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si contraires à la liberté du commerce maritime, et contre le maintien desquels les états riverains de la Baltique réclamaient depuis longtemps'); la neutralisation de la Mer Noire; les divers traités conclus en 1858, par la France, l'Angleterre, la Russie et les États-Unis d'Amérique, avec la Chine; l'organisation définitive, en 1858, des principautés de Moldavie et de Valachie 2), etc. etc.

Il en sera de même des changements territoriaux qui ont eu lieu 3); les révolutions qui les ont amenés, et les négociations dont elles ont été l'origine.

4) V. Chap. XIV. 2) V. Chap. XV. 3) V. Chap. XVI.

CHAPITRE Jer.

INDÉPENDANCE DES ANCIENNES COLONIES ESPAGNOLES DE L'AMERIQUE DU SUD, ET DE L'ILE DE SAINT-DOMINGUE

(de 1840 à 1855).

Lorsque les armées françaises pénétrèrent en Espagne, en 1808, et qu'une nouvelle dynastie souveraine eut été donnée à ce pays dans la personne du roi Joseph, frère aîné de l'empereur Napoléon, le premier sentiment qui se manifesta dans les vastes colonies espagnoles de l'Amérique méridionale, fut celui de la fidélité au monarque déchu; des juntes administratives s'établirent; mais des pensées d'indépendance ne tardèrent pas à germer, lorsqu'on apprit que le roi Ferdinand VII était retenu, avec l'Infant Don Carlos, son frère, au château de Valençay en France.

Au nombre des colonies qui les premières se transformèrent en républiques, nous devons citer 1°, la vice-royauté de Rio de la Plata, dont Buenos-Ayres, le Paraguay, l'Uruguay et la Bolivie actuelle1) faisaient partie : les diverses provinces de la vice-royauté se déclarèrent successivement, indépendantes, en 1840, en 1811 et 1816, et formèrent la Confederation Argentine 2); 2o le Chili, qui se déclara indépendant le 18 Sep

4) V. Chap. IV.

2) Dont Buenos-Ayres s'est separé en 1853, Chap. IV.

tembre 1840, et dont l'indépendance fut définitivement décidée par la victoire de Maypu sur les Espagnols, en 1817; 3° le Paraguay, qui fit élection, en 1811, d'un dictateur, et resta fermé à tous les étrangers jusqu'en 1852.

Le 17 Décembre 1819, les états de Vénézuéla et de la Nouvelle Grenade formèrent une république, à laquelle s'adjoignirent Quito (de l'Équateur), en 1821, et Panama,

en 1823.

L'acte fut signé à Saint-Thomas d'Angostura: nous en reproduisons ici les principaux articles :

<< Art. I. Les républiques de Vénézuéla et de la Nouvelle » Grenade sont unies à dater de ce jour, en un seul et même » état, sous le titre glorieux de république de Colombie.»

«< Art. II. Le territoire de cet état comprendra la capi» tainerie générale de Vénézuéla et la vice-royauté de la Nou» velle Grenade, embrassant une étendue de 115,000 lieues » carrées; les limites exactes en seront déterminées plus tard. »

« Art. III. Les dettes que les deux républiques peuvent » avoir contractées séparément, sont regardées comme la dette >> nationale de Colombie; les propriétés de l'état et les branches >> les plus productives du revenu public sont assignées pour >> en opérer le paiement. >>

<«< Art. IV. Le pouvoir exécutif de la république est exercé >> par un président, et à son défaut, par un vice-président, >> nommés l'un et l'autre ad interim par le présent congrès. »> « Art. V. La république de Colombie sera divisée en trois >> grands départements, savoir: Vénézuela, Quito et Cundina» mara; le dernier comprendra les provinces de la Nouvelle >> Grenade, dont le nom, à l'avenir, sera supprimé. Les capi» tales de ces départements seront les villes Caraccas, de » Quito et de Bogota; le mot additionnel de Santa-Fé sera » supprimé. »

<< Art. VI. Chaque département aura une administration et >> un chef supérieur, le chef sera nommé par le présent con» grès, et portera le titre de vice-président. »

3) L'ancien haut-Pérou.

