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n'aie pas approfondi avec soin les questions majeures qui pendant cet espace ont été agitées , & tranchées d'une manière bien étonnante. Quand je n'aurois pas un grand motif personnel de prendre part à des événemens dont peut-être je serai réputé la cause première, comme ayant atciré le recour des Allemblées nationales, il suffit d'être né François pour en être profondément ému, & continuellement occupé. A chaque circonstance nouvelle, les pensées qu'elle me faisoit naître, tomboient de ma plume en même tems qu'elles pénétroient mon ame; &.lorsqu'à la fin j'ai pris la résolution de les mettre au jour, je n'ai eu qu'à les rapprocher, & à y joindre ce que les plus récentes opérations de l'Assemblée, les états produits par

son Comité des finances, & particulièrement ses décrets de la fin de Septembre, m'ont donné lieu d'observer. (*) On ne peut pas

dire
que j'aie trop

d'empressement à rompre le silence que je m'écois

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(*) On peut voir, par le redoublement des numéros de plusieurs pages depuis la quatre-vingt-seizième , que j'ai eu des articles à intercaler pendant qu'on imprimoit cet ouyrage. Dans le même tems on m'en attribuoit un autre portant pour titre Observations sur les Finances, à l'Asseme blée, par M. de Calonne. Je crois n'avoir pas besoin de prem

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parties da

prescrit depuis ma Lettre au Roi, malheu. reulement trop prophétique. Je l'ai gardé, ce silence , pendant un an & demi : mais, je l'avoue, dans ces derniers momens, depuis que l'oeuvre indéfinissable qu'on appelle la nouvelle Constitution , est à-peu-près consommée, & aussi depuis que je suis informé, comme l'est le Public, que dans toutes les

le mécontentement & la fermentacion , s'accroissant de jour en jour, peuvent éclater d'un instant à l'autre, & occasionner par la violence excessive de leur inévitable explosion, les plus funestes cffers, j'ai cru très-pressant d'offrir des idées qui s'éloignent également des deux extrêmes, & qui me semblent propres à prévenir les divers écarts & les dangereux entre-chocs que produiroit l'aveuglement du désespoir, & la déroute des esprits, s'ils n'étoient point ralliés à un même point de vue , & dirigés vers un bur raisonnable.

du
royaume

>

teker que ce pamphlet n'est aucunement de moi. Les reno rimens qui y sont exprimés ne ressemblent en rien à ceux dont je fais profeffon : les vues sur les finances ne s'accordent pas non plus avec les miennes ; & en tous points la comparaison des deux écrits me servira , j'espère, de dós faveu du premier.

Le mouvement que cette considération m'a donné s'est encore accéléré, lorsque j'ai appris que, loin de vouloir rendre enfin au Roi & å la Reine la liberté dont on les a in: dignement privés depuis un an entier, on fembloit vouloir resserrer encore leur fcandaleuse & trop réelle capriviré. (*) Doit-on s'étonner que j'aie conservé un inviolable & fidèle actachement pour cer infortuné Monarque, victime de l'intention qu'il a eue de

. rendre ses peuples plus heureux ; & qui, hélas ! n'a que trop de sujet de regretter d'avoir cédé aux instigations qui l'ont porté à me sacrifier fan's me laisser le tems de mettre å fin une entreprise dont, avant de la

, commencer, je lui avois bien dit , & souvent répété, que les conséquences dépendantes de la fermeté, décideroient du bonheur ou du malheur de son Royaume!

Mes yeux se remplissent de larmes chaque fois que je me retrace tout ce qu'il a souffert, à dater de cette époque qui changea tout

(*) Il a été écrit de Paris que sur le bruit imaginaire & perfidement répandu que leurs Majestés vouloient se rendre en Normandie , on avoit osé leur déclarer qu'il falloitqu'elles renonçaffent au séjour de St.-Cloud, & qu'elles revinflent se renfermer dans la capitale. Elles y sont revenues en effet.

pour lui, & pour l'Etat entier.- La farouche & facrilège démagogie rira peut-être avec un dédain impie, d'un sentiment qui n'est pourtant que celui qu'ont toujours eu les François.... & qu'ils auront encore. Mais les ames honnêres y applaudiront; & fût-il gé.

у néralement désapprouvé, il ne s'éteindra en moi

que par ma mort.

Je ne crains pas qu'on puisse en conclure que j'aie une façon de penser rampante, ou un cæur pufillanime. J'ai toujours dit si ouvertement mon avis ; j'ai atfronté si hardiment, quand il l'a fallu, les obstacles les plus redoutés; j'ai hcurré si directement, en plus d'une occasion, les opinions prédominantes; & j'ai fi constamment persévéré dans mes principes depuis que j'existe, qu'on ne sauroit me foupçonner de foiblesse. Ceux même qui se glorifient d'avoir attaqué l'autorité avec vigueur, & foutenu la cause de la Nation avec fermeté, ne peuvent nier qu'il n'y ait plus de courage à s'exposer à l'animofité du peuple en combattant ses erreurs, qu'à rechercher sa faveur en flattant ses passions.

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On ne peut pas croire non plus que je fois

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il

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excité par aucun genre d'ambition ou de cupidité. L'épreuve que j'ai faite des grandes places m'en a dégoûté pour jamais ; & là tranquillité de ma retraite m'est devenue une jouissance si précieuse, que je n'aurois qu'! perdre en la compromettant. D'ailleurs, fi j'avois consulté mon intérêt propre,

ne m'eûcpas conseillé de me détacher de sentimens mal récompensés, & d'embrasser ceux qui pouvoient me valoir, comme à tant d'autres, de la célébrité, de la popularité, des applaudissemens, & par-là, le dédommagement de ce que j'ai souffert ? Certainement, à confidérer les avantages que je pouvois obtenir en prenant le parti opposé à celui auquel j'ai tenu sans espoir , & même fans possibilité d'aucune utilité personnelle, je dois paroître dupe, plutôt qu'intéressé. Seroit-ce donc un goût particulier pour

le despotisme qui dirigeroit ma plume ? Je doute que personne ait un pareil goût, quand il ne peut-être d'aucun profit. Et comment imaginer que, du fond de l'asyle qu’un Peuple libre m'accorde, & où je suis résolu de finir mes jours, puifle sortir le væu de voir ma Patrie dans l'esclavage ? On ne m'en soupçonnera pas, quand on aura lu cet écrit en entier.

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