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dus dans chaque pays. Par la suite des temps le commerce ayant ouvert l'entrée des diverses régions de cet univers, on a fait usage de toutes les espèces de plantes salutaires qu'elles peuvent produire; mais ces remèdes étrangers n'ont été connus qu'assez tard; le commerce et la relation des différens peuples les uns avec les autres ayant eu fort peu d'étendue dans les premiers temps. Parmi les Grecs, presque tous les fameux personnages des siècles héroïques se sont distingués par leurs connaissances dans cet art. Dans ce nombre, on compte Aristée, Jason, Télamon, Teucer, Pélée, Achille, Patrocle, etc. Ils avaient été instruits par le centaure Chiron, que ses lumières avaient rendu alors l'oracle de la Grèce. Médée n'a dû qu'à la science profonde de la botanique et à l'usage criminel qu'elle fit de ses découvertes la réputation de magicienne. La connaissance des plantes ne fut d'abord, pour ainsi dire, que médicinale, c'est ce qui en rendit le catalogue si court et si borné que Théophraste, e premier auteur botaniste connu, nen a nommé que six cents; et que Dioscoride et Pline n'en ont cité guère davantage. Les siècles qui suivirent celui de Dioscoride enrichirent faiblement la botanique, et cette science, éclipsée pendant un long laps de temps, ne reparut qu'au XVe siècle. Ceux qui ont rendu les plus grands services à cette science sont Jean Bauhin, mort en 1541; Gaspard Bauhin son frère, mort en 1560; Gesner, de Zurich, surnommé le Pline allemand, mort en 1565, à qui l'on doit la première méthode pour le classement des plantes: son système est fondé sur la fructification; Césalpin, médecin italien, mort en 1585; Léonard Fusch, professeur d'anatomie à Tubingue, mort en 1566; Morison, médecin anglais, mort en 1683. Enfin, en 1702, ou environ, Tournefort, en divisant et en classant les plantes, et quelque temps après Linnée, en distinguant particulièrement leur sexe, ont établi l'un et l'autre une méthode qui fait de la botanique une science proprement dite. De

puis, comme nous l'avons annoncé, cette science a compté parmi ceux qui l'ont cultivée avec le plus grand succès, Jussieu, Thouin, du PetitThouars, Cuvier, etc. Les anciens avaient observé cinq à six cents plantes tout au plus; à la fin du XVIe siècle, on en avait décrit déjà plus de 6,000; Tournefort en a fait connaître 8,846 espèces; et maintenant on porte à 50,000 à-peu-près les plantes classées et décrites. Dans ce nombre la France est pour environ 10,000; les environs de Paris, pour 2,000; la Nouvelle-Hollande, pour 4,500; etc., etc. Ce portrait du botaniste herborisant ne paraîtra pas déplacé ici aux yeux de beaucoup de lecteurs :

Quand le printemps me rit, je gravis sur les monts,
Et, guidé par Jussieu, j'en détache ces plantes,
Ces simples bienfaisans, dont les vertus puissantes
Réchauffent du vieillard l'inactive langueur,
Et dans son corps souffrant suspendent la douleur.
Leur parfum les trahit.... Votre émail, fleurs nou.

velles,

Et vos vives couleurs, et vos formes si belles,
Se disputent le droit de fixer mes regards.
Le ciel est moins brillant, et moins d'astres épars
Rayounent dans l'azur de la voûte superbe.
Ainsi, nouchalamment promené d'herbe en herbe,
Des touffes de mélisse à l'odorant anet,

Et de l'acanthe en fleur à l'humble serpolet,
Mon œil suit dans leurs jeux ces vivantes machines;
Je classe, j'assortis leurs nuances si fines.
Entouré constamment de ces rians objets,
J'étudie et leurs lois et leurs rapports secrets;
Et j'apprends de ces fleurs, sœurs et beautés rivales,
Le propre caractère, et les mœurs générales.
Le disque du cristal, de mes yeux rapproché,
Grossit, dévoile, étend l'organe trop caché;
Ou d'un tranchant acier les subtiles blessures,
M'aidant à pénétrer leurs savantes structures,
Pour prix de tant de soin, mon esprit voit enfin
De leurs variétés le principe et la fiu.

(BERENGER, les Plaisirs du Botaniste.) Voyez JARDIN BOTANIQUE.

