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humaine. C'est ainsi que, s'il est parfaitement logique de faire application des intérêts composés pour calculer la valeur d'un taillis que l'on exploite tous les 20 ans, il serait excessif et fort imprudent d'appliquer le même calcul à une forêt de mélèzes en haute montagne ne donnant de coupe que tous les 200 ans.

On a souvent reproché à l'application des mathématiques ou du calcul en sylviculture de ne pas donner la certitude absolue. Sans aucun doute des circonstances économiques telles que les variations de prix des bois peuvent conduire à des résultats fort différents de ceux prévus par le calcul; mais n'en est-il pas de même pour les spéculations relatives à toute entreprise commerciale ou industrielle, et si la réalité peut parfois déjouer les prévisions d'un calcul, vaut-il mieux s'en abstenir et spéculer au hasard ?

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l'application

Plan de l'ouvrage. Il comprend cinq parties: Dans la première sont exposées avec beaucoup de clarté toutes les notions d'Economie politique applicables à la matière forestière. La distinction entre le prix d'un immeuble forestier et la valeur de cet immeuble considérée comme un capital productif de revenu ; des formules des intérêts composés et de l'escompte au calcul des capitaux forestiers, enfin une méthode générale pour l'estimation d'une forêt, le choix du taux de placement, l'appréciation de la valeur agricole et de la valeur forestière du sol, avec examen des cas particuliers et des frais accessoires, en composent les différents chapitres.

La deuxième partie, qui est la plus importante de l'ouvrage, donne toutes les indications utiles pour l'estimation en matière et en argent des arbres abattus et des arbres debout. L'estimation en matière se base sur des formules de cubage, indiquées et expliquées pour nos principales essences.

Quant à l'estimation en argent, elle se base non seulement sur les quantités de matières dénombrées, mais encore sur leur valeur en rapport avec les qualités des bois et avec les dimensions en diamètre et longueur des bois inventoriés.

Mais, pour assurer la bonne gestion d'un domaine forestier, il ne suffit de savoir en cuber et estimer les arbres, il faut encore conpas naître les différentes exploitabilités, soit l'âge auquel les arbres ou les peuplements peuvent être exploités le plus opportunément, l'exploitation devant répondre à cette double condition de maintenir la forêt en bon état et de satisfaire l'intérêt du propriétaire. D'où la nécessité d'étudier l'accroissement en matière et en valeur de l'arbre considéré individuellement comme aussi de classer les divers peuplements

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suivant les différentes exploitabilités qu'il convient de leur appliquer. Ces exploitabilités correspondent aux quatre buts principaux que l'on peut se proposer, à savoir le plus grand rendement possible en matière (exploitabilité absolue); la production des bois les plus utiles (exploitabilité technique); le plus grand revenu forestier (exploitabilité économique); la situation pécuniaire la plus avantageuse (exploitabilité financière ou commerciale). L'auteur étudie successivement l'application de ces différentes formes d'exploitabilité aux arbres isolés; puis aux massifs d'âge uniforme et connu; enfin aux mélanges d'arbres d'âges différents, inconnus en totalité ou en partie (taillis composés et futaies jardinées).

La troisième partie traite en détail de tous les dommages qui peuvent être causés aux arbres et aux forêts et en particulier de ceux résultant d'incendies. Ces dommages peuvent être réparés soit par des travaux, soit par des dommages-intérêts, soit par des restitutions. Des travaux peuvent dans une certaine mesure faire disparaître les traces du dégât et même en assurer la réparation. On peut également exiger la restitution soit en argent soit en nature des produits enlevés ou détruits. Mais presque toujours le propriétaire lésé est amené à revendiquer des dommages-intérêts. L'évaluation de ceux-ci est parfois difficile et compliquée. L'auteur formule un procédé général de calcul pour l'évaluation de ces dommages, et justifie l'indemnité supplémentaire qui peut être réclamée pour la valeur d'avenir d'un bois détruit ou pour le préjudice à lui causé par une dépossession comparable à celle qui résulterait d'une expropriation.

Puis il étudie en détail les estimations avant et après incendie qui doivent servir à évaluer les dommages-intérêts susceptibles d'être réclamés pour les taillis simples, les taillis sous futaie et les futaies; comme aussi la solution de questions diverses qui peuvent se poser et justifier pour le propriétaire un droit à des réparations complémentaires.

Ce

A l'occasion des dommages de guerre qui peuvent être évalués en se basant sur les principes exposés dans les chapitres précédents, l'auteur pose la question délicate et controversée de savoir si les valeurs appliquées aux estimations en cette matière doivent être basées sur les prix d'avant-guerre ou sur ceux, très supérieurs, d'aujourd'hui. sont les prix actuels, qui, d'après l'auteur, doivent être employés, car, dit-il, « le propriétaire doit être rétabli dans la situation qu'il occuperait, non pas si la guerre n'avait pas eu lieu, ce qui est impossible et dénué de sens, mais si un certain fait de guerre n'avait pas endom

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magé sa propriété ». Les autres arguments invoqués à l'appui de cette thèse méritent également toute l'attention des experts chargés de l'évaluation des dommages de guerre.

Cette troisième partie se termine par un chapitre intéressant sur l'Usufruit forestier et par quelques considérations originales sur la sylviculture intensive et extensive ainsi que sur les différentes formes à donner aux coupes, en tenant compte non seulement des exigences des peuplements mais aussi des convenances du commerce qu'il est très important de satisfaire pour obtenir des prix de vente élevés.

La quatrième partie renferme des démonstrations mathématiques et des formules qui, pour ne pas être indispensables aux gérants de forêts, n'en constituent pas moins un utile complément aux notions plus élémentaires données précédemment.

