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à Marchiennes, et se diriger sur Gosselies (voyez la petite carte annexée au plan de la bataille de Ligny): celui d'Erlon, qui se trouvait plus en arrière, à Solre-sur-Sambre, devait suivre la même direction. Le centre ou corps de bataille, avec les réserves de cavalerie aux ordres de Grouchy (1), marcha de Beaumont sur Charleroi, et la droite se porta de Philippeville sur le Catelet, où elle devait franchir la Sambre pour couper la retraite sur Namur à la division prussienne qui tenait Charleroi.

Ces mouvements, quoique en partie imprévus de la part des ennemis, n'atteignirent pas entièrement leur but. Le corps de Reille franchit à la vérité la Sambre avec succès, et gagna la route de Gosselies, précédé par la cavalerie légère de la garde; mais celui de Gérard parti de Philippeville, ayant une plus longue marche à faire par de détestables chemins, arriva trop tard au Catelet pour gagner à temps la route de Gilly, et remplir sa destination.

Le centre avait également de très-mauvais chemins de traverse à parcourir de Beaumont à

(1) Dans cette première organisation, Grouchy commandait toute la cavalerie; ce ne fut que le lendemain 16 juin que l'armée fut organisée en deux ailes, et qu'il prit le commandement de la droite.

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Charleroi, et Vandame, qui devait former la tête de cette colonne, partit un peu tard de son camp (1). Les généraux prussiens, dont les divisions étaient morcelées sur la ligne, eurent ainsi d'autant mieux le loisir de les réunir et d'évacuer Charleroi, que cela était dans leur plan de rassemblement; deux ou trois bataillons seulement furent abîmés dans des combats partiels. La re division du corps de Ziethen voulant se retirer du Piéton par Gosselies, trouvant ce point déjà occupé par l'avant-garde de Reille, dut se faire jour pour gagner Heppignies. La 2o division se réunit à Gilly sur la route de Namur. Le corps de Reille ayant chassé la division prussienne de Gosselies et la voyant prendre sa retraite par Heppignies sur Fleurus, la fit suivre par la division Girard, et continua sa route avec les trois autres divisions sur Frasne. La cavalerie légère de la garde, qui le précédait, chassa de ce bourg l'avant-garde du prince de Weimar, qui concentra sa brigade sur Quatre-Bras.

(1) Ainsi le prétend le général Gourgaud; mais nous avons des motifs de croire qu'il fut commis une erreur dans la transmission des ordres, car Vandame n'était pas de ces hommes dont il fallait stimuler l'activité; il n'était que trop ardent, à moins que quelque jalousie personnelle n'excitât son mécontentement.

La cavalerie légère de Grouchy ayant débouché de Charleroi sur Gilly, y trouva les deux divisions de Ziethen, et dut s'y arrêter pour attendre l'infanterie de Vandame qui débouchait avec peine par le pont de cette ville où régnait un grand encombrement. Dans cette position, les deux partis échangèrent quelques coups de

canon.

Pendant que les colonnes françaises débouchaient des ponts de la Sambre, et cherchaient l'ennemi, Napoléon s'établit en avant de Charleroi, à l'embranchement des routes de Gosselies et de Fleurus, où il attendait les rapports et méditait sur l'emploi qu'il allait faire des masses qu'il avait rassemblées avec tant d'habileté, et sur la direction qu'il conviendrait de leur assigner.

les

Avant d'aller plus loin, il est bon de jeter un coup d'œil sur les mesures préventives que alliés avaient prises contre l'orage qui allait fondre sur eux. Si leurs généraux furent pris en défaut sur l'instant de l'irruption, on doit avouer qu'ils étaient bien préparés au au fond pour le cas où elle aurait lieu. Les Anglo-Prussiens voulaient prendre l'offensive au 1" juillet; en attendant, ils avaient adopté toutes les précautions comme s'ils devaient être prévenus. Tous les rassemblements. partiels et généraux étaient bien indiqués. Ils.

er

Mesures des alliés.

connaissaient trop le système de Napoléon de percer les centres divisés, pour ne pas prévoir qu'il manoeuvrerait à l'effet de séparer leurs deux armées. Dans cette hypothèse, Blücher avait choisi la position derrière Ligny pour rassembler la sienne sur sa droite, et Wellington avait choisi le point de Quatre-Bras pour réunion sur sa gauche; en même temps il avait reconnu la position entre Hall et Mont-Saint-Jean (ou Waterloo), pour couvrir Bruxelles et y recevoir le combat, soit que les Français débouchassent par Valenciennes et Mons, soit qu'ils arrivassent par Charleroi.

Ces dispositions étaient d'une sagesse incontestable, mais, avec l'impétuosité et la vivacité ordinaire des entreprises et des mouvements de l'empereur des Français, elles pouvaient encore manquer leur but, et être déjouées.

D'après ce qui était convenu, aussitôt que Blücher eut vent à Namur de l'approche de l'armée impériale, il expédia, le 14 à minuit, l'ordre à Ziethen de se replier en combattant sur Fleurus; prescrivit au même instant au corps de Pirch de se rassembler à Sombref; ordonna à Thilemann de venir en toute hâte de Dinant à Namur, tanque Bulow dut se rassembler à Hanut. Ces mesures, évidemment motivées par les rapports des transfuges, ne dénotent point toutefois que

dis

Blücher comptât sur un passage aussi brusque de la Sambre et sur une bataille décisive pour le lendemain.

décisif

à Ney,

Napoléon ne pouvait connaître alors toutes Mouvement ces circonstances; mais, d'après les divers rensei- prescrit gnements qu'il avait reçus et la direction de retraite des troupes prussiennes, il comprit que leur armée chercherait à se rassembler entre Namur et la chaussée de Charleroi à Bruxelles, puisque c'était par celle-ci que les Anglais arriveraient à son soutien or, dans cette supposition, l'Empereur n'avait guère qu'un parti sage à prendre ; le plus simple coup d'œil sur la carte indiquait assez qu'il devenait essentiel de s'emparer d'un côté de Sombref, et de l'autre du point central des QuatreBras (village qui prend son nom du croisement de deux routes formant quatre embranchements sur Namur, sur Charleroi, sur Bruxelles et sur Nivelles). Car une fois maître de ces deux points, on était en mesure d'agir à son gré sur l'une ou l'autre des armées ennemies, et d'empêcher leur jonction. En conséquence Napoléon donna à Grouchy l'ordre verbal de pousser dès le soir même jusqu'à Sombref, s'il le pouvait le maréchal Ney, qui venait d'arriver de Paris en poste, reçut celui de prendre le commandement de l'aile gauche formée des corps de Reille et d'Erlon, de se porter sans délai sur la route de Bruxelles

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