BOTANY-BAY. Baie spacieuse sur la côte S. E. de la Nouvelle-Hollande, dans la nouvelle Galle méridionale et le comté de Cumberland, découverte en 1770 par le capitaine Cook, et ainsi nommée par lui à cause de la grande quantité de plantes qu'il trouva sur ses bords. L'établissement que les Anglais formèrent pour les criminels condamnés à l'exil, est un peu plus au nord, au port Jackson. La ville Sydney fut immé

que de Chichester, écrite par un Anglais au XIIIe siècle. On trouve dans les registres de la chambre des comptes un article de quinze deniers pour graisser les bottes de Louis XI. & Les bottes des Chinois, dit le voyageur de Guignes, sont de soie noire ou de cuir, et ne dépas sent pas le mollet. Elles sont larges. Les Chinois s'en servent au lieu de poches et y mettent des papiers et leur éventail. » Voyez CHAUSSURE.

diatement bâtie, et la nouvelle colonie conserva le nom de Botany-Bay que les Anglais avaient primitivement choisi pour cet objet. Parmi les condamnés à la déportation, l'on prend pour les envoyer à Botany-Bay, les hommes audessous de cinquante ans et les femmes âgées de moins de quarante-cinq ans. Aussitôt qu'un vaisseau arrive, les hommes non mariés peuvent prendre une femme parmi celles qui sont déportées ; mais aucune cérémonie n'accompagne cette union. Les travaux se font pour le compte du gouvernement. A l'expiration de la peine l'homme peut retourner dans sa patrie à ses frais; s'il reste, il reçoit une concession de terre et des vivres pour dix-huit mois. S'il est marié, l'indemnité qu'il reçoit est plus forte et l'on y joint un supplément pour chaque enfant. Les femmes sont privées du droit de retourner dans leur patrie. Ceux qui viennent s'établir volontairement dans la colonie reçoivent une concession de cent cinquante acres de terre, des semences et des instrumens aratoires. Cette colonie commença en 1787, par un convoi de sept cent soixante condamnés. En 1804, la population s'élevait à sept mille quatre cent dix âmes; en 1810, à onze mille neuf cent cinquante-deux; en 1817, à vingt mille trois cent soixante-dix-neuf, dont dixsept mille cent soixante-cinq dans la Nouvelle-Hollande, et trois mille deux cent quatorze dans la terre de Diemen. En 1818, il y avait vingt-cinq mille cinquante habitans. En 1810, la proportion des hommes aux femmes était de cinq à deux. Les environs de BotanyBay sont habités par les sauvages les plus abrutis que l'on connaisse.

BOUCANIERS. C'est le nom qu'on donna aux aventuriers qui, vers la fin du XVI. siècle, infestèrent les côtes de l'île Saint-Christophe où ils s'établirent. L'amiral Frédéric de Tolède fut envoyê en 1630, par la cour de Madrid, pour les détruire. Plusieurs d'entre eux parvinrent à se sauver et se réfugièrent dans l'île de la Tortue, où, réduits à la vie des sauvages, ils se nourrissaient de la chair des taureaux qu'ils allaient poursuivre dans les plaines de Saint-Domingue, et qu'ils faisaient sécher à la fumée afin de les conserver. C'est de là que leur vint le nom de boucaniers sous lequel ils firent trembler encore les Espagnols. Ceux-ci, pour réduire les bandits, détruisirent la race des boeufs sauvages qui s'était prodigieusement multipliée depuis son importation dans ces contrées par Christophe Colomb. Cemoyen réussit. Les boucaniers devinrent stationnaires, et fondèrent une espèce de société que les Français consentirent à reconnaître: telle est l'origine de la colonie française à Saint-Domingue.

