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dé Vénus, de roses; celle de Cérès, d'épis, aussi bien que celle d'Isis; celles dés Lares, de noyer ou de romarin, en quoi l'on suivait l'opinion commune dans le paganisme, que ces arbres ou plantes étaient particulièrement consacrés à ces divinités. Non seulement les couronnes furent employées pour décorer les statues et désigner les images des dieux, pour les prêtres dans les sacrifices, pour marquer l'autorité des rois et des empereurs ; mais on couronnait encore les autels, les temples, les portes des maisons, les vases sacrés, les victimes, les navires, etc. On couronmait les poètes, ceux qui remportaient la victoire dans les jeux solennels, les gens de guerre qui se distinguaient par quelque exploit. Chez les Romains on donnait encore une couronne ou bandelette de laine aux gladiateurs qu'on mettait en liberté. Tout le monde sait que les anciens, dans les sacrifices, se couronnaient d'ache, d'olivier, de laurier; qu'ils portaient, dans leurs festins et autres parties de plaisir, des chapeaux de lierre, de myrte, de roses, etc.; les jeunes mariées étaient aussi couronnées (Voyez NOCES); mais, dans les funérailles, les Romains ne portaient que des couronnes de cyprès. Quelques auteurs concluent de certains passages d'Eusèbe de Césarée, que les évêques portaient autrefois des couronnes. La couronne papale est composée d'une tiare et d'une triple couronne qui l'environne; elle a deux pendans comme la mitre des évêques. Le pape Hormisdas ajouta la première couronne à la tiare; Boniface VIII, la seconde, et Jean XXII, la troisième. La couronne impériale est un bonnet ou tiare avec un demi-cercle d'or qui porte la figure du monde, cintré et sommé d'une croix. La couronne du roi d'Angleterre est rehaussée de quatre croix, de la façon de celle de Malte, entre lesquelles il y a quatre fleurs de lis; elle est couverte de quatre diadèmes qui aboutissent à un petit globe surmonté d'une croix. Celles des rois de France étaient un cercle de huit

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fleurs de lis, cintré de six diadèmes qui le fermaient, et qui portaient au-dessus une double fleur de lis, qui était le cimier de France. Quelques-uns prétendent que Charles VIII est le premier qui ait porté la couronne fermée, lorsqu'il eut pris la qualité d'empereur d'Orient, en 1495; cependant on voit, dans les cabinets des curieux, des écus d'or et autres monnaies du roi Louis XII, successeur de Charles VIII, où la couronne n'est point fermée. Il paraît donc que François Ier. est le premier roi de France qui ait porté la couronne fermée; avant lui ce n'était qu'un cercle ou diadême. Ce roi ne vou lait céder en rien à Charles-Quint et à Henri VIII, qui avaient pris la couronne fermée. Celles des rois de Portugal, de Danemarck et de Suède ont des fleurons sur le cercle, et sont fermées de cintres avec un globe croisé sur le haut. La couronne des ducs de Savoie, comme rois de Chypre, avait des fleurons sur le cercle, était fermée de cintres, et surmontée de la croix de Saint-Maurice sur le bouton d'en haut. Celle du grand-duc de Toscane est ouverte, à pointes mê¬ lées de grands trèfles sur d'autres pointes, avec la fleur de lis de Florence au milieu. Celle du roi d'Espagne est rehaussée de grands trèfles refendus, que l'on appelle souvent hauts fleurons, et couverte de diadèmes aboutissant à un globe surmonté d'une croix. La noblesse porte sur ses armoiries des couronnes qu'on appelle couronnes de casques ou couronnes d'écussons. Elles sont de différentes formes, selon les divers degrés de noblesse ou d'illustration. On en distingue de cinq sortes principales: 1°. la couronne ducale, toute de fleurons à fleurs d'ache ou de persil; 2°. la couronne de marquis, qui est de fleurons et de perles mêlées alternativement; 3°. celle de comte, composée de perles sur un cercle d'or; 4°. celle de vicomte est aussi un cercle avec neuf perles entassées de trois en trois; 5°, celle de baron, qui est une espèce de bonnet avec un collier de perles en bandes. Mais tout cela varie, et pour la forme des fleurons, et pour le

nombre des perles, suivant les différentes nations; et même, à l'exception des couronnes des ducs et pairs, les autres sont ordinairement au choix de ceux qui les mettent sur le timbre de leurs

armes.

