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Un incendie de forêts monstre dans le Nord de la Russie.

Un incendie, qui a pris les proportions d'un véritable cataclysme, ravage les forêts de la Russie septentrionale. Le fléau paraît avoir son siège en Carélie, c'est-à-dire dans la région située au nord-est de Pétrograd, autour du lac Onega. Le feu a pris naissance au milieu d'août et s'est ensuite propagé sur des espaces considérables, d'autant plus aisément que les boisements sont constitués par des résineux et qu'ils forment des massifs sans solution de continuité sur des milliers de kilomètres. Tout le nord de la Russie, de la frontière finlandaise à l'Oural, et du Volga à la mer Blanche, est pour ainsi dire entièrement occupé par des forêts de pins sylvestres et de sapins auxquels se mêle le cembro dans la région orientale. Telle est l'immensité du brasier qu'à la fin d'août la fumée formait, dans la Finlande méridionale, un brouillard si épais que la navigation côtière, dans ces parages encombrés de récifs, se trouvait gênée. Poussées par un vent d'est, ces muées ont ensuite franchi la Baltique et gagné la Scandinavie. D'après un communiqué publié par le Bureau central météorologique de Norvège, c'est dans la nuit du 29 au 30 août que la fumée a traversé le golfe de Bothnie et atteint la Suède; le 31, elle s'est étendue sur la Norvège orientale et,le 1er septembre, elle est arrivée à l'extrémité supérieure des fiords de la côte ouest de ce dernier pays. En même temps elle s'est répandue vers le nord jusqu'à Falun en Suède et jusqu'à Trondhjem en Norvège. A l'ouest de Kristiania, dans le Telemark et dans la région traversée par le chemin de fer de Bergen à Kristiania, les 1er et 2 septembre, les nuages de fumée qui enveloppaient les montagnes étaient si épais que les indigènes crurent à un incendie des forêts voisines et qu'un fonctionnaire partit à la recherche du foyer du sinistre. Aux environs de Kristiania l'air était littéralement empesté par une âcre odeur de bois brûlé, à telle enseigne que, pour ne pas en être incommodés, des habitants durent fermer les fenêtres de leurs maisons Notons à ce propos que la capitale de la Norvège se trouve à quelque 1.500 kilomètres dans l'est de la région embrasée. Un tel phénomène de transport par le vent n'est pas nouveau. Ainsi,en 1857, l'incendie d'une tourbière dans l'Oldenbourg couvrit d'un nuage épais l'Europe centrale, des bords de la mer du Nord à Vienne et à Cracovie, en passant par Hanovre, Dresde, Francfort, Carlsruhe. Plus récemment, en 1913, rapporte l'Aftenpost de Kristiania, la fumée d'un immense incendie de forêts au Canada se répandit jusqu'en Islande et même jusqu'en Norvège. Quoique le phénomène

observé cette année n'atteigne pas une pareille ampleur, il mérite néanmoins d'être signalé.

Ajoutons que, depuis le début de septembre, le brasier s est étendu vers l'ouest et qu'à la date du 12, il menaçait de s'étendre en Finlande et s'approchait à 30 kilomètres de Petrograd.

A point de vue français, cet incendie présente un intérêt particulier. Les immenses boisements qui couvrent le nord de la Russie appartenant presque entièrement à l'Etat constituent pour les porteurs de rentes russes une sorte de garantie dont la valeur est très certainement supérieure au montant de leurs créances. Or, si les renseignements fournis par la presse norvégienne sont exacts, une notable partie de ce gage éventuel s'en est allée en fumée.

CHARLES RABOT. (La Nature, 16 octobre.)

Le sapin de Douglas en Auvergne

M. Rouganne, le sympathique président du Syndicat des marchands de bois de l'Auvergne, me communique deux échantillons de bois d'essences forestières étrangères, mais pris sur des arbres crus dans notre région et exploités récemment. Il s'agit d'un sapin de Douglas et d'un pin de l'Orégon. Ces bois paraissent de qualité supérieure: le premier est comparable à nos meilleurs sapins d'Auvergne et le second bien supérieur au pin de notre région.