BOUCHER. Il ne paraît pas qu'il y ait eu des bouchers dans les premiers temps; ils étaient même encore inconnus dans les siècles héroïques de la Grèce. En lisant la description que fait BOTTE. Les Grecs, et les Romains Homère des festins des Grecs, on s'imaaprès eux, portèrent des espèces de bot- gine lire čes relations modernes où il est tines faites de cuir de bœuf, qui se met- parlé des repas des sauvages. Lorsque taient à cru sur la jambe. Les bottines les Grecs veulent préparer à manger, ils de cuir empruntées des Grecs par les assomment eux-mêmes un taureau, ou Romains n'avaient pas la largeur de cel- égorgent un bélier, dépouillent ces anilés des Parthes, mais serraient étroite- maux et les coupent en plusieurs morment la jambe et le pied. Il est parlé de ceaux qu'ils font griller sur-le-champ; "bottes dans la vie de saint Richard, évê- nous disons griller, parce qu'aux temps

héroïques on ne connaissait pas encore l'art de faire rôtir les viandes. Les rois et les princes se mêlaient aussi de ce soin : une espèce de poignard, qu'ils portaient toujours à la ceinture, leur tenait lieu de couteau. Les bouchers s'établirent à Rome sous les consuls; ils composaient deux corps ou colléges, chargés par état de fournir à la ville les bestiaux nécessaires à sa subsistance. L'un de ces corps ne s'occupa d'abord que de l'achat des porcs, et ceux dont il était formé furent appelés suarii; l'autre était pour l'achat et la vente des boeufs, ce qui fit appeler ceux qui le composaient boarii ou pecuarii. Ces deux corps furent réunis dans la suite. Ces marchands avaient sous eux des gens dont l'emploi était de tuer les bestiaux, de couper les chairs et de les mettre en vente; ils s'appelaient laniones ou lanii, ou même carnifices; on appelait lanienæ les endroits où l'on tuait, et macella ceux où l'on vendait. Nous avons la même distinction. Les tueries ou échaudoirs de nos bouchers répondent aux Lanienæ, et leurs étaux aux Macella. La police que les Romains observaient dans leurs boucheries s'établit dans les Gaules avec leur domination, et l'on trouve dans Paris, de temps immémorial, un corps composé d'un certain nombre de familles chargées du soin d'acheter les bestiaux, d'en fournir la ville et d'en débiter les chairs. Ces familles élisaient entre elles un chef à vie, sous le titre de maître des bouchers, un greffier et un procureur d'office. Ce tribunal, subordonné au prévôt de Paris, ainsi que celui des bouchers de Rome l'était au préfet de la ville, décidait en première instance des contestations particulières, et faisait les affaires de la communauté. On leur demanda souvent leurs titres; mais il ne paraît pas qu'ils les aient jamais fournis ; cependant leur privilége fut confirmé par Henri II, en 1550, et ils ne perdirent leur juridiction, en 1673, que par l'édit général de la réunion des justices à celle du Châtelet. La première boucherie de Paris fut située au paryis Notre-Dame; sa démo

lition et celle de la boucherie de la porte de Paris furent occasionnées par les, meurtres commis, sous le règne de Charles VI, par un boucher nommé Caboche. La grande boucherie de la porte de Paris fut cependant rétablie quelques années après; et la ville s'accroissant toujours, il se forma une multitude d'autres boucheries, qui toutes furent enregistrées au parlement.

les

BOUCHERIES. Au commencement de son règne, Néron fit construire dans un vaste terrain, appelé le Grand-Marché, un superbe édifice abreuvé d'eau courante, à l'usage des bouchers, qui fut appelé la Grande Boucherie. La médaille en bronze que le sénat fit frapper à cette occasion, sur laquelle on voit la riche façade de ce monument, avec l'inscription Macellum Augusti, en atteste la magnificence. Par la suite des temps, Rome s'étant considérablement accrue, empereurs firent construire, en différens quartiers, d'autres corps de boucheries plus ou moins considérables et somptueux. Lors de la conquête des Gaules, les Romains, en y établissant leurs lois, firent construire, dans les villes métropoles et municipales, des boucheries régies par des corporations semblables à celles de Rome. La ville de Paris est celle où la communauté des bouchers, parmi les changemens et modifications qu'ont essuyés celles des arts et métiers, successivement établies, a conservé le plus long-temps son administration. Paris, renfermé dans la Cité, alors bornée vers le couchant par un bras transversal de la Seine, sur lequel Henri IV établit la rue de Harlay et les maisons qui la bordent, n'avait qu'une boucherie située dans le Parvis, où l'église de Notre-Dame a été long-temps après construite. Les deux figures de boeufs de ronde bosse, saillantes d'un mètre trente centimètres par-delà le portail de la petite paroisse voisine de cette boucherie, abattues en 1766, ainsi que le titre de Saint-Pierre-aux-Bœufs, attestent cette antiquité. Pareillement la boucherie qui, depuis la dernière irrup

