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fils Antiloque, qui allait disputer le prix de la course des chars : « Fais, mon cher fils, lui dit-il, approcher de la borne tes chevaux le plus près qu'il te sera possible. Pour cet effet, toujours penché sur ton char, gagne la gauche de tes rivaux, et en animant ton cheval qui est hors de ta main, lâche lui les rênes, pendant que le cheval qui est sous la main doublera la borne de si près, qu'il semblera que le moyeu de la roue l'aura rasée : mais prends bien garde de ne pas donner dans la pierre, de peur de blesser tes chevaux et de mettre ton 'char en pièces. » Chez les Grecs, on vit des dames disputer le prix à la course des chevaux et des chars, quoiqu'on soit porté à croire qu'elles ne couraient point en personne, mais qu'elles envoyaient à Olympie leurs chevaux avec un écuyer pour les conduire, parce que les mœurs et les usages des Grecs ne souffraient point que les femmes se donnassent en spectacle. On ne vit rien de semblable à Rome, au moins du temps de la république. Il n'en fut pas de même sous les empereurs, où les femmes et les filles se signalèrent dans le cirque à la course des chevaux et des chars.

COURTISANE. Les courtisanes semblent avoir été plus en honneur chez les Romains que parmi nous, et chez les Grecs que chez les Romains. Tout le monde connaît les deux Aspasies, dont l'une donnait des leçons de politique et d'éloquence à Socrate même; Phryné, qui fit rebâtir à ses dépens la ville de Thèbes, détruité par Alexandre, et dont les débauches servirent ainsi à réparer en quelque manière le mal fait par le conquérant; Laïs, qui tourna la tête à tant de philosophes, à Diogène même, qu'elle rendit heureux; à Aristippe, qui disait d'elle : « Je possède Lais, mais Laïs ne me possède pas; » enfin, la célèbre Léontium, qui écrivit sur la philosophie, et qui fut aimée d'Epicure et de ses disciples. Notre fameuse Ninon Lenclos peut être regardée comme la Léontium moderne;

mais il n'y en a pas eu beaucoup de semblables, et rien n'est plus rare parmi nous que les courtisanes philosophes, si ce n'est pas même profaner ce dernier nom que de le joindre au premier. Au reste, quand nous parlons de l'honneur que les Grecs rendaient aux courtisanes, nous n'en parlons que relativement aux autres peuples. On ne peut guère douter en effet que la Grèce n'ait été le pays où ces sortes de femmes ont été le plus honorées, ou, si l'on veut, le moins méprisées. Bertin, de l'académie royale des belles-lettres, dans une dissertation lue à cette académie en 1752, s'est proposé de prouver, contre une foule d'auteurs anciens et modernes, que les honneurs rendus aux courtisanes chez les Grecs ne l'étaient point par le corps de la nation, et qu'ils étaient seulement l'effet de l'extravagante passion de quelques particuliers. C'est ce que l'auteur entreprend de faire voir par un grand nombre de faits bien rapprochés, qu'il a tirés principalement d'Athénée et de Plutarque, et qu'il oppose aux faits qu'on a coutume d'alléguer en faveur de l'opinion commune.

COUSIN. Autrefois les rois ne traitaient de cousins que ceux qui l'étaient en effet; ils écrivaient, très cher et fidèle ami, aux pairs, aux grands officiers de la couronne et aux cardinaux. Ce ne fut que sous François I., environ l'an 1540, qu'ils commencèrent à faire des cousins de la plupart des grands constitués en dignité. Henri II est le premier de nos rois qui ait décoré les maréchaux et les ducs et pairs de ce titre d'honneur.

