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nière de voir de M. Lerminier : trouvez la religion chrétienne si révoL'empereur Valérien, qui, dans les lutionnaire et si favorable à la politicommencemens de son règne, avoit que du mouvement, puisque c'est à montré quelque bienveillance pour elle que vous faites honneur du proles chrétiens, termina sa carrière de grès qui a signalé les commencemens la manière la plus tragique et la plus de son ère, eh bien, que ne la gårdéplorable. Vaincu par le roi Sapor, dez-vous? Que ne la faites-vous seril mourut écorché vif; et après que vir encore à dégrossir la civilisation? sa peau eût été corroyée, empaillée Vous ditesqu'avec des Goths, des Héet teinte en rouge, elle fut mise dans rules et des Sarmates, elle a trouvé un temple pour y demeurer exposée moyen de délivrer le monde de ses comme un éternel monument de la oppresseurs et de ses tyrans. Dans ce honte des Romains. Maintenant, cas, vous ne pouvez mieux faire que voulez-vous que M. le professeur de de vous adresser encore à elle pour législation comparée vous explique lui demander ce que vous cherchez. pourquoi la mort de ce malheureux Aussi bien, vous avez également vos prince ne fut point vengée par un Hérules, vos Goths et vos Sarmates de peuple autrefois si renommé pour Saint-Germain-l'Auxerrois et de l'Arson courage et sa fierté? C'est que le chevêché. Tâchez de tirer d'eux le christianisme l'avoit rendu mou, lá-même parti qu'elle a su en tirer dans che et paresseux. Et ceci se trouve le temps dont vous parlez. Mais preplacé dans les leçons de M. Lermi-nez garde; faites comme elle, et n’alnier, de manière à servir de pendant lez pas les employer à dévaster les à cette opiniâtreté féroce, à ce fana- temples, à démolir les autels, à protisme vigoureux qui produisoit une faner les choses sacrées, à traîner les impression si profonde d'admiration symboles du christianisme par les et de stupeur par la grandeur d'ame rues et les places publiques. Enfin, avec laquelle il faisoit chaque jour essayez encore une fois de ce qui a affronter des milliers de martyres. si merveilleusement réussi, de votre propre aveu, auprès des autres Sar

Après cela, que voulez-vous attendre d'une passion qui vous obs-mates et des autres Goths. true et vous ferme l'entendement au Mais telle n'est point la pensée de point de ne vous laisser découvrir M. le professeur Lerminier. Il lui dans la naissance du christianisme faut absolument du nouveau; il veut qu'un simple fait humanitaire, qu'un que la société s'organise autrement mouvement politique et un besoin de qu'elle n'a été organisée jusqu'à prérévolution qui travaille et agite le sent. Quoiqu'il ne dise pas précisémonde? Si vous étiez à la place de ment de quelle manière il entend M. Lerminier, et que vous éussiez à que l'opération se fasse, il a cepenprofesser comme lui qu'un nouveau | dant jeté à travers sa leçon de mardi besoin du même genre remue les en- dernier quelques mots qui peuvent trailles de la société, et qu'une force donner la clé de son système. Il va inconnue la précipite vers une com- sans dire qu'il n'y a plus de chrisplète rénovation, vous croiriez peut- tianisme possible; il a fait son temps, être raisonner selon les règles de la | il est usé, et il n'y a plus à y revenir. logique en disant Puisque vous Les générations nouvelles n'en veu

:

lent plus entendre parler; c'est une
chose décidée. Mais par qui et com-
ment sera-t-il remplacé? Voilà le
secret que
M. Lerminier ne laisse
qu'entrevoir.

Comme nous, Dieu merci, nous n'avons pas de secrets pour nos lecteurs, nous allons leur expliquer de quelle manière la rénovation sociale de M. Lerminier se présente à notre intelligence:

vation sociale, nous croyons entrevoir que c'est M. Lerminier qui s'en charge. Et pour qu'on sache d'avance à quoi s'en tenir sur ce qu'il nous réserve, c'est le philosophe Plotin et le matérialiste Spinosa qui seront ses modèles. Son enthousiasme et son admiration pour eux nous en est ún sûr garant. Il ne connoît qu'eux qui aient eu assez de pénétration pour découvrir Dieu daus la matière, et l'intime liaison qui les rend coexistans, inséparables, éternels l'un comme l'autre. Et comme Plotin ni Spinosa ne sont plus là pour soutenir leur thèse eux-mêmes,

