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Dies ira. Le volume qu'il vient de publier sous le titre de Poésie Catholique sera, si l'on veut, une expiation de cette erreur.

Un recueil de poésie échappe trop à l'analyse pour que nous n'appuyions pas nos éloges de quelques citations. Ici nous n'aurons que l'embarras du choix. Ouvrons donc le livre au hasard, et lisons quelques strophes de la pièce intitulée le Prétre:

Le prêtre ! oui, je le dis sans crainte,
Je le proclame devant tous,
C'est la figure la plus sainte
Qui se rencontre parmi nous.
Le prêtre, c'est la haute image,
Le vivant débris d'un autre âge,
D'un passé toujours combattu.
Le prêtre, c'est une puissance,
C'est la grandeur de l'innocence,
Là royauté de la vertu.

Le prêtre ! oui, nommons tous le prêtre!
Voyez le, vous qui l'insultez,
Cet imitateur du grand maître,
A travers nos iniquités.
Docile à la main qui l'envoie,
Il est tour à tour dans sa voic,
Ou victime, ou consolateur;
Il donne de tout à son frère :
Il a des pleurs pour sa misère,
Il a du sang pour sa fureur.

Suivez sa marche dans l'arène,
Et vous l'y verrez chaque jour,
Répondant à des cris de haine
Par des effusions d'amour.
Il apaise la violence,
Il n'oppose que le silence
A la bouche qui le flétrit;
Il a sur ses lèvres modestes
Un peu de ces parfums célestes
Qui couloient des lèvres du Christ.

Une imitation des Litanies, sous tre de Priez pour nous, nous a par pleine de grâce et de douceur ; os Leteurs jugeront:

O Vierge immaculée,

O lis de la vallée,

Fleur près de qui nos fleurs
Perdroient de leurs couleurs ;
Vierge et mère ingénue,
Étoile de la nue,

Nous sommes à genoux :
Priez, priez pour nous.

Parfum, source efficace
De rosée et de grâce,
Miroir éblouissant.
Refuge caressant,
Ineffable patronne,

Qui plaint et qui pardonne,
Nous sommes à genoux:
Priez, priez pour nous.

Il nous semble que cet hymne naif pourroit être mis en musique pour les congrégations de jeunes filles.

Les stances intitulées Amour sont d'une grande fraîcheur. Nous n'en citerous qu'une seule, que termine un trait de sensibilité. Aimez, dit le poète, aimez

Ceux-là que la main rude, avare et mer-
D'une femme étrangère [cenaire
Berçoit pour un peu d'or,
Et qui n'ont pas connu ces caresses de mère
Dont je parle en pleurant, car j'ai la
[mienne encor.

Le volume prouve que M. Turquety a plus d'une corde à sa lyre, et qu'il sait, au besoin, prendre tous les tons. Le début de la pièce Le deux novembre, est rempli de la mélancolie qu'inspire le sujet :

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Le vent seul y souffloit parfois,
Et la chevelure des bois
Flottoit avec grâce et mystère;
Les halliers étoient pleins d'effroi,
Comme ils le sont durant l'automne;--
Personne dans les champs, personne
Que ce qui parloit près de moi.

Ceci rappelle le passage de Job: Stetit quidam, cujus non agnoscebam vultum, imago coràm oculis meis, et vocem quasi auræ lenis audivi (1).

pas appliquer toujours heureusement des nuits effrénées, un vent effréné. Il est aussi coupable de quelques néologismes, tels que s'en

nuager.

Ce sont là, sans doute, de bien légers défauts, que la loupe seule d'un critique aperçoit, et que le précepte d'Horace doit faire excuser :

Ubi plura nitent.

Non ego paucis offendar maculis.

En effet, ces taches disparoissent au milieu de la grandeur des images, de l'élévation des pensées et des mouvemens d'une poésie tour à tour sévère et gracieuse, et qui participe souvent de la beauté de la source où elle a puisé ses inspirations.

XX.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

Arrêtons-nous : aussi bien nous en avons assez dit pour montrer la manière de l'auteur, et justifier nos éloges. Toutefois, ces éloges sercient incomplets, si nous n'y melions quelques mots de critique. Toute ceuvre a ses taches; celles que, nous avons remarquées sont légères, et il sera facile à l'auteur de les faire disparoître dans les nouvelles éditions que nous croyons pouvoir prédire à son ouvrage, malgré le prosaïsme de notre époque. Nous lui reprocherons donc quelques rimes foibles, quelques autres insuffisantes, chose grave à présent qu'on exige de la rime une richesse que les plus beaux vers de notre grand Racine ne présentent pas toujours. Ainsi, nous doutons qu'on puisse faire rimer vacille et asile, et que pensée et rosée soient aujour-chacun suivant le rit de son église. des prêtres des diverses nations, d'hui des rimes suffisantes.

