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château. Voici les communs de l'ancien château qui ont été utilisés par les propriétaires de Rochefort, pendant ce siècle, à leur habitation; devant ces communs existait, de 1780 à 1800, un magnifique château construit par Charles V de Rohan-Rochefort, sur les dessins de l'architecte Archangé, qui faisait place à un autre château édifié en 1623 par Hercule de Rohan.

D'après Tallemant, le château de 1623 était un château de cartes, tout plein de petites tourelles, de lanternes, d'échauguettes et de plates-formes. Le propriétaire du château de 1623, Hercule de Rohan, avait de nombreux ridicules que Tallemant des Réaux et Mme de Sévigné ont mis en relief. Sa femme, Marie de Bretagne, qu'il épousa en 1728, « était une des plus belles personnes qu'on pût voir, et ce fut un grand ornement à la cour de Louis XIII, elle dépassait toutes les autres au bal, et au jugement des Polonais, au mariage de la princesse Marie, quoiqu'elle eût plus de trente-cinq ans, elle remporta encore le prix. Elle avait le nez grand et la bouche un peu enfoncée, le teint fort blanc, et les cheveux fort noirs, et une grande majesté ».

M. le duc de la Rocheguyon et M Machefer, qui sont venus au-devant de la Société, nous indiquent l'emplacement du château de 1780; puis nous nous dirigeons vers les ruines du vieux château de Rochefort.

M. Jacquet, de Rochefort, nous explique que les pierres qui ont servi à construire les murs ont été extraites des carrières de Sonchamp; mais nul ne peut dire à quelle époque a été détruit le château de Rochefort. Dans l'estampe de Claude de Châtillon, datant de 1590 environ, les ruines apparaissent à peu près comme identiques à ce qu'elles sont aujourd'hui; on peut supposer que le château fort a été détruit par Louis-le-Gros vers 1110, à la suite des luttes entre ce roi et Gui-le-Rouge. Cependant on voit, en 1127, que Etienne de Garlande, sénéchal et chancelier du roi, donne à sa nièce, en mariage, le château de Rochefort comme dot.

Dans un hommage du 19 juillet 1559, c'est-à-dire avant l'estampe de Châtillon, le chastel de Rochefort est indiqué <«< comme étant de présent en ruines »; sa destruction se place donc entre 1127 et 1559 sans qu'on puisse indiquer une date, même approximative, dans l'état actuel des documents publiés. Me Machefer montre de l'endroit où l'on est la colline sur laquelle s'élèvera bientôt un nouveau château, qui dominera les ruines et toute la vallée.

On descend vers l'église, dont une partie est fort ancienne. La Société revoit la chapelle Saint-Gilles, la chapelle SainteAnne et le cimetière de la famille des Rohan-Rochefort. Les caractères inscrits sur une belle pierre tumulaire, consacrée à un ancien prévôt de la ville de Rochefort, deviennent de moins en moins lisibles; M. le comte de Marsy exprime le désir que des démarches soient faites auprès des autorités compétentes, afin que cette pierre soit relevée et adossée au mur de l'église.

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La Société descend la colline, jette un coup d'œil à l'ancien baillage, construction du XVIIe siècle, auquel on accède par vingt marches, aux nombreuses portes armoriées des maisons de Rochefort, entre dans la propriété de M. Rogeron, où est placée une vierge qu'une légende très accréditée dans le pays présente comme très redoutable. Des propriétaires peu respectueux, qui avaient relégué cette vierge dans leurs greniers, ont vu des malheurs s'abattre sur leur famille, dit la légende en citant des noms.

Avant d'arriver à l'hôtel Saint-Pierre, où le déjeuner est préparé, les membres de la Société longent l'ancienne léproserie de Rochefort et se rendent jusqu'à la porte d'Etampes, seule porte de cette ville fortifiée dont il reste encore des traces; la porte de Paris qui figure sur la gravure de Châtillon est entièrement détruite.

En 1898, le domaine de Rochefort a été acheté par M. Jules Porgès, qui va construire un nouveau château, dont il a chargé M. Charles Méwès, architecte.

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Le temps manque pour visiter les restes du palais cardinal occupé aujourd'hui par la gendarmerie et par M. Desprès.

Le banquet très confortable et bien servi, qui réunit cinquante-deux personnes, est dressé à l'hôtel Saint-Pierre, dans la salle de bal coquettement décorée par M. et Mme Girard pour la circonstance. Là sont venus rejoindre la Société M. Carlier, inspecteur général des Ponts et Chaussées; M. Arnaud, directeur de la poterie de la Bâte; Mme Machefer, Mile Machefer, M. Lambert, Mme Perry de Scultety, MM. Etienne, Amédée et leur jeune frère.

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Les poteries artistiques remarquées sur les tables de l'hôtel Saint-Pierre avaient été prêtées par l'usine de la Bâte, située non loin de Rochefort.

Cette usine, bien connue dans les environs pour sa fabrication de produits céramiques destinés aux constructions, au drainage et à l'horticulture, en fabrique maintenant d'autres beaucoup plus intéressants. Nous mentionnerons d'abord la poterie de ménage recouverte d'un émail sans plomb, dont la production industrielle constitue, sous une apparence modeste, un des progrès céramiques les plus importants de ces dernières années; cette fabrication a, du reste, été justement récompensée en 1897 aux expositions de Bruxelles et de Paris, où l'usine de la Bâte a obtenu deux diplômes d'honneur.

A ces objets d'utilité pratique est venue s'ajouter encore dernièrement la fabrication de produits artistiques, dont quelques échantillons étaient à Rochefort. Ces échantillons comprenaient des grès flammés, des grès mats et d'autres à reflets métalliques très appréciés, et enfin des poteries genre ancien à dessins polychromes, moins sévères que les grès, mais non moins remarquées.

Trois vues du beau château construit par Archangé à la fin du XVIe siècle sont placées dans la salle du banquet, et diverses gravures et photographies circulent de table en table. A la table d'honneur, présidée par M. le comte de Dion,

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