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ple, qui feul eft aujourd'hui en ufage, comme dans la dernière fyllabe de ils aimoient, amabant.

L'E eft muet long dans les dernières fyllabes des troifièmes perfonnes du pluriel des verbes, quoique cet E foit fuivi d'nt qu'on prononçoit autrefois, & que les vieillards prononcent encore en certaines provinces ; ces deux lettres viennent du Latin amant, ils aiment. Cet E muet eft plus long & plus fenfible qu'il ne l'eft au fingulier; il y a peu de perfonnes qui ne fentent pas la différence qu'il y a entre il aime & ils aiment.

E. Cette lettre feule étoit fouvent une abréviation chez les Anciens. On l'employoit pour Edilis, Édile; pour ætas, âge; pour ejus, de lui ou d'elle; pour erexit, il a érigé; pour est, il eft; pour exactum, exigé, fait, &c.

E. C. F. ejus causâ fecit, il l'a fait en fa faveur; E. D. ejus domus, fa maifon; ED. edictum, édit; E. E. ex edicto, en vertu d'un édit; EE. N. P. effe non poteft, cela ne peut-être; EG. egit, il a fait, ou egregius, admirable, excellent; E. H. ejus hæres, fon héritier; EID. idus, les ides; EIM. ejus modi, de cette manière ; E. L. ea lege, à condition; E. M. elegit ou erexit monumentum, il a choisi ou il a fait conftruire ce tombeau; EQ. M. equitum magifter, maître de la cavalerie; EQ. O. equefter ordo, l'ordre des chevaliers; E. T. ex teftamento,

par teftament; E. V. V. N. V. V. E. ede ut vivas, ne vivas ut edas, mangez pour vivre, & ne vivez pas pour manger. E. V. O. V. A. E. fæculorum

amen.

On On trouve dans bien des Dictionnaires, que la lettre E chez les Anciens, étoit une lettre numérale, qui fignifioit 250, fuivant ce vers:

E quoque ducentos & quinquaginta tenebit.

Mais il faut remarquer que ce n'eft pas chez les Anciens que cet ufage des lettres Latines numérales a eu lieu. Ifidore de Séville, auteur du feptième fiècle, le dit en termes exprès au premier livre de fes Origi nes, Latini autem numeros ad litteras non computant. Cela fut introduit dans un tems de barbarie & d'ignorance. M. du Cange a pris foin d'expliquer cet ufage au commencement de chaque lettre de fon fçavant Gloffaire Latin-barbare. Mais les faifeurs de Dictionnaires qui l'ont fuivi, & qui ne l'ont pas entendu, ont dit qu'on trou voit cette explication des lettres numérales dans Valérius Probus. M. du Cange ne dit point cela,mais feulement qu'on trouvoit cette explication à la page 1683 du recueil des anciens Grammairiens, entre lef quels font Valérius Probus, & Pierre Diacre.

E. Il convient de remarquer qu'il y a en Grec quantité de mots écrits par un E avec l'af

piration, c'est-à-dire, avec un accent équivalent à l'h des Latins. Entre nos Traducteurs il y en a qui ont égard à cette afpiration; mais, il y en a d'autres qui n'y ont point d'égard. Delà nait la différente manière d'écrire certains mots avec af piration ou fans afpiration c'est-à-dire, avec l'h ou fans l'h.

E A

EA, Æa, A'ià, nymphe, qui, pour éviter les pourfuites du fleuve Phafis, implora le fecours des Dieux. Ils la changerent en ille.

EACÉE, Æaceum, A'taxelor, lieu de l'ifle d'Égine. Voyez Egine.

EACÉES, Eacea, jeux ou fêtes folemnelles qu'on célébroit à Égine en l'honneur d'Éacus qui en avoit été Roi, & qu'on difoit avoir dans les enfers la fonction de juge, par -ce qu'il s'étoit diftingué fur la terre par fa droiture & fon équité.

EACIDAS, acidas, (a) Aaxidus, fils d'Arymbas, roi d'Épire ou des Moloffes. Après la mort de fon pere, il avoit un droit légitime à la fucceffion du trône; mais Philippe, roi de Macédoine, fit fi bien par fes intrigues ou par fes menaces, que les Moloffes chafferent Éacidas, & qu'ils établirent Alexandre fon coufin, fils de Neoptoleme, feul roi de l'Épire. Ce Prince, non feulement

(a) Plut. T. I. p. 383. Diod. Sicul. P. 548. Pauf. pag. 19, 20. Juft. L. XIV. c. 5. L. 17. c. 3. Roll. Hift, Anc. Tom.

beau-frere, mais gendre de Philippe, dont il époufa la fille nommée Cléopâtre, porta la guerre en Italie, où il mourut. Après quoi Eacidas remonta fur le trône de fes ayeux, & regna feul en Épire, l'an 326 avant l'Ere Chrétienne.

