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faite dans la grande salle de la préfecture, qui était décorée du buste du Roi.

Les travaux du pont d'Agen qui étaient suspendus depuis l'année

une grande rapidité à ceux qui étaient voisins du lieu de la chute, et paraissait stationnaire à ceux qui, comme moi, se trouvoient éloignés de quatre à cinq lieues vers le sud. En avançant directement vis-à-vis de ces derniers, il devoit en effet leur paroitre immobile jusqu'à ce que l'explosion lui fit prendre une autre forme, et que, s'approchant de leur zénith, ils pussent juger de son mouvement progressif. Ce nuage seroit donc le produit des gaz développés du sein de la masse, qui ont d'abord formé autour d'elle une sphérule de vapeur, et qui, venant à se raréfier de plus en plus, à mesure que cette masse approchoit de la surface de la terre, ont causé cette explo-" sion. Au reste cette explosion a du s'effectuer, comme je l'ai déjà dit, dans une région assez élevée de l'atmosphère, puisque le vent n'a point atteint le petit nuage, et que les fragmens de la masse ont été dispersés en divergeant sur le territoire de quatre communes, dans un rayon au moins de cinq grands quarts de lieue d'étendue. Si de pareils nuages n'ont pas toujours été remarqués simultanément avec les météores de ce genre, depuis qu'on les observe avec soin, c'est qu'il est peu de ces météores qui se soient manifestés dans un ciel aussi serein, et que d'autres nuages ont pu être confondus avec celui qui les accompagnoit.

«En terminant cette notice, qu'il me soit permis de revenir sur le nom d'aréolithe, qu'on donne communément aux pierres météoriques. Cette dénomination ne me semble pas la meilleure qu'on puisse employér. En effet, on'est loin d'être certain que ces pierres soient formées dans l'air ou avec de l'air. L'élévation du météore qui les produit ayant été observée jusqu'à 30 lieues et même 50 lieues de hauteur, prouve qu'elles n'ont rien de commun avec le fluide qui entretient la vie à la surface du globe. Le nom d'uranolithe m'a paru depuis longtems mieux convenir à ces corps, dont l'origine, à la vérité, nous est inconnue, mais qui tendent vers la terre à travers cet espace où se meuvent les astres, et qu'on est communément convenu d'appeler le ciel. Cette dénomination formée d'uranos et de lithos doit donc, à mon avis, mériter la préférence sur celle d'aréolithe qui offre à l'esprit moins de précision. Quelques physiciens l'ont d'ailleurs adoptée lorsqu'elle leur a été connue. Je l'ai consignée pour la première fois dans le premier volume de vos Mémoires. >>

Ce Mémoire, ou plutôt le phénomène qui en avait été l'occasion, donna lieu à toute une série d'articles polémiques dont les principaux étaient dus à deux membres distingués de la Société d'agriculture, Vigué, de Saint

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dernière, vers le commencement de l'automne, sont repris par ordre du gouvernement, le 22 Décembre 1814.

Le 3 Octobre, arrivée d'un bataillon du 45° régiment d'infanterie. Le 8 de ce même mois, il est réparti dans les chefs lieux d'arrondis sement et du département. 1 Aabar..

Maurin et J.-B. Pérès. A la formelle assertion du premier qui prétendait que la désagrégation du bolide s'était faite à deux ou trois lieues de hauteur verticale et qui soutenait, pour fonder cette assertion, que la région où le phénomène avait eu lieu, ne dépassait l'horizon que d'environ 22 degrés, le second répondit par une lettre où se retrouvent la clarté, la précision, l'enchaînement logique des idées qui caractérisent le Grand Erratum, source d'un nombre infini d'errata.' Les observations de Vigué ayant paru dans le Journal de Lot-et-Garonne, la lettre de Pérès dut s'adresser à la même feuille, qui la donna en supplément avec le numéro du 19 novembre. Pérès y veut prouver et y prouve : 1° que M. Vigué a pu se tromper; 20 qu'il s'est trompé ; 3° qu'il devait inévitablement se tromper. Nous allons résumer ses arguments.

M. Vigué a pu se tromper. Il a basé son assertion sur l'estimation de l'angle que le bruit de l'explosion faisait ou lui paraissait faire avec la ligne horizontale; or, des milliers d'échos pouvant réfléchir le son, les rayons sonores doivent se croiser et se confondre de manière à rendre très difficile l'exacte détermination du point d'où est parti le son primitif.

