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Nord, des états nouveaux. Rien n'a été changé à la situation politique des républiques d'Andore et de San-Marino. 1)

Ce qui précède, reproduit le tableau exact de la carte politique des états souverains de l'Europe, telle qu'elle est sortie des délibérations du congrès de Vienne : nous aurons d'ailleurs à parler plus loin 2), du célèbre traité de la sainte alliance, destiné à maintenir l'équilibre établi en Juin 1815, et que signèrent directement, et sans l'intervention d'aucun plénipotentiaire, le 26 Septembre 1815, les souverains d'Autriche, de Prusse et de Russie.

Ce tableau est-il encore le même en 1859 ?

On le sait, les modifications qu'il a reçues sont nombreuses nous rappellerons dans notre ouvrage d'une part, les changements survenus dans la carte politique de l'Europe depuis 1845;

d'autre part, ceux qu'ont produits, pour l'Espagne et pour le Portugal, les révolutions qui ont éclaté dans la péninsule hispanique, et dans l'Amérique du Sud.

Les principaux événements politiques sur lesquels nous aurons à appeler l'attention du lecteur, sont, notamment :

Les révolutions de 1820 et 1821 en Espagne, dans le royaume des Deux-Siciles, en Piémont et en Portugal; 3) La séparation du Portugal et du Brésil érigé en empire ; *)

La séparation de la Belgique et de la Hollande 3), et la création d'un royaume Belge, dont la couronne a été don

1) La conservation de ces deux petites républiques au milieu du grand mouvement de provinces importantes changeant de souverains, et passant, sans avoir été conquises, sous le sceptre d'un puissant monarque, n'a-t-elle pas lieu d'étonner? N'est-ce pas le pendant du moulin de Sans-souci respecté par le grand Frédéric, s'emparant de la Silésie? 2) V. Chap. III.

3) V. Chap. III. IV. V. VI.

4) V. Chap. VII.

5) V. Chap. X.

née, par voie d'élection, au prince Léopold de SaxeCobourg;

Le soulèvement des Grecs, sujets de l'empereur ottoman, et la création d'un royaume hellénique ; 1)

L'indépendance reconnue des colonies espagnoles dans l'Amérique méridionale, devenues autant de républiques, et l'indépendance accordée par le roi Charles X, à l'île de St. Domingue, formant aujourd'hui l'empire d'Haïti au Nord, et la république dominicaine au Sud (ancienne partie espagnole de l'île); 2)

L'annexion du territoire libre de Cracovie à l'empire d'Autriche; mesure politique contre laquelle protestèrent la France et l'Angleterre ; 3)

La cession par le roi de Prusse, de la principauté de Neufchatel à la république helvétique; *) et l'acquisition par ce souverain du port de Jahde, sur la mer du Nord, dans le grand-duché d'Oldenbourg;

La conquête de l'Algérie par la France, et l'abolition de la piraterie des corsaires barbaresques, par des traités publics entre la France et les beys de Tunis et de Tripoli ; 5)

Nous ne rappellerons d'ailleurs ici que comme mémoire les troubles qui ont éclaté en France, en 1830 et en 1848, et que la France, royaume de 1814 à 1848, république éphémère jusqu'en 1852, a rétabli l'empire, en rendant, par l'élection le trône à la dynastie de Napoléon, auquel le traité de 1814, et le congrès de Vienne en 4815, avaient enlevé la souveraineté l'empereur Napoléon III reçut la couronne par le suffrage universel, dont le scrutin, ouvert dans toutes

4) V. Chap. IX.

2) V. Chap. I.

3) V. Recueil manuel et pratique des traités et conventions. T. V.
4) V. Chap. XIII.
5) V. Chap. VIII.
6) V. Chap. XI.

les villes de France, donna, en sa faveur 7,385,592 votes sur 8,157,752, votants.

Pendant les quarante-cinq années qui ont vu s'accomplir ces faits nombreux, combien les révolutions populaires, en ébranlant le corps social, n'ont-elles pas altéré, perverti partout le sens moral des peuples! La presse, libre trop souvent jusqu'à la licence dans les journaux quotidiens, a excité les sentiments jaloux et envieux des classes secondaires chez elles, le besoin de résistance à l'autorité, le besoin de blâmer le pouvoir, le besoin de s'occuper des affaires de l'état sans rien connaître en administration, en législation, en politique et en science économique, se sont développés au point, de devenir une maladie réelle qui a troublé tous les cerveaux, et a fait dévier les hommes, dont les moyens d'existence n'étaient assurés que par un travail honnête, honorable, et suivi des sentiments de justice, de devoir, et d'obéissance aux lois qui régissent la société, en leur faisant adopter de fausses et pernicieuses doctrines sur les droits du peuple souverain, sur l'égalité, sur une liberté individuelle absolue, mais impossible personne parmi les adeptes des prédicants du principe démocratique exagéré ne veut comprendre, que cette égalité est une chimère, que cette liberté ne peut exister que devant la loi, car les hommes ne sont égaux ni en forces physiques, ni en intelligence, ni en savoir; car aucun parmi eux, ne peut prétendre à une liberté exclusive absolue, froisser la liberté de son voisin. La haute science du gouvernement, il faut le reconnaître, est devenue fort pénible à pratiquer pour les rois qui, selon les utopistes, doivent régner mais non pas gouverner: aussi, combien de souverains, sentant le fardeau trop lourd, ont cédé le sceptre héréditaire à des mains plus jeunes que les leurs ! L'Allemagne, notamment, et la Sardaigne en présentent plusieurs exemples.