Ce fut en ce tems-là qu'Olympias, qui craignoit Antipater, vint chercher un asyle en Épire. Éacidas lui rendit toute forte de bons offices, jufqu'à l'aider de fes troupes pour faire la guerre à Aridée & aux Macédoniens, en dépit même des Épirotes qui refuferent de marcher fous fes enfeignes; mais elle fe montra fort fanguinaire, non feulement en faifant mourir Aridée, mais en perfécutant à outrance les Macédoniens. Il

eft certain que la haine des Épirotes pour cette Princeffe, les empêcha de fe foumettre d'abord à Éacidas ; ils ne faifoient même que de s'adoucir en fa faveur, lorfqu'il fut encore tra verfé par Caffandre; de forte qu'il fe vit obligé d'en venir aux mains avec Philippe, frere de ce Prince; le combat fe don na auprès d'Eniade; Éacidasy fut bleffé & mourut de fes blef fures quelques jours après. Alors, les Épirotes reconnu rent Alcétas, qui étoit aufli fils d'Arymbas & frere aîné d'Éacidas, mais d'une humeur fi violente, que fon pere ne l'avoit jamais pu fouffrir. Dès le com

III. pag. 499. T. IV. p. 75. Mém. de l'Acad. des Infcript, & Bell. Lett. Tom [XII, p. 353, 354.

mencement de fon règne, il exerça tant de cruautés contre fes fujets, qu'enfin pouffés à bout, ils inveftirent fon palais, & le maffacrerent lui & fes enfans. Les Épirotes mirent en fa place Pyrrhus, fils d'Éacidas, qui, tout jeune encore, fans expérience & mal affermi fur le trône, eut la guerre à foutenir contre Caffandre.

Juftin fait Éacidas frere d'Alexandre, & affure qu'il fatigua tellement fes fujets par fes guerres continuelles contre les Macédoniens,que pour fe fouftraire à l'averfion qu'ils avoient pour lui, il fut contraint de s'exiler de fon royaume, où il laiffa fon fils Pyrrhus à peine âgé de deux ans. Mais le peuple, en haine du pere, cherchoit le fils pour l'égorger, & c'étoit fait de lui, fi on ne l'eût furtivement enlevé pour le porter en Illyrie chez Béroë, femme du roi Glaucus, laquelle étoit auffi de la race des Éacides. Glaucus attendri, ou par la fortune, ou par les careffes enfantines de ce pétit Prince, le protégea longtems contre Caffandre, roi de Macédoine, qui le menaçoit de lui déclarer la guerre s'il ne le lui livroit entre les mains.

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acides. Voyez

acide, (a)

ÉACIDE, Éacidas. ÉACIDES, A'anida nom qu'on donnoit à tous les Princes defcendus d'Éacus. Ainfi, Achille & fon fils Pyrrhus, font appellés Éacides, parce que ce Prince, chef de leur famille, étoit bifaïeul de Pyrrhus, & grand pere d'Achille. Ce qui paroît fingulier, dit Paufanias, c'est que la mort de la plupart des Éacides a été accompagnée de circonftances' merveilleuses, & que quelque divinité y a toujours eu part. Achille, fi nous en croyons Homère, fut tué par Alexandre, fils de Priam, & par Apollon; Pyrrhus fon fils fut aufli tué à Delphes par ordre de la Pythie. Depuis, Pyrrhus, roi d'Épire mourut de la main de Cérès, au rapport de Leucéas & des Argiens. Une autre fingularité des Éacides, atteftée par Juftin, c'eft que la deftinée ordinaire de la plupart d'entr'eux, étoit de mourir dans le cours de leur trentième année. Telle fut par exemple la destinée d'Alexandre le Grand, qui étoit de cette illuftre famille par fa merė Olympias.

EACUS, Eacus, Aands, Αιακός (b) fils de Jupiter & d'Égine, fille d'Afope, roi de Béotie, naquit dans l'ifle d'Égine. Il paffa pour le Prince le plus équitable de fon tems; cela lui

Myth. par M. l'Abb. Ban. Tom. V. p. 36, 45, 68. & fuiv. Tom, VI, p. 93. T. VII. p. 331, & fuiv.

mérita même une place parmi les juges de l'enfer.

Ce qui contribua beaucoup à augmenter la réputation d'Eacus, c'eft que l'Attique étant affligée d'une grande féchereffe dont les Dieux puniffoient le perfide Égée, pour avoir fait mourir le jeune Androgée, on recourut à l'oracle, & on eut pour réponse, que ce fléau cefferoit, dès que le roi d'Égine deviendroit l'interceffeur de la Grece. Ce Prince offrit des facrifices à Jupiter Panhellénien, & il furvint une grande quantité de pluie. Paufanias ajoûte que les Éginetes avoient bâti un monument nommé l'Eacée, où étoient les ftatues de tous les députés de la Grece qui vinrent pour ce sujet dans leur ifle.

