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Jerem.16, mens de mon coeur Avoir profané par mes crimes le fang de la nouvelle alliance? Avoir fi fouvent renouvelié les outrages de la Paffion du Sauveur? Avoir tant de fois préféré dans mon coeur le regne de mes plaisirs & de mes paffions meurtrieres, au regne d'un Dieu que fa grace y avoit établi? Avoir renoncé à fon heritage pour me mettre fous la tyrannie du démon, & me rendre le compagnon de fes miferes?

14.

Ah! Seigneur, tout me retrace les Thren. 1. playes de mon ame; penfées, défirs, pé. chez, circonftances honteuses, mépris ou abus de vos graces; toutes mes iniquitez me pourfuivent fans ceffe, & ne me donnent aucun repos. J'avoue que j'ai mérité. bien des fois d'entendre prononcer fur moi ces foudroyantes paroles: Sois à ja mais retranché de l'heritage des Saints; P. 54. que ta mort foit auffi funefte que ta vie a été mauvaise; qu'elle vienne t'accabler tout d'un coup, & qu'elle te précipite dans les enfers pour la jufte punition de tes crimes. Mais, mon Sauveur, puifque par une bonté incomprehenfible pour les pécheurs, dont je fuis le plus grand, vous êtes venu les appeller vous-même à la pénitence, que je ne differe pas d'en embraffer la pratique : Couvrez dès ce mo¬ ment ma face d'une confufion publique &

falutaire, afin que le monde qui a été le témoin de mes fautes, le foit auffi de ma douleur & de mon repentir; accordez- $. Aug. 1, moi de pleurer en public, fans crainte medit. d'aucun refpect humain, tant de péchez que je n'ai pas eu honte de commettre à fes yeux; qu'il fçache & apprenne de moi que ces gémiffemens & que ces larmes que je vous demande, ne font pas verfées S. Leo. 1. fur la perte d'une fanté qui périt en peu de 1. de vo tems, mais fur celle de votre grace, qui cat.gent. fauve & fait vivre éternellement.

Oui, mon Dieu, c'est maintenant plus IV. que jamais que j'ai besoin de fléchir votre juftice par la componction & par la douleur. Cité dans peu devant votre trône redoutable, que mon fort y feroit terrible & funefte après tant de péchez dont je me reconnois coupable, fi je m'en approchois S. Ephr à la mort, fans m'être auparavant purifié par la confeffion & par les larmes : lavez donc toutes mes offenfes, ô mon Jefus ! dans le déluge facré de mes larmes unies aux vôtres; baignez mon ame dans les eaux falutaires de la pénitence; enyvrezla de foupirs & de fanglots; & lorfque près de mourir, je ne pourrai plus pleurer, faites que l'on dife de moi, non que j'expire, mais que je foupire, en vous remet- Pf. 30.

tant mon ame.

Je connois la grandeur & la malice de

S. Greg.

mon iniquité; j'ai befoin de toute l'étendue de votre mifericorde pour en obtenir le pardon. Que ceux qui font moins criminels que moi, mettent quelque borne à leur douleur, la mienne n'en doit point avoir, puifque je ne puis assez gémir fur mon aveuglement paffé, puisque je ne puis S. Aug in vous folliciter avec trop d'inftance de veP. so. nir être le medecin de mon ame. Ah! mon Jefus, fi mes égaremens vous ont coûté tant de fueurs & de fatigues s'ils ont tiré S. Amb. tant de larmes de vos yeux, les miens doi1. 1. vent-ils ceffer d'en répandre?

de panit. Fontaine de larmes, où êtes vous donc ? Coulez de mes yeux pour éteindre les flammes de l'enfer, & pour m'empêcher d'y répandre ces larmes inutiles & infruc tueufes. Douleur de la pénitence qui vivifie l'ame, prévenez ces regrets éternels, & de nulle valeur des reprouvez, pour me . Jerem. 8. les faire éviter. Joignez, pour cela, SeiS.Bern. gneur, votre faint amour à ce don des

larmes, pour operer en moi une converfion veritable & parfaite; ces larmes que la charité fait répandre, & qu'elle fanctifie, peuvent feules vous certifier de la fincerité de ma pénitence, me réconcilier avec vous, me rétablir dans l'innocence & vous rendre la gloire qui vous eft dûë, Baruc. 2. comme à l'Auteur de toute juftice.Accom- : pagnez le regret de mon coeur d'une hum

18.

ble confiance, & d'une joye fecrette, alın qu'il ne fe décourage point: ne permettez pas que ces larmes, que cette tristesse, que cette douleur que je défire avoir à la vûë de mes péchez, foit exceffive & immoderée; car vous fçavez, Seigneur, que la trifteffe qui abbat l'ame, est trèsdangereufe, qu'elle lui caufe des playes mortelles, & qu'elle la tue plutôt qu'elle 2. Cor. 2. ne la fauve, puifqu'elle lui fait perdre toute efperance en votre mifericorde : mais en m'accordant cette trifteffe & çes larmes qui procurent le pardon des péchez, répandez en moi les confolations de votre Elprit faint, feul capable & d'empêcher cette trifteffe dangereuse au falut, & de me faire furmonter la répugnance qui Eccli 38. me refte à confeffer mes crimes à tout auS. Greg tre qu'à vous.

Tert. 1.

de pænit.

Vous fçavez, ô mon Dieu! qu'il n'eft V.. rien de plus difficile à l'homme pécheur, toujours plein d'orgueil & d'amour propre, que cet aveu de fes fautes aux pieds d'un Prêtre; mais puifqu'il vous en a coûté la vie pour m'en obtenir le pardon, ne dois-je pas me faire violence pour le mériter? Ignorai-je que les remedes les plus pénibles & les plus violens à la nature, font les plus falutaires à l'ame? & quand je n'aurois que l'ordre pofitif que vous me Luc.17. faites de me montrer au Prêtre, ne de

vroit-il pas me fuffire, pour m'expofer à fes yeux tel que je fuis aux vôtres ?

Quoi! je n'ai pas eu honte de commettre le péché en votre préfence, & j'en aurois de le confeffer à l'oreille d'un Prêtre qui a de vous le pouvoir de m'en abEccli. 4 foudre? Non, je veux être un dénoncia

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teur contre moi-même, quelque confufion qu'il m'en coûte; je veux détruire cette honte qui me feroit trouver ma condamnation & ma perte, où vous me promet tez ma justification & mon falut; je veux m'humilier entierement pour me fauver fûrement.

Vous êtes fidele, ô mon Dieu! vous faites éclater fur nous vos mifericordes, dès que nous confeffons nos miferes; vous. Hebr. 8. joignez le pardon de nos fautes à l'humble'I Joan. aveu que nous en faisons à votre Miniftre ; vous les effacez de devant vous, dès quenous les accufons au Prêtre établi de vous juge & medecin de mon ame; vous m'ordonnez de me reconnoître & de m'accufer coupable en fa préfence, par une confeffion fincere & parfaite de tous mes péchez.

S. Ambr.

Venez donc, Prêtre du Seigneur, vein Pf.118. nez au plutôt, afin que par vous j'en obtienne mifericorde; remerciez pour moi, je vous prie, la bonté de Dieu. Helas! après m'être adreffé à vous avec confiance

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