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du 1.er du présent mois, qui déclare le général JeanPierre Richard traître à la patrie et le renvoie devant le conseil, pour être jugé conformément au code pénal militaire, et sans désemparer;

2.o Deux lettres du général de division de Magny, commandant l'arrondissement du Cap-haïtien, qui dénonce le général Jean-Pierre Richard, comme chef d'une conspiration tendante à renverser le gouvernement; l'une sous la date du 29 décembre dernier, l'autre datée du 25 février de la présente année.

Après la lecture, donnée par le greffier, de l'interrogatoire subi par l'accusé, à qui il a été donné lecture des charges portées contre lui;

Le citoyen Laborde, défenseur, nommé d'office par le conseil pour défendre l'accusé, entendu en sa plaidoirie ;

Ouï les conclusions du rapporteur :

Le conseil déclare, à la majorité absolue, JeanPierre Richard, ex-général de division, coupable du crime de trahison contre l'état, prévu par l'art. 2 de l'arrêté du sénat en date du 27 février mil-huit-cent-sept, et le condamne à la peine de mort, pour être exécuté dans le délai de la loi.

Prononcé au Port-au-Prince, les jour, mois et an que dessus.

L.

Détails sur la République d'Haïti.

L'almanach républicain d'Haïti pour l'année 1818 ( la dernière de la présidence et de la vie de Pétion) présente un contraste frappant avec l'almanach royal de Christophe.

Après les détails ordinaires sur le calendrier, on trouve ici la liste des souverains de l'Europe, que précèdent immédiatement les deux chefs des républiques américaines, reconnues, à cette époque, dans les relations diplomatiques: Alexandre Pétion, né le 2 avril 1770, élu président d'Haïti en mars 1807, réélu en mars 1811, en mars 1815 et élu président à vie le 9 octobre 1816; Etats-Unis: James Monroë, élu président le 15 mars 1817. On ne parle point du roi voisin, Christophe ou Henri Ier.

Suivent quelques détails sur l'île d'Haïti : nous donnons un extrait de cette pièce.

» L'île d'HaïTI, appelée Saint-Domingue ou Hispaniola avant qu'elle eût proclamé son indépendance, a repris le nom que lui donnaient anciennement les aborigènes. Située presque au centre de l'archipel des Antilles, entre le 17e degré 42' et le 19e degré 56' de latitude septentrionale, et entre le 71e degré et le 76o 54' de longitude occidentale, elle paraît être destinée à de

venir la plus florissante des îles qui l'environnent. Elle est baignée par l'Océan Atlantique ; et, par son heureuse position, elle peut recevoir en tous temps les bâtimens de l'Europe et ceux de l'Amérique.

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Christophe Colomb la découvrit le 6 décembre 1492, et ce fut un de ses frères qui, le premier, posa sur les rives de l'Ozama, les fondemens de la plus ancienne ville du Nouveau-Monde.

» C'est dans cette île que les Espagnols, pour le malheur de l'humanité, commencèrent à montrer aux Européens l'exemple des cruautés inouies, qui, par la suite, ont fini par dépeupler de ses habitans primitifs la plus grande des quatre parties du Monde connu.

» Les historiens qui ont dévoilé aux races futures les horreurs commises par les premiers conquérans de l'Amérique, s'accordent tous à cet égard; mais ils ne diffèrent entr'eux que sur le nombre plus ou moins grand de victimes humaines immolées à la cupidité. L'évêque de Chiapa, le sensible et vertueux Las Casas, évalue à un million d'âmes la population seule d'Haïti, à l'époque de la découverte. Que sont-ils devenus ces hommes si doux et si simples?.... Leur race est entièrement détruite.

>>> Les mines qu'on exploitait, les forteresses qu'on élevait de toutes parts, pour contenir les opprimés ; les travaux forcés qu'on entreprenait dans cette île; tout, en un mot, semblait se réunir pour avancer plus rapidement l'entier anéantissement de ces pauvres insulaires. Aussi y parvint-on bientôt. Il fallut ensuite suppléer à cette immense population détruite, par une autre qu'on se

trouva dans la nécessité d'aller chercher sur un autre continent.

« C'est sous cette zône que les anciens croyaient inhabitée, c'est dans le sein de l'Afrique, que les Européens allèrent porter la guerre, la désolation, à des peuples

nouveaux, et leur donner des fers.

» La partie de l'île, qui était ci-devant appelée française, de St-Domingue, contenait, avant la révolution, environ 800,000 habitans de toutes les couleurs (1).

» Haïti est, après Cube, l'île la plus grande des Antilles, et elle est sans contredit la plus riche. Elle a, selon Vosgien, environ 160 lieues de long, sur 40 dans sa plus grande largeur, et 350 lieues de tour, non compris les anses (2). Elle offre une variété surprenante de

(1) Cette partie, ci-devant française, formait en 1818 la république dont Pétion était le chef, et le royaume de Christophe. La partie ci-devant espagnole, beaucoup plus considérable, est réunie depuis 1821 à ces deux états, sous l'administration du président Boyer : la république se compose donc aujourd'hui de tout l'ancien territoire d'Haïti, dans son intégrité.

(Note de l'auteur du P. H.)

(2) Selon presque tous les géographes, l'île d'Haïti a 156 lieues de long et de 24 à 60 de large.

Le royaume actuel des Pays-Bas, qui se compose des anciennes Provinces-Unies, ordinairement nommées la Hollande, et de toute la Belgique, plus, la principauté de Liége, le grand-duché de Luxembourg et le duché de

climats. Un nombre prodigieux de rivières l'arrosent en divers sens : les principales sont l'Ozama, la Neyva, le

Bouillon, et dont la population s'élevait, en 1820, à cinq millions deux-cent cinquante mille habitans, n'a que 100 lieues de long sur 50 lieues de large. Les élémens, de prospérité que renferme la république d'Haïti, lui permettent d'espérer bientôt une population égale à celle de ce nouveau royaume, déjà diminuée d'environ quatre-cents mille âmes, au profit de la France, en moins de cinq ans. Le journal anglais the Examiner, du 15 mai 1825, nous donne le récensement officiel d'Haïti, fait en 1824, qui porte la population à 935,335 habitans. Nous croyons que, sans avoir besoin de réviser l'article 38 de la Constitution, qui exclut tous les blancs de son territoire, comme maîtres et propriétaires, le peuple d'Haïti comptera un jour cinq à six millions de citoyens, sous l'administration du véritable homme d'État qui le gouverne aujourd'hui, si la Nature accorde au président Boyer le nombre d'années qu'il peut se promettre encore (Il est né en 1775).

Di tibi dent annos, a te nam cætera sumes.

Une population de cinq à six millions pour l'île d'Haïti, serait presque dans la proportion du nombre d'habitans qui se trouvent sur le territoire de la France. Ce royaume a 270 lieues de long, de l'est à l'ouest, et 230 lieues de large, du nord au sud ; ce qui présente 20,528 lieues carrées. Le relevé général de la population des 86 départemens, approuvé par une ordonnance royale en date du 16 janvier 1822, et considéré comme seul authentique, présente un total de 30,465,291 (y compris

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