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CHRONIQUE FORESTIÈRE

Décorations posthume.s

Par décrets du Président de la République ont été nommés au grade de Chevalier dans la Légion d'honneur, à titre posthume, les Forestiers dont les noms suivent :

M. de Maistre (André-Marie-Louis-Ignace), de la goa Promotion, sous-lieutenant au 356° d'infanterie.

M. Stef (Charles-Victor), garde général, capitaine au 352 d'infan

terie.

(Journ. Off. du 15 juin 1920.) M. Violle (Hubert-François-Gabriel), de la 87e Promotion, souslieutenant au 210° d'infanterie.

M. de Froment (Marie Joseph-Pierre), garde général, capitaine au 297° d'infanterie.

M. d'Auber de Peyrelongue (Charles-Marie-Joseph), inspecteur adjoint, capitaine au 11 bataillon de chasseurs.

(Journ. Off. du 19 juin.)

(Journ. Of. du 20 juin.)

(Journ. Off. du 22 juin.)

M. Mendès (Charles-François-Jules), inspecteur adjoint, capitaine au 84 d'infanterie.

Loi concernant les décorations sans traitement.

Une loi en date du 10 juin 1920 (Journ. Off. du 23 juin) fixe ainsi qu'il suit pour l'année 1920 le contingent des décorations à attribuer par le ministre de la Guerre aux troupes en service de la réserve de l'armée active et de l'armée territoriale, ainsi qu'au corps militaire des douanes et au corps des chasseurs forestiers:

Légion d'honneur: Croix de commandeur.

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est mis en outre à la disposition du ministre de la Guerre pour récompenser les officiers rayés des cadres entre le 1er août 1914 et la fin des hostilités et qui, au cours de cette période, ont été l'objet de propositions pour la Légion d'honneur.

Enfin, en vue de récompenser les auteurs d'inventions ou de perfectionnements apportés pendant la guerre à la Défense nationale il est mis (titre militaire ou civil) à la disposition du ministre de la Guerre : 10 Croix d'officier.

60 Croix de chevalier.

La Croix et les médailles visées par cette loi sont sans traitement.

Comité des Forêts.

Le Comité des Forêts a tenu à la salle des Agriculteurs, rue d'Athènes, son assemblée générale, sous la présidence du comte Jean de Nicolay, son président.

Dans son discours, au cours duquel il a abordé toutes les questions ayant trait à l'industrie forestière, M. de Nicolay a insisté tout particulièrement sur le remplacement, pour les besoins de l'industrie, du charbon de terre par le bois, que le gouvernement, préoccupé de la raréfaction momentanée espérons-le -de la houille, envisagerait sérieu

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sement.

M. de Nicolay, tout en approuvant cette mesure, fait remarquer qu'il n'y a plus actuellement de stocks de bois, que les disponibilités ne sont pas très importantes et que la main-d'œuvre manque pour l'exploitation des forêts. Il conviendrait donc, d'après lui, que les industriels qui ont besoin de bois de feu constituent dans leur personnel des équipes de bûcherons, dont les syndicats forestiers locaux organiseraient et dirigeraient le travail.

Le président du Comité des forêts préconise ensuite l'emploi du charbon de bois, qui est, pour l'usage domestique, le combustible le plus économique.

Mais si l'Etat veut favoriser la consommation du bois, il conviendrait de prendre des mesures pour que ce combustible soit mis à la disposition du consommateur. Pour cela, dit M. de Nicolay, il faut : la priorité pour les transports, un tarif de transport égal à celui du charbon de terre, et non supérieur, comme il l'est aujourd'hui; même traitement à l'octroi de Paris, c'est-à-dire perception des droits en fonction du nombre de calories du ccombustible...

La Crise du Papier.

Sous le titre Papier blanc contre Papier noirci a paru dans la Revue de Paris (15 mai 1920) un article dans lequel M. Pierre Mille fait la guerre aux tarifs douaniers qui protègent les fabricants de papier aux dépens des éditeurs. En voici le résumé :

La France est, avant tout, un pays de production agricole et d'industries intellectuelles: œuvres d'art, joaillerie, ouvrages de modes, industrie du livre. Or cette dernière industrie est gravement menacée. Un décret du 14 janvier 1919 avait établi une surtaxe de 5 p. 100 ad valorem à l'importation sur le papier ordinaire et de 16 p. 100 sur le papier couché. Cette surtaxe s'ajoutait aux droits spécifiques de 10 fr. les 100 kil. pour les papiers à la mécanique, au-dessus de 30 gr. le mètre carré et de 30 fr. les 100 kil. pour les papiers couchés, prévus par le tarif douanier de 1910. Cerégime a été modifié depuis ; mais un projet de loi soumis actuellement aux Chambres prétend établir définitivement des droits ad valorem qui, aux cours actuels de France, s'élèveraient pour les papiers couchés à 60 fr. les 100 kil.

Or, l'industrie française des papiers n'est guère qu'une industrie de transformation, de finissage. La presque totalité des pâtes de bois employées, plus de 4 millions 1/2 de quintaux métriques, proviennent de l'étranger. M. Crolard, dans son rapport au Congrès du Livre, en 1917 s'ingénia à démontrer que nos forêts françaises pourraient et devraient fournir à tous nos besoins en pâte à papier. Mais elle ne le peuvent actuellement. Elles n'y arrivaient point avant 1914. Saignées à blanc pour les besoins de la guerre de tranchée, des lignes de chemins de fer stratégiques, les mille exigences de la guerre, elles en sont bien moins encore capables aujourd'hui... Il ne saurait être question d'éxploiter, de dépenser notre capital forestier; en ce moment il s'agit de le reconstituer. L'heure n'est pas venue d'en distraire une bûche pour faire du papier.

