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duplicata; il est actuellement au Comité de surveillance d'ici; il est donc bien constant que je ne peux ni ne dois plus être regardée comme mère d'émigrés; en outre j'ai divorcé l'année dernière, rempli toutes les formalités que la loi prescrit et exige; mon acte de divorce a été signifié au département et à toutes les autorités constituées, qui, depuis cette époque, ne me payent plus le provisoire que l'on m'avait accordé l'année précédente comme à femme d'émigré.

Le décret rendu le 17 septembre ne peut ni ne doit m'atteindre non plus qu'aucune autre loi, la Convention en ayant rendu un autre le 20 du même mois, qui est tout en ma faveur; je ne réclame rien des biens de mon ci-devant mari que les objets qu'il a distraits de ma dot, vendus et point remplacés utilement comme il l'aurait dû dans l'exacte justice. Ce sont donc ces seuls objets que je redemande à l'administration comme mon bien propre de patrimoine; ce sont mes droits matrimoniaux qui ne peuvent pas m'être ôtés, à moins qu'un arrêt de mort ne porte la confiscation de mes biens à la République; jusquelà ne l'ayant pas mérité, j'ai droit comme tout ce qui la compose à la justice exacte.

Résumons done! je demande uniquement mon bien. personnel et point d'autre; on m'en doit accorder le fond et les intérêts dont je ne jouis pas depuis ma rentrée en France, en 1791.

Je suis tutrice de Clémentine Rohan, àgée de 7 ans, dont je vous ai produit l'acte de tutelle, lorsque j'ai touché pour elle le dernier provisoire; enfin personne, à moins d'interdiction, ne pouvant m'oter la puissance maternelle, je désire ravoir ma fille près de moi, ici, où mon projet est de me fixer sous les yeux des autorités constituées par qui je désire que ma conduite soit éclairée et surveillée; je conjure done l'administration qui a bien voulu faire suspendre l'envoi des meubles qu'elle a accordés à

DE LA

SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE

DE

RAMBOUILLET

PROCÈS-VERBAL DES RÉUNIONS DU MARAIS ET DE ROCHEFORT

(Année 1898)

ET NOTICES DIVERSES

SÉRIE IN-OCTAVO. TOME XIII

TOURS

IMPRIMERIE DESLIS FRÈRES

6, RUE GAMBEtta, 6

LES

ROHAN-ROCHEFORT

PENDANT LA RÉVOLUTION

Dans notre récit de l'excursion archéologique de Rambouillet à Rochefort, en 1895, nous avons indiqué sommairement quels étaient les membres existants des Rohan-Rochefort au moment de la Révolution; nous allons ici nous étendre en de plus amples détails que dans ce bref récit; mais, tout d'abord, il est nécessaire que nous rappellions la composition de la famille des propriétaires du domaine de Rochefort-en-Yvelines à cette époque :

Marie-Henriette-Charlotte-Dorothée d'Orléans Rothelin', née à Paris vers 17442, mariée à l'âge de 18 ans, en l'église Saint-Sulpice, à Charles-Armand-Jules de Rohan-Rochefort, avait en 1790 46 ans; les enfants issus du mariage étaient les suivants : l'aîné des fils, Charles-Louis Gaspard, qui lui-même avait épousé, en 1780, Marie-Louise-Joséphine de Rohan-Guémenée; le cadet, Guethenoc, et le plus jeune Henri, àgé de 12 ou 13 ans; deux filles, Charlotte, née en 1767, et Clémentine, qui n'avait que 3 ans ; le cardinal de Rohan était l'oncle de ces cinq enfants.

Dès le début de la Révolution, Charles-Armand-Jules de Rohan-Rochefort émigra, emmenant avec lui son fils Henri et sa fille Charlotte; Clémentine fut laissée à Rochefort, à la garde d'un homme de peine; Guethenoc et Charles-Louis

1 Elle était la belle-sœur de la comtesse de Brionne de Limours, à laquelle nous avons consacré une notice dans notre XII volume. Très exactemeut le 25 octobre 1744.

Gaspard, restés à Paris, furent tous les deux emprisonnés, et Guethenoc fut condamné à mort.

Leur mère, arrêtée à Paris en novembre 1792, acquittée, puis arrêtée à nouveau, subit de longs mois de détention dans la prison des Récollets, à Versailles; nous publions sa correspondance datée des Récollets.

Le prince Henri, capitaine dans un régiment d'infanterie autrichienne, émigré avec son père, ayant cherché à rentrer en France en 1799, passa, à Grenoble, devant une commission militaire qui prononça contre lui la peine de mort; on connaît l'affection que porta à la princesse Charlotte le duc d'Enghien et sa fin tragique, qui enleva à sa fiancée toute espérance du mariage avec celui qu'elle aimait '.

La plus jeune sœur, Clémentine, épousa le marquis de Querrieux.

La situation considérable des Rohan dans l'Etat avait, à plusieurs périodes de l'histoire, excité des jalousies et provoqué des polémiques, dont nous trouvons des échos dans les Mémoires de Bachaumont 2.

6 novembre 1771.

Le P. Griffer jésuite a voulu prouver que MM. de Rohan ont eu le titre de princes aussitôt que les princes étrangers ont commencé à user de cette dénomination pour caractériser leur naissance et qu'ils en ont eu de tout temps le rang et les honneurs; un auteur anonyme a publié, en 1770, que cela n'avait aucun fondement, qu'il n'y a point en France de rang intermédiaire entre la famille royale et la noblesse; que MM. de Rohan n'ont jamais eu d'autre titre et d'autre rang en Bretagne, du temps de ses ducs, ni en France depuis sa réunion à la couronne, que ceux qui sont communs à toute la noblesse. La maison de Rohan se propose de faire paraître une réponse.

1 Voir l'excursion de Rochefort dans ce même volume et dans le X1o. 2 Mémoires de Bachaumont, à cette date.

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