Enfin la cinquième partie contient des tarifs d'intérêts et de cubage et des tables diverses.

Ce résumé, quelque imparfait qu'il soit, suffira, je l'espère, à faire ressortir l'importance et l'intérêt de cet ouvrage. Ecrit dans un style sobre et clair par un conservateur des Eaux et Forêts, dont la compétence technique s'est complétée par des connaissances étendues en mathématiques appliquées et en économie politique, il a sa place marquée dans toutes les bibliothèques forestières. Il renferme tout un ensemble de notions indispensables aux propriétaires ou gérants de forêts pour leur permettre de diriger leurs opérations sylvicoles suivant un programme raisonné, et ainsi d'en tirer le plus grand profit possible.

Et ce livre vient bien à son heure dans un moment où les dévastations de la guerre, la réparation des dommages causés aux forêts, les réquisitions des autorités militaires, les différends relatifs aux marchés passés pour la fourniture de produits ligueux, vont donner lieu à une infinité d'estimations ou d'expertises. Les propriétairss, experts, membres des Commissions pour l'évaluation des dommages, ne vont-ils pas trouver dans ce livre un guide infiniment précieux pour une réglementation équitable des droits débattus ?

E. CARDOT.

CHRONIQUE FORESTIÈRE

Légion d'honneur.

Par décret du Président de la République en date du 15 janvier 1920, rendu sur la proposition du ministre de l'Agriculture et du Ravitaillement, ont été nommés au grade de chevalier dans l'Ordre de la Légion d'honneur :

M. Schaeffer, Conservateur des Eaux et Forêts à Vesoul.

M. Theron, Inspecteur des Eaux et Forêts, chef de section à l'administration centrale.

Décorations posthumes.

Ont été inscrits à titre posthume au tableau spécial pour chevalier de la Légion d'honneur :

M. Ethis de Corny, de la 87° promotion de l'Ecole nationale des Eaux et Forêts, lieutenant au 94. d'infanterie (Journ. Off. du 25 janvier 1920, p. 1310, col. 2).

M. Augier, de la goe promotion, sous-lieutenant au 26e d'infanterie (même Officiel, p. 1302, col. 3).

M. des Vosseaux, de la 91' promotion, sous-lieutenant au 89e d'infanterie (même Officiel, p. 1310, col. 1).

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Le Renouvellement des Pouvoirs publics.

Sénat. Le 11 janvier 1920 ont eu lieu les élections le pour renouvellement partiel du Sénat. Parmi les élus nous signalerons un certain nombre de personnalités bien connues par les services rendus à l'agriculture ou leur participation aux débats législatifs antérieurs concernant les questions agricoles ou forestières MM. Gomot, Méline,Fernand David, Pams, Clémentel, Noulens, anciens ministres de l'Agriculture. MM. Chanal, Léon Perrier, Chalamel, anciens députés.

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Présidence de la République. - Le 17 janvier 1920, le Sénat et la Chambre des Députés se sont réunis en Congrès à Versailles pour l'élection du Président de la République : M. R. Poincaré et M. G. Clemenceau, ayant, malgré les éclatants services rendus à la France dans la période la plus critique, mais aussi la plus glorieuse de son histoire, décliné noblement toute candidature, M. Paul Deschanel, Président

de la Chambre des Députés, a été élu Président de la République par 734 voix sur 868 suffrages exprimés. Ce scrutin témoigne assez de la haute confiance qu'il a su mériter dans sa longue et brillante carrière parlementaire.

Le nouveau cabinet. Cet événement a été suivi de la démission du cabinet Clemenceau. Par une série de décrets en date du 20 janvier 1920, un nouveau ministère a été constitué sous la présidence de M. Alexandre Millerand, député, commissaire général de l'Alsace et de la Lorraine.

D'importantes modifications sont apportées aux attributions antérieures de quelques-uns des départements ministériels :

Le sous-secrétariat du Ravitaillement installé au ministère de l'Agriculture passe au ministère du Commerce.

La direction de l'Enseignement technique constitué en un sous-secrétariat d'Etat passe du ministère du Commerce à celui de l'Instruction publique.

Le ministère du Travaux publics et des Transports groupe le sous-secrétariat des Postes, des Télégraphes et des Téléphones ; celui des Mines et des Forces bydrauliques; celui des Ports,de la Marine marchande et des Pêches; celui de l'Aéronautique et des Transports aériens.

D'autre part, les services d'Hygiène et de l'Assistance publique ; ceux de la Prévoyance et des Assurances sociales sont respectivement détachés du ministère de l'Intérieur et du Travail pour former le ministère de l'Hygiène,de l'Assistance et de la Prévoyance sociale

Enfin le ministère de la Reconstitution industrielle disparaît et un nouveau département est institué sous la dénomination de ministère des Pensions, des Primes et des Allocations de guerre.

Le nouveau ministère de l'Agriculture. -M. J.-H. Ricard, qui vient d'être appelé au Département de l'Agriculture en remplacement de M. Noulens, est né le 3 septembre 1880 au Bouscat (Gironde). Ingénieur agronome, il s'est acquis déjà une grande réputation dans le monde agricole par ses publications au Pays Landais, à L'Appel à la terre, comme aussi par l'activité qu'il a déployée en propageant le progrès agricole dans de nombreuses conférences, et créant des Syndicats, Assurances Mutuelles, Caisses de Crédit, Coopératives.

M. Queuille, député de la Corrèze, nommé sous-secrétaire d'Etat au même département, a les attributions définies dans le décret ci-joint. Le Président de la République française,

Vu le décret du 20 janvier 1920, nommant un sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'Agriculture,

Décrète :

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Art. 1er. Le sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'Agriculture a spécialement dans ses attributions, sous la haute autorité du ministre,

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