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pour nous conduire. Inspire-lui cet amour de la patrie qui embrâsa ton cœur., Fais que, comme toi, toute sa sollicitude ne tende qu'au bonheur du peuple, sans lequel ceux qui le gouvernent n'en peuvent goûter de véritable. Fais fructifier tes vertus sur cette terre chérie, afin que le voyageur qui y abordera (quand la génération qui succédera à celle-ci sera remplacée par une autre) dise, en voyant les heureux effets de tes exemples: << Ici vécut un bienfaiteur de l'humanité ; les lois, » qui font le bonheur et la grandeur de cette nation, » sont dues à son génie. »

» Pères et mères de famille, vieillards, et vous, intéressante jeunesse, l'amour et l'espoir de la patrie, n'oubliez jamais que votre félicité présente et celle dont vous jouirez à l'avenir, est son ouvrage; qu'il a tout préparé pour le rendre éternel. Que vos enfans, dès le berceau, apprennent à bégayer son nom, et que le récit de ses actions soit leur catéchisme; il leur inculquera le germe précieux de l'amour de la patrie, qui se développera en eux avec leurs organes.

» Vous, étrangers, présens à cette auguste et triste cérémonie, vous direz, en retournant dans vos patries, que vous avez vu la population des Cayes suffoquée par les larmes et anéantie par la douleur, en rendant le dernier devoir à ce grand homme (1). »

(1) L'auteur de cet éloge, M. Hérard Dumesle, est un noir, élevé à la Nouvelle-Angleterre. Il exerce, aux Cayes, la profession d'avocat. On lui doit plusieurs bons écrits en faveur de l'indépendance d'Haïti.

(Note de l'auteur du P. H.)

H.

DÉTAILS SUR LA COUR DE CHRISTOPHE.

Nous avons sous les yeux l'almanach royal d'Hayti, pour l'année 1820, la neuvième et dernière du règne de S. M. Henri Ier. Une lettre de M. le duc de Limonade à l'éditeur, placée en tête du volume, annonce que pour donner à l'almanach toute l'authenticité possible, ce ministre fournit lui-même les renseignemens nécessaires sur la division et la nomenclature des autorités, et une analyse exacte de toutes les parties de l'administration.

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Parmi les paroisses ou cantons d'Haïti, on en trouve plusieurs dont le nom paraît un peu singulier: telles sont les communes du Dondon, de la Limonade, du Trou, de l'Acul, du Limbé, de la Marmelade, du petit Trou et de l'Anse à veau. Ces dénominations étaient celles qu'avaient imaginées les premiers Colons, propriétaires de plantations. Quand Christophe eut pris le titre de roi et le nom de Henri Ier., il s'empressa de créer une noblesse. Il eut à sa cour des ducs du Dondon, de la Marmelade et de la Limonade. Mais, à bien considérer la chose, puisque les terres ou majorats de ces seigneurs s'appelaient ainsi, on ne doit rien trouver de

plus extraordinaire dans leurs titres que dans ceux de prince d'Orange, et de duc de Bouillon.

On observe, que l'almanach royal d'Haïti ne donne pas la liste des souverains de l'Europe. Immédiatement après le comput ecclésiastique et les éclipses de 1820, visibles dans l'île de Saint-Domingue, selon le calcul de M. Moore, professeur de mathématiques au collége royal, savant astronome, qui n'avait pas, cependant, su prévoir l'éclipse totale de la monarchie nouvelle, on passe au lever et coucher des planètes et aux observations météorologiques faites au Cap Henri en 1819. Suivent * les fêtes du royaume, qui sont celles de l'indépendance; de l'anniversaire de la fondation de la royauté; de l'agriculture; l'anniversaire du couronnement du roi et de la reine ( 2 juin 1811 ); la fête du roi, celle du prince royal et la fête de la reine. Le 29 novembre on célébrait l'anniversaire de l'expulsion de l'armée française du territoire d'Haïti; et le 30 du même mois il y avait une grand❜messe, pour remercier Dieu de cet événement. Enfin, après le calendrier catholique romain, on donne, dans le chapitre Ier. les noms et les jours de naissance des membres de la famille royale d'Haïti.

