I. OU EST L'UTOPIE? par M. G. de Molinari, correspondant de l'Institut...... 161 II. LES TRADES-UNIONS, LES TRUSTS ET LE LAISSER FAIRE, par G. de M. 172 III. LA CONSOMMATION DES BOISSONS HYGIENIQUES ET DE L'ALCOOL A PARIS DE 1894 A 1904, par M. E. Letournear.......... IV. REVUE DES PRINCIPALES PUBLICATIONS ÉCONOMIQUES EN LANGUE FRANÇAISE, par M. Rouxel.... ........ ........ ...... V. LÉTAT COMMERÇANT ET LES CULTURES OBLIGATOIRES A JAVA, par ......... ................ .... VII. L'AFFRANCHISSEMENT DE LA FEMME, par M. Frédéric Passy, membre de l'Institut............. ....... VIII. LETTRE DES ÉTATS-UNIS, par M. Georges Nestler Tricoche.... I. Publications du Journal officiel (juillet 1904)........ II. - Loi relative à la suppression de l'enseignement congréganiste... X. COMPTES RENDUS: Association française pour l'avancement des sciences. Compte rendu de la 32e session. Première partie. Les formes nouvelles de l'assurance contre le chômage, par M. Louls Varlez. Comptes rendus par M. Eugène Rochetin.. 181 192 216 223 227 231 242 245 247 254 274 L'empire des affaires. L'A, B, C. de l'argent, par M. Andrew Carnegie. Rayons d'aurore, par M. le contre-amiral Réveillère. Les Français de mon temps, par M. le vicomte G. d'Avenel. Comptes rendus par M. LR... 262 Les detles publiques dans les Villes allemandes du Moyen Age, par M. Bruno Kuske.-Etude sur la naissance du Capitalisme dans les temps modernes. Recherches sur l'origine des grandes fortunes bourgeoises à la fin du Moyen Age et au début de l'ère moderne, particulièrement à Augsbourg, par M. Jacob Strieder. Comptes rendus par M. E. Castelot. Cours élémentaire des sciences des finances et de législation financière française, par MM. Max Boucard et Gaston Jèze. Manuel du spéculateur et du capitaliste, par M. Et. Roussel. Etudes sur le cours des monnaies en Brabant, pendant le règne de la duchesse Jeanne, veuve, depuis 1383 jusqu'en 1406, par M. Georges Cumont. La crise du change en Espagne, par M. Henri Mitjavile. Les Sociétés coopératives de consommation. par M. Charles Gide. L'intérêt du capital, par M. Adolphe Landry. La propriété devant le droit naturel, par M. F. Dugast. Budget de la principauté de Bulgarie pour 1904. Comptes rendus par M. Maurice Zablet. 276 La concurrence sociale et les devoirs sociaux, par M. J. L. de Lanessan. Le travail de nuit des femmes dans l'industrie. Le Sweating-System Etude sociale, par M. Cotelle. Combat pour l'individu, par M. Georges Palante. La démocratie devant la Science, par M. C. Bouglé. Comptes rendus, par H. Bouět..... Pierre Leroux, sa vie, son œuvre, sa doctrine. Contribution à l'histoire des idées du XIXe siècle, par M. P. Félix Thomas.-Les Banques, par M. Joao Ribeiro. But el fonctions des Banques d'émission, par M. Eugénio Ambron. - Le problème monétaire, par M. Sixto J. Quesada. La Criminalité dans les divers Etats de l'Europe, par M. Augusto Basco. - Nouvelle méthode française, par M. Séverin de la Chapelle. Comptes rendus par M. Rouxel.. 299 XI. CHRONIQUE: La séparation de l'Eglise et de l'Etat. Le droit des gens, la contrebande de guerre et les saisies de navires neutres. L'état moral de la Russie. Les prisonniers russes au Japon. Les liens matériels de la France avec la Russie. Les emprunts russes. Les traités de commerce.L'importation du travail chinois à Madagascar. - Hommage à M. Levasseur, par M. G. de Molinari, correspondant de l'Instiut... JOURNAL DES ÉCONOMISTES OU EST L'UTOPIE ? I Nous commençons seulement à apercevoir les conséquences de la prodigieuse augmentation de la productivité de l'industrie et des progrès dont elle a été la source. Cependant les esprits les plus rebelles aux