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tenait l'extrême gauche de l'ennemi de ce côté, de concert avec la cavalerie légère de Jaquinot (1).

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Bravant toutes les difficultés qu'offraient les terres détrempées pour mouvoir des masses ainsi agglomérées, et le feu d'une artillerie formidable, les 1o et 3a divisions avaient atteint la première ligne ennemie au point où se trouvait la brigade belge du général Bylandt (division Perponcher), qu'elles enfoncèrent à la suite d'un

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(1) Il règne une grande confusion dans toutes les relations publiées jusqu'à ce jour sur la bataille de Waterloo. Les uns font attaquer la gauche de la position par les quatre divisions très - rapprochées; d'autres disent que celle de Durutte marcha sur Smouhen, et celle de Quiot sur la Haie-Sainte. Il paraît que l'ordre de bataille d'Erlon fut interverti, et que sa 1' division, au lieu d'être à droite vers Smouhen, forma la gauche à la Haie-Sainte. Les Victoires et Conquêtes parlent d'une grande colonne formée des 2 et 3 divisions (Donzelot et Marcognet). Ce serait alors celle de Quiot, c'est-à-dire, la première qui aurait attaqué la Haie-Sainte. Cependant les auteurs allemands portent autant de colonnes que de divisions; ils parlent d'une brigade de cuirassiers de Valmy ou de Milhaud, qui seconda cette première attaque, et les relations françaises n'en disent mot. On dit que les aigles des 45° et 105o régiments furent prises sur la grande colonne : or, un de ces régiments appartenait à la re division, et l'autre à la 3o. Enfin, d'autres versions feraient croire que Durutte ne marcha qu'à quatre heures sur Smouhen. Il est impossible de se reconnaître dans un pareil chaos.

choc vigoureux. Mais loin d'avoir accompli leur tâche, elles se trouvèrent assaillies subitement par la division anglaise de Picton, placée en seconde ligne, et couchée derrière un pli de terrain qui la favorisait. Alors un combat furieux s'engage; l'infanterie anglaise déployée enveloppe de son feu concentrique la tête et les flancs de cette lourde masse, qui ne peut lui opposer que quelques coups de fusil, plus propres à suspendre son élan, qu'à causer des pertes à l'ennemi. Le général Picton tombe frappé à mort; mais ses troupes tiennent ferme, et la colonne française, arrêtée par leur feu meurtrier, commence à tourbillonner et à s'ébranler. Dans cet instant, lord Uxbridge lance la cavalerie anglaise du général Ponsonbi, pour la charger en flanc, et y sème le désordre: enhardis par ce succès, les escadrons anglais se jettent dans l'intervalle entre la 2o et 3° colonne, sur laquelle ils obtiennent le même avantage; enfin, entraînés dans leur ardeur, ces escadrons se précipitent jusque sur l'artillerie de réserve de Ney, dont une partie est restée en arrière à cause des boues; ils sabrent les soldats du train et les canonniers, emmènent les chevaux, et privent ainsi l'infanterie d'une partie de son canon. Napoléon lance contre ces téméraires les cuirassiers de Milhaud, soutenus d'une brigade de lanciers; en peu de minutes

La gauche attaque

cette cavalerie ennemie est détruite, Ponsonbi tué; mais l'infanterie française a été ébranlée, et une partie du canon est devenue immobile.

Dans ces entrefaites, Ney avait fait attaquer la ferme de la Haie-Sainte par une brigade du corps d'Erlon, qui y avait d'abord éprouvé une vive résistance et des pertes sensibles.

Tandis que ces choses se passaient contre la Hougomont. gauche des alliés, et sur le point où cette aile se liait au centre, Jérôme Bonaparte, secondé par Foy, avait délogé avec peine l'ennemi du parc d'Hougomont; mais tous ses efforts étaient venus se briser contre le château et la ferme crénelée, où Wellington conduisit lui-même des renforts aux gardes anglaises qui défendaient ce poste important avec une valeur admirable.

Wellington

concentre ses masses.

Le duc de Wellington, certain de la prochaine arrivée de toute l'armée de Blücher, et trop heureux d'avoir gagné la moitié de la journée par le retard de l'attaque, était décidé à vaincre ou à mourir. Voyant que tous les efforts se portaient contre son centre et sa gauche, il se hâta de resserrer sa ligne en appelant, de Braine la Leud et de Merbes, vingt bataillons belges et brunswickois, qu'il plaça successivement en réserve derrière la droite et le centre. Puis il conduisit lui-même des renforts aux gardes anglaises, prêtes à succomber dans Hougomont, et ranima leur ardeur.

Le général Foy, de son côté, voulant seconder les attaques que la division de Jérôme (dirigée par le général Guilleminot) faisait sur le château, chercha à dépasser ce poste, et tomba sur la ligne de lord Hill et des Brunswickois, formés derrière un chemin creux qui régnait sur une grande partie du front ennemi, depuis la chaussée de Nivelle jusque vers Papelotte. Mais, frappé d'une balle à l'épaule, et voyant ses troupes abimées par un feu meurtrier, sans espoir de déloger l'ennemi, Foy dut renoncer à son projet; le combat dégénéra sur ce point en canonnade et en feu de tirailleurs, sans avantages réciproques.

Seconde attaque

Dans cet intervalle, Ney avait mis toute son énergie et sa présence d'esprit à réparer l'échec de Ney. essuyé par ses premières attaques : sa droite, maitresse de Smouhen, débouchait sur Papelotte, et le maréchal dirigeait lui-même une nouvelle tentative sur la Haie-Sainte. La division Donzelot, soutenue à gauche de la chaussée par une brigade de cuirassiers du duc de Valmy, et à droite par une brigade d'infanterie du général Quiot, parvint enfin à en expulser les bataillons écossais et hanovriens; à quatre heures ses troupes étaient maîtresses de ces deux points, à la suite d'efforts les plus glorieux.

Pendant cette lutte, l'Empereur parcourait les

lignes de Ney et celles de la cavalerie de Milhaud, sous une grêle de boulets; le général Devaux, commandant l'artillerie de la garde et de la réserve, fut emporté à côté de lui; perte funeste dans un moment où il allait être appelé à renouveler les belles manoeuvres de Wagram.

La prise de la Haie-Sainte et de Papelotte semblait, vers quatre heures, mettre encore toutes les chances en faveur des assaillants. Mais, au moment où Wellington accumulait ses forces au centre, Napoléon était obligé d'en retirer les siennes, à la nouvelle que Bulow débouchait enfin des bois de Frichermont sur Planchenois. Si nous voulions suivre exactement l'ordre chronologique des mouvements ennemis, nous aurions à rapporter ici ce qui se passait depuis la veille à l'armée prussienne, mais il paraît plus convenable de raconter les événements dans le même ordre qu'ils se présentèrent à la connaissance de Napoléon. Nous reviendrons donc plus tard sur les opérations de Blücher, en nous bornant à signaler ici l'arrivée successive de ses corps. Au moment où Ney venait enfin d'enlever la Haie-Sainte, Bulow ayant débouché des bois de Planchenois Frichermont, attaquait le comte de Lobau, et, repoussé. grâce à sa supériorité, il le poussait jusque sur Planchenois, en débordant sa droite. Napoléon acquit alors la certitude que Grouchy ne suivait

Bulow débouche

sur

d'où il est

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