Nous signalerous quelques phrases ambitieuses ou obscures, sans doute involontaire hommage de l'auteur au romantisme, et dont il fera bien de s'affranchir désormais.

ROME.

Quoi qu'en dise un écrivain fameux dans un pamphlet récent, Rome n'est pas encore devenue l'ombre d'elle-même. La fête de l'Epiphanie, qui est la fete de la Propagande, a été célébrée avec pompe au college de ce grandiose établissement. Le jour de la fête, outre la messe solennelle, il y a eu toute la matinée des messes dites en plusieurs sortes de langues

Ainsi, dans une chapelle on entendoit une messe grecque, là, une autre en arabe, ailleurs en syriaque, en chaldaïque, en arménien. Le roi don Miguel a entendu ce jour-là la messe à la Propagande, dans le temps à pen près où quelques journaux annon

Enfin, nous avons noté l'emploi trop fréquent, nous dirions presqueçoient qu'il avoit été arrêté. l'abus de quelques mots que M.Turquety paroît affectionner, et qu'il détourne parfois de leur acception consacrée; de ce nombre est l'adjectif. effréné que l'auteur ne nous semble

Le dimanche dans l'octave de la

(1) Job. IV, 16,

fète, a toujours lieu un exercice public ou académie, où les élèves venus de toutes les parties de la terre pour se préparer à prêcher l'Evangile chez les peuples infidèles, récitent des compositions littéraires dans les langues

qui se parlent et s'enseignent au col- velles, dont il entretient si bénévolége. Ces compositions sont en l'hon- lement ses lecteurs? Pourquoi se perneur de l'Enfant-Jésus et des Mages. met-il d'accuser le gouvernement Cette année on en a récité en trente- d'envoyer ses agens de police jusque sept langues différentes. Il y avoit là dans le sanctuaire? Après toutes les cinq Arméniens, cinq Chaldeens, cinq libertés conquises, n'y auroit-il que Syriens, trois Maronites, un Géor-la liberté religieuse dont on ne joui

roit pas? Laissez-nous prier, puisque nous savons souffrir!

gien, un Abyssin, un Egyptien, deux Chinois, deux de l'Archipel grec, deux Illyriens, un Bulgare, un Moldave, un Albanais, un Polonais, deux Allemands, un Suisse, un Hollandais, nn Parisien, un Irlandais, huit Américains de l'Amérique du nord, dont un de la nouvelle Ecosse, un du Canada, cinq des Etats Unis, et un de Californie, etc. Ils ont récité des poé-même jour, mais sur un autre bâtisies dans leurs diverses langues.

C'étoit une chose fort curieuse, et on eût cru être au temps des apôtres Audiebat unusquisque linguá sua illos loquentes. Il n'y a assurément pas dans tout l'univers d'établissement de cette nature. La foi seule et la charité ont pu concevoir, créer et soutenir cette vaste institution. Cet exercice attire toujours un nombreux concours d'étrangers. On a remarqué cette année deux élèves Chinois qui ont récité un dialogue suivi d'une chanson; il y a eu des pièces en cophte, en éthiopien, en grec et en arménien, tant littéral que vulgaire, en tarrhauique, en mandaïque, en langue des Curdes, en celtique, etc. Le fils d'un ancien rabbin, le jeune Drach, a récité une églogue latine et une autre pièce en français.

PARIS.