<«< Art. VII. Une nouvelle ville, qui portera le nom du libé>> rateur Bolivar, sera la capitale de la république de Colombie; » le plan et la situation en seront déterminés par le premier >> congrès général : l'un et l'autre seront proportionnés aux be» soins des peuples des trois départements, et à la grandeur » que la nature a assignée à cette riche et opulente contrée. » << Art. VIII. Le congrès général de Colombie s'assemblera » le 1 Janvier 1821, dans la ville de Rosario de Cucuta, qui » est la plus convenable à cause de sa centralité. La convo>> cation en sera faite par le président au 1 Janvier 1820; un >> comité déterminera le mode d'élection à suivre, sous l'appro>>bation du présent congrès. »

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<< Art. IX. La constitution de la république sera décrétée >> par le congrès général, proclamée par lui et immédiatement >> mise à exécution par forme d'essai.»

M. Zéa, muni des pouvoirs de la Colombie, fut envoyé en Europe, deux ans plus tard, avec la qualité d'Envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire, pour y négocier la reconnaissance de l'indépendance de la république établie par l'acte du 17 Décembre 1849. Le 8 Avril 1822, il adressa à cet effet une note circulaire au ministre des affaires étrangères de France et aux légations des différentes cours à Paris : en voici les principaux passages:

« ... L'Amérique comprimée, asservie pendant trois siècles, » a secoué le joug de la métropole. L'Espagne n'a plus rien >> au-delà des mers qui baignent la péninsule. >>

<«< En effet, l'Amérique avait atteint sa majorité ; l'accroisse>> ment de la population, la propagation des lumières, mille be>> soins nouveaux que la métropole ne pouvait satisfaire, ren>> daient la crise inévitable. L'Espagne, dépeuplée, sans ma» rine, sans industrie, aurait-elle retenu plus longtemps sous >> ses lois un continent tout entier, séparé d'elle par le vaste >> océan ? L'indépendance n'a donc fait que rétablir l'ordre »> naturel, et a mis un terme à des maux infinis que produisait »> nécessairement une liaison mal assortie. >>

« L'Espagne, à jamais expulsée des rivages de l'Amérique, n'a >> plus aucun moyen d'y rentrer. Divisée dans son intérieur, sans

>> influence au-dehors, privée des mines du Mexique et du >> Pérou, où prendrait-elle des soldats pour des expéditions >> lointaines? Comment suffirait-elle aux frais des armements » nécessaires pour reconquérir ce qu'elle a perdu? »

« Les ports, les havres, les points fortifiés sont au pouvoir >> des Américains; tous les emblèmes de la suprématie euro» péenne ont disparu; les lions et les tours de Castille ont >> fait place aux couleurs de l'indépendance et de la liberté. >> Dans ces vastes contrées qui furent si longtemps la source » de la grandeur espagnole et le théâtre d'une domination étran» gère, il ne reste plus que les ossements épars des guerriers >> qui furent envoyés pour s'opposer à nos destinées. Partout >> se forment des états naissants fondés sur les mêmes bases, >> également favorisés par la nature, puissants de ressources lo» cales, fiers d'un avenir qui ne saurait les tromper. Le climat >> seul les protégerait contre des invasions téméraires, si le >> courage éprouvé des habitants n'offrait la meilleure de toutes » les garanties. >>

<< Parmi ces états s'élève celui de Colombie; douze années » d'une guerre implacable n'ont pu l'abattre, ni même ralentir >> sa marche. Colombie a recueilli le fruit de ses nobles tra>> vaux; elle est libre, souveraine, indépendante. Bientôt, tous >> ces nouveaux états formeront une association complète, so» lennelle, et fixeront d'un commun accord les bases de cette >> grande fédération contre laquelle toute attaque extérieure >> serait plus absurde que dangereuse. La coalition du reste » du monde civilisé, si elle était possible, échouerait devant cette » barrière. »

<«< Ainsi parvenue au point où elle est, assimilée de fait et » en droit à toutes les nations existantes, voulant vivre ami>> calement avec tous les peuples, l'Amérique n'a plus qu'à se » faire reconnaître par la grande famille dont elle fait partie, » et à laquelle son association ne peut manquer d'offrir beau» coup d'avantages. >>

« C'est dans ce but que le soussigné ministre plénipoten>> tiaire de la république de Colombie a l'honneur de s'adres>> ser à S. Exe. le ministre des affaires étrangères de.... pour >> lui communiquer les intentions de son gouvernement. >>

<«<La république de Colombie est constituée, son gouverne

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