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rais, autre petit pays dans lequel était le Val de Galia, aujourd'hui Versailles et ses environs; au levant, par le pays de Châtre; au midi, par le pays Étampois, et au couchant par la Beauce.

Limours, suivant M. l'abbé Leboeuf dans son Histoire du diocèse de Paris, tome IX, p. 179, était nommé anciennement Limoux et Limors, que l'usage aujourd'hui fait écrire Limours; il cite à ce sujet une charte du roi Childebert, de l'an 703, rapportée dans la diplomatique de dom Mabillon, dans laquelle il est parlé de Limoux au pays Étampois, ce qui doit s'entendre de notre Limours, qui n'est éloigné d'Étampes que de cinq lieues. Et le pays Étampois a été jadis beaucoup plus étendu qu'il ne l'est à présent.

Il cite encore la donation que fit, l'an 1091, Geoffroy, évêque de Paris, de l'église de Limours à Baudry, abbé de Bourgueil en Anjou, et ce lieu y est nommé Limors; l'on sait que dans ces temps-là il n'y avait guère que les moines. qui fussent un peu instruits; les évêques leur donnaient les cures à desservir; ils y établissaient une communauté plus ou moins nombreuse, suivant la grandeur de la paroisse, et ce sont ces petites communautés qui, n'ayant plus été nécessaires, sont devenues des prieurés simples, toujours attachés à l'abbaye dont elles avaient été tirées, et les abbés ont conservé la nomination à ces prieurés et aux cures, comme il se voit à Limours, dont le prieuré et la cure sont toujours à la nomination de l'abbé de Bourgueil.

ÉTYMOLOGIE DE LIMOURS

M. l'abbé Leboeuf cherche l'étymologie du nom de Limoux, Limors ou Limours, et il soupçonne qu'il pourrait avoir une racine celtique, mais il croit la trouver dans le mot limon, prétendant, d'après le sentiment de M. de Valois, que ce lieu

a pu tirer cette dénomination du terrain limoneux entretenu par sa situation dans un petit vallon et sur un torrent fangeux, ce qui n'est pas vrai de Limours; le vallon dans lequel est situé Limours est un fond de sable, sans aucunes sources, et même les puits, qui sont la ressource des habitants, y sont fort profonds; à l'égard du torrent, ce terme seul fait assez connaitre qu'il ne peut être fangeux, puisqu'il n'y coule que des eaux sauvages, qu'il ne charrie que du sable et qu'il est très sec vingt-quatre heures après que les pluies ou les fontes de neige ont cessé.

On est bien du sentiment de M. l'abbé Leboeuf' quant à la racine celtique, mais ce n'est pas dans le mot limon qu'il faut la chercher, mais bien dans ceux-ci: Li en langue celtique signifie lieu, à quoi joignant le mot latin Amor, cela fait d'Amour, ou lieu des Amours, d'où, par la suite des temps, on aura fait Limors, puis Limours; mais, dira-t-on, pourquoi ce lieu aurait-il été nommé lieu des Amours? Voici ce que l'on peut conjecturer.

Ce lieu était fort enfoncé dans la vaste forêt des Yvelines, qui était, comme on sait, la principale demeure des druides; il devait être fort solitaire et il pourrait se faire que du temps du paganisme il y eut en cet endroit un temple ou simplement une grotte dédiée à l'Amour ou aux Amours.

Ce que l'on avance ici sur ce nom, comme une conjecture, semble acquérir une réalité par les archives de l'abbaye de Bourgueil, où ce lieu est nommé Limors. Or, en 1091, l'on était plus voisin de l'étymologie de ce nom; l'on pourrait encore présumer que l'évêque de Paris ne se serait déterminé à faire don de l'église de Limours à cette abbaye que pour tâcher (par les instructions et les pieux exemples que les moines donnaient dans ces temps reculés) de déraciner quelques usages vicieux du paganisme qui se conservaient

dans ce canton.

Voir l'abbé Leboeuf sur Limours (Histoire du diocèse de Paris), t. III, édition de 1893, librairie de Féchoz et Letouzey, p. 430 à 437 (F. L.).

La paroisse de Limours, compris les écarts qui sont Chaumusson, le Pomeret, Roussigny et le Cormier, contient environ deux cents feux et à peu près six à sept cents habitants', ainsi qu'il vient d'être exposé par une requête à fin de translation du cimetière hors l'enceinte de la ville, conformément à la déclaration du roi, du 10 mars 1776.

