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Protinus accurrunt, quâdam dulcedine capti,
Gestibus et teneris effugium increpitant.

Mox autem subeunt juveni fastidia : quamque
Deserit ille, sibi præripit alter ovans.
Usque adeò tandem mutatis ordine cunctis,

Desertam recipit quisque memor sociam.
At juvenum fastus spretæque injuria formæ
Virgineis addunt pectoribus stimulos.
Respuit ergo virum pariter lasciva puella,
Atque alii illudens advolat ex alio.

Jam satis ulta, redit comiti: tunc ambo perennem Adjurare fidem perfida verba volant. Talibus indulgent ludis per tempora somni:

Saltantes etiam sol novus irradiat.

Etonné de la légèreté de nos danseuses, le Français sc croit transporté aux bals de Paris; et disciple docile d'une beauté ingénue, il se plait à apprendre cette danse si chère aux Haïtiens. Les voyez-vous s'approcher, et balancer ensemble avec un mol abandon? Les voyezvous reculer et se fuir? Soudain ils revolent l'un vers l'autre, comme entraînés par un charme irrésistible; et dans leur pantomime expressive ils se reprochent tendrement de s'être séparés.

Bientôt le jeune homme devient inconstant; mais un autre tend avec empressement la main à la beauté délaissée, et l'accueille d'un air de triomphe. Enfin tous les danseurs ayant pris et quitté successivement toutes les danseuses, chacun revient à la sienne. La fière beauté abandonne à son tour le volage, et d'un air folâtre voltige de caprice en caprice, jusqu'à ce que, satisfaite de sa vengeance, elle daigne retourner à son danseur. Tous deux alors se jurent une foi éternelle mais le vent emporte des sermens qu'ils ne doivent pas tenir.

:

Tels sont les doux amusemens qui leur font oublier les heures consacrées au sommeil, et l'astre du jour, à son lever, revoit encore leurs danses légères. (1).

(1) Nous regrettons beaucoup d'avoir oublié le nom du citoyen d'Haïti, qui a presque improvisé le poëme élégant dont cette faible traduction ne donne qu'une idée très-imparfaite.

(Note de l'auteur du P. H.)

NOTICE BIOGRAPHIQUE

SUR LE GÉNÉRAL BOYER,

PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE D'HAÏTI.

JEAN-PIERRE-BOYER, président de la république d'Haïti, est né au Port-au-Prince, en 1775, d'un Français et d'une Africaine.

Il fit ses premières armes, dans sa patrie, contre les Anglais. A l'époque où les troupes de cette nation, favorisées par les Colons, envahirent le territoire français de Saint-Domingue, Boyer était officier dans la légion de l'égalité. Il combattit, avec la plus grande bravoure, sous les ordres du général Beauvais, homme de couleur comme lui, qui avait succédé dans le commandement de Jacmel, au général Montbrun, embarqué pour la France par le général Rigaud. Celui-ci, à la tête des mulâtres, soutenait la guerre contre Toussaint-Louverture, le chef des noirs. Au commencement des hostilités entre ces deux antagonistes, Boyer se trouvait encore, avec Pétion,

dans l'armée de Toussaint; ils le quittèrent pour s'attacher à Rigaud et se rendirent au grand Goave. Pétion était adjudant-général; Boyer le suivit comme capitaineadjoint. Rigaud ayant été vaincu dans cette lutte, Pétion et Boyer se retirèrent avec lui en France. On les vit rentrer à Saint-Domingue, lors de l'expédition du général Lecler, beau-frère de Napoléon. Rigaud fut renvoyé en France. Bientôt les noirs et les hommes de couleur se réunirent contre les blancs. Pétion et Boyer son ami, embrassèrent la cause de leurs compatriotes contre les oppresseurs, qui n'avaient cessé de se livrer aux actes de la plus affreuse barbarie. Les généraux du premier Consul ne réussirent point à rétablir l'esclavage; et quelle que fût la bravoure de l'armée française, les indigènes l'expulsèrent de Saint-Domingue.

Dessalines s'empara du pouvoir. Après la mort de ce tyran, Pétion, devenu chef de la république, tandis que Christophe se créait une monarchie dans une autre partie de l'ile, éleva rapidement son fidèle compagnon aux premiers grades militaires. Chef de bataillon, colonel de la garde, général de brigade, Boyer devint bientôt général de division et commandant du Port-au-Prince. H seconda le président avec une grande habileté, dans toutes les parties de l'administration, et, comme officier supérieur de l'armée, il rendit les services les plus sígnalés, surtout à l'époque où Christophe assiégea le Portau-Prince. A ce siége mémorable, Boyer montra autant -de

courage que de talent; et, par ses savantes manœuvres, il sauva la capitale. Une discipline sévère fut tou

jours observée dans son commandement. Les autres gé néraux et officiers établirent le meilleur ordre dans toute l'armée, qui se distingua par la perfection de sa tactique.

Lors des négociations entre la France et la république d'Haïti, sous la présidence de Pétion, le général Boyer fut l'âme des conseils du gouvernement. Administrateur et guerrier, il avait acquis une double gloire et il marchait de pair avec les hommes que l'Europe reconnaît comme les plus marquans dans l'une et dans l'autre carrière, lorsque le vertueux Pétion succomba au chagrin de n'avoir pu concilier les obligations que lui prescrivait son serment, avec le désir de voir consacrer l'indépendance de sa patrie par l'auguste auteur de la charte française. Les suffrages unanimes des Haïtiens appelèrent Boyer à la place que son ami avait si dignement remplie. Un de ses premiers soins fut de renouer les négociations avec l'ancienne métropole. On a vu, dans le Précis Historique, comment elles échouèrent de nou

veau.

Il établit partout une surveillance paternelle, remarquable par sa vigueur. Déjà, sous son commandement militaire, la police du Port-au-Prince avait déployé une extrême activité. Dès qu'il se vit placé à la tête de l'État, il prit des mesures encore plus efficaces. Les mœurs devinrent moins relâchées dans la capitale ; et cet exemple influa bientôt sur les autres villes de la république.

Boyer eut le bonheur de réunir sous la même constitution tout ce vaste pays que l'on nommait Haïti, avant

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