COUTEAU. « Les anciens, dit Goguet, n'avaient point de couteau : une espèce de poignard, qu'ils portaient toujours à la ceinture, leur en tenait lieu. >>

COUTIL. Cette grosse toile, quelquefois toute en fil, mais plus communément aujourd'hui en fil et coton, se fabriquait autrefois à Bruxelles, avec une supériorité incontestable: mainte nant, les manufactures de France riva

lisent au moins les produits étrangers. COUVRE-FEU. C'est ainsi qu'on nomme une cloche que l'on sonne encore très exactement à Londres, tous les soirs, à neuf heures. On attribue à Guillaume-le-Conquérant cet établissement qui remonterait à 1066. Au son de cette cloche, tous les habitans de Londres étaient avertis de l'obligation qu'il leur avait imposée, sous des peines très graves, d'éteindre sur-le-champ tous les flambeaux et toutes les lampes qui éclairaient leurs maisons. Le couvrefeu, comme nous avons dit, continue de se sonner exactement; mais les citoyens de Londres ne sont plus assujettis, comme autrefois, à la rigueur de ce règlement.g

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COUVRE-FEU. La loi du couvre-feu, établie en Angleterre au XI. siècle, fut admise en France; elle obligeait chaque habitant, après huit heures du soir, d'éteindre, au son de la cloche, son feu et sa lumière. Il y avait autrefois à Notre-Dame une cloche appelée le couvre-feu, qui avertissait, tous les soirs, les habitans de Paris de se conformer à cette loi. Sauval dit, d'après le LivreVert du Châtelet, qu'au son de la même cloche, toutes les femmes publiques étaient tenues de sortir des lieux affectés à leur débauche. "}

COUVRE-PLAT. Couvercle qu'on place sur les plats pour les garantir de la poussière et des mouches qui pourraient y venir déposer leurs œufs. Mme. Adhémar, de Paris, eut l'heureuse idée, en 1824, d'en fabriquer en toile métallique, bombée en demi-sphère.

CRANE. Un des principaux objets des lois chez les druides était les devoirs qu'on devait rendre aux morts: c'était honorer leur mémoire que de conserver leurs crânes, de les faire entourer d'or et d'argent, et de s'en servir pour boire. · (Mémoires de l'académie des belles-lettres.) CRATERE vient du latin cratere, ablatif de crater, mot qui désignait chez les anciens un large vase où ils mettaient le vin dans leurs festins, et où ils puisaient pour remplir leurs coupes. Par

similitude on appelle aussi cratère une ouverture profonde dans la terre, telle que la bouche d'un volcan.

CRAVATE. C'est aux Croates, qu'on appelait en France Cravates, que nous devons la cravate: ce fut en 1636 qué nous empruntâmes d'eux cet ajustement de mousseline ou d'autre étoffe qui se met autour du cou. A cette époque, la guerre que nous avions avec l'empereur d'Allemagne établissait des rapports entre nous et les peuples de la Croatie.

CRAYONS DE CONTÉ. La France, mise en quarantaine par la térreur qui dominait les cabinets de l'Europe, se trouvait privée des objets étrangers, nécessaires à ses besoins. Les arts réclamaient les matières qui seules peuvent les alimenter, les accroître et les étendre. Bientôt le génie, aidé des mɔvens que lui fournissait la science, satisfit i tous nos besoins; et la France, entourée d'ennemis qui voulaient la faire disparaître du rang des nations, enfanta des prodiges. Ce fut à cette époque, c'està-dire vers 1795, que Conté, sur la demande du gouvernement, créa un nouvel art ; et non seulement son pays lui dut des crayons aussi bons que ceux d'Angleterre, mais il sut aussi en varier les qualités, et les approprier aux divers usages

des arts. Il prit un brevet d'invention où sont exposés, avec précision et clarté, les procédés dont il faisait usage. Voyez en la description dans le Journal des connaissances usuelles et pratiques, par M. le comte de Lasteyrie, une des entreprises les plus utiles qu'ait pu former l'amour du bien public; année 1825, tome 1, page 199.99

CREPE. Cette étoffe, qui n'est connue en France que depuis l'année 1667, a été inventée à Bologne en Italie.

CRESSON. Cette plante vient de la Crète; sans doute le cresson alénois que l'on cultive dans les jardins, et non pas celui dont sont remplis les fontaines et les ruisseaux.