Je ne veux m'occuper aujourd'hui que du sapin de Douglas, qui offre, au point de vue du reboisement des terrains dénudés, les plus grands avantages. Cette essence forestière, originaire des rives et des montagnes de l'Océan pacifique, en Californie, au Mexique, au Japon et en Chine, n'est pas un sapin proprement dit, c'est ce qu'on appelle un tsuga, ou un faux-tsuga, espèce intermédiaire entre le sapin et l'épicea. Comme ce dernier, le sapin de Douglas peut être planté directement en terrain découvert et n'a pas besoin, comme le sapin, d'un couvert prolongé. On peut donc obtenir une forêt de sapins de Douglas beaucoup plus rapidement qu'une sapinière ordinaire.

Cet arbre atteint les mêmes dimensions que notre sapin. Il vient très bien naturellement dans les sols légers, profonds et fertiles, mais il s'accommode aussi des sols même superficiels, à condition que le sous sol soit fissuré et peu compact. Il convient donc parfaitement à toute l'Auvergne.

L'échantillon de M. Rouganne provenait de Chaméane, à une altitude d'environ 800 mètres, en plein terrain granitique. L'arbre exploité

avait une soixantaine d'années et mesurait un mètre de tour à 1 m. 50 au-dessus du sol. Les couches sont très régulières, d'une épaisseur d'un demi-centimètre, avec le reflet argenté de nos sapins; le bois convient à la menuiserie, à la charpente, en un mot à tous les usages de nos meilleurs sapins d'Auvergne.

Il peut se cultiver en plaine, où sa croissance en bon sol serait daturellement beaucoup plus rapide qu'à Chaméane, et où il fournirait vers 40 ans un bois supérieur pour pâtes à papier.

En France, il existe déjà en quantité appréciable en Sologne, aux environs de Paris, dans l'Allier, dans le Limousin. Il réussit parfaitement dans les climats un peu humides, ne craint pas le froid, car on le trouve à Aurillac. Une plantation faite, il y a 6 ans, aux environs de Thiers, à Escoutoux, a jusqu'ici parfaitement réussi.

(Moniteur du Puy-de-Dôme.)

J. REYNARD.

Croissance en contact d'un chêne et d'un hêtre.

Le Journal Forestier Suisse publiait, il y a quelque temps, la communication suivante faite à la Société vaudoise des sciences naturelles par M. Perriaz:

<«< Il existe dans les bois situés sur la pente ouest des Pléiades (Vaud) un arbre intéressant formé de deux végétaux, un hêtre et un chêne, qui vivent en contact. D'une hauteur approximative de 18 à 20 mètres, ces arbres élèvent leurs branches entremêlées ou soudées sur plusieurs points. La partie inférieure du chêne est fortement atteinte, par contre le hêtre est très vigoureux. Dans certains endroits, il y a formation de véritables greffes qui ont comme résultat le plus fréquent la mort de la branche ou du hêtre ou du chêne, suivant leur position réciproque. Il arrive aussi qu'une ramification passe au travers d'une autre; on observe alors la formation d'un bourrelet sur la branche traversée, l'autre ne présentant qu'une faible variation en épaisseur.

« Ce cas est intéressant au point de vue théorique. En effet, par le contact si intime des deux végétaux, le tissu subéreux qui, semble-t-il, aurait dû s'hypertrophier suffisamment pour empêcher la diffusion des sèves, n'a rien présenté d'anormal. D'après ce que l'on voit extérieurement, les sèves se sont trouvées sur plusieurs points en contact à certains moments de l'année, et cette fusion a été préjudiciable et même mortelle pour l'un des deux végétaux. Les liquides colloïdaux seraient

donc d'une composition chimique suffisamment différente pour être toxiques envers les végétaux d'essences diverses. On connaît d'autres cas de contact semblables dans notre région, sapin et saule, sapin et érable, mais jamais il n'y a un contact aussi intime, et une subérisation intense s'est formée aux points de jonction. A ce point de vue, l'exemple des Pléiades méritait bien de prendre place dans la série des figures des arbres de notre région. »>

Nécrologie.

M. Borhoven, ancien adjudant de surveillance à l'Ecole des Barres. M. Borhoven, que connurent presque tous les agents et préposés qui ont passé par l'Ecole des Barres, où il exerça pendant 34 ans, de 1885 à 1919, les fonctions d'adjudant de surveillance, est décédé à Gien le 3 octobre 1920.

Les obsèques ont eu lieu dans cette ville le 6 octobre.

Prévenu trop tard, le personnel des Ecoles des Barres ne put y

assister.

