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prescrites pour l'observation de la décade et des fêtes civiques Is plus bizarres. Une amende de 300 fr., et un emprisonnement de dix jours, vous auroient paru une peine excessive; le projet n'inflige, pour la première fois, qu'une amende de

5 fr.

» Ses dispositions ne défendent rien de nécessaire, rien d'utile; elles éloignent avec soin ce qui pourroit même présenter l'apparence d'un acte arbitraire.

» La religion catholique est celle de la grande majorité des François; le repos prescrit par elle, les dimanches et jours de fêtes, est aussi un précepte des autres religions chrétiennes. Il n'y avoit donc aucun inconvénient à adopter par une loi l'interruption des travaux ordinaires, les dimanches et jours de fêtes.

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» Tels sont les principes qui servent de base au projet de loi. Je vote pour son adoption

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La Chambre procède à l'appel nominal et au scrutin, dont le dépouillement donne, sur 144 votans, 139 boules blanches, et seulement cinq boules noires. Le projet est adopté.

- Une ordonnance du Roi, du 1r. octobre, porte ce qui suit :

Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Na

varre,

Considérant que les ordonnances de nos prédécesseurs attachoient aux hôpitaux militaires des aumôniers, dont les fonctions avoient pour objet d'entretenir les malades dans les sen→ timens de la religion, de leur en faire pratiquer les devoirs, et de leur en administrer les secours et les consolations;

Que les principes d'une saine morale réclament le rétablissement de cette sage et salutaire institution;

Sur le rapport de notre ministre secrétaire d'Etat au département de la guerre,

Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit:

Art. 1or. Il sera attaché un aumônier à chacun des hôpi

taux militaires existans ou à créer.

2. Notre ministre secrétaire d'Etat au département de l'intérieur désignera à notre ministre secrétaire d'Etat de la guerre les ecclésiastiques qui auront été choisis par leurs évêques pour remplir ces fonctions.

3. Le traitement de chaque aumônier sera déterminé par

notre ministre secrétaire d'Etat de la guerre, suivant la force de chaque hopital; mais, dans aucun cas, il ne pourra exceder 1500 fr. par an, ni être moindre de 400 fr.

4. Les aumôniers seront payés de ce traitement sur les fonds du ministère de la guerre, chapitre des hôpitaux.

5. Nos ministres secrétaires d'Etats aux départemens de l'intérieur et de la guerre sont chargés de l'exécution de la présente ordonnance.

METZ. S. A. R. M. le duc de Berry vient de passer trois jours dans notre ville. L'enthousiasme de ses habitans ne suroit se rendre. C'est au moment de l'arrivée du prince, le 27 septembre, à trois heures après midi, que M. l'évêque de Metz, à la tête de son clergé, a été admis à son audience, et lui a adressé un discours où il lui a peint les sentimens du clergé. Le lendemain, 28 septembre, S. A. R. daigna recevoir les vœux et les hommages des sœurs hospitalieres. Le même jour, à une heure après midi, le prince se rendit dans la plaine de Frescati, où devoit se faire la bénédiction des drapeaux. Un autel étoit dressé au milieu de la plaine; deux tentes étoient disposées à quelque distance de cet autel, l'une pour S. A. R. et son état-major, l'autre pour M. l'évêque et les ecclésiastiques de sa chapelle. M. l'évêque s'étoit rendu dans sa tante quelques instans avant le prince. Plusieurs régimens de cavalerie et d'infanterie, composant une armée de douze à quinze mille hommes, étoient rangés en bataille à quelque distance. Le prince étant arrivé devant sa tente, M, l'évêque, suivi de deux archidiacres et des ecclésiastiques de sa chapelle, alla saluer S. A. R. et prendre ses ordres. Le prince ne tarda pas à suivre le prélat à l'autel. Il étoit environné de son état-major. Les drapeaux furent bénis solennellement d'après les rits usités dans le Pontifical romain. M. l'évêque prononça un discours. Le 29, S. A. R. a visité la cathédrale, et y a été reçue par M. l'évêque. Quatre chanoines ont porté le dais. Tout le clergé de la ville s'étoit joint au chapitre. Le prince n'a pu considérer ce temple sans en admirer l'architecture. Ce temple, l'un des plus beaux du royaume, fut commencé dans le dixième siècle et achevé dans le douzième. Nous avons beau nous enorgueillir des progrès de nos arts; le génie qui a donné le dessin de cette cathedrale ne se retrouveroit peut-être plus dans notre siècle. Il n'en est que plus désirable que de pareils monumens soient conservés avec soin. Celui-ci

nécessite de grandes dépenses pour être réparé dans toutes ses parties. Le même jour que Mr. le duc de Berry l'a visité, il a honoré les divers hôpitaux civils et militaires de sa présence. S. A. s'est montrée parfaitement satisfaite du bon esprit qui règne dans la ville de Metz. Les premières autorités de cette ville ont partagé le banquet de S. A. R. pendant son séjour. Elle y laisse les plus délicieux souvenirs. Elle en est partie pour se rendre à Nancy, le 30 septembre, à huit heures du matin.