CRETONNE. Les toiles appelées eretonnes, qui se fabriquent à Lisieux et

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CRI D'ARMES ou CRI DE GUERRE. « Le cri d'armes, dit M. Blanchard (Beautes de l'Histoire de France, page 161, Paris, 1813), était une clameur belliqueuse, prononcée au commencement ou au fort du combat par un chef qu par tous les soldats ensemble, suivant les rencontres. » Le cri de la maison royale de France était, Mont-Joie! saint Denis! Ce cri servait aussi aux chevaliers pour se faire connaître dans les batailles et dans les tournois. On trouve dans l'antiquité des traces de cette coutume,, et surtout bien expressément dans l'Écriture, au livre des Juges, chapitre vi, où Gédéon donna pour mot ou cri de guerre, aux soldats qu'il menait contre les Madianites, ces paroles: Domino et Gedeoni, au Seigneur et à Gédéon. Chez les modernes, le cri de guerre et la bannière servaient à mener les troupes à la guerre et à les rallier. « L'écuyer d'honneur, dit La Curne de Sainte-Palaye, portait à la guerre la bannière de son maître, et criait le cri d'armes du même seigneur. » Il y avait donc autant de cris qu'il y avait de bannières ou d'enseignes; mais, outre ces cris particuliers, il y en avait un général pour toute l'armée, et c'était celui du général, ou du roi, quand il s'y trouvait en personne. Quelquefois il y avait deux cris généraux dans une même armée, lors qu'elle était composée de deux différentes nations: ainsi, dans la bataille donnée entre nri de Traustamare et Pierre-le-Cruel, en 1369, les Espagnols du parti de Henri crièrent: Castille au roi Henri! et les Français auxiliaires, commandés par Bertrand du Guesclin, prirent pour cri: Notre-Dame, Guesclin! Le cri général se faisait unanimement par tous les soldats en même temps, à l'instant de la mêlée, tant pour implorer l'assistance du ciel que pour s'animer

au combat les uns les autres; et les cris particuliers servaient aux soldats à s'entre-reconnaître, et aux chefs à démêler leurs soldats, à les tenir serrés autour de leur bannière ou à les rallier en cas de besoin. Dans les tournois, c'étaient les hérauts d'armes qui faisaient le cri, lorsque les chevaliers devaient entrer en lice. Le cri de la famille appartenait toujours à l'aîné, et les puînés ne prenaient le cri de leur maison qu'en y ajoutant le nom de leur seigneurie. Charles VII ayant établi des compagnies d'ordonnances vers l'an 1450, et dispensé les seigneurs bannerets d'aller à la guerre, accompa gnés de leurs vassaux, le cri d'armes a cessé d'être en usage ; il ne s'est conservé que dans les armoiries, auxquelles on a souvent joint le cri de la maison.

CRIC. On ignore quel est l'inventeur

de cette espèce de roue de fer qui, l'aide d'une manivelle, sert à lever de pesans fardeaux; mais cette machine, très utile et très ingénieuse, n'était pas sans danger, puisque la roue, sujette à s'échapper, pouvait, par le mouyement rétrograde de la manivelle, ou par le poids du fardeau qui retombait, causer les plus funestes accidens; on a trouvé le moyen de remédier à ce grave inconvénient, en construisant une espèce de cric qui n'est pas susceptible d'échapper.

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CRIMÉE, ou Krim-Adassi (ile de Fig. Krim), CHERSONÈSE TAURIQUE, presqu'ile de Russie, en Europe, dans le gouvernement de Tauride, dont elle occupe la partie méridionale; divisée en deux parties distinctes par le plus grand cours d'eau nommé le Salghir, et attachée au continent, vers le nord, par l'isthme de Pérékop. Cette petite portion du globe offre des indices certains des révolutions physiques qui ont contribué à sa formation. Dans la partie méridionale, on rencontre des groupes de rochers calcinés, différens produits volcaniques, de profonds abîmes, et en plusieurs endroits des caux bitumineuses et sulfureuses, qui prouvent l'action