Henri Ier. était né le 6 octobre 1767: la reine avait onze ans de moins que lui: Jacques-Victor-Henri, prince royal, qui fut massacré en 1820, était né en 1804. La princesse, qui vit encore aujourd'hui avec sa mère, est venue au monde en 1800.

Le chapitre II nous fait connaître que le royaume avait cinq grands-maréchaux, dont quatre sont qualifiés

d'altesse sérénissime; sovoir: le duc du Môle; le prince du Limbé; le prince Joachim, duc de Fort-Royal, marquis de l'Avalasse ( frère de la reine); et le prince Philippe, duc de l'Artibonite : on ne donne que le titre de Sa Grâce (comme aux ducs anglais) au duc de Plai

sance.

Suivent les ministres : sa grâce le duc de Saint-Louis, ministre de la maison du Roi; S. A. S. le prince du Limbé, ministre de la guerre et de la marine; S. Ex. le comte de la Taste, ministre des finances et de l'intérieur; S. Ex. monseigneur le duc de Limonade, ministre des affaires étrangères et secrétaire-d'état; S. Ex. monseigneur le comte de Terre-Neuve, ministre de la justice.

Les grands officiers civils de la couronne étaient : S. A. éminentissime et révérendissime monseigneur le duc de Gonzalès et des Palmes, archevêque d'Haïti, grand-aumônier du Roi; un grand-échanson; un grandpanetier; le grand-maréchal du palais; le grand-chambellan : le grand-écuyer; le grand-veneur, et le grandmaître des cérémonies.

Dans le chapitre III, on nous donne ce qui concerne l'ordre de la noblesse, composé, 1.0 des princes du royaume, au nombre de quatre (les quatre grands-maréchaux qualifiés ci-dessus d'altesse sérénissime); 2.o des ducs héréditaires ou à majorat, au nombre de six, savoir : les ducs de Gonzalès, de Morin, de Plaisance, de l'Avancé, de la Marmelade et du Dondon; 3.o des ducs à brevet, qui sont également au nombre de six; les ducs de Laxavon, de Valière, d'Ouanamenthe, de Limo

nade, de Saint-Louis et du Terrier-Rouge; 4.o de quatorze comtes; 5.o de soixante-quatre barons; 6.o de quarante chevaliers.

Pour être juste envers cette noblesse, presqu'entièrement de composée de noirs, il faut reconnaître que le plus grand nombre des hommes titrés à la cour de Christophe, considéraient leurs diplômes à-peu-près comme les amis de Carnot assurent que ce républicain regardait son brevet de comte dans les cent jours. Bien des ducs et des barons d'Haïti se retrouvèrent avec joie au rang des simples citoyens, quand le royaume de Henri I.er se réunit à l'état gouverné par le président Boyer. Ce chef éclairé s'empressa de se rendre au Cap, immédiatement après la mort de Christophe, pour s'opposer à toute réaction. Lors de son retour au Port-au-Prince, il y fut suivi par beaucoup de personnages distingués de l'ancienne cour, qui lui ont rendu plus tard, en mainte circonstance, les services les plus signalés.

Il est inutile de rappeler ici les noms que portaient avant leur aggrégation à la noblesse royale d'Haïti, tous les grands fonctionnaires de Christophe. Sans distinguer des mécontens, morts ou vivans, les amis sincères et dévoués de l'administration actuelle, nous nous bornerons à dire qu'avant l'établissement de la monarchie, le prince du Limbé s'appelait Romain; le prince Joachim (frère de la reine), Noel; le duc de l'Artibonite, Daux; le dục de Plaisance, Magny; le duc de la Marmelade, né au Congo, Richard; le duc de Dondon, Jasmin ; le duc de Laxavon, Louis-Achille; le duc de Limo❤

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