dit

COURONNE D'ÉPINES. Le père Daniel que saint Louis dégagea à ses frais, la couronne d'épines de N.-S., qui avait été engagée par Baudouin, empereur de Constantinople, pour une très grosse somme d'argent, et qu'il la fit transporter en France avec beaucoup de pompe et de cérémonie. L'auteur de l'Histoire de saint Louis assure qu'elle subsistait de son temps, et que les épines en étaient toujours vertes. Quelques auteurs, après saint Clément d'Alexandrie, prétendent qu'elle était de ronce ex rubo; d'autres, qu'elle était de nerprun, ex rhamno; d'autres, d'épine blanche, et d'autres, de jonc marin.

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COURONNE D'OR (Problème de la ). Ce
fut au bain qu'Archimède trouva la solu-,
tion de ce problème, ou, pour mieux
dire, le principe qui, à l'aide du calcul
algébrique, en donne la solution. Voici
quelle fut l'origine de cette découverte.
Hiéron, son parent et son ami, parvenu
à la couronne de Syracuse, et voulant
laisser un monument de sa reconnais-
sance envers les dieux, à qui il croyait
devoir cette faveur, fit faire une cou-
ronne d'un grand prix, et en four-
nit l'or à l'ouvrier. Celui-ci apporta,
au temps marqué, une couronne d'or
du poids qu'il avait reçu: l'ouvrage fut
approuvé et fut placé dans le temple.
Bientôt après la fidélité de l'ouvrier fut
soupçonnée. Le roi voulut découvrir la
fraude, sans endommager l'ouvrage.
Archimède fut consulté, et tout plein
de cette pensée, en se trouvant au bain,
il s'aperçut qu'à mesure qu'il s'enfon-
çait dans la cuve, l'eau s'en allait par-
dessus les bords, et son corps devenait
moins pesant; alors ravi d'avoir trouvé
dans ce fait la solution du problème,
quelques auteurs racontent qu'il sortit
de l'eau, et que sans songer qu'il était

nu,
il se mit à crier dans les rues de Sy-

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racuse: Je l'ai trouvé, je l'ai trouvé. De retour chez lui, il prit deux lingots, l'un d'or pur, l'autre d'argent, chacun du poids de la couronne. Il plongea d'abord le lingot d'argent dans un vaisseau plein d'eau; elle s'écoula par-dessus les bords, à proportion du volume du lingot. Archimède ayant mesuré l'eau sortie du vaisseau, connut d'abord quelle quantité d'eau répond à une masse d'argent d'un certain poids. Après cette expérience, il remplit d'eau le même vase jusqu'aux bords, comme I la première fois, mesura ensuite l'eau qui venait de s'écouler, et trouya que le lingot d'or en avait fait moins sortir que le lingot d'argent. Il découvrit ainsi qu'il y avait une proportion entre les quantités écoulées et les volumes de deux lingots de métaux différens et de même poids. Cette première découverte était la plus difficile; le calcul fit le reste. Archimède ayant remarqué en plongeant, la couronne qu'elle faisait sortir plus, d'eau que le lingot d'or du même poids, reconnut qu'il y avait de l'alliage; et raisonnant ensuite sur les quantités d'eau écoulées aux expériences, il fit voir clai-: rement combien l'ouvrier avait mêlé d'argent à la couronne. Toutefois cette solution suppose que l'alliage n'était composé que de deux métaux, car dans le cas contraire le problème eût été indéterminé ou susceptible de plusieurs solutions.