de volcans éteints et de fréquens tremblemens de terre. La partie sud-est, préservée des vents du nord par les montagues qui s'étendent parallèlement à la mer Noire, jouit d'un climat fort doux et d'un air salubre, et offre un séjour d'autant plus agréable qu'il est embelli par l'aspect d'un sol pittoresque et fertile. On y récolte en abondance du blé, de l'huile, du lin, du chanvre, du tabac, et tous les fruits des contrées méridionales de l'Europe, indépendamment de ceux qui sont particuliers au pays. La Crimée nourrit de nombreux troupeaux de bœufs, de buffles, de chameaux, de chevaux, de chèvres, et de moutons de trois espèces, dont une donne ces belles peaux d'agneaux grises et noires si recherchées dans le commerce. On Y redoute la tarentule, le centipède, le scorpion et des nuées de sauterelles qui sont le plus terrible fléau du pays. Le règne minéral y est très pauvre; il n'offre que des pierres calcaides pierres calcaires, du grès, et une espèce de terre à foulon, appelée par les Tartares, keffkil(écume de mer), dont on fait des pipes, etc. La population de la Crimée, autrefois si nombreuse, a graduellement diminué par suite des guerres dont ce pays a été le théâtre. Cependant, depuis la fin du dernier siècle, de cent soixante mille individus qu'elle était, elle s'est beaucoup accrue par des colonies de Grecs et d'Allemands. La majeure partie se compose de Tartares, le reste, de Grecs, d'Arméniens, d'Allemands, de Bulgares, de Moraves, de Russes et de Juifs. La Crimée était anciennement habitée par les Tauriens, d'où lui est venu le nom de Tauride ou Taurique. Les Grecs s'y établirent vers le milieu du VI. siècle avant JésusChrist, et y bâtirent plusieurs villes. Environ cent ans après, ils fondèrent le petit royaume de Bosphore qui envahit peu à peu toute la Péninsule, et qui tomba successivement au pouvoir de Mithridate, roi de Pont, des Alains et des Goths, sous la domination desquels le christianisme y fut introduit. Enfin

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envahi par les Huns, il cessa d'exister sous leur empire vers la fin du IV, siècle de l'ère chrétienne. A cette époque les Ongres ou Hongrois se rendirent maîtres de la Tauride; mais ils en furent expulsés dans le VI. siècle par l'empereur Justinien qui, cependant, ne put rendre à ce pays qu'une tranquillité de courte durée. En effet, en 679, les Khozares le subjuguèrent, et l'empire d'Orient n'y conserva qu'une ombre de souveraineté. Ce fut alors qu'il prit le nom de Khozarie ou Gatzarie. A la fin du X. siècle, ces barbares furent complètement soumis par Vladimir, fils du grand duc Sviatosloy; mais ensuite cette presqu'ile devint le théâtre des guerres les plus cruelles entre les souverains de Constantinople et de Russie, et finit par tomber, en 1237, sous le joug des Tartares de l'empire du Captchak, conduits par Nogai, un des descendans de Tchinghis-Khan. Au démembrement de cet empire la Crimée resta sous la dépendance des Tartares Nogai, et emprunta son nom de la ville de Crim par laquelle se faisait son principal commerce nom qui rappelle celui des Cimbres ou des Cimmeriens. Depuis la domination des Latins à Constantinople, les Grecs et les Vénitiens étaient en possession du commerce de cette contrée; mais dès 1261, les Gênois parvinrent après de sanglans combats à se rendre les maî

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tres de presque tout le pays, et firent de Kéfa, qu'ils bâtirent sur l'emplacement de l'ancienne Théodosie, l'entrepôt d'un commerce considérable. Au XV. siècle les Tartares, jusqu'alors désunis, s'allièrent aux Turcs et ne tardèrent pas à ruiner les établissemens des Gênois. En 1475, Mahomet II, profitant de leur nouvelle mésintelligence, réunit la Crimée sous sa dépendance, en laissant à un Khan le gouvernement du pays. Trois siècles environ s'écoulèrent dans cet état de choses, pendant lesquels le commerce de cette contrée fut entièrement anéanti, et l'entrée de la mer Noire fut interdite à toutes les puissances de l'Europe. En 1783, les Turcs ayant

chaient en vain à notre luxe et à notre avarice, tout obéit aux mêmes règles; et, parmi les innombrables métamorphoses que subissent tant de substances, il n'en est aucune qui ne soit consignée d'avance dans les formules de M. Haüy. Un de nos illustres confrères a dit avec raison qu'il n'y aura plus ́ un autre Newton, parce qu'il n'y a pas un second système du monde; on peut aussi, dans une autre sphère plus restreinte, dire qu'il n'y aura point un autre Haüy, parce qu'il n'y aura pas une deuxième structure des cristaux. »

