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MERCURE

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JEUNE bergère, ô toi dont la beauté touchante
Est plus chère à mon coeur que l'odeur ravissante
Par la rose exhalée, à l'heure du matin
Où la brise amoureuse a rafraichi son sein!
Chloé ! que j'aime à voir ta blonde chevelure

En anneaux ondoyans flotter à l'aventure!

Quel charme, quels transports, quand ton aimable voix De sons harmonieux fait retentir les bois !

Je t'écoutais, Chloé, lorsque, sur l'herbe tendre,

Tu chantais l'autre jour.... Tout-à-coup, pour t'entendre,
Les oiseaux du bocage ont cessé leurs concerts;

Le murmure des eaux n'agitait plus les airs,
Et, craignant de troubler ta douce mélodie,
Les Zéphirs retenaient leur haleine attiédie.

A peine quinze fois, des trésors de Cérès,
Ai-je vu se charger nos fertiles guérets.

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Je sais aimer : l'Amour n'a pas plus de tendresse.
J'ai souvent entendu, sur le sommet des monts
Dont les échos plaintifs répètent mes chansons,
Quand ma voix, saluant le jour qui vient de naître,
Se marie aux accords du chalumeau champêtre,
Les bergers étonnés applaudir mes accens.
Crois-moi, chère Chloé, jouissons du printems;
Aime-moi!... le tems fuit et l'Amour a des ailes !...
Combien il sera doux, pour des amans fidèles,
D'errer dans ce bocage où les épais buissons
Contre l'ardeur du jour protègent les gazons!...
Du haut de mon rocher, vois ces eaux transparentes
Tomber dans la prairie en cascades bruyantes,
Fuir à travers les fleurs dans leur cours sinueux,
De leur brillant cristal rafraîchir ces beaux lieux,
Et, s'amassant enfin, au pied de la colline,
Former un petit lac entouré d'aubépine.

Là, souvent, quand Phébus se plonge au sein des mers,
En ton honneur, Chloé, je vais chanter des vers,
Et perçant des bosquets la voûte ténébreuse,
Attendre de la nuit l'heure silencieuse.

De Philomèle alors j'accompagne le chant;

Le Faune, au pied de chèvre, accourt en bondissant,
Et les joyeux Sylvains, les Nymphes sémillantes
Commencent, à ma voix, leurs fêtes innocentes.
Vois, autour de ma grotte, et ces verds coudriers,
Et ces pampres tortus, et ces riches pommiers!
Couvertes de leurs fleurs, vois ces épaisses ronces!...
Ces vergers odorans, ces jardins, ces quinconces,
Tout cela m'appartient : que souhaiter encor?
Je t'offre le bonheur: eh! quel plus beau trésor
Puis-je faire briller aux yeux de mon amie?
Ici nous goûterons les vrais biens de la vie !
Ici.... mais, 6 Chloé ! si tu ne m'aimes pas,
Tous ces beaux lieux pour moi deviendront sans appas ;
Le plus sombre brouillard couvrira les campagnes :
Je ne conduirai plus, sur le flanc des montagnes,
Mes chevreaux bondissans, ni mes tristes brebis....
Ne sois pas insensible à mes pleurs, à mes cris ;.
Aime-moi!... De l'Amour ne crains point les alarmes :
Ses plaisirs sont divins, ses soucis ont leurs charmes.

Soit
que, dans les bosquets, au sommet des coteaux,
Sur la mousse vermeille, au bord des clairs ruisseaux
Nous menions nos brebis paître l'herbe fleurie;
Soit que nous jouissions, assis dans la prairie,
Des chants mélodieux de mille oiseaux divers;
Soit qu'enfin, parcourant le rivage des mers
A nos regards surpris les filles de Nérée
Fendent des flots amers la surface azurée,

Des doux sons de ma flûte, et de nos chants d'amour
Nous ferons retentir les échos d'alentour.
Dans mes vers solennels je chanterai l'Aurore,
Et les dons de Palès, et les trésors de Flore;
Et tu verras bientôt, aux accens de ma voix,
Accourir les Sylvains et les Nymphes des bois.

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Ainsi chanta Milon, berger tendre et fidèle..
Chloé qui l'écoutait, ô Milon! lui dit-elle,
C'est assez t'éprouver, vient et connais mon cœur !
Chloé ne prétend plus retarder ton bonheur :
Elle t'aine!... Ah! Milon, de quel amour encore !
Oui, la rose aime moins les larmes de l'Aurore,
Le papillon les fleurs, les brebis le gazon,

Que Chloé, dans ce jour,, n'aime son cher Milon.

AUGUSTE MOUFLE.

Traduction de l'Epigramme 96eme du 2eme livre de Martial.

A QUINTILIEN.

Tor dont le nom fameux doit, vainqueur de l'Envie,
De la toge romaine être à jamais l'honneur ;
D'un âge trop ardent sage modérateur,
Pardonne si, pressé de jouir de la vie,
J'abandonne au repos mes inutiles ans.

Dois-je, quand le présent remplit mon existence 4
D'un avenir douteux occuper mes momens ?

D'autres peuvent poursuivre en leur vaine espérance
La fortune et la gloire aux palais des Césars :
Moi

que n'éblouit point un peu de renommée,
Je n'affronterai pas cette mer de hasards.
Heureux si, sous mon toit noirci par la fumee,

Autour de mon foyer je réunis jamais

A de bons serviteurs une femme fidelle !

Ét doublement heureux si je puis auprès d'elle

Passer mes nuits sans veille et mes jours sans procès !

M. DE CAZENOVE.

LA LANTERNE SOURDE.

FABLE.

LANTERNE sourde en main, d'un pas ferme et rapide
Un homme cheminait dans l'ombre de la nuit.
Un voyageur l'entend, le suit,
Espérant partager la clarté qui le guide.
Mais il ouvre les yeux en vain :

L'obscurité pour lui n'est pas moins forte.
La lanterne ne sert qu'à celui qui la porte,
Et n'éclaire que son chemin.

A de certains esprits qu'on juge à la légère
Cette fable peut s'appliquer.

Tel nous étonnerait par sa judiciaire,
Qui n'a point l'art de s'expliquer :
Il possède bien la lumière,

Mais ne peut la communiquer.

M. LE FILLEUL.

ÉNIGME.

Nous portions autrefois le sexe féminin ;
Nous portons aujourd'hui le sexe masculin :

Jeune homme qui, parfois, de nous veut faire usage,
Lorsqu'il ne tombe pas, est plus heureux que sage.

LOGOGRIPHE

Je suis assurément de très-peu de valeur,

lecteur,

Et pourtant dans mon être on peut trouver,
Ce qui dans tous les lieux, sur la terre et sur l'onde,
Chaque jour, sans manquer, faît di ner tout le monde.
V. B. (d'Agen.)

CHARADE.

CHAQUE année en janvier
Commence mon premier ;
Les canons et la foudre,
Et la machine à moudre,
Produisent mon dernier ;

Mon tout, lecteur, sur l'onde

A fait le tour du monde.

V. B. (d'Agen.)

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme est Fable.

Celui du Logogriphe est Etable, dans lequel on trouvè : table, Celui de la Charade est Mallebranche.

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