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CHAPITRE VI

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Les pensions données par Louis XIV aux membres de l'Académie. Les trésoriers de l'Académie. Le Comité de trésorerie. Sa suppression. - Son rétablissement. La comptabilité de l'Académie. sions ou gratifications royales à partir de 1664.

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La pension de Cassini.
Réglementation des pensions en 1775.

Les pen

Somme à laquelle

État des pensions

Mémoire de Réau

mur sur les services que le royaume pourrait attendre de l'Académie si elle recevait les secours dont elle a besoin.

Nous disions au début de cette étude que Louis XIV avait accordé à quelques académiciens des pensions qui devaient les aider dans leurs recherches; nous ajoutions aussi qu'un budget de 12 000 livres avait été réservé par le souverain pour les frais de secrétariat et d'expériences, l'entretien du laboratoire et l'achat des livres nécessaires à la bibliothèque de l'Académie. C'était une allocation bien modeste et bien insuffisante, sans doute; cependant de grands travaux et d'impérissables découvertes lui sont dues.

La disposition de cette somme était confiée aux officiers de l'Académie : le président, le vice-président et le secrétaire perpétuel; ce n'est que plus tard, en 1696, que la Compagnie reconnut la nécessité de désigner un trésorier que ses fonctions appelèrent à surveiller l'emploi des fonds et à donner ses soins au classement et à la garde des Archives.

Le premier des trésoriers de l'Académie fut Antoine Couplet, élu le 4 février 1696; son fils Pierre Couplet de Tartereaux lui succéda le 10 mars 1717. Sa gestion, vivement attaquée, donna lieu à des vérifications qui se terminèrent par l'approbation de ses comptes. Pierre Couplet resta en possession de sa charge jusqu'à sa mort, arrivée en 1743; Buffon lui succéda le 25 jan

vier 1744 et fut à son tour remplacé par Tillet, au mois de janvier 1773.

C'est Lavoisier qui fut le dernier trésorier de l'Académie; élu le 17 décembre 1791, il ne cessa ses fonctions qu'à la disparition de la Compagnie.

De 1666 à 1725, les comptes de l'Académie des sciences n'étaient soumis à aucune vérification bien sérieuse; c'est seulement à cette dernière époque, à la suite des réclamations auxquelles les opérations de Pierre Couplet donnèrent lieu, qu'un Comité de trésorerie fut institué.

Son règlement, adopté dans la séance du 9 juin 1725 et approuvé par le roi le 5 décembre suivant, était ainsi conçu :

Art. Ir. L'Académie nommera tous les ans quatre commissaires, deux d'entre les mathématiciens et deux d'entre les physiciens, desquels quatre, trois seront pensionnaires et un associé, qui s'assembleront le dernier jour de chaque mois après la séance, présidés par le président de l'Académie ou par l'officier qui aura présidé ce jour-là en sa place.

Art. II. Ceux de la Compagnie qui auront à demander quelque dépense s'adresseront à ces commissaires assemblés qui délibéreront à la pluralité des voix sur la nécessité ou l'utilité de cette dépense, et, s'ils l'approuvent, le trésorier la portera avec la somme à laquelle elle sera estimée sur un état signé au moins de trois d'entre eux.

Art. III. A la fin de chaque année, le trésorier apportera un compte général qui sera arrêté par les commissaires.

Art. IV. Des quatre commissaires, il y en aura toujours un continué pour l'année suivante,' et cela par une élection qui se fera d'abord pour ce seul objet, après quoy on fera une autre élection pour les trois autres que l'on sera obligé de changer.

Art. V. Le commissaire qui l'aura été deux ans sera changé à la troisième année.

Le Comité de trésorerie subsista jusqu'en 1748. A cette époque le roi le supprima et fit connaître à l'Académie, par une lettre de M. de Maurepas, en date du 20 mars, quels seraient les moyens à l'aide desquels on suppléerait à sa disparition. La lettre de M. de Maurepas était ainsi conçue :

Le Roy s'est fait rendre compte, Monsieur, de l'état des dépenses de l'Académie pendant les cinq ou six dernières années, et S. M. a

pensé qu'on pourrait employer plus utilement les 12 000 livres qu'elle a la bonté d'accorder annuellement, et qu'il convenait de s'arranger de façon à réserver quelques fonds pour les dépenses imprévues et cependant nécessaires pour lesquelles on ne pouvoit pas dans les temps difficiles accorder de nouveaux secours, ou, au défaut de cet objet, en faire la distribution par forme de récompense ou de dédommagement à ceux qui font des expériences ou qui se distinguent par leurs travaux. S. M. désire donc que dorénavant la distribution en soit faite par un état qui lui sera présenté et ensuite envoyé au président de l'Académie de chaque année.

