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Barbade, ensuite à Sainte-Lucie, après à la Martinique, et delà à Curaçao, d'où nous nous sommes rendus à la Jamaïque.

D. Avez-vous vu le général Hodgson à Curaçao?

R. Non, c'est M. Dauxion-Lavaïsse qui a descendu à terre: comme M. Dauxion veut être toujours décoré, contre les intentions du ministre, nous nous sommes fâchés sur les représentations que je lui ai faites; je présume cela. D. Et avez-vous vos décorations?

R. J'ai deux croix, une de Sa Majesté Louis XVIII et l'autre de l'empereur Napoléon; et mes uniformes sont dans ma malle, partie à la Véga et partie à Santo-Domingo. D. Chez qui les avez-vous déposés?

R. A la Véga, chez le commandant; et à Santo-Domingo, chez ma sœur Donna Anna. D. A quelle époque avez-vous touché à la Jamaïque?

R. Le 25 ou 26 août,

D. Chez qui avez-vous descendu?
R. Dans une auberge.

D. Avez-vous descendu tous trois ensemble dans la même auberge?

R. Dauxion-Lavaïsse a descendu dans un autre canot que nous, et a été logé ailleurs;

Dravermann et moi nous avons été ensemble dans la même auberge, vers le soir; le lendemain M. Dravermann est tombé malade de paralysie, car c'est un homme de soixante-dix ans environ.

D. Quel âge a à-peu-près Dauxion-Lavaïsse? R. A-peu-près quarante ans.

D. Comme porteurs des dépêches de S. M. Louis XVIII, à quelle autorité vous êtes-vous adressés à la Jamaïque?

R. M. Dauxion - Lavaïsse a été dans la ville capitale, se présenter au gouverneur, pour montrer les lettres de recommandation qu'il avait apportées de Londres, et pour lui parler.

D. Quelles sont les personnes qui avaient donné ces lettres de recommandation?

R. Je ne sais si c'est le ministre ou l'ambassadeur français. C'est le duc de Manchester qui est le gouverneur de la Jamaïque. M. DauxionLavaïsse a vu les chefs; mais moi et M. Dravermann nous ne les avons pas vus, étant malades; mais lorsque nous avons été rétablis, moi je les ai vus, excepté le duc de Man

chester.

D. Quelles sont les dispositions que DauxionLavaïsse a prises à la Jamaïque, pour remplir

sa mission?

R. Il m'a dit avoir écrit au général Pétion: maintenant Lafond Ladébat est son secrétaire; il est presque aveugle. Nous n'avions pas emmené de secrétaire avec nous : il attendra la réponse de Pétion, pour se rendre au Port-auPrince.

D. M. Dauxion-Lavaïsse n'a-t-il écrit qu'au général Pétion seulement?

D. Dauxion m'a dit que son intention était d'écrire au roi Christophe, et qu'il avait une occasion sûre pour cela.

D. Par quelle occasion a-t-il écrit à Pétion? R. Je ne sais pas si c'est par une frégate, brick ou vaisseau du roi, ou si s'est par les caboteurs qui vont et viennent.

D. De vous trois, quel est celui qui est parti le premier de la Jamaïque?

R. Moi le premier. M. Dravermann doit aller dans le sud; et M. Dauxion-Lavaïsse devait rester à la Jamaïque, pour attendre la réponse de Pétion.

D. Avez-vous connaissance de la réunion des colons, à la Jamaïque, dans une fête qui y a eu lieu.

R. Cette fête s'est donnée dans la soirée de notre arrivée, par tous les Français, en réjouissance de la paix générale.

D. Avez-vous connaissance des pétitions faites à S. M. Louis XVIII, par les ex-colons, signées au nombre de quinze cents?

R. Oui, j'ai eu connaissance des pétitions. J'ai vu à la Jamaïque plusieurs colons, entr'autres le chevalier Lafite et Dessource. Il n'y a que tout au plus une centaine de colons à la Jamaïque.

D. Par quelle occasion êtes-vous venu dans la partie espagnole?

R. Dans une petite goëlette : j'ai débarqué à Monte-Christe, d'où je me suis introduit dans cette partie.

Lecture faite du présent interrogatoire au sieur Agustino Franco de Medina, a déclaré contenir vérité, n'avoir rien à ajouter ni diminuer, y persister, et a signé avec nous.

Franco de Medina; de la bande du nord, duc de la Marmelade; d'Ennery; de Richeplaine; de Jean-Joseph; baron de Léo; Joseph Léonel, et de Cadet Antoine, greffier.

DÉSAVEU DE LA MISSION.

Ministère de la Marine et des Colonies.

Le ministre secrétaire d'état de la marine et des colonies, a mis sous les yeux du Roi les

lettres insérées dans les papiers publics, et qui ont été adressées de la Jamaïque, sous les dates des 6 juillet (1) et 1er octobre dernier, aux chefs actuels de Saint-Domingue, par le colonel Dauxion-Lavaïsse. M. Dauxion, dont la mission toute pacifique avait pour but de recueillir et de transmettre au gouvernement des renseignemens sur l'état actuel de la colonie, n'étant nullement autorisé à faire des communications aussi contraires à l'objet de cette mission, le Roi a témoigné un profond mécontentement et a ordonné de rendre publique sa désapprobation.

Le ministre d'état ayant le département de la marine et des colonies,

Le comte Beugnot.

Extrait du Moniteur de France du 10 janvier 1815.

(1) Ce doit être du 6 septembre.

(Note de l'auteur du P. H.)

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