VERSAILLES. On a expié ici, par une réparation solennelle, le 6 octobre, l'attentat commis en ce jour contre la Majesté royale. MM. les gardes du corps, réunis ici, ont fait célébrer dans l'église Saint-Louis un service pour leurs frères d'armes qui périrent, il y a vingt-cinq ans, victimes de leur dévouement à leur Prince. Un catafalque, disposé avec beaucoup de goût, portoit des inscriptions tirées de l'Ecriture, et analogues à l'objet de la cérémonie. M. l'évêque de Versailles officioit, et a prononcé un discours en l'honneur de ces généreux guerriers dont il a retracé l'éroïque dévouement. Il a exalté les fonctions de cette élite des chevaliers qui, en veillant à la sûreté du Prince, veillent aussi à celle de l'Etat, et il a paru être entendu avec intérêt par les héritiers de l'esprit qui anime un corps toujours fertile en beaux exemples. Toutes les autorités de la ville, les militaires de la maison du Roi et un grand nombre de dames assistoient à cette religieuse et touchante cérémonie.

MADRID, 4 octobre. Une circulaire du ministre des grâces et de justice, du 26 septembre, adressée à tous les archevêques, évêques et chapitres, contient les dispositions suivantes :

« Tous les ecclésiastiques, quel que soit leur rang ou dignité, qui sont actuellement auprès de la cour, et qui doivent, à raison de leurs bénéfices, résider dans les lieux où ces bénéfices existent, s'y rendront dans le plus court délai possible. Ceux qui auroient des motifs légitimes pour rester dans la capitale, s'adresseront au président du conseil royal, qui leur délivrera l'autorisation nécessaire pour un temps limite. Il ne sera donné suite à aucune demande, de quelque espèce qu'elle soit, faite par un ecclésiastique, qu'il ne justifie auparavant de sa résidence; et si, par erreur, on accordoit une grâce ou un bénéfice à un ecclésiastique qui ne seroit point dans le lieu de sa résidence, la grâce sera révoquée, et la nomination sera regardée comme mulle, etc. ».

La loi sur la liberté de la presse, avec les amendemens de la Chambre des Pairs, a été adoptée par la Chambre des Députés, dans sa séance du 8 octobre. Le résultat du scrutin a présenté, sur 186 suffrages, 172 boules blanches et 14 boules noires. Dans cette séance, des Deputés ont encore parlé sur cette loi, qui n'est que temporaire, et ne doit avoir force que jusqu'en 1816, année qu'un des membres distingués de la Chambre a appelé heureuse; dans l'espoir, sans doute, puisqu'il étoit contre la loi, qu'alors le public et le gouvernement seroient plus éclairés sur les inconvéniens de la censure. Mais pourquoi n'espéreroit-on pas que lui, et les partisans de la liberté indéfinie, seront peut-être eux-mêmes plus instruits par l'expérience sur les dangers de cette liberté illimitée? Sans doute ils ne veulent pas la licence; sans doute aussi ils ne répugneroient point à une censure liberale et raisonnable, s'ils croyoient qu'il n'y en aura point d'autre, puisqu'elle préviendroit le mal et seroit sans danger. Il est probable qu'ils penseroient alors comme ceux qui veulent la censure. N'est-ce pas une mesure sage que celle qui ordonne qu'aucun specifique au remède ne pourra être distribué, que préalablement d'habiles chimistes et la Faculté de médecine n'en aient vérifié la salubrite? La presse distribue des remèdes et des poisons. En laissant circuler les premiers, u'est-il pas infiniment important de préserver des autres, et ne vaut-il pas mieux empêcher les empoisonnemens que d'avoir à punir les empoisonneurs? Deja, et pendant les débats, il a fallu sévir contre les distributeurs de pamphlets incendiaires, tendant à ravaler l'autorité royale, et à décréditer ses actes. Si cela continuoit jusqu'à l'année heureuse, heureuse elle seroit, sans doute, parce que la loi deviendroit meilleure, et qu'elle admettroit les précautions. Le temps et l'expérience font justice des opinions. N'a-t-on pas voulu aussi la liberté indéfinie du commerce? Elle étoit défendue par de brillans esprits. Laissez faire, disoient-ils, et laissez passer. Fiez-vous en à l'intérêt personnel et à la concurrence. Toute belle qu'étoit cette theorie, on est revenu de l'illusion, et la liberté indéfinie a été modifiée. Il n'est pas tout-à-fait hors de vraisemblance, qu'il n'y a rien de bien et de sage que ce qui l'est avec mesure. Nous sommes bien d'avis qu'il ne faut pas enchaîner la pensée; mais nous ne sommes pas également persuadés qu'elle n'ait pas besoin de lisières.

FIN DU SECOND VOLUME.

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