Il n'est personne en France qui n'ait entendu parler du célèbre chef d'Arabes, Abd-el-Kader. Eh bien, c'est sur lui que M. le professeur de législation comparée nous paroît avoir jeté les yeux pour l'exécutioni nous paroît hors de doute que de la partie matérielle de son opération, Il l'a représenté comme un de ces hommes forts et fermes qui viennent de loin en loin se jeter à travers la civilisation pour lui faire prendre de nouvelles formes et une face nou

c'est M. Lerminier qui se réserve de les remplacer, au moins nous en a-t-il donné quelque chose à entendre en terminant sa leçon par cette modeste petite phrase: «Ceuxlà aussi, messieurs, ont des droits à la renommée et à la gloire, qui consacrent leur vie à instruire leurs contemporains sur le passé et sur le présent. Il est vrai que c'étoit du philosophe Plotin qu'il parloit. Mais son auditoire a compris ce que cela demandoit pour le philosophe Lerminier; et à l'air de satisfaction dont il

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velle. Qui sait donc si Abd-el-Kader n'est pas appellé à nous imposer ses lois, ses mœurs, son prophète et ses Arabes? Qui oseroit dire même que M. le duc de Nemours ne soit pas destiné à l'aider un peu dans cette tâche, lui qui a déjà commencé par poser la première pierre du peristyle de la grande mosquée d'Alger? Tou-a reçu ce qu'il cherchoit, il étoit jours est-il que M. Lerminier, dans aisé de voir que ce n'étoit pas pour le feu de son travail de régénération, Plotin qu'il quêtoit des applaudisa vu Abd-el-Kader lui apparoître semens. un grand et puissant ouvrier. Nous attendrons toutefois que son idée se développe, pour donner à ce point la suite qui conviendra.

comme

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B.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES. ROME. La veille de l'Epiphanie, les premières vêpres ont été chantées au Vatican; Sa Sainteté y assista avec Ainsi que nous venons de le dire, voilà pour la partie brute, pour la de la fête, la solennité fut annoncée les cardinaux et les prélats. Le jour rartie matérielle qui regarde les Hé-dès l'aurore par des salves d'artillerie rules, les Sarmates et les Goths de no- duchâteau Saint-Ange. Le Saint-Père tre époque. en habits pontificaux et la tiare en tête assista dans la chapelle Sixtine à la messe solennelle, célébrée par M. le

Quant à la partie intellectuelle qui regarde la spiritualité de cette réno

eardinal de Grégorio, évêque de Frascati. Un discours latin fut prononcé par le Père Secchi-Murro, procureurgénéral des Servites.

formant un noviciat préparatoire, où on recevroit des enfans de quatorze à quinze ans, dont on éprouveroit la vocation en même temps qu'on leur inculqueroit les connoissances néces-

mencement d'éxécution; soixante enfaus ont été réunis dans la maison chef-lieu, faubourg Saint-Martin, et on a même hati pour eux un nouveau corps de logis.

M. Ferretti, archevêque de Séleu-saires. Déjà ce projet a reçu un comcie et nonce à Naples, est nommé à l'évêché de Montefiascone, siége occupé ordinairement par des cardinaux, et qui l'étoit en dernier lieu par le cardinal Velzi. Ce prélat, dont la conduite à Naples a été admirable, a vendu toute son argenterie pour les pauvres, et s'est même défait pour le même objet de son anneau ponti-sonnes charitables qui s'intéressent à tical. Le roi de Naples vient de le fui remplacer.

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Le jour de la consécration de la basilique de Saint-François de Paule, à Naples, le même prélat prononça après l'évangile une homélie sur la dédicace du nouveau temple. Il expliqua l'esprit de cette cérémonie, et eu tira de pieuses et solides réflexions sur le respect dû aux églises et sur le soin que nous devons avoir de préparer dans notre cœur un temple au Seigneur. Le lendemain 26, M. le nonce acheva la cérémonie, consacra les autels et officia pontificalement, toujours assisté du clergé de la cour et des Minimes. Il improvisa dans cette circonstance une homélie sur l'objet de la solennité, et donna en finissant la bénédiction pontificale.

Mais cette dépense et l'entretien de ces enfans sont au-dessus des moyens d'une congrégation pauvre. Des per

leur oeuvre ont donc cru pouvoir faire un appel à tous les amis de la religion, de l'enfance et de la morale. Elles se sont réunies pour proposer une souscription destinée à soutenir le noviciat préparatoite; les moindres sommes seront reçues avec reconnoissance. A Paris, les souscriptions et offrandes seront versées entre les mains des membres d'un conseil établi à cet effet. Ce conseil a pour président M. l'abbé de Dreux-Brézé, pour vice-président M. l'abbé Daure, pour trésorier M. Choiselat, et pour secrétaire M. Poussielgue - Rusand. Les autres membres sont MM. les comtes d'Harcourt, de Chabrol et de Tascher, M. le marquis de Vogue, MM.