Agents et préposés ont très vivement regretté de ne pouvoir accompagner à sa dernière demeure, les uns, un collaborateur qu'ils estimaient, les autres, un collègue qu'ils aimaient.

Pour moi, qui avais connu M. Borhoven lors de mon premier séjour aux Barres, de 1895 à 1919, au moment de son départ pour la retraite, il m'est très pénible de n'avoir pu rappeler en quelques mots, au cimetière, avant que sa tombe se fermât pour toujours, ce qu'avait été l'homme, le fonctionnaire et dire un dernier adieu à mon ancien collaborateur.

Né à Colmen (Moselle) en 1890, M. Borhoven avait fait la campagne de 1870, comme engagé volontaire. Ayant contracté un nouvel engagement en 1872, il fut incorporé au 2o régiment de génie, devint maitre ouvrier, rendit ses galons en 1875 pour partir en Afrique où il fit campagne, et passa, à son retour en France, en 1876, au 4° régiment de génie, qu'il quitta, en 1877, pour entrer dans l'Administration des Eaux et Forêts.

Garde communal à Giron (Ain) en 1877, brigadier communal, en 1880, à Anglefort, puis, en 1882, à Cormaranche (Ain), il fut envoyé, en 1885, en qualité d'adjudant de surveillance à l'Ecole des Barres, qu'il quitta seulement le 30 septembre 1919, pour aller prendre, à Gien, un repos bien mérité.

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Il avait reçu la médaille d'honneur des préposés des Eaux et Forêts, la médaille militaire et la médaille commémorative de 1870-1871.

D'une tenue parfaite, d'une conduite irréprochable, d'une très grande honnêteté, patriote très ardent, chef de famille modèle, homme du devoir jusqu'à l'exagération, M. Borhoven était une personnalité à l'Ecole des Barres dont il semblait qu'il dût indéfiniment faire parte. Son souvenir y sera très longtemps conservé.

A sa veuve, qui le soigna avec tout le dévouement dont elle est capable et tous ceux qui l'ont connue savent de quel dévouement est capable cette nature sérieuse et douce à ses enfants et petits-enfants,

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j'adresse l'expression cordiale de mes affectueuses condoléances.

Les Barres, 7 octobre 1920.

L. PARDE.

Mutations.

Par arrêté en date du 30 septembre 1920 est acceptée, à compter du 1er septembre 1920, la démission de M. Pitti-Ferrandi (Marc-Antoine), comme garde général des Eaux et Forêts.

Par arrêté en date du 7 octobre 1920, M. Dupuy (Benjamin-Barnabé-Rémi), inspecteur adjoint des Eaux et Forêts à Signy-l'Abbaye (Ardennes), est appelé sur sa demande,et en la même qualité, à Embrun (Hautes-Alpes), en remplacement de M. Reynaud (Octavien-Casimir), qui a reçu une autre affectation. Par arrêté en date du 16 octobre 1920:

M. Moutin (Camille- Alphonse), garde général des Eaux et Forêts à Aix-lesBains (Savoie), est mis en disponibilité, sur sa demande, à compter du 16 octobre 1920.

M. Dutilloy (Pierre-Charles), garde général des Eaux et Forêts à BesançonNord (Doubs), est mis en disponibilité sur sa demande à compter du 1er novembre 1920.

Par arrêté en date du 20 octobre 1920:

M. Armand (Emile-Théodore), inspecteur principal des Eaux et Forêts à Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie), est admis à faire valoir ses droits à la retraite, par application des dispositions des lois des 9 juin 1853, 30 décembre 1913 et 25 juin 1914 sur les pensions civiles et sur celles des agents et préposés du service actif des douanes et de l'administration des Eaux et Forêts.

Dans l'intérêt du service, M. Armand cessera ses fonctions sans attendre la liquidation de sa pension, pour laquelle l'arrêt de ses services est fixé au 15 octobre 1920.

M. Mougeot (Placide), inspecteur des Eaux et Forêts en retraite à Tonnerre (Yonne), est réintégré, sur sa demande, dans les cadres en qualité d'inspecteur des Eaux et Forêts de 2o classe et nommé chef des bureaux de la 31* conservation à Chaumont (Haute-Marne), en remplacement de M. Déjeux non acceptant.

Par arrêté en date du 21 octobre 1920:

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