Page images
PDF
EPUB

Dans le cas où Abd-el-Kader tomberait au pouvoir des troupes françaises, le gouvernement de S. M. l'empereur des Français s'engage à le traiter avec égards et générosité.

Dans le cas où Abd-el-Kader tomberait au pouvoir des troupes marocaines, S. M. l'empereur de Maroc s'engage à l'interner dans une des villes du littoral ouest de l'empire, jusqu'à ce que les deux gouvernements aient adopté, de concert, les mesures indispensables pour qu'Abd-el-Kader ne puisse, en aucun cas, reprendre les armes et troubler de nouveau la tranquillité de l'Algérie et du Maroc.

Art. V. La délimitation des frontières entre les possessions de S. M. l'empereur des Français et celles de S. M. l'empereur de Maroc reste fixée et convenue conformément à l'état des choses reconnu par le gouvernement marocain à l'époque de la domination des Turcs en Algérie.

L'exécution complète et régulière de la présente clause fera l'objet d'une convention spéciale négociée et conclue sur les lieux, entre le plénipotentiaire désigné à cet effet par S. M. l'empereur des Français et un délégué du gouvernement marocain. S. M. l'empereur de Maroc s'engage à prendre sans délai, dans ce but, les mesures convenables, et à en informer le gouvernement français.

Art. VI. Aussitôt après la signature de la présente convention, les hostilités cesseront de part et d'autre. Dès que les stipulations comprises dans les articles 1, 2, 4 et 5 auront été exécutées à la satisfaction du gouvernement français, les troupes françaises évacueront l'ile de Mogador, ainsi que la ville de Oueschda, et tous les prisonniers faits de part et d'autre seront mis immédiatement à la disposition de leurs nations respectives.

Art. VII. Les hautes parties contractantes s'engagent à procéder de bon accord, et le plus promptement possible, à la conclusion d'un nouveau traité qui, basé sur les traités actuellement en vigueur, aura pour but de les consolider et de les compléter, dans l'intérêt des relations politiques et commerciales des deux empires.

En attendant, les anciens traités seront scrupuleusement respectés et observés dans toutes leurs clauses, et la France

jouira, en toute chose et en toute occasion, du traitement de la nation la plus favorisée.

Art. VIII. La présente convention sera ratifiée, etc.

L'ennemi le plus habile et le plus persévérant que la France ait rencontré sur le territoire conquis de l'Afrique, ce fut l'émir Abd-el-Kader qui, dès l'année 1833, chercha à ébranler l'établissement des Français en Algérie ce chef arabe, infatigable, audacieux, fut souvent battu: le 30 Mai 1837, il reconnut la souveraineté de la France qui lui laissa l'administration de la province d'Oran.

N. V.

Traité, entre le général français comte Bugeaud 1) et l'émir Abd-el-Kader, conclu à la Tafna dans le gouvernement d'Oran en Algérie, le 30 Mai 1837, et ratifié par la France. 1)

(Extrait.)

Art. I. L'émir Abd-el-Kader reconnaît la souveraineté de la France en Afrique.

Art. II. La France se réserve, dans la province d'Qran: Mostaganem, Masagran et leurs territoires, etc.; dans la province d'Alger, etc.

Art. III. L'émir administrera la province d'Oran, etc.

Art. V. Liberté de religion accordée aux Arabes sur le territoire français, etc.

Art. VII. L'émir achètera en France la poudre, le soufre et les armes dont il aura besoin.

Art. VIII. Les Koulouglis qui voudront rester à Tlemcen ou ailleurs, y posséderont librement leurs propriétés et y seront traités comme les Hadars. Ceux qui voudront se retirer sur le territoire français, pourront vendre ou affermer librement leurs propriétés.

Art. X. Le commerce sera libre entre les Arabes et les Français, qui pourront s'établir réciproquement sur l'un ou l'autre territoire.

1) V. Annuaire historique universel pour 1837, Paris, 1838, Appendice, p. 9, et Nouv. Recueil de G. F. DE MARTENS, T. XV, p. 154.

Art. XI. Les Français seront respectés chez les Arabes, comme les Arabes chez les Français. Les fermes et les propriétés que les sujets français auront acquises ou acquerront sur le territoire arabe, leur seront garanties. Ils en jouiront librement, et l'émir s'oblige à leur rembourser les dommages que les Arabes leur feraient éprouver.