tion des Normands, fut établie attenant la principale porte de la ville, vers le nord, donna son nom de Saint-Jacquesde-la-Boucherie à l'église qui en était la plus proche. Cette dernière boucherie, d'une construction irrégulière, que déjà, du temps de Louis-le-Gros, on appelait la vieille boucherie, fut bâtié en adossement à cette forteresse. Ce nouvel établissement ayant paru assez considérable aux bouchers, qualifiés dans les actes de ce temps, carnifices parisienses, ils y réunirent tout leur commerce après avoir abandonné la boucherie du Parvis. Philippe-Auguste en gratifia, en 1222, l'évêque et le chapitre de Paris. Ce roi donna en même temps à la communauté des bouchers des statuts de règlemens et de discipline qui furent renouvelés par Philippe-le-Bel. Les autres boucheries isolées, dont les accroissemens de ce qu'on appelle la ville et l'université nécessitèrent l'établissement, ne furent occupées que par des particuliers ne formant ni corps ni société. Cependant les bouchers de la grande boucherie conservèrent sur eux leur juridiction, et aucun étal ne pouvait être établi sans une patente qu'ils leur délivraient. Voy. ABATTOIRS.

BOUCLIER. « Ce mot vient, dit le P. Labbe (Étymologie des mots français, deuxième partie), de boucle, buccula; non pas, ajoute-t-il, parce qu'on couvrait le bouclier de boucles, mais parce qu'il était attaché au bras par une boucle ou plutôt parce que l'on passait le bras dans une boucle ou gros anneau pour le tenir ferme et serré. Ancile scuti bucula intùs, quâ ab intùs tenetur, dit Isidore dans ses Gloses. » Suivant d'autres savans, bouclier, dérivé de buccularium, vient bien aussi du latin buccula, mais ils donnent à buccula une autre signification qui reviendrait à celle de bosse, relief: c'est, disent-ils, parce qu'on représentait sur les boucliers des têtes ou gueules de gorgone, de lion ou d'autres animaux. Le bouclier est une des plus anciennes armes défensives et la seule dont il soit parlé dans les li

vres de Moïse : les Egyptiens s'en attribuaient l'invention. Le bouclier d'Achille est décrit dans l'Iliade; Hésiode a chanté celui d'Hercule; Virgile nous a dépeint celui d'Enée, et Silius celui d'Annibal. Les Grecs avaient reçu des Egyptiens le bouclier et le casque. On voit d'abord que leurs boucliers étaient d'une grandeur étonnante, ayant presque la hauteur d'un homme. Au temps de la guerre de Troie, ils ne les portaient point encore au bras ; ils étaient attachés au cou par une courroie et pendaient sur la poitrine: lorsqu'il s'agissait de se battre, on les tournait sur l'épaule gauche et on les soutenait avec le bras; pour marcher, on les rejetait derrière le dos, et alors ils battaient sur les talons. Les Cariens, peuple très belliqueux, changèrent cet usage si peu naturel et si désavantageux: ils enseignèrent aux Grecs à porter le bouclier passé dans le bras par le moyen de courroies faites en forme d'anses. C'était un usage chez les Grecs de suspendre dans les temples les armes et particulièrement les boucliers des ennemis qu'ils avaient vaincus, tant pour laisser un souvenir de leurs victoires, que pour rendre grâces aux dieux qui les leur avaient fait remporter. Ces boucliers ainsi consacrés aux dieux s'appelaient boucliers votifs. Cette coutume de suspendre des boucliers dans les temples passa, comme la plupart des autres, de Grèce en Italie. La figure du bouclier a fort varié chez toutes les nations. Le premier bouclier des Romains fut celui des Argiens; ils le nommaient clypeus. Après leur réunion avec les Sabins, ils - adoptèrent le scutum de ces derniers. Ce bouclier formait un carré oblong, tantôt plat, tantôt courbé. Il devint l'arme défensive de l'infanterie. La cavalerie eut un bouclier rond que l'on appelait parma. Chaque légion avait des boucliers d'une couleur particulière et ornés d'un symbole qui les distinguait de ceux des autres légions, tels que le foùdre, une ancre, un serpent, etc. On y joignait encore des signes distinétifs,