sans

Avant de passer aux chapitres dans lesquels nous au

rons à parler des révolutions et des changements territoriaux qui se sont produits dans la carte tracée par le congrès de Vienne, nous rappellerons quelques-uns des principes qui sont sortis des traités publics ou des négociations entre les cabinets.

Les événements politiques qui, en 1820 et 1821, ont agité l'Espagne, les Deux-Siciles, le Portugal et le Piémont, et dont nous présenterons le tableau dans les chap. IV, V et VI, ont provoqué, de la part des monarques signataires du traité de la sainte-alliance, en Septembre 18151), la tenue des congrès de Laibach et de Vérone; et ces congrès, où ces souverains se sont rendus, ont introduit dans la politique internationale, le principe de l'intervention armée; principe dangereux et contraire aux doctrines du droit des gens, lorsqu'il ne s'agit pas, pour l'état qui intervient, de sa propre conservation; principe contre lequel l'Angleterre, représentée par des ambassadeurs et plénipotentiaires, s'est prononcée à Laibach et à Vérone: mais, depuis, cette doctrine n'a pas toujours été la sienne d'une manière absolue: n'a-t-elle pas, en effet, eu la pensée d'intervenir par les armes dans les affaires intérieures du royaume des Deux-Siciles? La haute sagesse et l'esprit de droiture de l'empereur Napoléon III ont fait obstacle à l'exécution des menaces exprimées en cette circonstance, par le cabinet britannique.

Un autre principe, également dangereux, celui de la visite des bâtiments, en temps de paix, dans certaines latitudes, a été inscrit dans plusieurs traités publics conclus pour l'abolition de la traite des noirs.

Nous aurons à signaler 2) l'adoption par toutes les puissances représentées au congrès tenu à Paris, en 1856, des principes maritimes en temps de guerre, proclamés par la dé

4) V. Chap. II.

2) V. Chap. XII.

claration du 16 Avril : nous voulons parler de la suppression de la course et du respect dû au pavillon neutre. Cette déclaration restera comme un honneur éternel pour les souverains qui l'ont acceptée : l'Angleterre qui avait toujours repoussé l'immunité du pavillon, comme contraire à la suprématie qu'elle a voulu de tout temps exercer sur la mer, et qui, en maintes circonstances, s'était refusée à supprimer la course, cette piraterie légale, l'Angleterre est aujourd'hui liée solennellement pour l'avenir, et il n'est pas permis de mettre en doute qu'elle ne reste désormais, fidèle aux principes de la déclaration, qui embrasse en outre, le blocus, lequel doit être réel et maintenu, dès lors, par des forces suffisantes.

Au nombre des faits importants qui ont signalé le siècle actuel, depuis 1815, nous devons citer l'abolition de la traite des noirs'), la suppression, à la suite de la conquête de l'Algérie, par la France, de la piraterie trop longtemps tolérée par les puissances chrétiennes, des corsaires barbaresques 2); la prise de possession d'Ancône par la France le 22 Février 1832 3); la révolution italienne de 1848, qui a mis en armes tous les états de la Péninsule, et qu'ont terminée, d'une part, la bataille de Novare gagnée par le maréchal Radetzki sur le roi Charles-Albert, et d'autre part, la prise de Rome par l'armée française sous les ordres du général Oudinot, duc de Reggio, et le rétablissement dans la possession des états de l'Église, du pape Pie IX, qui avait dû quitter le Vatican devant les excès de la révolution *); la tenue du congrès de Paris, en 1856, à la suite de la guerre de Crimée "); l'abolition des péages du Sund et des Belts,

4) V. Chap. II.

2) V. Chap. VIII. et Phases et Causes célèbres du droit maritime des nations. T. II. Chap. 33. § 2.

3) V. même ouvrage Chap. 34.

4) V. Chap. XI.

5) V. Chap. XII.

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