CRISTAUX (Art de tailler les). Cet art nous vient de Bohême; il fut importé en France, il y a environ soixante-dix ans, par un nommé Bucher, qui se fixa à la verrerie de Saint-Quirin, dont les produits étaient alors plus en usage que le cristal. Aujourd'hui l'on grave et l'on taille les cristaux avec plus de promptitude depuis la découverte de l'acide fluorique, trouvé par Scheele en 1771, perfectionné par MM. Gay-Lussac et Thénard.

forcé le Khan d'abdiquer, Catherine II parvint, par la force des armes, à réunir cette contrée à ses états, et la paix de 1791 lui en assura la possession. Cette conquête, malheureusement accompagnée de dévastations de toute espèce, fut un fléau pour les villes les plus populeuses et les plus florissantes : la population et les monumens de l'ancienne Grèce disparurent presque entièrement de la Crimée; et aujourd'hui ce pays présente à peine quelques vestiges de ces précieux restes d'antiquité. CRISTALLOGRAPHIE. (L'art d'observer, de connaître et de décrire la forme géométrique des cristaux.) La grande découverte de la structure des cristaux qui composent les minéraux est due au savant et modeste Hauy, mort le 1 r. juin 1822, à l'âge de soixante-dixneuf ans. Voici comment le célèbre Cuvier, dont les sciences déplorent la perte, la présente dans le discours qu'il a prononcé aux funérailles de son confrère. « Au milieu d'occupations obscures et laborieuses, une idée vint sourire à M. Hauy une seule, mais lumineuse et féconde. Dès-lors il ne cessa de la suivre; son temps, les facultés de son esprit, il lui consacre tout pour elle il étudie la minéralogie, la géométrie, la physique; il semble vouloir devenir un homme tout nouveau. Mais aussi quelle magnifique récompense accordée à ses efforts! Il dévoile la secrète architecture de ces productions mystérieuses où la matière animée paraissait offrir les premiers mouvemens de la vie, où il semblait qu'elle prêt des formes si constantes et si précises, par des principes analogues à ceux de l'organisation. Il sépare, il mesure par la pensée les matériaux in

visibles dont se forment ces étonnans édifices; il les soumet à des lois invariables; il prévoit, par le calcul, les résultats de leurs assemblages, etc. Parmi des milliers de ces calculs, aucun ne se trouve en défaut. Depuis ce cube de sel, que, chaque jour, nous voyons naître sous nos yeux, jusqu'à ces saphirs et ces rubis, que des cavernes obscures ca

CROISADES. On a donné ce nom aux expéditions que les chrétiens ont entreprises contre les infidèles pour la conquête de la Terre-Sainte, parce que ceux qui s'armèrent pour y prendre part s'appelèrent croisés, de la croix d'étoffe rouge que chacun d'eux attacha, comme un signe de reconnaissance, sur son épaule droite ou à son chaperon. Ce fut Pierre l'Ermite qui le premier prêcha la croisade. Pierre l'Ermite, gentilhomme français, originaire d'Amiens ́en Picardie, quitta la profession des armes pour embrasser la vie d'ermite, et la vie d'ermite pour celle de pélerin. Il fit un voyage en Terre-Sainte, vers 1093 : à son retour, il fit un tableau si déplorable des maux qu'il avait vu endurer aux chrétiens dans ces contrées, que le pape Urbain II l'envoya de province en province pour exciter les princes à se croi'ser, dans la vue de délivrer les fidèles de l'oppression. Ce petit homme, avec un ton grossier et une mine rebutante, vint pourtant à bout de persuader: il vit

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