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IMITATION DE MARTIAL. (Livre VI, Ep. 53.) APRÈS avoir diné d'un fort bon appétit,

Hier il se coucha, sain de corps et d'esprit :

I n'est plus. Qui? le jeune Orose!

- Lui-même ; il est mort ce matin.

-D'un trépas si soudain connaissez-vous là cause?
En songe il avait vų, dit-on, son médecin,

L. DAMIN.

LE CONVOI MAGNIFIQUE.

ÉPIGRAMME.

LE riche Orgon vécut avec simplicité :

11 meurt; avec ppmpe on l'enterre.
Ainsi ses fils ont hérité

Des trésors et non pas des vertus de leur père.

Par le même.

A MADEMOISELLE PAULIN,

DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MUSIQUE.

PAR Martin ta voix est formée,
Comme ton jeu par Dugazon:

L'un est le moderne Amphion;

L'autre est cette Nina, du public tant aimée,
Sublime par sa verve et par son abandon.
Dans le temple de Polymnie,

Tu reproduis pour nous la noble Iphigénie,
La généreuse Aloeste et la tendre Didon.

Tu nous fais encor plus chérir cette Antigone,
Qui, seule, de son père a suivi le malheur ;
Elle augmente par sa douleur

Le charme que ta voix lui donne.
Tous ces débuts sont autant de succès';

Avec éclat ton talent se décide.

Poursuis, et couronnant tes glorieux essais,

Prends, pour nous enchanter, la baguette d'Armide.

F.

ÉNIGME.

Du printems j'annonce l'aurore :

Par ma fraîcheur, par ma beauté,
Je tiens le premier rang dans l'empire de Flore,

Et je suis à l'abri de la rivalité :

On connaît ma délicatesse ;

Il ne faut pas m'approcher de trop près;

Celui qui, brusquement me touche et me caresse
A l'instant même est blessé de mes traits.
De la belle qui me possède

Je fais ressortir les appas ;

Mais le néant bientôt à mon pouvoir succède :
Et c'est ainsi que tout passe ici bas.
Le souvenir du moins de ma splendeur passée
Reste gravé dans tous les cœurs:

Et tout jeune minois par ses fraîches couleurs
Sur moi rappelle la pensée.

LOGOGRIPHE

VEUT-ON de ma substance une image précise?
De mes membres épars qu'on fasse l'analyse.
Chacun m'en donne cinq: d'abord l'on trouve en moi
La plante dont la fleur forme l'écu d'un roi ;
Le nom d'un sectateur du plus grand fanatique ;
Un ancien minéral, deux notes de musique;
Un article, un pronom, une conjonction ;
Un meuble très-commun dans la construction;
Un mets fort estimé du peuple de Provence ;
Un moine que, jadis, on connaissait en France;

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Le nom d'un ordre saint qui, rempli de ferveur,
De Rome défendait et les biens et l'honneur ;
Un coteau dont le vin par sa sève écumante

Dans notre ame à grands flots verse un feu qui l'enchante }
Un point qui, dans le jeu, causa plus d'un malheur;

Un soupir qu'enfanta trop souvent la douleur.

Encore un mot, lecteur, tu vas me reconnaitre,

Déjà je te vois rire en dèvinant mon être :

Sur le sein de Philis, jaloux de mon bonheur,
Cent fois tu désiras respirer mon odeur.

Messager des beaux jours, la fleur de mon aigrette
Charme l'ami des champs, et flatte la coquette.

CHARADE.

SANS connaître, lecteur, la langue de Sophocle,
Tu peux voir mon premier écrit dans Thémistocle.
Héloïse en son cœur concentra mon second.
Mon dernier, tous les jours, de messire Purgón
.Exerce le savoir; et dans Thessalonique

Mon entier fit commettre une action inique.

V. B. ( d'Agen. )

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme est Réchaud.

Celui du Logogriphe est Maroc, dans lequel on trouve : coram Celui de la Charade est Pistache.

LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS.

DE L'ÉTUDE DES HIEROGLYPHES. Fragmens. Cinq volumes in-12. - A Paris, chez Colnet, quai Voltaire, no 27; Delaunay, Palais-Royal, no 243; Treuttel et Würtz, rue de Lille, no 17.