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La police a été hier en

où l'on savoit que des services commémo ratifs pour le roi Louis XVI devoient être célébrés. M. l'Archevêque de Paris a of

Outre les missionnaires pour la Nouvelle-Orléans et pour la Mer du Sud, partis du Havre la veille de Noel, il y avoit encore d'autres ecclésiastiques destinés pour la Guadeloupe, et qui ont mis à la voile le

ment que les premiers. Ces ecclésiastiques étoient au nombre de trois, savoir: M. l'abbé Lacombe, préfet apostolique de la Guadeloupe, qui retournoit dans l'île après un congé de plusieurs mois, et deux autres prêtres, qui se consacroient pour la première fois à cette mission. Ils sont partis aussi du Havre, le 24, par la marée du matin, et on a tout lieu d'espérer qu'ils auront échappé, comme les autres missionnaires, à l'ouragan de la nuit suivante, qu'ils se seront trouvés assez loin en mer pour n'avoir rien à craindre du voisinage des côtes.

et

Dimanche dernier on a célébré à Saint-Sulpice la fête patronale du saint pontife dont cette église porte le nom. L'affluence des fidèles étoit fort considérable, le soir surtout, à vêpres et M. l'abbé

au sermon.

grande sollicitude à l'occasion d'oratoires Certes, chanoine de Montauban, a prêché sur l'immortalité. L'exorde assez étendu et fort à propos sur la la fête du saint patron. A Dieu ne solennité, a bien rattaché ce sujet à plaise disoit l'orateur, que je vienne en ce jour vous parler de cette vaine et stérile immortalité que la valeur, la gloire et les actions d'éclat que vante le monde, rendroient plus digne d'un athénée que d'un audi

ficié à l'absoule dans une des maisons qui vivent sous son apostolat. Toutes les notabilités du noble faubourg ont arboré le crêpe au chapeau, et les livrées

ont été chamarrées de noir.

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On le Siècle a-t-il puisé ces nou

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toire chrétien; tout cela n'est, après | il avoit occupé une cure moins im

tout, que bruit et vanité. Mais j'ai à portante. Sa cure de Meudon lui. vous montrer au nom de l'Eglise, donnoit des rapports avec Mesdames. cette autre immortalité que le Sei- de France, tantes de Louis XVI, gneur Jésus a d'abord appris à con- qui habitoient Bellevue, et avec le quérir, et dont il a ensuite récompensé premier Dauphin, qui étoit élevé à ses saints dans les splendeurs du pa- Meudon, et qui y mourut en 1789. radis. Cette immortalité exige des Sa charité, sa douceur, ses qualités vertus, et non pas seulement de beaux | aimables le faisoient estimer et aidiscours, et des théories brillantes. mer, et son presbytère étoit quelD'après ces belles paroles de son quefois le rendez-vous d'ecclésiastitexte, tiré de saint Paul: Scimus quo- ques distingués de la capitale. A l'éniam si terrestris domus nostra hujus poque de la révolution, il s'opposa habitationis dissolvatur, quòd ædifica- tant qu'il le put à la profanation de tionem ex Deo habemus, domum non son église. On assure qu'il fut armanufactam, æternam in cœlis, l'ora-rêté pendant quelque temps, mais teur a montré avec autant de logique que de talent, qu'on ne pouvoit nier la certitude de l'autre vie, 1 sans détruire la nature de l'homme; 2° sans accuser Dieu de cruauté; 3° sans se jeter dans le parti le plus à plaindre, même dans cette vie. Un style brillant et soutenu un goût toujours pur, une chaleur de raisonnement toujours pressant, et une action pleine d'aisance qui n'ôte rien à la dignité, ont merveilleusement aidé l'orateur dans le développement d'un aussi beau sujet.

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C'est dimanche prochain que commencera dans l'église Notre-Damedes-Victoires le cours d'instructions religieuses pour les catholiques allemands qui habitent la capitale. Une messe sera dite à une heure et sera suivie du sermon. Les instructions seront faites par M. l'abbé Axinger et M. l'abbé Keisser.

il put passer ensuite en Angleterre où, comme beaucoup de nos prêtres, il donna des leçons à de jeunes anglais. Il dirigea aussi quelque temps une congrégation, et avoit conservé en Angleterre des liaisons. honorables.

L'abbé Séjan ne voulut point rentrer en France avant les Bourbons. Lors de la formation de la chapelle du roi, il fut nommé un des clercs de la chapelle. Ce ne fut que sous Charles X qu'on le fit chapelain, La révolution de juillet le dépouilla de ce titre et du traitemen! qui y étoit attaché. Il soutint cette épreuve avec résignation, et n'en continua pas moins à répandre des aumônes. D'un désintéressement admirable, d'une parfaite égalité de caractère, il s'oublioit lui-même pour les autres et avoit conservé cette ancienne politesse et cette bienveillance affectueuse qui faisoient à la fois l'éloge de son éducation et de son cœur. Sa Le doyen peut-être du clergé de longue vieillesse avoit été exempte mpte Paris est mort le 14 janvier, venant de presque toute infirmité, et il a de terminer sa 88e année; c'est M. Al- conservé sa connoissance jusqu'à la bert Séjan, ancien curé de Meudon fin. Il est mort entouré des secours et ancien chapelain de Charles X. Il de la religion et des soins d'une étoit né à Paris, et étoit frère de l'or-nombreuse famille, dont il étoit gauiste du même nom. Il avoit fait l'ame et le lien. A ses obsèques ses études au collège d'Harcourt, puis qui furent célébrées à Saint-Sulpice, à Saint-Sulpice. Il commença sa li- on voyoit, outre ses parens et amis, cence en Sorbonne, mais ne l'acheva plusieurs étrangers et même des propoint. Avant d'être curé de Meudon, testans.