COURONNE DE FER (Ordre de la ). « La couronne de fer est ainsi nommée, dit Mézeray, parce qu'elle est en effet d'un cercle de fer, mais recouvert d'une lame d'or. » On dit que la généreuse Teudelaine, fille de Garibal, duc de Bavière, celle qui, vers l'an 593, retira les Lombards de l'arianisme, la fit faire pour en couronner son mari Agilulfe. Mais cette opinion peut éprouver des contradictions, et l'on ne lira pas sans intérêt quelques remarques insérées dans le Journal des arts, des sciences, de littérature, et de politique, du 14 octobre 1808, sous le titre d'Anecdotes sur la couronne de fer, conservée à Pavié, et qui servait au sacre des em

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sur

pereurs pour leur inauguration au royaume comme rois de Germanie; la seconde, à d'Italie. « Le savant Muratori, dit l'au-Milan, comme rois d'Italie; et la troiteur de cet article, sera mon guide, sans sième, à Rome, comme empereurs. Or, m'astreindre cependant à suivre tou- les Milanais ont toujours conservé avec jours ses opinions. Il a fait imprimer, un respect religieux ce second ornement en 1698, à Milan, une dissertation sur sacré de la majesté impériale, depuis cette couronne. Avant de dire ce qu'il l'extinction du royaume d'Italie jusqu'à en pense, il expose les sentimens divers nos jours. Quelques auteurs ont donné des auteurs qui en ont parlé, et porte une autre interprétation à la couronne r tous le flambeau d'une critique ju- de fer, et je me souviens d'avoir lu dicieuse. L'opinion généralement répan- quelque part que cette épithète ferrea, de due dans les siècles reculés était que fer, lui vint de ce qu'elle inaugurait les ́cette couronne avait reçu la dénomina- braves, les héros dans la dignité royale. tion de couronne de fer, parce que la Quoi qu'il en soit, ni les trois savans bande de ce métal qui l'entoure était rédacteurs des chroniques d'Italie, ni formée de l'un des clous qui avaient Muratori lui-même, ne nous donnent servi à la passion de Jésus-Christ. Fonta- 'plus d'autres éclaircissemens sur la counini, savant archevêque d'Ancyre, se ronne de fer. Ils se contentent de nous déclara le défenseur de cette pieuse rapporter toutes les révolutions fameucroyance, et s'appuya, non seulement ses qui sont arrivées dans la région qui de la tradition, mais encore de plusieurs la conservait en dépôt, sans avoir jamais titres imposans. Il citait surtout l'acte de été la proie des vainqueurs, s'étant toucouronnement de l'empereur Char- jours soutenue au milieu des ruines, et ́les IV, à Milan, le 6 janvier 1355, le- en ne cessant de se mettre à l'abri du quel porte que ce prince fut couronné pillage, comme l'emblème sacré de la de la sainte couronne de fer, coronato royauté, lors même que la royauté n'édella santa corona del ferro. Mais Mura- tait plus. Mais quelle est l'origine de tori lui soutint que santa ne prouvait ici cette couronne, si long-temps soustraite rien en faveur du clou de la passion, à tous les regards? Quelle heureuse tête parce qu'on avait toujours donné l'épi- en fut ornée la première? A quelle épothète de saint et sacré aux ornemens qui que cessa-t-elle d'être en usage? Voilà servaient au sacre des empereurs et des ce qu'on trouverait sans doute dans les rois. Il va plus loin, et prouve que l'a- nombreuses annales du' pays, de ce bréviation sa pour santa, signifie aussi pays si fertile en hommes de lettres, très souvent seconda. Il le prouve, dis- cette patrie des vieux et braves Insuje, non seulement par des citations lati- briens, qui devint la conquête des Lomnes, mais encore par des actes italiens; bards et celle de Charlemagne, tombée car, 1°. Charles II, roi de Naples, est depuis aux Visconti, et conquise encore appelé dans la chronique de Caraccioli, par un valet de charrue, du village de Carolus sus pour secundus; 2°. le même Cotignol, en Piémont; par cet intréauteur, en parlant des trois filles de ce pide Sforce, qui se créa duc de Milan, prince, dit: la prima fù Clemenza, la sa et qui laissa ce beau duché comme un se chiamò Bayanza, et son second fils héritage à son bâtard, dont le sang fut Robert est aussi qualifié lo so figlio Ro- uni dans la suite à celui des plus granberto. Il résulte de là, suivant Mura- des maisons souveraines de l'Europe. tori, que sa corona del ferro ne signifie Combien d'autres faits semblables n'ofque la seconde couronne. Mais pour- frirait pas le Milanais dans ses guerres quoi la seconde? Le voici depuis le avec les Génois, et dans celles dont il grand Othon, les empereurs étaient fut si long-temps le théâtre entre la dans l'usage de se faire couronner trois France et l'Autriche, surtout dans celle fois la première, à Aix-la-Chapelle, où notre roi François Ier. fut fait prison