Bréton, Sylvain Caubert, Fieffé, de La Garde, Lebrun, Pardessus et de Saint-Paul. De tels noms sont déjà un présage de succes.

Un journal religieux se plaint avec raison d'une affiche injurieuse au clergé, qu'un marchand de grayures étale au devant de sa boutique, rue du Mail. Il y a déjà long-temps que nous avons réclamé contre cette in

PARIS. Le besoin d'une bonne instruction pour l'enfance se fait sentir partout, et les succès des Frères des Ecoles chrétiennes ont dissipé presque universellement les préventions que l'esprit de parti avoit fait naître contre eux. On les rappelle de toutes parts, et en ce moment quatre-sulte grossière. Dans notre numéro vingt-quatorze villes demandent avec instance ces utiles et modestes instituteurs. Les Frères ne peuvent répondre à tant de demandes à la fois; les sujets leur manquent. Ils ont essayé de se créer de nouvelles ressources en

du 16 juin de l'année dernière, nous nous étions élevés contre l'esprit de parti qui étoit allé déterrer une proclamation violente du sieur Pons de l'Hérault, alors préfet du Jura; proclamation datée du 19 octobre 1830,

milieu des pauvres. Il faut croire qu'après cela on ue se plaindra pas du faste de nos évêques.

Une suite d'exercices vient d'avoir

et dans laquelle il apostrophoit les prêtres dans un style digne de 1793. La haine seule avoit pu engager un marchand à reproduire ce triste monument de l'esprit de vertige d'une époque fatale, et à en décorer persé-lieu dans l'église Notre-Dame de véramment sa boutique; c'étoit ap-Toulon qui est l'ancienne cathédrale; paremment pour faire profession pu- ils ont été donnés par M. l'abbé blique d'impiété. Hélas! notre ré-Guyon. L'ouverture se fit le dimanclamation a été inutile. Le marchand che 20 novembre à l'issue des vêpres. s'opiniâtre à exposer sa scandaleuse Dès le premier sermon, un nombreux affiche, et la police tolère cet outrage. auditoire composé de tout ce que la Comment le commissaire de police ville offre de plus distingué, se du quartier souffre-t-il ces grossière-pressoit pour entendre le célèbre tés? Il sait bien empêcher d'étaler prédicateur. Beaucoup d'hommes des gravures contre le pouvoir, com- honorables, de militaires, de mament en laisse-t-il étaler contre la re-rins, d'ouvriers de l'arsenal et de ligion et ses ministres? Le bon ordre, la ville ont rempli tous les soirs, la décence, l'équité réclament de pendant cinq semaines, les places concert contre cette injure faite à ce qui leur étoient réservées. Tous qu'il y a de plus respectable et à tout ont tenu la conduite la plus louable une classe de citoyens. et la plus respectueuse. Quelques jeunes impies ont tenté dans une occasion de troubler le bon ordre; mais les mesures prises par M. le curé et l'attitude ferme du clergé et des auditeurs ont déjoué les projets des perturbateurs.

Il faut convenir que les évêques ont une manière peu commune de se venger. On sait assez quels procédés la préfecture du Pas-de-Calais avoit eus pour M. l'évêque d'Arras, et quelles chicanes on a faites à ce prélat Une retraite de quatre jours a été pour ses mandemens et pour d'autres donnée aux jeunes enfans de sept à objets. On s'étoit plu à le taquiner douze ans; plus de 3,000 y ont assistė. en mille manières. Arriva le désastre Le dernier jour, il y eut le renoude la préfecture; tel fut le ressenti- vellement des promesses du bapment de M. l'évêque, qu'il envoya ses tème, la consécration à la sainte séminaristes travailler à éteindre le Vierge et la bénédiction de cette infeu et qu'il offrit à M. le préfet untéressaute jeunesse au milieu d'un asile dans son palais. Il faut croire concours immense de parens et d'enque de si nobles procédés triomphe-fans. Le jour de Noël, de nombreuses ront de toutes les préventions. M. le communions eurent lieu dans toutes ministre des cultes a écrit à M. l'é- les églises de la ville. A Notre-Dame, vêque d'Arras pour le remercier de il y eut deux communions générales, son offre généreuse et pour le prier l'une à la grand'messe qui suivit les d'exprimer aux élèves du grand-sé-matines de la fète, l'autre à huit heuminaire combien leur conduite pen-res du natin. C'étoit un spectacle dant l'incendie est honorable. consolant que cette multitude de fidèles de tout âge, de tout sexe, de tout M. l'évêque d'Angoulême, à qui rang, assis au banquet eucharistique les médecins ont conseillé l'air de la avec ordre et recueillement. Aussi on Provence pour rétablir sa santé, esta vu couler bien des larmes. allé passer l'hiver à Hières, et s'y est La clôture de la retraite s'est faite logé modestement à l'hôpital, au le 29 décembre par un service solen

