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POUR L'INTELLIGENCE

DES AUTEURS CLASSIQUES,

GRECS E T LATINS,

TANT SACRÉS QUE PROFANES,

CONTENANT

LA GÉOGRAPHIE, L'HISTOIRE, LA FABLE; ET LES ANTIQUITÉS.

A

DÉDIÉ

MONSEIGNEUR

LE DUC DE CHOISEUL,

Par M. SABBATHIER, Professeur au College de Châlons-fur-Marne, & Secrétaire perpétuel de l'Académie de la même Ville.

TOME QUINZIEM E.

STOR LIBR

AEW-YORK

A

PARIS,

Chez DELALAIN, Libraire, rue de la Comédie Françoife

M. DCC. LXXIII.

Avec Approbation & Privilege du Roi,

AUTRES OUVRAGES

DO MEME AUTEUR,

Qui fe trouvent chez le même Libraire.

1. Effai Hiftorique - Critique fur l'Origine de la Puiffance temporelle des Papes; Ouvrage qui a remporté le Prix de l'Académie Royale de Pruffe. Nouvelle édition.

2. Le Manuel des Enfans, ou les Maximes des Vies des Hommes Illuftres de Plutarque. 1. Vol, in-12.

3. Recueil de Differtations fur divers fujets de l'Histoire de France. 1. Vol. in-12.

4. Les Mours, Coûtumes & Ufages des anciens Peuples, pour fervir à l'Education de la Jeuneffe. 3. Vol. in-12. & I. Vol. in-4.

5. Les Exercices du Corps chez les Anciens, auffi pour fervir à l'Éducation de la Jeunesse. 2. Vol. in-12. & 2. Vol. in-8.o Ce dernier Ouvrage n'a pas encore été mis en vente; dès qu'il y fera mis, on en préviendra le Public.

6. Recueil de Planches pour ce Dictionnaire. 1., 2.o, 3.9 & 4. Livraifon.

e

DICTIONNAIRE

POUR L'INTELLIGENCE

DES AUTEURS CLASSIQUES,
GRECS ET LATINS,

TANT SACRÉS QUE PROFANES,

CONTENANT

LA GÉOGRAPHIE, L'HISTOIRE, LA FABLE
ET LES ANTIQUITÉS.

E

, cinquième lettre de
la plupart des al-
phabets, & la fecon-
de des voyelles.

Les Grecs s'étant apperçus qu'en certaines fyllabes de leurs mots, l'E étoit moins long & moins ouvert qu'il ne l'étoit en d'autres fyllabes, trouverent à propos de marquer, par des caractères particuliers cette différence, qui étoit fi fenfible dans la prononciation. Ils désignerent l'E bref par ce caractère E, e, & l'appellerent ai, epfilon, c'està-dire,petit e; il répond à notre Tom. XV

E

E commun, qui n'eft ni l'E tout-
à-fait fermé, ni l'E tout-à-fait
ouvert. Nous en parlerons dans
la fuite.

Les Grecs marquerent l'E
long & plus ouvert par ce ca-
ractère H, n, èta ; il répond à
notre E ouvert long.

Avant cette diftinction,quand l'E étoit ouvert, on écrivoit deux E de fuite; c'eft ainfi que nos Peres écrivoient aage par deux a, pour faire connoître que l'a eft long en ce mot. C'est de ces deux rapprochés ou tournés l'un vis-à-vis de l'autre, qu'eft venue la figure H; ce ca

A

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E

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en

ractère a été long-tems
Grec & en Latin, le figne de
l'afpiration. Ce nom èta vient
du vieux Syriaque hetha, ou de
heth, qui eft le figne de la plus
forte afpiration des Hébreux;
& c'eft de-là que les Latins
prirent leur figne d'afpiration
H, en quoi nous les avons fuivis.
La prononciation de l'èta a
varié, les Grecs modernes pro-
noncent ita; & il y a des Sça-
vans qui ont adopté cette pro-
nonciation, en lifant les livres
des Anciens. Mais, l'Univer-
fité de Paris, fait prononcer êta.
Le P. Giraudeau s'explique, à
ce fujet en ces termes: » L'Éta
»fe prononce comme un É
» long & ouvert, ainfi que nous
» prononçons l'E dans procès;
> non feulement cette pronon-
»ciation eft l'ancienne, pour-
» fuit-il, mais elle eft encore
» effentielle pour l'ordre &
» l'œconomie de la langue
» Grecque. «

E

entre l'E fermé & l'i; c'eft pour cela que l'on trouve fouvent l'une de ces lettres au lieu de l'autre, here, herì; c'est par la même raison que l'ablatif de plufieurs mots Latins eft en E ou en i, prudente & prudenti.

Mais paffons à notre E François. Nous obferverons d'abord que plufieurs de nos Grammairiens difent que nous avons quatre fortes d'E. La méthode de P. R. dit que ces quatre prononciations différentes de l'E fe peuvent remarquer en ce feul mot détèrrement; mais il eft aifé de voir qu'aujourd'hui l'E de la dernière fyllabe ment, n'eft E que dans l'écriture.

La prononciation de nos mots a varié. L'écriture n'a été inventée que pour indiquer la prononciation; mais elle ne fçauroit en fuivre tous les écarts, je veux dire tous les divers changemens. Les enfans s'éloignent infenfiblement de la prononciation de leurs peres; ainfi l'orthographe ne peut fe conformer à fa deftination que de loin en loin. Elle a d'abord été liée dans les livres au gré des premiers inventeurs; chaque figne ne fignifioit d'abord que le fon pour le quel il avoit été inventé; le figne a marquoit le fon a; la figne E, le fon E, &c. C'eft ce que nous voyons encore aujourd'hui dans la langue Grecque, dans la Latine, & même dans l'Italienne & dans l'Espagnole; ces deux dernièIl y a beaucoup d'analogie res, quoique langues vivantes,

En Latin, & dans la plupart des langues, l'E eft prononcé comme notre E ouvert commun au milieu des mots, lorfqu'il eft fuivi d'une confonne avec laquelle il ne fait qu'une même fyllabe, Ca lèbs, mèl, pèr, pa-trèm, omnipo-tèn-tèm, pès, èt, &c. Mais, felon notre manière de prononcer le Latin, l'E eft fermé quand il finit le mot,

mare,

cubile, patre, &c. Dans nos provinces d'au-delà de la Loire, on prononce l'E final Latin comme un E ouvert; c'est une faute.

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