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tiné plus spécialement aux savans, et nous conviendrons humblement que nous n'avons pas de si hautes prétentions. Il est en outre, quoique très volumineux, resserré dans le cadre étroit d'une période qui n'embrasse pas même un demi-siècle; tandis que notre ouvrage renfermé en quatre volumes, et par cette raison à la portée d'un plus grand nombre de lecteurs et des fortunes bornées, remonte aux plus anciennes époques, sans excepter les plus nouvelles. Nous lui avons fait plusieurs emprunts, mais sans jamais déguiser la source où nous avions puisé. On verra, par les citations répandues dans le cours de F'ouvrage, que cette source n'est pas la seule que nous ayons. consultée, et que nous n'avons craint ni la peine ni l'ennui' des plus longues recherches.

Il y aurait autant d'ingratitude que de mauvaise foi à ne pas reconnaître que nous avons mis à profit le travail de nos devanciers, et nous ne pouvons guère nous prévaloir d'une supériorité que nous ne devons qu'à des circonstances favorables. Le temps marche, et dans son cours soulève un coin du voile de la nature, lui dérobe quelques-uns de ses mystères, et sans cesse ajoute quelques anneaux à la chaîne des connaissances humaines. On ne pardonnerait pas à un ouvrage de la nature de celui-ci de n'avoir pas tenu note de ces investigations et de leurs plus heureux résultats. C'est là surtout l'avantage que nous pouvons revendiquer sur nos prédécesseurs.

-La rédaction doit offrir aussi quelque différence de style et de méthode. Quant au style, non seulement chaque siècle, mais chaque période de temps, chaque individu, a son cachet particulier; et sans vouloir dissimuler nos emprunts, il a bien fallu leur imprimer un caractère d'uniformité. Pour ce qui est du plan, nous avons cru devoir en adopter un toutdifférent, de manière que nous n'avons fait souvent qu'em

prunter à ceux qui nous ont précédés ce qu'on pourrait appe

ler les titres des chapitres.

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Voici quel est celui que nous nous sommes prescrit.

Nous avons suivi, autant que les monumens historiques nous l'ont permis, cinq époques distinctes de l'état des scien ces et des arts: 1°. chez les Égyptiens, les Chaldéens et les Hébreux; 2°. chez les Grecs dans les temps héroïques, puis dans les temps historiques; 3°. chez les Romains; 4°. dans le moyen âge; 5. enfin dans les temps modernes..

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Cette marche nous a paru instructive et curieuse en ce que, prenant les sciences et les arts dans leur berceau, et marquant leurs différens progrès, elle nous amène par degrés à la connaissance des découvertes importantes et nombreuses qui, assignent au XVIII. et au XIX. siècle une place si distinguée dans les fastes de l'esprit humain.

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Le succès que la première édition de cet ouvrage a obtenu nous imposait la loi de faire de nouveaux efforts pour le rendre plus digne des suffrages dont le public l'a honoré. Nous nous livrions donc au soin de le revoir dans toutes ses parties lorsque la mort vint frapper l'un de nos collaborateurs, M. Carpentier. Heureusement M. Puissant fils, ancien élève, de l'École Polytechnique, à qui nous devions déjà des addi-, tions importantes, a bien voulu suppléer à cette perte, en se chargeant du travail nécessaire pour mettre cette se-; conde édition au niveau des connaissances actuelles. Des. savans recommandables, et notamment M. Puissant, membre de l'Académie des sciences, nous ont aussi donné d'utiles, conseils, et ont enrichi ce répertoire du fruit de leurs lun mières.

Ainsi, ce qui concerne les sciences, et particulièrement la physique et la chimie, a été soumis à une révision séyère et a reçu des augmentations considérables. Les découvertes,

géographiques, qui offrent un si grand intérêt d'instruction et de curiosité, ont été retracées de manière à n'omettre aucune des plus récentes et à réunir dans une rédaction claire et rapide tout ce qu'on peut désirer à cet égard.

Nous avons pensé qu'on ne nous saurait pas mauvais gré d'égayer le sérieux et de rompre l'uniformité de pareilles recherches en insérant quelquefois des vers; mais nous ne nous sommes permis cette excursion dans le domaine de la poésie que lorsque le sujet paraissait naturellement l'appeler.

Enfin nous n'avons rien omis pour donner à ce répertoire, qui aura du moins le mérite de la variété, tout l'agrément et tout l'intérêt dont il était susceptible.

On y remarquera peut-être encore quelques lacunes; mais nous avons dû nous borner aux origines les plus curieuses, aux découvertes les plus importantes. Nous répétons que nous avons écrit non pour les savans, qui demandent sur chaque matière des traités spéciaux et complets, mais pour les gens du monde auxquels suffisent des notions générales. Nous avons voulu offrir un attrait à la curiosité, un aliment à la conversation, une diversion à la fatigue des affaires, une ressource même au désouvrement; aux lecteurs studieux le désir d'une instruction plus approfondie, et peut-être aux esprits actifs le germe et l'idée d'une invention nouvelle.

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NOUVEAU DICTIONNAIRE

DES

ORIGINES, INVENTIONS

ET DÉCOUVERTES.

A.

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A. Selon quelques auteurs, la lettre A serait l'aleph des Hébreux; mais l'a, en tant que son, ne dérive pas de la conformation des organes de la parole, et le caractère ou figure dont nous nous servons pour représenter ce son nous vient de l'alpha des Grecs. L'a chez les Romains était appelé lettre salutaire. Lorsqu'on devait prononcer sur une cause on distribuait aux juges trois bulletins: sur l'un desquels était gravé un A, absolvo, j'absous; sur l'autre un C, condemno, je condamne; et sur le troisième une N suivie d'une L, non liquet, le fait n'est pas clair. Dans les comices, A servait encore à rejeter une loi proposée. Cette lettre était gravée sur un bulletiu, et signifiait antiquo, je refuse. Chez les Grecs a était une lettre numérale qui valait 1; chez les Romains, c'était la première des lettres nundinales, et l'on a cru long-temps que chez les Egyptiens elle représentait l'ibis. A, sur les médailles grecques, indique ordinairement qu'elles ont été frappées à Argos ou à Athènes; sur les monnaies françaises, qu'elles ont été battues à Paris. En musique, A, première note

TOME I

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du tétracorde hyperbolien, répond à la sixième note de la gamme la. « On peut » remarquer que la première voyelle de l'alphabet se trouve dans presque tous » les mots qui peignent les scènes de la » campagne, comme dans charrue, vache, » vallée, pâturage, laitage, etc., et dans » les épithètes qui ordinairement accom>>pagnent ces noms, telles que pesante,

» champêtre, gras, delectable, etc. Cette »> observation, ajoute M. de Château-. » briand, tombe avec la même justesse » sur tous les idiomes connus. La lettre » A ayant été découverte la première, » comme étant la première émission na»>turelle de la voix, les hommes, alors » pasteurs, l'ont employée dans les » mots qui composaient le simple dic»tionnaire de leur vie. L'égalité de leurs » mœurs et le peu de variété de leurs >> idées nécessairement teintes des images » des champs, devaient aussi rappeler >> le retour des mêmes sons dans le lan»gage. Le son de l'A convient au calme >> d'un cœur champêtre et à la paix des >> tableaux rustiques: l'accent d'une âme » passionnée est aigu, sifflant, précipité. » L'A est trop long pour elle: il faut une

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