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< Telles sont, Monseigneur, les idées principales dans lesquelles je reçois de vos mains la charge de constituer et de présider un nouveau ministère. Si Votre Altesse daigne les approuver, si elle leur accorde une entière adhésion et me prête son puissant appui, je travailleraî, avec l'aide de Dieu, à montrer au Pays la voie du progrès et à lui rendre l'ordre et la paix. « Daignez, etc.

Signé : CHÉRIF.

Lettre de Son Altesse le Khédive à Son Excellence

Chérif-Pacha.

<< Mon cher Chérif-Pacha,

«En acceptant la mission de constituer et présider un nouveau ministère, vous donnez au pays, au milieu des circonstances difficiles qu'il traverse, une nouvelle preuve de patriotisme.

« Je connaissais votre dévouement lorsque je vous ai demandé d'assumer cette lourde tâche, et j'ai vu avec satisfaction les personnes les plus hautement autorisées joindre leurs sollicitations à celles des notables et de toute la population, po ur vous presser d'accepter le poste éminent auquel vous désignait la confiance publique.

« J'adopte votre programme et je pense avec vous, mon cher Chérif, qu'aussitôt après que l'ordre moral aura été rétabli, mon Gouvernement devra travailler à l'application des réformes administratives et judiciaires.

«

L'organisation judiciaire, l'établissement d'une législation uniforme et précise, la détermination des pouvoirs publics et leurs attributions, les travaux relatifs à une nouvelle période de fonctionnement des tribunaux mixtes, le développement de l'instruction et des travaux publics, du commerce et de l'agriculture, la conclusion de Conventions pour la douane et le commerce sont autant de questions d'un intérêt vital pour lesquelles vous me trouverez constamment prêt à vous donner mon appui le plus complet et le plus loyal.

<< L'entente parfaite entre le contrôle et mon Gouvernement est nécessaire : elle doit être maintenue et fortifiée.

«

Croyez, etc.

Signé : MÉHÉMET THEWFIK.

DÉCRET

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NOUS, KHÉDIVE D'ÉGYPTE,

Art. I. Son Excellence Chérif-Pacha est nommé Président du Conseil et Ministre de l'Intérieur.

Art. II. Le Président du Conseil est chargé de la formation du Cabinet.

Fait au Palais d'Ismaïlieh, le 14 septembre 1881 (20 Chawal 1298).

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Sur la proposition du Président de notre Conseil des Ministres,

Avons décrété et décrétons:

Art. I. Son Excellence Moustapha-Pacha-Fehmi est nommé Ministre des Affaires Étrangères;

Son Excellence Haïdar-Pacha est nommé Ministre des Finances;

Son Excellence Ismaïl-Pacha-Eyoub est nommé Ministre des Travaux Publics;

Son Excellence Mahmoud-Pacha-Samy est nommé Ministre de la Guerre et de la Marine;

Son Excellence Cadry-Bey est nommé Ministre de la Justice; Son Excellence Mahmoud-Pacha est nommé Ministre des Wakfs et de l'Instruction Publique.

Art. II. Le Président de notre Conseil est chargé de l'exécution du présent Décret.

Fait au Palais d'Ismaïlieh, le 14 septembre 1881 (20 Chawal 1298).

Par le Khédive:

Signé: MÉHÉMET THEWFIK.

Le Président du Conseil des Ministres :

Signé: CHÉRIF.

N° 182

Le Comte de Dufferin au Comte de Granville.

(Extrait.)

Thérapia, 19 septembre 1881. En accusant réception de la dépêche du 17 courant, je remercie Votre Seigneurie d'avoir été assez bonne pour approuver le langage que j'ai tenu au Sultan sur les affaires égyptiennes, pendant mon entrevue avec Sa Majesté le 15 courant, et de m'autoriser à exprimer, de la part du Gouvernement de Sa Majesté, des remerciements pour les sentiments d'amitié que le Sultan m'a exprimés pour l'Angleterre.

J'ai envoyé Sir Alfred Sandison pour porter ce dernier message.

Signé : DUFFERIN.

N° 183

Le Comte de Dufferin au Comte de Granville.

Mylord,

Thérapia, 20 septembre 1881.

Conformément aux instructions de Votre Seigneurie, j'ai informé hier le premier Ministre et le Ministre des Affaires Étrangères que le Gouvernement de Sa Majesté considérerait l'envoi d'un Commissaire Égyptien comme inopportun.

Le Ministre des Affaires Étrangères répondit que l'incidentégyptien était heureusement terminé et qu'il n'était pas question d'envoyer un Commissaire.

