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priétaire, qui partageait les opinions de M. de Léaumont, publiée à Paris au mois de mai 1824, fut réimprimée an Port-au-Prince, avec des notes marginales, rédigées par des Haïtiens, après la rupture des négociations entre les envoyés du président Boyer et M. Esmangart.

Nous croyons devoir donner ici quelques passages de la réponse adressée non à M. Dagneaux personnellement, mais aux Colons en général, par ces publicistes noirs, dont la civilisation est impossible.

>> Lorsque les émigrés français, dont les biens sont vendus, s'éloignèrent de leur pays, leurs mains étaient sans tâche les vôtres sont teintes de notre sang.

:

>> Dessalines fut un barbare: nous avons détesté, nous avons puni ses cruautés. Il fit massacrer les Colons qui eurent l'imprudence de croire à ses promesses. Nous en sauvâmes plusieurs, en exposant nos jours. Le plus grand nombre avaient été les provocateurs du massacre des Haïtiens. O vous, généreux officiers, vaillans soldats français, rappelez à la mémoire infidèle des Colons qui nous accusent, par quels crimes ils ont mérité leur châtiment; vous, surtout, qui, vous élevâtes avec tant d'énergie contre ces crimes inouïs, habile et magnanime général Clauzel, intègre intendant-général Daure, bon et pieux Norvins de Montbreton, estimable ordonnateur Colbert, compatissans colonels Molut et Granseigue, apprenez à la France par quelles cruautés nos bourreaux sont parvenus à nous dicter l'acte de notre indépendance!

Puis s'adressant à l'auteur même du mémoire qu'ils réfutent, ils lui disent:

>> Votre père, l'excellent, le respectable Dagneaux, périt, victime de sa confiance. Sa mort et celle de deux ou trois autres, fut une calamité pour un pays, où ils ne s'étaient distingués que par leur vertus, »

Plus loin, après avoir repris la discussion générale contre les Colons en masse : «Nous avons combattu pour la France, en Europe, comme en Amérique : nous avons chassé les Anglais de Saint-Domingue. Quelle fut notre récompense? le gibet, les fournaises ardentes, la roue, les noyades..... Vous avez fait, sous vos yeux, déchirer les entrailles palpitantes de nos frères, de nos enfans et de nos femmes, par la dent meurtrière de vos chiens affamés.

.

» Nous respectons le Roi de France; nous honorons son gouvernement; nous estimons la nation française; nous aimons les Français, qui ne sont pas Colons et qui viennent apporter leur industrie dans notre patrie. Nous sollicitons de S. M. de nous admettre au rang des peuples auxquels elle accorde son affection; pour prix de cette haute faveur, nous offrons aux Français, azile, sûreté dans leur commerce, fraternité dans leur besoins.»

T.

» CAVALIER (Jean) le principal chef des Camisards, naquit en 1676. Fils d'un paysan, il se joignit aux révoltés des Cévennes. Son extrême bravoure lui fit déférer le commandement des troupes de la Plaine. Par ses talens et son audace, il déconcerta les mesures des vieux généraux les plus renommés, obligea la cour à changer de système, et s'assura une composition glorieuse, quoiqu'au moment où des propositions de paix lui furent faites, il vînt d'éprouver un échec qui semblait le laisser sans ressources. Mais telle était son activité, qu'il s'était déjà remis en état de défense, lorsque le maréchal de Villars entama une négociation avec lui. On convint d'une entrevue à Nîmes: des ôtages furent donnés à Car valier, et il se rendit à la conférence, accompagné d'une escorte qui se rangea sur une ligne parallèle avec la garde du maréchal.

» On n'a jamais bien su si la cour avait promis à Cavalier plus qu'elle lui accorda; mais il est vraisemblable qu'on ne remplit pas toutes les conditions du traité, et il est certain qu'il s'en plaignit. Quoi qu'il en soit, il reçut pour lui un brevet de colonel et celui d'une pension de 1200 livres; pour l'un de ses frères une commission de capitaine. Il fut appelé à Versailles. L'infidélité de la cour et l'espèce de surveillance à laquelle il se voyait soumis, le déterminèrent à s'échapper. Il passa en

Hollande, et de là en Angleterre, où la reine Anne lui fit l'accueil le plus distingué. Voltaire le connut à Londres. Cavalier parvint au grade d'officier-général et fut nommé gouverneur de l'île de Jersey. Il termina ses jours à Chelsea en 1740 »

(Extrait de la Biographie ancienne et moderne des frères Michaud. Tome 7, pages 440 et 441.)

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U.

MINISTÈRE DE LA MARINE ET DES COLONIES.

M. le baron de Mackau, capitaine de vaisseau, est parti de Rochefort le 4 mai dernier, sur la frégate la Circé, avec l'ordre de se rendre à Saint-Domingue, et d'y porter l'ordonnance ci-après :

ORDONNANCE DU ROI.

Paris, le 17 avril 1825.

Charles, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre,

A tous ceux qui ces présentes verront, salut :
Vu les articles 14 et 73 de la Charte ;

Voulant pourvoir à ce que réclament l'intérêt du commerce français, les malheurs des anciens Colons de Saint-Domingue, et l'état précaire des habitans actuels de cette île.

Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit:

Art. 1er. Les ports de la partie française de SaintDomingue seront ouverts au commerce de toutes les nations.

Les droits perçus dans ces ports, soit sur les navires, soit sur les marchandises, tant à l'entrée qu'à la sortie, seront égaux et uniformes pour tous les pavillons, excepté

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