Art. XII. Les criminels des deux territoires seront réciproquement rendus.

Art. XIII. L'émir s'engage à ne concéder aucun point du littoral à une puissance quelconque sans l'autorisation de la France.

Art. XIV. Le commerce de la régence ne pourra se faire que dans les ports occupés par la France.

Art. XV. La France pourra entretenir des agents auprès de l'émir et dans les villes soumises à son administration, pour servir d'intermédiaires près de lui aux sujets français, pour les contestations commerciales ou autres qu'ils pourraient avoir avec les Arabes. L'émir jouira de la même faculte dans les villes et ports français.

[ocr errors]

Mais les conditions de ce traité ne furent pas exécutées par l'émir qui recommença les hostilités vers la fin de l'année 1839.

Dans l'année 1843,1) la Smalah 2) d'Abd-el-Kader fut dispersée, et enlevée en grande partie par S. A. R. le duc d'Aumale, le troisième fils du roi Louis-Philippe : l'émir se réfugia dans le Maroc. Soutenu, dans le principe, par Abderrahman, qui fit attaquer l'armée française, ainsi qu'il a été dit plus haut, l'émir fut mis hors la loi en vertu de l'article 4 du traité de paix du 10 Septembre 1844.

L'émir chassé du Maroc fit de nouvelles tentatives hostiles en 1845; mais, vaincu, il se réfugia, pour la seconde fois, sur le territoire de l'empire de Maroc, qu'il dut quitter bientôt

1) Le 16 Mai.

2) Espèce de ville ambulante avec camp, renfermant les trésors, les femmes, etc. d'un chef arabe.

après. Le 23 Décembre, il fit sa soumission et fut conduit en France, où il habita, successivement, avec sa famille et sa suite, le château de Pau et celui d'Amboise.') Rendu à la liberté en 1852, il a quitté cette dernière résidence pour aller résider à Brousse, dans l'empire de Turquie.

Depuis le départ d'Abd-el-Kader du territoire algérien, la France a pû s'occuper avec plus de suite de la colonisation de l'Algérie, tout en ayant encore à combattre, par fois, quelques tribus rebelles. La dernière expédition faite contre la grande Kabylie) en 1857, par le maréchal comte Randon, gouverneur de la colonie, a étouffé les derniers germes d'une résistance sérieuse.

1) Voir sur la guerre en Algérie, les Lettres du général (depuis marėchal) DE SAINT-ARNAUD.

2) Les Kabyles ou Kobailes sont les indigènes de l'ancienne régence d'Alger: ils habitent au centre et le long de l'Atlas: ils sont l'effroi des habitants de la plaine. Ils ont toujours conservé leur indépendance sous les anciens deys.

CHAPITRE IX.

INDÉPENDANCE DE LA GRÈCE, ET CRÉATION D'UN ROYAUME GREC (de 1822 à 1832).

On pourrait faire remonter jusqu'à 1814, époque de la fondation de l'hétérie, comme société politique1), les menées, les trames et les communications secrètes entre les sujets grecs de la Porte ottomane, qui préparèrent l'affranchissement de la Grèce; nous nous bornerons, toutefois, à dire que les soulèvements de la Valachie et de la Moldavie au commencement de l'année 1821, et les mesures cruelles adoptées par la Porte pour retenir, par la terreur, dans l'obéissance, ses sujets grecs, hâtèrent le moment de l'insurrection des Grecs de Morée, fomentée et dirigée, en 1821, par Germanos, archevêque grec de Patras: la Morée commença le mouvement; les îles le suivirent le 9 Avril 1821, Théodore Kolocotronis et Petro Mavromikhälis formèrent le

1) Depuis 1814, une mystérieuse association s'était formée : elle se développa en silence parmi les hommes exaltés de l'Italie, de l'Espagne, de la France, de l'Allemagne, ainsi que parmi les fanatiques russes et les rayas de la Turquie: dans les pays occidentaux, cette société secrète fut connue sous le nom de carbonari; en Russie, en Grèce, en Turquie, l'association prit le nom de hétairie ou hétérie: le siége de l'hétérie fut d'abord à Odessa, puis à Kichenef en Bessarabie: en 1820, elle choisit pour chef Alexandre Ypsilanti ou Hypsilantis.

« PreviousContinue »