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La mise en valeur des terres pauvres par le Boisement, par Ch. Flahault. Montpellier, Impr. Roumégous et Déhan. 1920.

M. Ch. Flahault, qui depuis longtemps nous montre tout l'intérêt qu'il porte aux questions forestières et pastorales, continue dans un intéressant opuscule de 20 pages, la campagne commencée avant la guerre pour le reboisement et l'aménagement pastoral en montagne. Aujourd'hui, comme il l'indique dans son avant-propos, c'est aux propriétaires de pays de plaines et de collines méditerranéennes qu'il s'adresse. Paraphrasant une parole de Michelet Tout ce Midi, sı beau, c'est néanmoins, comparé au Nord, un pays de ruines... C'est une autre Judée, il fait ressortir que le rapport des terres abandonnées aux sols producteurs est plus élevé dans le Midi méditerranéen qu'en toute autre partie de la France, il atteint 32 0/0 dans l'Hérault, 40 0/0 dans les Pyrénées Orientales, 66 0/0 au pays de Nice dont on a dit qu'il est un opulent rideau cachant d'affreuses misères. Or le manque de bois inquiétant avant la guerre est devenu une véritable disette et les terres sans culture sont une honte pour des pays qui se flattent d'être civilisés. Donc un devoir s'impose, celui de reboiser les terres qui n'ont pas la vocation agricole. Et l'auteur montre que l'entreprise est réalisable dans notre région méridionale et peut, avec le temps, y donner des résultats fructueux si l'on commence par planter des espèces particulièrement sobres, capables de refaire un sol forestier, et si ces espèces sont placées dans des conditions de milieu aussi voisines que possible de celles où elles vivent à l'état spontané.

Suivent les meilleurs conseils sur les opérations préliminaires au boisement; puis sur le boisement lui-même avec indication des essences qui conviennent au climat méditerranéen.

Par ces précieux conseils, comme aussi par le charme du style et la hauteur des aperçus, cet opuscule mérite au plus haut degré d'être propagé dans toute notre région méditerranéenne.

La Pêche de l'Alose au Maroc, par Ch. Watier, Inspecteur adjoint des Eaux et Forêts, chef de circonscription à Rabat (Maroc). - Grenoble, Imprimerie Allier frères, 1918.

On sait que l'Alose (Alosa vulgaris Cuvier) remonte par bancs au printemps dans les fleuves français et y donne lieu à des pêches assez productives. L'Administration forestière étudie même en ce moment les moyens de multiplier cette espèce dans nos cours d'eau, comme cela a

eu lieu avec un plein succès aux Etats-Unis. Il faut donc savoir le plus grand gré à M. Watier de nous avoir donné dans un opuscule de 28 pages d'intéressants détails sur un poisson qui non seulement au Maroc, mais aussi en France est un élément important de la richesse piscicole. Un chapitre entier est consacré à la biologie de l'Alose: à sa première phase de croissance en eau douce, à son séjour en mer,à sa remonte dans les eaux douces en vue de la reproduction, au retour des reproducteurs à la mer; enfin à sa reproduction artificielle.

Un autre chapitre traite de la répartition et de l'abondance de l'Alose au Maroc. Puis viennent après, quelques indications sur sa valeur marchande et les débouchés qui lui son offerts dans l'empire chérifien, la description des engins et procédés de pêche actuellement en usage (avec belles phototypies), ainsi que les règles qui président à l'affermage de la pêche par l'Administration chérifienne.

Enfin les dernières pages de l'opuscule sont consacrées à l'avenir de la pêche de l'Alose au Maroc ; à l'amélioration des procédés de pêche, et à l'élevage artificiel de l'alose. On développerait ainsi, un élément de richesse d'une importance insoupçonnée. Par la suite, dès que les circonstances le permettront, des essais d'un plus gros intérêt pourront consister à introduire au Maroc les espèces appropriées de Truites (qui existent déjà dans les petits cours d'eau de la montagne) ou de Saumons.

La Chasse et la Faune cynégétique en Tunisie, par Louis Lavauden, Inspecteur adjoint des Eaux et Forêts. Tunis, Imprimerie centrale (Georges Guinle et Cie), 7, rue d'Italie, 1920.

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Cette notice publiée par la Direction générale de l'Agriculture, du Commerce et de la Colonisation est, comme l'indique l'auteur, destinée à donner aux chasseurs des renseignements exacts et précis sur la faune tunisienne, ceux-ci se limitant d'ailleurs aux espèces intéressantes au point de vue cynégétique. Mammifères et Oiseaux sont passés successivement en revue, avec indication de leur répartition géographique dans la Régence et des procédés de chasse employés.

L'auteur fait connaître d'autre part toutes les mesures réglementaires en application dans la Régence en ce qui concerne la chasse, le port d'armes et l'achat des munitions. Il reproduit d ailleurs in-extenso le décret beyli al du 29 mai 1918 réglementant l'exercice de la chasse.