pour que le bouclier de chaque soldat pût être reconnu. Le bouclier des anciens Français était fait d'un bois léger, poli et couvert d'un cuir bouilli. Perdre ou se laisser ôter son bouclier en combattant était une ignominie chez les anciens Germains. Les premiers Français élisaient leurs rois, en les élevant sur un bouclier qu'ils appelaient pavois. C'était ainsi que les soldats romains proclamaient leurs empereurs. Aux boucliers des anciens ont succédé, chez les modernes, les écus, les rondaches, boucliers ronds et grands; les rondelles, boucliers ronds et fort petits, qui ont été long-temps en usage chez les Espagnols.

BOUFFONS. Coelius Rhodiginus rapporte une histoire que la plupart des auteurs regardent comme l'origine du mot bouffon. « Le roi Erechtée avait, dit-il, institué une fête dans l'Attique, à l'occasion d'un sacrificateur nommé Buphon qui, après avoir immolé le premier bouf sur l'autel de Jupiter-Polien, ou gardien de la ville, prit la fuite si promptement, qu'il ne fut pas possible de le trouver, malgré les perquisitions les plus exactes; on déposa chez les juges la hache et les autres instrumens du sacrifice qu'il avait laissés par terre, pour leur faire le procès; mais la hache seule fut déclarée criminelle. Cette cérémonie ne manquait pas d'être renouvelée toutes les années avec les mêmes circonstances; et, comme rien n'était plus burlesque, on a appelé depuis bouffons et bouffonneries, les farceurs et les momeries qui ont paru ridicules. » « Bouffons, dit M. Nodier (Dict. des onomatopees françaises), doit se rapporter à la même racine que bouffée et bouffi, suivant Ménage qui, d'après Saumaise, le dérive du bocca infiata des Italiens. Ils appellent encore un buffo magro, un maigre bouffon, le mauvais plaisant qui

ne

fait pas rire; soit, comme le dit Voltaire, qu'on veuille dans un bouffon un visage rond et une joue rebondie; soit que cette bouffissure des joues, qui est une des bouffonneries les plus triviales

des plus grossiers saltimbanques, ait déterminé leur nom générique. Il serait tout au moins difficile d'en donner une autre explication. » Les Grecs et les Romains avaient des bouffons dont l'emploi était, dans diverses cérémonies, de divertir le peuple par leurs quolibets et leurs momeries. Au triomphe de Scipion l'Africain, les rois et les généraux qu'il avait vaincus marchaient devant son char, enchaînés, et ayant la tête rasée, pour marque de leur servitude. Deux ou trois bouffons, aussi enchaînés, et vêtus de magnifiques robes, contrefaisaient, par leurs mines et leurs gestes, ces malheureux captifs, pour divertir le peuple. « Il faut avouer, dit SaintFoix, que ces illustres Romains étaient d'indignes hommes. » Long-temps en Europe les rois, et même les grands-seigneurs, ont eu des fous ou bouffons en titre, et cette mode n'a cessé en France que sous le règne de Louis XIV, par la disgrâce de l'Angely, dernier bouffon de cette cour, quoiqu'elle se soit conservée en Allemagne encore long-temps après.

BOUGIE. Ce mot vient de Bugie, ville située sur la côte d'Afrique, et dont le nom se prononce Bougie. On tirait autrefois beaucoup de cire de ce pays-là; elle y était si commune qu'on en faisait des chandelles, imitées depuis en France, et qui ont conservé le nom du pays qui en a fourni le modèle. Si l'on en croit Barbazan, le mot bougie n'est usité en France que depuis le dernier siècle; en 1699, on disait encore chandelle de cire. L'usage des bougies, regardé jadis comme un très grand luxe en France, fut, dit-on, introduit en Europe, vers l'an 700, par les Vénitiens qui l'empruntèrent probablement des Orientaux. Philippe-le-Bel défendit en 4313 de mêler la cire avec le suif. Pendant long-temps en France, les reines, dans les six premières semaines de leur veuvage, ne pouvaient s'éclairer qu'avec des chandelles. Le procédé de filer la bougie était connu dès 1357. Son usage, en 1600, semblait encore devoir appartenir exclu

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