Page images
PDF
EPUB

0.

RÉPUBLIQUE D'HAÏTI.

Port-au-Prince, le 5 mai 1823, an 20 de l'Indépendance (1).

Jean-Pierre Boyer, président d'Haïti, au général J. Boyé.

La confiance que j'ai, général, dans vos principes, aussi bien que dans votre dévouement à la cause sacré d'Haïti, me porte à vous charger de faire, en France, à qui de droit, les ouvertures nécessaires, dans le but de parvenir à obtenir de S. M. T. C., la reconnaissance solennelle de l'indépendance nationale du peuple haïtien. Vous connaissez trop bien la situation dans laquelle se trouve la république, pour avoir besoin de détails sur ce qui regarde les droits que peuvent avoir les Haïtiens pour obtenir la formalité de cette reconnaissance, lorsqu'ils sont en possession absolue, depuis

(1). Recueil d'Haïti, page 21.

[ocr errors]

vingt ans, de l'indépendance. Vous devez toujours bien vous pénétrer de l'idée qu'il est de toute impossibilité de faire un seul pas rétrograde, de la position dans laquelle les faveurs du Tout-Puissant ont placé cette île; vous devrez aussi faire attention qu'il ne serait pas possible d'avoir d'autres relations avec la France, que sous le rapport du commerce, qui procurera les plus grands avantages à ce royaume.

Je vous donne en conséquence, par la présente, général, les pouvoirs nécessaires pour, d'après vos instructions, entamer les susdites. ouvertures, à l'effet de parvenir à la conclusion d'un traité de commerce qui devra avoir pour base la reconnaissance de l'indépendance d'Haïti. Il vous est particulièrement recommandé de faire vos efforts pour atteindre le but de cette négociation dans le délai d'un mois au plus, après l'avoir entamée, afin, à cette époque, de m'informer du résultat. Cette importante affaire devra être secrète, en attendant la ratification. Je ne doute pas que vous ne réussissiez aisément à convaincre le gouvernement français, de la justice qu'il y aurait de sa part à proclamer la reconnaissance qui est demandée et des avantages qu'il assurera, en le faisant, à son commerce maritime.

Je m'en rapporte, général, à votre prudence, aussi bien qu'à votre zèle, pour tout ce qui regarde les intérêts de la patrie; vous recomman dant de ne point perdre une seule occasion pour me faire connaître l'issue de la mission qui vous est confiée.

Recevez, général, l'assurance de ma considération distinguée.

BOYER.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

Arrivé dans la rade du Texel, après une traversée de 50 jours, que les vents contraires ont prolongée, ce n'est que le 2 juillet que j'ai pu atteindre Amsterdam. Convaincu par de mûres réflexions, que le parti d'entamer la négociation, du lieu même de mon débarquement, était préférable, sous plusieurs rapports, à celui de me rendre d'abord directement en France, je m'empressai d'annoncer l'objet de ma mission. Avant d'entrer dans des détails, et de communiquer à V. Ex. mes observations sur le résultat qu'elle a eu jusqu'ici, je dois mettre sous ses yeux la correspondance

(1) Recueil d'Haïti, pages 23-27.

à laquelle elle a donné lieu. Pour conserver plus de liaison à l'ensemble, je transcris ici cette correspondance, dans le corps même de ma dépêche.

Amsterdam, le 4 juillet 1823.

A S. Exc. le marquis de Clermont-Tonnerre, ministre de la marine et des colonies,

à

Paris.

MONSIEUR LE MARQUIS,

Le gouvernement haïtien m'ayant chargé, dans le temps, de présenter quelques propositions au ministère russe, cette ouverture fut communiquée, à l'époque du congrès de Laybach, à S. Ex. M. le comte de la Ferronnais. Par suite de cette communication, le président d'Haïti, auquel je rendis compte de cet incident, jugea à propos de m'appeler auprès de સે lui. Parti, en conséquence, l'an dernier, de St. Pétersbourg pour le Port-au-Prince, je suis de retour en Europe, avec les pouvoirs et les instructions nécessaires pour terminer les différends qui existent entre la France et Haïti.

« PreviousContinue »