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du citoyen Michaut, officier public de notre commune, et que foi doit y être ajoutée.

Fait en la Maison commune, le 25 août 1793, l'an 11 de la République française, une et indivisible.

LEREBOUR, off.; BOURGE, off.; BENARD, off.; BORDIER, procureur; ARNOULT, maire; POUPART, p. p.

Deux mois après, en octobre, malgré toutes ces précautions, elle était arrêtée à nouveau et emprisonnée aux Récollets. Le 10 octobre, elle écrivait aux administrateurs du département :

Aux Récollets, ce 10 octobre 1793, l'an II'.

LA CITOYENNE ROTHELIN

Aux citoyens administrateurs du département

Je vous ai déjà importunés sur l'objet de ma détention, dont j'ignore le motif, mais je me trouve forcée à réitérer de nouveau, dans l'état de détresse où je suis, ayant été arrêtée au moment ou je cherchais à me procurer les titres de mes réclamations sur les biens de Rohan-Rochefort! J'attends de votre justice que vous voudrez bien m'accorder provisoirement sur cet objet une somme pour exister, étant dénuée de toute espèce de ressources, jusqu'à ce que je jouisse des biens que la loi m'accorde comme femme divorcée! c'est un acte de justice que j'attends de vous.

ROTHELIN, femme divorcée de ROHAN-ROCHefort.

Au mois de novembre, elle apprend que le gouvernement va procéder à la vente des meubles du château de Rocheforten-Yvelines; elle proteste en ces termes :

Archives de Seine-et-Oise. Emigrés. Carton Rohan.

Aux Récollets, ce 3 novembre 1793, l'an II de la République'.

LA CITOYENNE Rothelin, FEMME DIVORCÉE DE ROHAN-ROCHEFORT

Aux citoyens administrateurs du département

Je m'occupais à me procurer toutes les pièces qui doivent vous justifier de mes reprises sur les biens de RohanRochefort, lorsque je fus arrêtée au commencement d'octobre. J'apprends qu'on procédera incessamment à la vente des meubles, et qu'il est, par conséquent, instant que j'établisse mes droits et créances, ce que je puis en partie, en vous produisant mon contrat de mariage avec différentes pièces qui sont dans mon bureau sous le scellé, à Rochefort. Je vous supplie, citoyens administrateurs, de prendre à cet effet les moyens qu'exigent mes intérêts, c'est ce que jattends de votre justice.

La citoyenne ROTHELIN.

Pendant que sa mère était détenue à Versailles, sa plus jeune fille, Clémentine, était à Rochefort, et son père nourricier demandait à la République de l'argent afin de pouvoir élever cette enfant :

Au citoyen Couturier, représentant du peuple
en station à Dourdan2

CITOYEN,

Louis Le Roy, homme de peine, demeurant à Rochefort, vous remontre qu'il est possesseur d'un enfant orphelin qui lui a été confié par Rohan, émigré, à l'âge de 2 ans, à raison de 15 livres par mois, pour nourriture et entretien ;

1 Archives de Seine-et-Oise, même carton.

2 Archives nationales. Mission de Couturier, carton 142 AF, registre n° 94.

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avec rien! perdant tout par l'émigration et la mort de leur père! Si la mort n'est pas antérieure au 2 août, alors je reste dans la position où je suis de femme divorcée, c'est-àdire restant avec ma dot, qui compose tout mon patrimoine; mais encore faut-il en jouir pour exister, ainsi que mes enfants; j'ai le malheur d'en avoir deux incarcérés, quoiqu'ils aient marqué d'une manière prononcée dans la Révolution, ayant toujours suivi la même marche! Le cadet est perclus de tous ses membres, quoiqu'à 24 ans, sans doute, par l'humidité du local qu'il habite. L'aîné se porte mal aussi, sans doute de chagrin d'avoir à souffrir et à supporter la plus cruelle du toutes les injustices, ayant toujours été sans interruption le plus zélé patriote! peut être mesme exalté ! Quand le dénonciateur est arrêté, j'ai peine à concevoir que les victimes qu'il a faites depuis trois semaines ne soient pas relâchées! j'aurais bien désiré au moins pouvoir, dans ma captivité, leur envoyer des secours pécuniers; j'en suis amèrement privée; je n'ai désiré de la liberté que pour pouvoir la leur consacrer, enfin n'ai formé le vœu si naturel de voir brisées mes chaînes que pour les reprendre à leur place en m'offrant à la Convention pour caution et pour otage! Sans doute ma démarche n'a pas été accueillie, puisque l'on n'y répond pas, malgré les plus vives instances que je suis bien décidée. à réitérer de nouveau! il est si affreux pour une mère de ne pouvoir par elle-même défendre la cause de ses enfants, la plus chère portion de son existence; en attendant que je parvienne à ce but désiré, j'ose vous prier, citoyen, toute prisonnière que je suis encore et quoique n'étant pas connue de vous, de vouloir être mon avocat et de plaider ma cause, qui est celle de la nature souffrante et malheureuse. Peut-on être sourd à ces cris dans une République dont les principes ont pour base la justice distributive; j'ose dire que, sous

Il s'agit de Nouton, chirurgien à Bonnelles ; les fils dont elle parle sont Charles-Louis-Gaspard et Guéthenoc.

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