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vous avez faite avec moi, que vous avez fcellée de votre fang fur la Croix, en vertu de laquelle je m'adreffe à vous, pour être fecouru.

O Croix de mon Sauveur! ô figne falutaire de notre rédemption! ô glorieux trophée de la puiffance divine! foyez maintenant toute ma force, comme vous êtes mon unique efperance. Faites de fi vives impreffions fur mon efprit & dans mon cœur, que le fouvenir des coups que le divin Pasteur de mon ame a reçûs fur vous, & des douleurs mortelles qu'il y a endurées pour mon falut, m'engage à le remercier & à le glorifier dans les mien2.Cor.12, nes par la patience, la foumiffion & le courage que je le fupplie de m'accorder.

I.

ARTICLE II.

Le Chrétien malade confolé par la vûe de Jefus immolé fur la Croix comme l'Agneau de Dieu pour nos pechez.

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Mon Jefus feul objet de l'hommage & de l'adoration des Anges Joan.1.3. & des hommes, puifque vous êtes le Créateur de toute chofe, je vous reconnois & vous confeffe fur cette Croix pour Homme-Dieu, qui par vos humiliations, Vos fouffrances & votre mort y rendez à la majefté divine l'hommage & l'adoration

que je n'ai que trop long-tems refufé de lui rendre. Tenant de fa bonté paternelle Act. 17. & toute-puiffante l'être & la vie de l'ame 28. & du corps, je devois les faire fervir à fa gloire, & les confacrer à fon fervice par un dévouement à toute épreuve, & par Luc. 1. une entiere fidelité à fes ordres: cepen- 75. dant par une ingratitude monftrueufe, par une infidelité & une révolte incompréhen. fible, j'ai employé contre Dieu même les dons que j'en avois reçûs, je ne lui ai pas rendu l'obéissance la plus raisonnable & la plus jufte, & j'ai facrifié au démon, qui eft l'ennemi de fa gloire & de mon falut. Pénetré, ô mon Jefus! de l'outrage fait à Deut.32: la Majefté de votre pere, vous avez confenti de le réparer par les ignominies de la Croix, & par les outrages fanglans de votre paffion: non content de reconnoître Hebr. 9. & d'adorer la fouveraine grandeur de Dieu par le myftere ineffable de vos abaisfemens, vous avez voulu lui rendre tout l'hommage qu'il mérite, par la perte de votre propre vie ; vous vous êtes livré à la mort comme la victime qui pouvoit Ephef. 5. feule agréer à fes yeux; le facrifice de 2. l'obéiffance parfaite que vous avez renduë à votre Pere dès votre entrée dans le monde, a influé dans toutes vos actions; Hebr.10. Nous n'avez cherché que fa gloire, en 5. vous immolant, & en vous confumant par

28.

la pénitence la plus auftere, par les travaux les plus pénibles, & par la mort la plus douloureuse.

Mais, mon Jefus, vous avez regardé Tertul. mon falut comme faifant partie de la gloire & de la volonté de votre Pere, puifque par la même oblation que vous lui avez faite de votre perfonne pour obéir à fes ordres, vous m'avez fanctifié & rétabli dans fes bonnes graces; puifque dans le *même facrifice de vous-même que vous avez offert à fa Majefté fainte, vous y avez pris la qualité de mon Sauveur, en me retirant de la fervitude du peché.

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La gloire de Dieu & mon falut ont été

dans tous les momens de votre vie les S. Aug. deux uniques objets de vos penfées, de tract.13. vos défirs, de vos humiliations & de vos Joan. fouffrances: vous vous êtes toujours re

22.

gardé comme une victime immolée à la toute-puiffance & à la juftice de votre 5 Greg. Pere: l'ardeur de votre amour pour lui & Naz.ora. pour les hommes, vous rendoit un holocaufte perpétuel à fes yeux: vous vous confumiez fur l'autel de votre cœur, avant de l'être fur celui de la Croix ; vous l'aviez toujours présente à l'efprit avec toutes les circonftances cruelles & honteufes qui devoient accompagner votre facrifice; vous en faifiez fouvent à vos Apôtres la matiere de vos entretiens; vos fréquens

Apoc. 13.

Mat. 10.

voyages à Jerufalem, où vous deviez endurer une mort fanglante, rallumoient en vous d'ardens défirs de la voir arriver ; l'effufion de votre fang, feul capable de me rendre la vie de la grace que j'avois Luc. 12. perduë, étoit ce baptême falutaire après 51, lequel vous foupiriez fans ceffe.

II.

2. Cor. 5.

Devenue donc, mon ame, une nouvelle créature en J. C. régenerée dans fes playes, plongée & enfevelie dans le bain 17. vivifiant qu'il t'a préparé fur fa Croix, morte au monde, enfantée à Dieu par le baptême, confacrée à fon fervice par les vœux les plus folemnels, tu devois t'immoler continuellement à fa grandeur fuprême, à l'imitation de J. C. ton maître & ton modele ; tu devois rapporter à son Rom. 6; honneur & à fa gloire toutes les pensées de ton efprit, & les affections de ton cœur ; faire monter fans ceffe devant fon Hebr. 13: thrône par la ferveur de ton amour, & Pf. encens myftique de la priere, fi agréable 140. à fes yeux; t'acquitter fidelement de tous les devoirs que fa Religion te prefcrit; vivre dans une dépendance & une fou miffion parfaite à fes ordres; lui facrifier

cet

le vieil homme qui refte en nous, en af- Coloff. 3. fujettiffant à fa loi tes mouvemens & tes paffions; mortifier ta chair & tes fens par les autteritez de la pénitence; en un mot,

S.Aug. 1. facrifice continuel à Dieu, pour reconnoî 1.de Doc.stre & fa fouveraine puiffance qui t'a créée, tr.Chrift. & l'excès de fon amour qui t'a rachetée.

V. I.

Voilà, mon ame, les dettes que tu avois contractées envers le Seigneur,

pour répondre aux graces dont sa mifériRom. 8. corde t'avoit prévenue. Tels étoient tes 52. devoirs en qualité de difciple de Jefus crucifié & mort pour toi; tel étoit le culte raifonnable & chrétien qu'il t'avoit recomEccl. 12. mandé par fon Apôtre, & que tu devois lui rendre tous les jours de ta vie ; telle étoit l'alliance que tu avois faite avec lui au Baptême, & dans laquelle tu devois demeurer ferme jufqu'à la mort: cependant avec quelle fidelité t'es-tu acquittée de ces obligations fi juftes & fi effentielles? HéProv. 3. las! loin de ne vivre que pour Dieu, & de lui adreffer tes prieres, tu n'as vêcu que pour le monde, & tu lui as préfenté tes vœux ; loin de n'être foumife qu'aux Joix faintes du Créateur, & de regarder comme une idolâtrie tout ce qui détourne de fon culte & de fon amour, tu as trahi ta foi & tes promeffes, en ne fuivant que les volontez criminelles de la créature, toujours oppofées aux fentimens & à la doctrine du Sauveur; loin de mourir à toimême, pour n'être qu'à J. C. qui t'avoit rendu fon héritage & fa conquête au prix de fon fang, tu l'as dépouillé de ce droit,

S. Aug.

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