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nier par Charles-Quint, dans la plaine de Pavie, si près de la couronne de fer! Ces deux grands rivaux ne songeaient guère à cette couronne dans ce moment; ils ne pensaient qu'à vaincre. Mais les hommes de lettres, plus désœuvrés, ont tout le temps de la suivre dans les différentes retraites où elle a pu se réfugier. »

COURONNE DE FLEURS. Glycère, courtisane de Sicyone, se distingua tellement dans l'art de tresser ces sortes de couronnes, qu'elle en fut regardée comme l'inventrice.

COURONNEMENT. Voy. SACRE. COURRIER. Les anciens ont eu deux sortes de courriers : les courriers à pied, que les Grecs nommaient écoSpópa, c'est-à-dire courriers d'un jour, et les courriers à cheval, qui changeaient de chevaux à certaines distances. Pline, Cornelius Nepos et César parlent de quelques-uns de ces courriers à pied qui avaient fait vingt, trente, trentesix lieues et demie en un jour, et jusqu'à la valeur même de quarante, dans le cirque, pour remporter le prix. Xénophon attribue l'usage de ces courriers. Cyrus; Hérodote dit qu'il était ordinaire chez les Perses, et qu'il n'y a rien dans le monde de plus prompt que ces sortes de messagers. «< Cyrus, dit Xénophon, examina ce qu'un cheval pouvait faire de chemin par jour, et à chaque journée de cheval il fit bâtir des écuries, y mit des chevaux et des gens pour en avoir soin. Il y avait aussi dans chacune de ces postes un homme qui, quand il arrivait un courrier, prenait le paquet qu'il apportait, montait sur un cheval frais, et, tandis que le premier se reposait avec son cheval, allait porter les dépêches à une journée de là, où il trouvait un nouveau cavalier qu'il en chargeait, et ainsi de même jusqu'à la cour. >> Iln'est pas sûr que les Grecs ni les Romains aient eu de ces sortes de postes réglées avant Auguste, qui fut le premier qui les établit. On voit encore que sous Dioclétien il avait des relais établis de distance en

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distance. Lorsque Constantin eut appris la mort de son père Constance, qui gouvernait les Gaules et les îles Britanniques, il prit secrètement et nuitamment la poste pour venir lui succéder dans les Gaules, et dans chaque relais où il arrivait il faisait couper les jarrets des chevaux qu'il y laissait, afin qu'on fût hors d'état de le suivre et de l'arrêter. Après la

décadence de l'empire, les postes furent négligées en Occident; et le rétablissement en est dû à l'université de Paris, laquelle, pour le besoin des écoliers, établit des courriers ou messageries en France; et l'an 1462, le roi Louis XI établit les courriers et les postes par toute la France. Cependant l'université de Paris conservait toujours son droit sur les courriers et les messageries. Après bien des contestations, on en est venu, en 1719, à un accommodement. Cet établissement des courriers a passé ensuite dans les autres états, où il est regardé, ainsi qu'en France, comme un droit du souverain.

COURSE. C'était un des principaux exercices des jeux du stade chez les Grecs et de ceux du cirque chez les Romains. Ceux qui disputaient le prix de la course couraient à pied, ou à cheyal, ou montés sur des chars.