L'ÉGLISE

L'église paroissiale est un bâtiment assez beau, construit en forme de croix, tout voûté mais sans ailes; le milieu de la croix est surmonté d'un petit clocherà flèche, garni de deux cloches; cet édifice a été construit sous le règne de François Ier; au portail sont les armes des Poncher, qui sont d'or au chevron de gueules, brisé en pointe d'une tête de nègre de sable bandée d'argent et accompagnée de trois coquilles de sable, deux en chef et une en pointe. Un Poncher était alors seigneur de Limours, comme il sera dit ci-après, et son frère, François Poncher, était évêque de Paris, qui mourut en 1532. Ainsi cette église a dû être bâtie entre 1515, que François Ier parvint à la couronne et sa mort; il y a dans cette église la chapelle seigneuriale à la droite du chœur, qui est titrée de sainte Anne, sans doute à cause d'Anne de Pisseleu, maîtresse de François Ier qui fut dame de Limours après Poncher.

On raconte par tradition qu'un garçon de Limours, qui s'était engagé revenant d'Italie où il avait servi plusieurs années, étant arrivé à la vue du clocher, hésitait s'il entrerait dans Limours qu'il ne reconnaissait plus, la nouvelle église ayant été bâtie et le château tout à fait changé pendant son absence; l'ancienne église avait un clocher terminé en calotte, avec un saint Michel dessus, le tout en plomb.

1 En 1869, la population était de 1.211 habitants; d'après le dernier recensement, elle est de 1207 aujourd'hui. Superficie: 1425 hectares (F. L.).

LA CHASSE DE SAINT MARC

On conserve dans cette église des reliques de saint Marc évangéliste qui furent, dit-on, apportées de Venise sur la fin du xive siècle par Jacques de Montmort, chevalier, chambellan du Roi et gouverneur du Dauphiné, qui était lors seigneur de Limours, auquel les Vénitiens les avaient données, en reconnaissance d'un secours considérable qu'il avait mené à la République contre les Génois.

Ces reliques sont dans une châsse de cuivre, sur laquelle est une figure de saint Marc, et au dessous ces mots :

MARCUS SACERDOS DISCIPULUS B. PETRI APOSTOLI

On y voit aussi trois écussons dont le premier, qui est à droite, porte mi-parti d'argent et d'azur bordé d'or, le deuxième qui est au milieu porte d'argent barré à cinq losanges de gueule et le troisième qui est à gauche porte comme le premier, sinon qu'il est bordé d'or dentelé; on ne sait pas de quelle maison est celui du milieu, mais les deux autres sont les armes de MM. de Montmort, comme il se voit sur leurs tombeaux dans l'église de Trappes.

Cette châsse occasionna un très grand et très long procès entre l'église de Limours et celle de Briis, où elle avait été mise en refuge pendant les guerres : l'église de Briis fut enfin condamnée à restituer la chasse à celle de Limours'.

Après cette restitution, il fut fait inventaire de ces reliques par Antoine Grandet, curé de Meudon, doyen de Châteaufort, député à cet effet par l'évêque de Paris; il y eut alors un grand concours de peuple à ces reliques, qui donna

V. L'histoire de cette châsse par un religieux du couvent de Limours, imprimée à Paris, in-12, en 1683 et les procès verbaux de la translation. V. aussi le Mercure de France, 9 novembre 1681.

occasion d'établir une confrérie de saint Marc; on voit aujourd'hui à la tête du catalogue des confrères S. A. Madame la comtesse de Brionne, comtesse de Limours, S. A. Madame Charlotte de Lorraine, coadjutrice de l'abbesse de Remiremont, S. A. Madame la princesse de Ligne, Monseigneur le duc de Choiseul', Madame la duchesse de Villeroi, etc.

M. Baillet, à la fin de la vie de saint Médard, prétend que ces reliques sont plutôt de ce saint évêque de Noyon, qui, en diverses provinces, est appelé saint Mard, ce qui détruirait l'apport prétendu de ces reliques de Venise, où, dit-on, le corps de saint Marc est encore en entier; il ne faut cependant pas dissimuler, ce qui peut prouver que le corps de saint Marc ne reste pas en entier à Venise, qu'il ya à l'abbaye de Gercy en Brie, quelques reliques de saint Marc évangéliste.

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L'histoire du procès des reliques de saint Marc l'évangéliste, entre la paroisse de Limours et la paroisse de Briis, est rapportée un peu trop succinctement par Prévost; nous croyons qu'il est intéressant de la résumer.

Il existe à la Bibliothèque nationale 2, une relation imprimée de l'histoire de ce procès, intitulée ainsi : « Histoire de la translation des reliques du glorieux saint Marc, l'évangéliste et disciple de l'apôtre saint Pierre, en l'église de Limours. » C'est une relation de cent neuf pages par un religieux de saint François de Limours, écrite en 1685; cet imprimé se termine par une appréciation finale sur l'auteur, conçue en ces

termes :

1 Le duc de Choiseul était très lié avec Mme de Brionne; né en 1719, il mourut en 1783; il fut ministre de 1758 à 1770 (F. L.).

Bibl. nat. LK 4087 (F. L.).

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