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ANECDOTES HISTORIQUES SUR LIMOURS

DESCRIPTION DE LIMOURS

Limours est qualifié ville dans le dénombrement publié en 1745, par le sieur Doisy, et dans le dictionnaire géographique par M. Vosgien, chanoine de Vaucouleurs, édition de 1759, page 389, et dans plusieurs titres d'héritages qui sont dits tenir aux murs de la ville; cependant il ne reste aucun vestige de ces murs, mais si l'on considère les changements que les embellissements faits au château et l'agrandissement de son parc ont occasionnés en différents temps, on ne sera pas surpris qu'il n'y paraisse ni murs ni portes, néanmoins ce qui ferait croire qu'il n'y en a point eu, c'est que la tradition du pays est que du temps qu'Henri IV faisait le siège de Paris, le château de Chevreuse était une de ses places d'armes, et que la garnison qu'il y tenait étant assez mal payée faisait de petits détachements de 20 et 30 hommes qui allaient à la picorée dans tous les environs, et les habitants de Limours, pour se défendre contre ces partis, fermaient les avenues de leur ville avec des tonneaux remplis de terre en forme de gabions, entre lesquels on fusillait.

Un autre événement où il est question de Limours, c'est que sous Charles IX, le prince de Condé qui prenait la qualité de Lieutenant général pour le Roi dans tout le royaume, et qui commandait une armée de huguenots forte de 9.000 hommes de pied et de 4.000 chevaux, marcha, le 9 décembre 1562, vers Paris, dans le dessein de donner deux

assauts, l'un au faubourg Saint-Marceau et l'autre au faubourg Saint-Germain, mais ayant été prévenu par le duc de Guise qui commandait l'armée royale et ne pouvant plus subsister autour de Paris, il fut obligé de reprendre le chemin de la Beauce il alla camper à Palaiseau et de là à Limours, puis au château de Saint-Arnoult; le 16, il alla camper à Ablis, puis à Gallardon et de là à Dreux, où il se donna à la bataille qu'il perdit.

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Tandis qu'il était à Limours, ses troupes se répandirent dans les environs et surtout à Pecqueuse, dont la seigneurie appartenait au prieuré de Long-Pont sous Montlhéry; elles détruisirent le village dont les habitants s'étaient sauvés dans les bois; il y avait près de là une terre appelée Hermeri aussi à ces moines, qui fut si bien détruite qu'elle a tout à fait disparu; il est parlé de cette terre dans le cartulaire de Long-Pont, à l'année 1100.

Cette petite ville de Limours consiste en une place carrélong, entourée de maisons qui se tiennent; une fort belle halle occupe le milieu de cette place; l'église paroissiale en termine le bout du côté du levant.

Elle n'est guère susceptible d'agrandissement, étant bornée du levant derrière l'église par le parc du château, au midi par le château et par un couvent de Picpus ', au couchant par la maison et parc de M. de Chavanne 2, conseiller de grand-chambre, et au nord par une butte appelée de temps immémorial la butte du Moulin-à-Vent.

La tradition est qu'il y en a eu un que les dégradations de la butte occasionnées par les ravins ont fait disparaître.

Un bourgeois de Paris, qui possède quelques biens dans la paroisse, vient, pour la commodité des habitants, d'y en faire construire un, avec une maison pour le meunier.

L'usage des moulins à vent est déjà assez ancien; l'on prétend qu'il a été apporté en Europe du temps des Croi

1 Aujourd'hui Me Grippon (F. L.). 2 Aujourd'hui M. de Vergès (F. L.).

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sades; il avait été imaginé en Orient pour suppléer au défaut d'eaux courantes '.

Un trait historique que l'on trouve dans l'Histoire du diocèse de Paris, article de la paroisse de Gonesse, doyenné de Montmorency, semble effectivement indiquer le temps des Croisades. Le voici :

Les religieux de Royaumont se plaignirent en 1275, au Parlement, qu'un moulin à vent (qu'ils qualifient de nouvelle machine), que Pierre de Belloi venait de faire édifier sur sa terre, faisait tort à leurs moulins sur la rivière de Croult à Gonnesse, ils ne furent point écoutés. Le Parlement jugea que chacun était maître sur sa terre.

Pour en revenir au nouveau moulin à vent de Limours, il ne sera pas hors de propos de rapporter ici les vers que le P. Bruno, religieux Picpus du couvent de Limours, a faits sur ce moulin 2.

« Passant, vois ce moulin et lis cette apostille.
« Prévost pour l'élever n'écouta que son cœur.
« Il plaît à la princesse 3, est utile à la ville.
«Dans ce double motif il trouve son bonheur.

Dans le dictionnaire ci-dessus cité, Limours est dit situé à huit lieues sud-ouest de Paris, dans le Hurepoix : ce pays aujourd'hui fort petit et peu connu, était du temps de Charlemagne plus considérable, suivant ce qui en est dit dans le premier volume de juillet 1777 de la Bibliothèque des romans, page 169, qui lui donne Dourdan pour sa capitale, et ajoute qu'il semble que le Maine et l'Anjou en faisaient partie du temps de ce prince.

Maintenant le Hurepoix est bordé, au nord, par le Pince

1 V. le Manuel du meunier. Ed. de 1755, p. 6.

C'est par erreur, ces vers sont de M. Barrois, ancien payeur des rentes.

3 Son Altesse Mm la comtesse de Brionne, à présent comtesse de Limours.

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