M. Tissot cependant a été assez bon ce matin pour me faire savoir le résultat de son entrevue d'hier avec le Sultan. Son Excellence avait, dit-il, désapprouvé dans un langage très ferme l'envoi de troupes et d'un Commissaire en Égypte; que le Sultan lui avait répondu qu'il n'avait actuellement aucune intention d'y envoyer des troupes, et que dans tous les cas il maintiendrait le statu quo; mais qu'il considérait qu'en vue des intérêts énormes en Égypte et dans l'Hedjaz, qu'il avait parfaitement le droit d'envoyer un émissaire avec ses compliments et ses conseils au Khédive, et que son intention était de le faire, mais que la personne qu'il enverrait n'aurait pas le caractère officiel de Com

missaire.

Signé: DUFFERIN.

N° 184

M. Malet au Comte de Granville.

(Télégramme.)

Le Caire, 26 septembre 1881.

Le Ministre de la guerre m'informe ce matin que le Décret militaire a été communiqué à l'armée hier et qu'il a été favorablement reçu. Des ordres ont été donnés pour l'envoi du régiment noir commandé par Abdul-Aal, à Damiette.

N° 185

Le Comte de Granville au Comte de Dufferin.

Mylord,

Foreign-Office, 27 septembre 1881.

Le Chargé d'Affaires Français m'informe que son Gouvernement a reçu par télégraphe de Constantinople des nouvelles de la détermination de la Porte d'envoyer un fonctionnaire officiel Turc en Égypte, et que bien que son départ ait été retardé pour le moment, cette intention ne sera certainement pas abandonnée.

Le comte d'Aunay déclare que le Gouvernement Français est par conséquent désireux que les Consuls des deux Pouvoirs au Caire reçoivent des instructions identiques quant à la ligne de conduite à suivre.

Je prie donc Votre Excellence de me faire savoir jusqu'à quel point ce rapport est exact.

J'attendrai le résultat de votre enquête avant de répondre au comte d'Aunay.

Je suis, etc.

Signé : GRANVILLE.

N° 186

Le Comte de Dufferin au Comte de Granville.

(Télégramme.)

Constantinople, 28 septembre 1881.

Le Sultan n'a envoyé aucun émissaire en Égypte, quoi qu'il

ait dit à l'Ambassadeur Français, qui blâmait cette démarche, qu'il le ferait probablement, sentant qu'il agissait selon la limite de ses droits.

J'ai déclaré au Palais et à la Porte que le Gouvernement britannique est d'accord avec le Gouvernement Français en pensant que l'envoi ostensible d'un haut fonctionnaire en Égypte serait inopportun quant à présent.

Il est probable que le Sultan persistera dans son intention, quoique la personne envoyée sera, non pas un Commissaire officiel, mais un aide de camp chargé de compliments et d'avis.

N° 187

Le Comte de Granville à Lord Lyons.

(Extrait.)

Foreign-Office, le 30 septembre 1881.

Le Chargé d'Affaires Français est venu, hier soir, au château de Walmer pour me faire une communication sur les affaires d'Égypte. Dans une conversation qu'il a eue avec moi ce matin à ce sujet, il m'a lu une dépêche de M. Barthélemy-Saint-Hilaire à M. Challemel-Lacour, faisant ressortir les objections du Gouvernement Français, à l'envoi par le Sultan d'un général Turc en Égypte, avec mission de tenir en bride les régiments révoltés.

M. d'Aunay soutint les arguments contenus dans la dépêche, par de nouvelles observations, d'accord avec des instructions qu'il a reçues à cet effet.

Il me dit ensuite le résumé d'une dépêche de l'Ambassadeur Français à Constantinople, rapportant que le Sultan n'avait pas abandonné l'idée d'envoyer un fonctionnaire Turc au Khédive, et que Sa Majesté prendrait probablement une décision avant samedi.

M. d'Aunay me dit que M. Barthélemy-Saint-Hilaire l'avait autorisé à me faire cette communication, et à me faire observer qu'à son avis ceci était une nouvelle preuve de la nécessité qu'il y a, pour la France et pour l'Angleterre, à prouver l'évidence de leur union en Égypte, afin d'éviter pour l'avenir de grands em

barras internationaux.

M. d'Aunay me demanda si j'avais reçu un rapport analogue à celui de M. Tissot. Je répliquai que lord Dufferin m'avait déclaré que M. Tissot lui avait fait le même récit sur ce qui s'était passé à son audience avec le Sultan; mais que lord Dufferin

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