M. Vigué s'est trompé. M. de Saint-Amans, MM. Pérès d'Espiemont, d'autres observateurs voisins, ont constaté de visu qu'à un certain moment sur lequel ils sont d'accord, le nuage bolidien se trouvait presque à leur zénith. Cela infirme absolument l'assertion de M. Vigué, uniquement fondée sur l'ouie, qu'au même moment le dit nuage se trouvait près de l'horizon. M. Vigué devait inévitablement se tromper. M. de Saint-Amans et M. Lamouroux ont vu à leur nord le dit nuage, ce qu'admet leur contradicteur. Un vent du nord, 'très violent, soufflait, ce qui n'est pas davantage contredit. Il résulte de cette double et très sûre observation que le vent et le bruit de l'explosion, venus du même côté et pour ainsi dire l'un dans l'autre, sé dirigeaient vers M. Vigué. Cela étant, il a dû, de bonne foi, attribuer au bolide une hauteur de beaucoup moindre que sa hauteur réelle ; car, le son ayant l'air pour véhicule, participe nécessairement à son mouvement de translation, qui le retarde ou l'accélère, suivant les rapports de leurs directions propres.

1 Voir dans la Revue de l'Agenais, année 1877, aux Souvenirs d'un Bibliophile, la biographie de Pérès.

Au commencement de ce mois, il est arrivé à Agen un grand nombre d'officiers de tout grade et de soldats espagnols des régiments au service du Roi Joseph, qui ont été congédiés. Ils n'osent ni ne peuvent revenir dans leur patrie dont l'entrée leur est interdite. Ils se trouvent dans le même cas que les familles de cette nation qui se réfugièrent en France au mois du Juillet 1813, dont j'ai déjà parlé à cette date. Ces militaires reçoivent du Gouvernement français la demi-solde de leur grade. Le Préfet les a distribués dans les arrondissements et petites villes du département.

Une loi du 17 Septembre 1814 porte que les travaux ordinaires seront interrompus les dimanches et jours de fêtes reconnues par les lois de l'Etat. En conséquence, il est défendu, lesdits jours, aux

mer

Ici je cite textuellement pour ne point trahir Pérès en voulant le résu« le mouvement du son a dû se composer de deux mouvements: de celui qu'il aurait eu en un temps calme et de celui du vent qui soufflait alors. En vertu de ce double mouvement, le son a dû suivre une route composée d'un nombre infini de petites lignes droites, dont chacune se rapprochait de l'horizontale un peu plus que de la précédente; d'où il suit que la première de ces petites lignes était beancoup plus éloigné de l'horizontale que la dernière. Or, cette dernière est celle qui est parvenue à l'oreille de M. Vigué et c'est par sa direction qu'il a jugé de la hauteur du bolide. Donc, il a estimé cette hauteur moindre qu'elle ne l'étoit réellement et cette erreur étoit inévitable, dès qu'il vouloit mesurer, par le rayon sonore, la hauteur du bolide sur l'horizon. »

Pérès conclut, comme Saint-Amans, Lamouroux et les Pérès d'Espiémont, que l'angle sous lequel les bolides sont tombés, est, non pas de 22, mais de 68 degrés.

Plusieurs fragments du bolide auquel se rapporte cette note tombèrent dans les communes limitrophes de Castelmoron et de Monclar. A la première appartenoit celui qui tomba au Breton, propriété de M. Peugnères, passée à M. Delzolliez; il pesait 9 kilos au moment de sa chute. Un second, aujourd'hui égaré, tomba au Gascou, chez M. Doche. Un troisième fut recueilli sur la terre de Bordebasse, par M. Hauradou père, et figure actuellement dans la belle collection d'aérolithes formée au Museum d'histoire naturelle par les soins de M. Daubrée. Il fut acquis au compte de l'État et au prix de 300 fr. par notre ami Gustave Bourières, le 25 janvier 1864. Son poids est de 3,950 grammes.

marchands d'étaler et de vendre, ayant les ais et volets des boutiques ouverts; aux colporteurs de porter et d'exposer en vente leurs marchandises dans les rues et places publiques; aux artisans et ouvriers de travailler extérieurement et d'ouvrir leurs ateliers; aux maitres de billard, de donner à jouer pendant le temps de l'office divin, etc. Les lois et règlements de police à ce sujet, étaient déjà en vigueur à Agen, depuis le milieu du mois d'Août, par l'ordre de M. le Maire, sous la surveillance du commissaire de police.