QU'EST devenu le tems où les princes de l'Orient s'envoyaient des énigmes à deviner? Le Mercure eût été dans ce pays-là le premier des journaux, et l'auteur de l'Etude des hieroglyphes par fragmens aurait pu prétendre au moins à une place de premier ministre. Aujourd'hui les cours occupées de tout autre mystère se soucieront probablement fort peu de la révélation de ceux que nous a transmis la docte antiquité, et les amateurs bourgeois ayant assez à faire que de débrouiller la Charade du jour et le Logogriphe de la semaine, s'épouvanteront sans doute aussi de cinq volumes d'énigmes en prose passablement mystérieuse, et le disputant par fois pour les formes apocalyptiques aux vers des Sybilles et de tous les Cryptographes.

Que restera-t-il donc de lecteurs au profond scrutateur des hieroglyphes? J'ai quelque honte de le dire; mais je crains bien que leur nombre ne se réduise, soit à quelques-uns de ces esprits curieux qui veulent tout savoir, tout approfondir, gens de peu de foi, ne croyant pas sur parole que les sages de l'antique Egypte fussent des imbéciles, soit aux journalistes condamnés à parler un peu de tout, en supposant encore que l'ouvrage ne tombera pas entre les mains de ceux de nos confrères qui ont le talent d'analyser un livre sans l'avoir lu.

De quoi aussi s'avise cet auteur qui veut nous donner une clef satisfaisante et raisonnable de la science sacrée, recouverte jadis des voiles mystiques du sanctuaire ? De graves docteurs ne nous ont-ils pas appris là-dessus tout ce qu'il faut savoir pour prétendre à la béatitude

MERCURE DE FRANCE, MARS 1813. 585 promise aux pauvres d'esprit, quand ils nous ont dit que ces dieux astres, animaux, légumes, etc., étaient l'ouvrage de l'ange des ténèbres, et la preuve de la corruption, de la dégradation du cœur humain? N'avons-nous pas pour les gens un peu plus difficiles à contenter les savantes explications de l'abbé Bannier, qui, ayant retrouvé probablement les Mémoires secrets des cours de l'Orient d'avant et d'après le déluge, ne laisse pas lieu de douter qu'lo ne fût une princesse, fille du roi Inachus, et qu'enleva un autre roi, sur la frégate la Vache, d'où ces agréables menteurs nommés poëtes, peu respectueux envers les princesses qu'on enlève, ont fait courir le monde à cette pauvre Io en la déguisant en vache. C'est ainsi encore que le roi Jupiter III enleva aussi la princesse Europe, sur le vaisseau de ligne le Taureau; que le corsaire le Pégase, monté par le capitaine Persée, ayant rencontré et attaqué le chebeck algérien la Baleine, le prit à l'abordage, et y trouva et délivra la princesse éthiopienne Andromède, que des écumeurs de mer avaient enlevée, pour la vendre à quelque pourvoyeur du harem du sultan Phinée; tant les princesses de ce tems-là étaient faciles à enlever!

Quand on a trouvé une solution aussi lumineuse, et sur-tout aussi commode, de toutes les difficultés des fables anciennes, qu'est-il besoin d'aller encore y chercher un sens allégorique et caché, et de vouloir découvrir sous leurs formes emblématiques les plus hautes leçons de la sagesse, les secrets de la législation morale et religieuse? C'est pourtant ce qu'a osé tenter l'auteur de l'Etude des hieroglyphes, sans craindre l'anathême lancé par Paschal contre toute raison qui voudrait trop raisonner; et j'ose à mon tour assurer qu'il l'a fait avec un succès trèsremarquable. Il est malheureux seulement que l'exécution de son ouvrage ne réponde pas à sa solidité. Il y a peu d'ordre et de liaison. C'est une carrière où les pierres sont entassées en attendant l'architecte ; mais malgré ces défauts, que je commence par signaler, je pense que ceux qui auront le courage de franchir ces premières difficultés, en seront dédommagés, à mesure qu'ils se familiariseront avec l'auteur et son système, par des mé

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