Il donne enfin d'excellents conseils à tous ceux qui veulent se pro

curer le plaisir de la chasse en Tunisie. « Cette chasse, dit-il, sur un terrain inconnu, sans guide, sans reconnaissance préliminaire, sans relations capables de vous renseigner, peut réserver des déceptions... Il faut être convaincu, dit-il encore, que la Tunisie n'est point un de ces paradis cynégétiques où la réussite a lieu sans effort. Si la chasse à la perdrix et au lièvre y est facile et fructueuse, plus même qu'aux meilleures chasses gardées de France, par contre, le sportsman dont l'ambition se hausse à convoiter la gazelle ou le mouflon devra accepter de payer la dime, légère mais indispensable, à la fatigue et aux incommodités qu'entraînent de se nblables expéditions; la poursuite de ce gibier royal vaut bien d'aille rs quelque peine, et sa conquête est de nature à consoler de toutes les tribulations. >>

Cet opuscule bien documenté et agréablement écrit est donc de nature à rendre de grands services aux amateurs de la chasse dans le territoire tunisien.

E. G.

CHRONIQUE FORESTIÈRE

Décorations posthumes.

Par décret du Président de la République en date du 19 mai 1920, a été nommé chevalier dans la Légion d'honneur, à titre posthume: M. Démaret, (Fernand-Jules), Inspecteur adjoint des Eaux et Forêts, élève de la 80o promotion de l'Ecole de Nancy, capitaine au 94e régiment d'infanterie.

(Journal Officiel, du 22 juin 1920.)

Loi sur le crédit mutuel et la coopération agricole. - Son application aux travaux forestiers et pastoraux.

Dans sa séance du 30 juillet 1920, le Sénat a adopté le projet de loi, voté déjà par la Chambre des Députés, sur le crédit mutuel et la coopération agricole.

Cette loi peut avoir un réel intérêt pour la mise en valeur des terres incultes par des travaux forestiers ou pastoraux.

L'art. 24 est ainsi conçu :

« Les sociétés coopératives et les sociétés désignées à l'art. 22 peuvent seules bénéficier d'avances à long terme dans les conditions fixées à l'art. ci-après :

« Ces avances sont faites au taux de 2 0/0 pour une durée de vingtcinq ans au maximum, cette durée pouvant exceptionnellement être portée à cinquante ans pour les sociétés coopératives de reboisement. »

« Les demandes d'avances doivent indiquer, d'une manière précise, l'emploi des fonds sollicités. Elles sont présentées au ministre de l'Agriculture et du Ravitaillement par l'intermédiaire des caisses régionales.

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Ce taux de 2 0/0 est évidemment fort avantageux pour des emprunts affectés à des plantations forestières. La capitalisation forestière, soit l'accroissement en valeur d'un peuplement forestier, se fait du moins pour les jeunes bois, à un taux très supérieur au taux de 2 0/0. Une plantation de pin qui a coûté 300 fr. l'hectare peut atteindre à l'âge de 35 à 40 ans, une valeur de 3000 à 5000 francs.

Des Sociétés coopératives de reboisement qui se fonderaient, dans les conditions indiquées par la loi, pourraient donc, au moyen d'un capital très modique, et en bénéficiant des avances qui leur seraient consenties, se constituer à peu de frais des domaines forestiers d'une

grande valeur. Sans doute elles auront à solder pendant longtemps les annuités d'intérêts du capital qu'elles auront emprunté ; mais l'importance de ces versements s'atténuera d'année en année par les produits secondaires qu'elles pourront récolter (éclaircies, chasse, menus produits divers), et les exploitations du peuplement principal viendront ensuite les rémunérer largement des sacrifices consentis.

L'intérêt de la loi n'est pas moindre pour les mises en valeur pastorales. On sait l'immense surface occupée dans nos régions de montagnes, de plateaux, de collines, et même dans quelques-unes de nos plaines, par des terrains livrés à l'exercice du pâturage et devenus presque improductifs par l'absence de tous travaux d'entretien, d'amélioration, ou d'organisation pastorale. Des sociétés coopératives pourraient aussi se créer et, par l'intermédiaire des caisses régionales, contracter chaque année un emprunt proportionné à leurs disponibilités en argent et main-d'œuvre. En opérant ainsi, elles arriveraient en peu d'années à remettre en pleine production des centaines d'hectares qui eu égard à la plus value prise par les produits de l'élevage et de l'industrie laitière rémunéreraient grandement et bien plus vite que pour les mises en valeur forestières, les capitaux employés.

Nous reviendrons avec plus de détail sur ces intéressantes questions quand aura paru le Règlement d'administration publique précisant les conditions d'application de cette loi.

Une disposition de la loi de finances.

E. C.

Nous sommes obligés de remettre au prochain numéro l'exposé des discussions parlementaires relatives au budget des Forêts et des principales dispositions budgétaires adoptées. Nous nous bornerons pour l'instant à faire connaître une excellente disposition introduite dans la loi de finances. C'est celle de l'art. 40. Cet article stipule qu'après fixation des prélèvements opérés en vertu de l'art. 4 de la loi du 15 juin 1907 sur le produit des jeux.

« Les deux tiers du reste du prélèvement seront attribués aux œuvres d'assistance, de prévoyance, d'hygiène ou d'utilités publiques pour être répartis conformément à la loi du 15 juin 1907.- Un tiers du prélèvement servira à constituer un fonds destiné : 1o à augmenter la dotation, prévue par les lois de finances du 31 mars 1903 et 13 juillet 1911, des projets d'adduction d'eau potable; 2o à subventionner les œuvres ou travaux intéressant le reboisement, l'amélioration des pâturages, la pisciculture et la chasse. Deux cinquièmes de ce dernier prélèvement seront affectés à la dotation des projets d'adduction d'eau potable; deux autres cinquièmes

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