En exécution d'une ordonnance du Roi, du mois d'Octobre de cette année, qui établit, dans chaque département, une école ecclésiastique dont les archevêques et évèques nommeront les instituteurs, et où ils feront élever les jeunes gens destinés à entrer dans les grandsséminaires, Mer l'Evêque d'Agen, organise cette école pour son diocèse. Elle s'ouvre et commence ses exercices dans les premiers jours du mois de Novembre. Elle est placée provisoirement dans le local du Grand-Séminaire, rue Porte-Neuve.1

M. le comte de Lacépède, allant en Provence avec sa fille adoptive et son gendre, est arrivé, le 18 Octobre à Agen, lieu de sa naissance, il y a séjourné environ huit jours.

Le caisson de la seconde pile du pont d'Agen, a été mis sur pilotis le 27 Octobre 1814. Cet ouvrage va bien lentement; il est aisé de prévoir, vu l'état des choses, qu'il sera long à finir.

Le 150 régiment de chasseurs à cheval, arrive le 16 Novembre; il a été caserné, après le départ du 45° régiment qui est parti pour Cahors, le 18 du même mois.

Le 27 Novembre, jour de dimanche, le 15 régiment de chasseurs à cheval va en corps, à la messe, pour la première fois, dans l'église de Notre-Dame. Le général Gaussart et tous les officiers du régiment y assistent aussi.

Le 19 Décembre, M. de Forcade, fils d'un conseiller de l'ancien Parlement d'Aix en Provence, arrive à Agen, envoyé par le Gouvernement. On n'a pas trop su quel était l'objet de sa mission; on le disait chargé de connaître l'esprit public. Il est parti le 29 Décembre.

'Local actuel du Petit-Séminaire.

Pendant la foire de Saint-Antoine, qui, cette année, a commencé le 12 décembre, on montrait dans la maison du sieur Lavigne, vis-àvis du bureau des diligences, un phoque femelle, poisson très-curieux, remarquable surtout par son intelligence et par sa docilité à exécuter sur le champ tous les ordres de son maitre; il s'approche de lui, lorsqu'il l'appelle, lui présente la patte, le baise, se tourne et se retourne en tous sens, et fait différentes gentillesses très surprenantes. Sa longueur est d'environ huit pieds, il a de très beaux yeux; son museau et sa moustache sont ceux d'un tigre; il a deux pattes; son corps est couvert d'un poil fin et se termine par trois queues différentes. Il est enfin tel que Buffon l'a dépeint dans son histoire des quadrupedes, car cet animal est amphibie. Presque tous les habitants d'Agen et les étrangers qui étaient venus à la foire, sont allés le voir. Il était dans une caisse où il y avait huit pouces d'eau et dans laquelle on le transportait en voyage.

On faisait voir aussi pendant la même foire un très beau tigre, un glouton, et une jeune lionne déjà très grande. La ménagerie était dans le magasin de M. Abadie,' marchand de bois, au même faubourg.

Le 26 Décembre, le 15e régiment des Chasseurs à cheval, en garnison dans cette ville, ayant reçu du Roi un étendard aux armes de France, le colonel l'a fait bénir, le 26 Décembre, avec toute la pompe dont cette cérémonie est susceptible. On avait dressé à cet effet, sur le Gravier, une large estrade, où était placé Mer l'Evêque, revêtu de ses habits pontificaux. Il s'y était rendu en carrosse avec un vicaire général et deux chanoines, auxquels se réunirent ensuite plusieurs prètres qui étaient partis processionnellement de l'église Notre-Dame. M. le Préfet, M. le général Gaussard, M. Forcade, commissaire du gouvernement, la Mairie, la Cour Royale et tous les Tribunaux y avaient été invités et y assistèrent avec leurs costumes. La cohorte urbaine, en grande tenue, drapeau déployé, ayant à sa tête un corps. de musiciens, occupait un des côtés du Champ-de-Mars. Le régiment

La maison Abadie fut achetée en 1832 par M. Faucon, avoué, qui la démolit et fit construire sur son emplacement celle qu'habite actuellement M V Périé-Nicole.

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