Interrogée en ces termes par le Syndicat des Editeurs : « Serait-il avantageux de provoquer en France la création, avec l'appui des pouvoirs publics, d'une grande entreprise de plantation des bois nécessaires à la production de la cellulose, sans nuire pour cela à la production agricole du pays? » l'Académie d'Agriculture, par l'organe de son secrétaire perpétuel, a répondu :

« Un tel projet, quelque captieux qu'il paraissè, ne peut soutenir l'examen. Il faut, en effet, considérer que les forêts françaises donnent actuellement tout ce qu'on peut leur demander en pâte à

papiers. On devrait pour augmenter leur rendement emprunter des millions d'hectares à ta production agricole proprement dite. Ce n'est pas à l'instant où il est nécessaire de pousser au plus haut point celle production qu'il serait opportun de restreindre les surfaces qui lui sont consacrées. D'un autre côté, ce serait diminuer les richesses du pays, car le revenu de telles plantations serait bien inférieur à celui donné normalement par des terres agricoles. Enfin ce serait seulement à longue échéance qu'il serait permis d'espérer un produit un peu appréciable de ces plantations, si elles étaient réalisées. Le but actuel qu'on a en vue ne serait done pas atteint ».

Pour le livre et les périodiques, la situation est celle-ci : Le prix du papier a augmenté de 1.000 à 1.200 p. o/o. Les papiers ordinaires d'éditions payés avant la guerre de 30 à 34 fr. les 100 kilos ont atteint 380 à 400 fr.; les plus mauvaises sortes, 260 à 270 fr. Certains papiers, indispensables pour les revues ou le tirage des gravures, sont pas

sés de 250 à 600 ou 650 fr.

Le résultat,c'est que la France est en train de perdre

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on peut dire a pratiquement perdu la situation qu'elle occupait avant la guerre sur le marché du livre à l'étranger. La publication du livre scientifique est devenue presque impossible. Les livres scolaires accusent une hausse de 140 0/0. · Déjà, avant la guerre, certaines publications périodiques, certains journaux de modes par exemple, étaient édités en Allemagne, puis même en Autriche et Hollande. De plus, l'Allemagne et l'Angleterre importaient chez nous en quantité grandissante des livres imprimés en français. Néamoins, nos exportations de livres et périodiques continuaient à croître d'une façon notable. Ces exportations risquent d'être compromises.

Conclusion: Pour protéger la fabrication du papier blanc qui n'occupe guère que 30.000 ouvriers français, la majeure partie de cette fabrication se faisant à l'étranger sous la forme de pâte à papier, on va par le maintien des surtaxes ou tarifs douaniers maintenir le prix du papier à un cours très supérieur à son prix chez les nations concurrentes, Allemagne, Angleterre, et ainsi sacrifier en France l'industrie du papier noirci qui occupe près de 500.000 ouvriers et une si grande influence sur le rayonnement intellectuel et même commercial de la France. Donc, il faut supprimer les surtaxes établies pendant la guerre et même supprimer momentanément le droit spécifique établi par les tarifs douaniers d'avant-guerre; en un mot, exonérer les papiers et les cartons de

tout droit. Sinon, il y aura encore en France du papier blanc; mais il n'y aura plus de papier noirci.

Le résumé de cet article fait ressortir le conflit qui existe, au point de vue de la tarification douanière entre les Papetiers et les Editeurs. Sans prendre parti dans ce grave débat, il me sera permis de faire, au point de vue forestier, une observation.

S'il est exact que nos forêts françaises sont impuissantes à l'heure actuelle à fournir toute la pâte à papier nécessaire aux besoins de notre industrie, elles le pourraient dans l'avenir si on prenait soin, par des efforts énergiques et soutenus, d'accroître dans une mesure importante la production de nos forêts en bois de papeterie, et si, d'autre part, on mettait en valeur par des plantations forestières 2 ou 3 millions d'hectares de landes ou terres impropres à la culture qui existent encore dans nos régions de montagnes, collines ou plateaux. Il existe d'autre part dans ces régions d'importantes forces hydrauliques qui pourraient concourir à y développer des industries de papeterie prospères comme celles qui existent déjà dans nos régions du Dauphiné, du Jura, des Vosges, du Limousin, etc.

Et je n'ai pas besoin d'ajouter quel bel avenir il en résulterait pour la propriété forestière en France, et sans doute aussi pour les fabricants de papier noirci, comme pour les fabricants de papier blanc.

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E. C.

Nécrologie.

M. l'Inspecteur adjoint Raymond Bœuf, qui était installé depuis quelques mois à Montélimar, y est décédé le 19 mai après une très douloureuse maladie.

Aux obsèques, l'Administration était représentée par M. le Conservateur Chaudey, accompagné de MM. Lambert, inspecteur; Reynier, Grail et Moutte, inspecteurs adjoints, et de la plupart des préposés du

cantonnement.

MM. le Sous-Préfet, le Colonel du 52° R. I. et un très grand nombre de fonctionnaires, tenant à témoigner leur sympathie à la famille et au corps forestier si vivement éprouvés, s'étaient joints au cortège. Le corps a été transporté à Lachau (Drôme), où devait avoir lieu l'inhumation.

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A la gare, M. le Conservateur Chaudey a retracé dans l'allocution reproduite ci-après la belle carrière administrative de son collaborateur, les sentiments de haute dignité et du devoir dont il était animé

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