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La course à pied faisait une partie de l'éducation de la jeunesse à Lacédémone, à Athènes et à Rome. C'était par elle que commençaient les jeux olympiques, et ce seul exercice en faisait d'abord toute la solennité. Les spectacles du cirque, si célèbres chez les Romains, n'étaient dans l'origine que différentes courses à pied, auxquelles on joignit ensuite les autres combats athlétiques, à l'exemple des Grecs. Les coureurs se rangeaient tous sur une même ligne, en quelque nombre qu'ils fussent, après avoir tiré au sort la place qu'ils y devaient occuper. En attendant le signal pour partir, ils préludaient, pour ainsi dire, par divers mouvemens qui réveillaient leur souplesse et leur légèreté; ils se tenaient en haleine par de petits, sauts et par de pe

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tites excursions, qui étaient comme autant d'essais de l'agilité et de la vitesse de leurs jambes. Le signal étant donné, on les voyait voler vers le but avec une rapidité que l'oeil avait peine à suivre et qui devait seule décider de la victoire : car les lois agonistiques leur défendaient, sous des peines infamantes, de se la procurer par aucun mauvais moyen. Il y a eu dans l'antiquité, tant chez les Grecs que chez les Romains, des coureurs qui se sont rendus célèbres par leur vitesse. « On admirait, dit Pline, comme quelque chose de merveilleux que Phidippide eût parcouru en deux jours les onze cent quarante stades qu'il y a d'Athènes à Lacédémone, jusqu'à ce que l'on vit Anystis, de cette dernière ville, et Philonide, coureur d'Alexandre-le-Grand, faire en un jour douze cents stades en allant de Sicyone à Elis. Sous le consulat de Fontéius et de Vipsanus, du temps de Néron, un enfant de neuf ans fit soixante-quinze mille pas en courant depuis midi jusqu'au soir. » Pline ajoute que l'on voyait de son temps certains coureurs, parcou rir dans le cirque l'espace de cent soixante mille pas. « L'admiration d'une vitesse şi prodigieuse augmentera (continue-t-il ) si l'on fait réflexion que lors que Tibère se rendit en Germanie, auprès de son frère Drusus, malade à l'extrémité, il ne put y arriver qu'au bout de vingt-quatre heures, quoique le trajet ne fût que de deux cent mille pas, et qu'il courût à trois chaises de poste avec une extrême diligence. »

La course à cheval était fort en usage en Grèce, et quoiqu'elle ne fût pas si célèbre

quç celle des chars, les personnes les plus considérables, comme les princes et les rois, recherchaient avec empressement la gloire d'y remporter le prix. Elle n'était pas moins estimée à Rome, où elle faisait une partie des spectacles du cirque et des jeux funèbres.

Les courses de chars faisaient les plus brillans spectacles de tous les jeux de la Grèce, surtout des olympiques.

On peut dire la même chose de ceux du cirque à Rome. Les chars avaient la forme d'une coquille montée sur deux roues, avec un timon fort court, auquel on attelait deux, trois, quatre chevaux de front. Ces chars, à un certain signal, partaient tous ensemble dụ lieu qu'on appelait carceres; le sort avait réglé leur place, ce qui n'était pas indifférent pour la victoire, parce que devant tourner autour d'une borne, celui qui avait la gauche en était plus près que ceux qui étaient à la droite, et par conséquent avaient un plus grand cercle à parcourir. Il paraît par plusieurs endroits de Pindare, et surtout par celui de Sophocle, que l'on faisait douze fois le tour du stade. Celui qui avait plutôt achevé le douzième tour était le vainqueur. Le grand art était de prendre le point le plus propre pour tourner autour de la borne car, si le conducteur du char s'en approchait trop, il courait risque de s'y briser; et, s'il s'en éloignait trop aussi, son antagoniste le plus voisin pouvait le couper et prendre le devant. On sent bien que ces courses de chariots ne se faisaient pas sans quelque danger car, comme le mouvement des roues était fort rapide, et qu'il fallait friser le but en tournant, pour peu que l'on manquât à prendre le tour, le chariot était mis en pièces, et celui qui le conduisait pouvait être dangereusement blessé, comme on en voit un exemple dans l'Electre de Sophocle, qui fait une admirable description d'une course de chariot où dix personnes combattaient ensemble. Le faux Oreste, au douzième et dernier tour qui devait décider de la victoire, n'ayant plus qu'un antagoniste à vaincre, parce

que

tous les autres avaient été mis hors de combat, cut le malheur de briser une de ses roues coutre la borne, et étant tombé du char, embarrassé dans les rênes des chevaux, ils le traînèrent avec violence, et le mirent en pièces. Mais cela arrivait fort rement. C'est pour éviter ce danger que Nestor donne les avis suivans à son

ra

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