Ceux qui auront des raisons de prétendre à cette distribution, soit pour remboursement ou autrement, pourront, dans le dernier quartier de chaque année, me remettre une note de leur demande que je communiqueray à MM. les officiers de l'Académie qui voudront bien aussi me rendre compte des mémoires qui auront été lus pendant l'année afin de faire en connaissance de cause l'état de distribution qui sera remis au Trésorier pour s'y conformer lorsqu'il aura reçu les fonds dont je feray expédier les ordonnances quartier par quartier suivant l'usage.

Je vous supplie de vouloir bien informer l'Académie des intentions du Roy à cet égard, qui doivent être suivies à commencer de cette année, je ne doute pas qu'elle ne les regarde comme une nouvelle marque de l'attention et de la protection qu'il ne cessera de lui accorder.

A partir de ce moment il n'y a plus de vérification, mais chacun s'accorde à penser que cette situation ne peut se perpétuer.

Grandjean de Fouchy nous apprend comment elle prit fin.

< En 1750, dit-il, M. le comte d'Argenson, successeur de M. de Maurepas chargea verbalement M. Camus, alors directeur, de faire examiner, dans le premier juillet au plus tard, les comptes du trésorier et les dépenses faites ou proposées par les académiciens, par quatre commissaires qui en feront leur rapport devant un comité composé des honoraires et des pensionnaires pour en remettre le résultat au ministre. Les commissaires furent MM. Morand, Duhamel, Bouguer et Hellot. »

« Cet espèce de comité, ajoute le secrétaire perpétuel, a duré jusqu'en 1758, qu'il a été supprimé sans aucune lettre du ministre, et l'Académie n'a eu aucune connaissance de l'employ de ses fonds pendant les années 1758 et 1759. »

C'est seulement le 31 janvier de cette dernière année, que

E. MAINDRON.

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l'idée du Comité de trésorerie fut reprise et menée à bien. Une ettre écrite par M. de Saint-Florentin au nom du roi, l'instituait à nouveau d'une manière définitive.

Nous extrayons de cette lettre les quelques mots qui suivent : ... Sa Majesté désire que le Comité qui avoit été cy-devant formé relativement à cet objet soit incessamment rétabli et composé des officiers de l'Académie auxquels on joindra deux académiciens... >

Ainsi reconstitué, le Comité de trésorerie, dont les attributions étaient aussi étendues que le sont aujourd'hui celles des commissions administratives des cinq classes de l'Institut, vécut jusqu'au moment de la suppression des Académies.

Malgré sa création, la comptabilité de la savante Compagnie était réduite à une grande simplicité. Aucun registre n'était tenu d'une manière régulière, et c'est seulement à partir de la nomination de Grandjean de Fouchy, comme secrétaire perpétuel, en 1743, qu'on trouve aux Archives des états accompagnés de pièces comptables justifiant les opérations de l'Académie.

Avant cette époque, les Comptes des bâtiments du roi, dont nous avons parlé déjà, peuvent seuls éclairer quelque peu cette situation; ils renferment, en effet, de curieux renseignements sur les achats effectués par la Compagnie; sur la gravure des planches destinées aux ouvrages qu'elle publiait; sur l'exécution des modèles de machines dont elle avait besoin pour ses travaux; enfin sur les dépenses que le roi approuvait et dont il ordonnait le payement.

On trouve également dans cet ouvrage l'indication du montant des pensions royales à partir de 1664 et pendant les premières années de l'existence de l'Académie des sciences. On y constate qu'en 1665, quelques savants, parmi lesquels on peut citer Carcavi, Cureau de La Chambre, Huygens et Perrault, recevaient des gratifications.

En 1666, l'Académie étant organisée d'une manière définitive,

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C'est sur ces mêmes états, sous la rubrique de Pensions et gratifications accordées aux gens de lettres, que figuraient les noms suivants :

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Nous ne citons ici que les membres de l'Académie des sciences et quelques noms éclatants du dix-septième siècle; si l'on ajoutait à ces noms ceux de « divers particuliers étrangers qui excellent en toutes sortes de sciences, desquels Sa Majesté a voulu récompenser le mérite », on reconnaîtrait que les pensions et gratifications données par Louis XIV s'élevaient en 1666 à 42 300 livres.

Deux années plus tard, Jean-Dominique Cassini, appelé à Paris, recevait une pension de 3000 livres; en 1669, cette pension était portée à 9000 livres.

En 1680, quelques-uns des savants ou des lettrés illustres dont nous venons de rappeler les noms avaient disparu, mais d'autres les avaient remplacés, et le chapitre des pensions atteignait 49 300 livres.

Rien n'était bien régulier, d'ailleurs, dans l'attribution de ces gratifications; ce n'est que beaucoup plus tard, en 1761, qu'elles furent réglées momentanément pour l'Académie des sciences, et qu'on retrouve dans ses Archives des états dressés pour les pensions auxquelles les savants étaient obligés d'avoir

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