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M. Donnet, coadjuteur de Nancy, nommé à l'archevêché de Bordeaux, est arrivé le 18 janvier à Metz pour faire sa profession de foi entre les mains du vénérable évêque de cette ville, qui étoit délégué à cet effet par M. l'internonce pontifical.

dans

voudroit qu'on accordât au moins 20,000 fr. aux Frères ; il s'étouneroit que l'on conservât contre eux des préventions déraisonnables, et croit que le temps est venu de se montrer juste envers. des instituteurs si utiles.

M. Beaussier a prononcé un discours bien motivé en leur faveur. 11 L'image du Christ a reparu l'enceinte de la cour d'assises de regrette l'absence d'un conseiller,qui, après avoir bien examiné leur méDouai; espérons que les autres cours thode, étoit revenu de ses préventions et tribunaux reprendront successive-contr'eux. Il seroit de la justice, dit-il, ment l'antique usage et sentiront de rétablir les écoles supprimées, et que c'est le moyen de rendre la jus-de ne pas laisser peser leur entretien tice plus respectable, de provoquer le repentir dans l'ame du coupable, et d'inspirer aux juges et aux témoins le sentiment profond de leurs de

voirs.

Une messe des morts a été dite cette année, comme toutes les précédentes, le 21 janvier, dans la cathédrale de Cambrai, pour le repos de l'ame de Louis XVI. Il paroît que l'autorité ne s'alarme point à Cambrai de cette manifestation, qu'on a mis tant de zèle à empêcher ailleurs.

M. Dourlens-Brunel, d'Arras, vient de léguer à la cathédrale de cette ville une somme de 10,000 fr. pour y ériger une chapelle en l'honneur de saint Louis, son patron.

sur la charité publique. C'est par l'aumône que se soutiennent les écoles des Grands Carmes, de Saint-Laurent et de la Major; ces trois écoles réunies reçoivent près de 1,000, enfans, et coûtent environ 5,400 fr. d'entretien; c'est là une dette de la ville. Le faubourg Saint-Lazare, habité par de une école particulière. La population pauvres ouvriers, demanderoit aussi qui s'accroît réclame des secours plus abondans pour l'instruction.

M. Beaussier a cité l'exemple de plusieurs grandes villes, où on a rappelé les Frères, ou bien où on a augmenté leurs écoles. A Paris et à Bordeaux, ils sont aussi nombreux qu'avant la révolution. Lyon en entretient 45; à Toulouse, le conseil mnnicipal vient de leur ouvrir trois écoUn ecclésiastique zélé s'occupe d'é- les. Avignon et Montpellier ont remis tablir au Cateau une bibliothèque à leur charge les écoles dont la chade bons livres qui pourroit être fort rité publique s'étoit momentanément utile dans une ville dont les manu-chargée. A Reims et à Orléans, on a factures réunissent tant d'ouvriers.

Dans la séance du conseil municipal de Marseille, du 31 décembre, la discussion du budget de 1837 a amené la question de l'allocation pour les écoles chrétiennes. Cette allocation est de 14,410 fr. Le supérieur de l'école Saint-Jaume avoit adressé au conseil une lettre, pour demander que la subvention municipale fût rétablie sur l'ancien pied. M. Autran

doté ces écoles de nouvelles maisons. Nîmes, à moitié protestante, entretient 32 Frères. Marseille devroitelle rester en arrière?

L'orateur répond ensuite à quelques objections contre les Frères, et demande que l'on accorde l'allocation demandée par le directeur, ou au moins qu'on vote 8,400 fr., saires pour les trois écoles citées cidessus. M. Fortoul n'est point d'avis qu'on augmente les dépenses;

néces

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