âge, il fait une fièvre typhoïde grave qui dure trois mois et s'accompagne de délire ici, comme ailleurs, le délire est en raison de l'hérédité.

Parvenu à l'âge d'homme, il se tourmente de tout et s'exagère ses sensations; de plus, il croit qu'on lui en veut fils de triste, il reste triste toute sa vie. Comme il est instruit et intelligent, il s'abandonne aux spéculations métaphysiques; depuis huit ou dix ans, il se torture à résoudre le problème des causes finales; perpétuellement il se demande ce que c'est que l'homme, pourquoi il est venu sur la terre ; ce qu'il deviendra, etc. En proie à ses idées obsédantes, à ses scrupules, à ses doutes, à ses craintes, il s'angoisse tout seul, il a des battements de cœur; puis, un beau jour, il perd connaissance.

On doit se demander si l'angoisse sur un terrain d'hérédité et d'artériosclérose n'a pas pour aboutissant le mal comitial ou même si le paroxysme d'angoisse n'est pas déjà de l'épilepsie. Les accidents. d'épilepsie tardive sont peut-être ainsi la résultante des progrès de l'âge sur un terrain prédisposé.

Chez le premier malade, l'angoisse est d'origine hystérique. Il guérira vite et facilement lorsque, soit par la suggestion, soit par des massages on aura supprimé les troubles de la sensibilité et décontracturé les muscles.

La seconde malade au contraire, est sur les frontières de l'aliénation et un rien suffirait à lui faire franchir la limite qui l'en sépare ; son angoisse est d'origine pychasthénique, elle est une manifestation de la dégénérescence mentale. Il sera très difficile de changer ses représentations et de modifier sa personnalité; néanmoins, on devra, par un traitement moral, lui montrer la fausseté de ses idées et la prémunir contre leurs conséquences; mais cela demandera nécessairement beaucoup de temps et beaucoup de peine.

Enfin, le troisième est un épileptique. Le traitement de l'épilepsie consiste d'abord à donner du bromure. Toutefois, quand un individu comme celui-ci présente à la fois des obsessions et des paroxysmes d'angoisses, il faut non seulement le bromurer mais le raisonner, le rassurer et combattre les troubles psychopathiques par un traitement moral.

Dans ces trois cas le traitement moral devra jouer un rôle. Mais son efficacité sera différente à cause de l'origine différente de l'angoisse, Les exemples pourraient être multipliés. Ils démontreraient que la notion du névrose d'angoisse, envisagée comme entité morbide n'est pas justifiée par l'observation clinique.

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