nouveautés, eux-mêmes, ne peuvent plus se dissimuler qu'il y a quelque chose de changé dans le monde depuis que l'homme a plié à son service des agents naturels d'une puissance illimitée. Pourvue d'une machinerie qui va se perfectionnant chaque jour, l'industrie apporte à la consommation des masses croissantes de produits et demande des marchés de plus en plus étendus. Pour répondre à ce besoin nouveau, les moyens de communication ont été transformés et multipliés en même temps que les agents de mobilisation des produits, des capitaux et du travail. Aux marchés locaux qui suffisaient à alimenter le plus grand nombre des petits ateliers d'autrefois a succédé un marché général sur lequel s'échangent les produits et les agents productifs de toutes les nations. Dans le cours du dernier siècle, les échanges internationaux ont décuplé, et c'est par milliards que se comptent les capitaux qui vont féconder la production dans des régions du globe qui leur étaient naguère inaccessibles. Et quoique les agents de mobilisation qui desservent les produits et les T. III. AOUT 1904. 11 capitaux fassent encore défaut au travail, l'Europe exporte maintenant chaque année un million de travailleurs dans le nouveau monde. A mesure que la sphère de l'échange allait ainsi s'étendant sous l'influence de l'augmentation progressive de la puissance productive de l'industrie, nous avons vu se dégager des obstacles qui entravaient son opération le plus énergique moteur de l'activité humaine, la loi naturelle de la concurrence. Sans doute, cette loi a agi de tout temps pour donner, à l'avantage de l'espèce, la victoire aux plus forts et aux plus capables. Sous sa forme destructive de guerre elle a acquis la maîtrise de notre globe aux nations qui ont apporté dans la lutte pour la domination les forces matérielles et, plus encore, les forces morales de la civilisation; mais, dans son application à l'industrie, elle rencontrait dans le milieu et dans l'homme lui-même, des obstacles qui enrayaient son action propulsive et régulatrice. Ces obtacles n'ont pas tous disparu tandis que ceux qui sont le fait de la nature sont en voie de s'aplanir, ceux qui sont le fait de l'homme continuent de subsister et même de se multiplier. Aux monopoles naturels a succédé une floraison touffue de monopoles artificiels. L'aire de la concurrence ne s'est pas moins agrandie avec celle de l'échange, et nous pouvons déjà, en considérant les résultats actuels de son opération dans un milieu devenu malgré tout plus libre, nous faire une idée de ceux que cette opération produira dans un milieu que l'esprit de monopole aura cessé d'obstruer et de limiter. Sauf les inégalités provenant des droits de douane, la concurrence a déjà unifié les prix des articles de consommation qui possèdent le marché le plus vaste, les céréales, le coton, la laine, le fer, l'acier, et elle tend continuellement à les faire descendre au niveau des frais de production les plus bas. C'est vers ce niveau que gravitent les prix du marché général et que s'établit l'équilibre entre la production et la consommation. A la vérité, cet équilibre est troublé tantôt par une appréciation inexacte des besoins de la consommation, tantôt, et plus souvent, par l'influence perturbatrice des accidents de la température, mais soit qu'il y ait surabondance ou déficit, les lois de la concurrence et de la valeur, en déterminant une baisse ou une hausse immédiate et progressive des prix, diminuent ou augmentent les profits de manière à faire disparaître la surabondance ou combler le déficit. Ces ruptures d'équilibre n'occasionnent pas moins des dommages et des souffrances, mais elles ne sont pas sans remède. Les |