On ajoûta encore à cette Hiftoire une troisième fable, qu'il eft néceffaire d'expliquer avant que de paffer plus avant. La pefte ravagea les États d'Eacus, qui voyant périr miférablement prefque tous fes fujets, pria Jupiter de détourner ce fléau. Ovide, qui fait une magnifique defcription des ravages que ce fléau caufoit, dit qu'Eacus vit en fonge fortir du fond d'un vieux chêne un grand nombre de fourmis, qui, à mefure qu'elles paroiffoient, étoient changées en hommes; & que le lendemain matin, dès que ce Prince fut réveillé, on vint lui annoncer que fes États étoient plus peuplés qu'ils ne l'étoient auparavant. Cette fiction n'eft

fondée que fur la fimple équivoque du nom des Myrmidons, peuple de Theffalie, fujets d'Eacus, qui reffemble à celui de la fourmi, appellée en Grec, μúpμn. Ce peuple étoit semblable encore à ce petit animal en ce qu'au lieu d'habiter dans des villages, il fe tenoit ordinairement dans la campagne, n'ayant d'autre retraite que les creux des arbres & les antres. Eacus les raffembla & leur établit des demeures plus fûres & plus commodes. Voilà la vérité de cette fable. Ainfi fe jouoient les Grecs du moindre rapport, pour débiter d'agréables menfonges. Au refte, fi l'on ajoûte que c'étoit Junon, qui pour fe venger de fa rivale, puniffoit par ce fléau les fujets de celui qui en avoit reçu le jour; c'est que cette Déeffe étoit fouvent prife pour l'air, dont les mauvaifes qualités caufent la pefte & les autres maladies épidémiques. Car, on mêloit fouvent l'allégorie dans les fables même les plus hiftoriques.

Eacus eut de fa femme Endéis, fille de Chiron, deux fils, Pélée & Télamon, & de Pfammathe, fille de Nérée, four de Thétis, un fils nommé Phocus. Comme ce dernier jouoit avec fes deux freres, le palet de Télamon lui caffa la tête & le tua. Eacus, informé de cet accident, & ayant appris en même tems que ces jeunes Princes avoient eu auparavant quelque différend avec leur frere; ou qu'ils avoient commis ce crime

l'inftigation de la jaloufe Endéis leur mere, les chaffa de l'ifle d'Égine, les condamnant à un exil perpétuel. Ils fe mirent fur un vaiffeau; & lorfqu'ils furent un peu éloignés du rivage, Télamon envoya un héraut à fon pere, pour l'affurer que s'il avoit tué Phocus, c'étoit par un malheur, nullement par un deffein prémédité; mais Eacus lui fit dire qu'il ne remît jamais les pieds dans fon ifle, & que s'il vouloit fe juftifier, il pouvoit plaider fa caufe de deffus fon vaiffeau, ou sur une éminence au bord de la mer. Télamon entra la nuit fuivante dans le port qu'on appelloit Secret, & là, ayant avec de la terre fait une efpece de tertre qui fubfiftoit encore du tems de Paufanias, il voulut fe juftifier; mais ayant perdu fa caufe, & les foupçons d'Eacus ne fe trouvant que trop juftifiés, il fit voile vers Salamine. Cette manière de se justifier, en prenant cette précaution, étoit en ufage dans les tems Héroïques, & le même Auteur dont ce fait eft tiré, nous apprend que les Athéniens avoient un femblable tribunal. Les juges fe tenoient affis fur le bord de la mer, pendant que celui qui fe juftifioit étoit fur un vaisseau, prêt à s'éloigner s'il étoit condamné.

EACUS, Eacus Ανακος, (a) interlocuteur d'un dialogue des morts de Lucien. Les autres

(a) Lucian. T. I. p. 268, 269. & feq. (b) Antiq. expl. par D. Bern, de Montf. Tom. II. p, 34.

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interlocuteurs font Protéfilaüs, Ménélaüs & Pâris. Dans un autre dialogue des morts, Eacus s'entretient avec Ménippus.

EANI, Eani, (b) nom que l'on donna aux Saliens, à cause de Janus, appellé auffi Eanus.

EANTIDE, Eantis, (c) Alavric, nom d'une tribu d'Athènes. Ceux de cette tribu fe diftinguerent d'une manière particulière à la bataille de Platée, & y perdirent cinquante-deux hommes. Ce furent les feuls d'entre les Athéniens qui périrent à cette bataille. Comme la victoire s'étoit déclarée en faveur des Grecs, la tribu Éantide faifoit toutes les années un facrifice aux nymphes Sphragitides pour leur rendre graces de cette victoire, comme l'oracle d'Apollon l'avoit ordonné; & c'étoit le tréfor public qui fourniffoit à cette dépense. EANTIDE, antides, (d) A'larins, tyrande Lampfaque, s'étoit acquis une autorité toutà-fait grande fur l'efprit de Darius, roi des Perfes, comme nous l'apprenons de Thucydide.

EANTIDE, Æantides, (e) A'avridus, natif de Milet, l'un des capitaines qui feconderent fi bien Lyfandre à Ægos-Pota

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