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nel célébré pour les parens de ceux (cette ville une école de Frères. M. l'évêque de Langres a voulu les installer lui-même. Le prélat, qui avoit pris grande part à la bonne œuvre, s'est rendu à Chaumont, officia pontificalement à la paroisse, et fit sentir dans un très-bon discours, combien il importoit que l'enfance reçût de bonne heure une direction sage et chrétienne.

qui avoient suivi la retraite. Grand nombre de personnes y assistèrent et beaucoup y communièrent de la main de M. le curé. Au total, cette retraite a ébranlé bien des consciences, et a opéré de notables changemens. On conservera long-temps le souvenir du prédicateur infatigable qui s'est dévoué par zèle à un ministère si pénible. M. l'évêque de Fréjus, que ses infirmités retenoient dans sa ville épiscopale, a témoigné plusieurs fois combien il regrettoit de n'avoir pu se rendre à Toulon pour présider les exercices et être témoin d'un spectacle qui l'auroit si fort consolé.

M. Queloz, curé d'Yverdun, en Suisse, est actuellement à Nîmes, et y a fait un appel à la charité en faveur des catholiques d'Yverdun, qui désirent bâtir une église. M. l'évêque de Nîmes a recommandé cette bonne œuvre, et la Gazette du Bas-Languedoc l'a favorisée par un article trèsbienveillant.

Le ciel vient d'enlever à la com

Une famille anglaise qui habite Wazemmes, près Lille, vient de rentrer dans le sein de l'Eglise; elle se compose de la mère et de quatre jeu-munauté des Filles de Notre-Dame nes filles. L'abjuration et le baptême ont eu lieu le jeudi 12; c'est M. le curé-doyen de Saint-Etienne de Lille qui a fait la cérémonie, assisté de M. le curé de Wazemmes, qui avoit instruit ces étrangères. Les deux fillez aînées fréquentoient depuis quelque temps l'école des Sœurs à Lille. La mère a déclaré qu'elle n'avoit point été baptisée, et qu'elle n'avoit point fait baptiser ses filles.

A Saint-Clair, près Annonay, diocèse de Viviers, on a fait, le 2 janvier, une fête pour l'ouverture d'une chapelle dédiée au Sacré-Cœur. Plusieurs curés voisins y assistoient, et beaucoup de fidèles des environs s'y étoient rendus. M. l'abbé Tourvieille, supérieur du collège d'Annonay, et bon prédicateur, montra dans un discours plein de piété les avantages de la dévotion au Sacré-Cœur. La nouvelle chapelle a été construite en grande partie aux frais de M. le comte Eugène de Vogué.

De pieux habitans de Chaumont diocèse de Langres, ont procuré à

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meme

de Poitiers, dans la personne de sa.
digne supérieure, madame Victoire
Arnault Ménardière, âgé de 44 ans,
la pro-
une de ces femmes fortes, que
vidence suscite pour offrir,
aux parfaits, le modèle accompli
des plus touchantes vertus. Cette mai-
son religieuse, dévouée à l'instruc-
tion de la jeunesse, se distingue parmi
les fervens monastères de cette ville,
par son esprit de régularité et l'excel-
lente direction de son pensionnat.
C'est au milieu de cette communauté
qu'a brillé d'un si vif éclat, pendant
vingt-trois ans, celle dont la vie an-
gélique et la mort si précieuse ont
laissé des souvenirs ineffaçables. Ma-
demoiselle Victoire Arnault Ménar-
dière, née d'une famille honorable.
de Poitiers, étoit douée de tous les
agrémens de l'esprit et du corps, ca-
pables d'exciter les applaudissemens
du monde. Tout sembloit lui pro-
mettre le plus riant avenir dans la
société. Le Seigneur avoit d'autres
vues sur cette ame prédestinée ; il lui
inspira le généreux dessein d'aban-
donner tous ces vains avantages pour
se consacrer irrévocablement à lui..

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