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de salut public dont on corrobore leur charte-vérité, ils poussent des gémissemens, ils se récrient, ils disent qu'ils ne savent plus où ils en sont, et ils deman dent avec inquiétude où l'on veut les

mener.

Leurs surprises et leurs anxiétés redoublent dans ce moment à l'apparition du projet de loi qui a pour objet de scinder et disjoindre les affaires mixtes, où les complices de l'ordre civil avoient le privilége d'entraîner avec eux devant leur juridiction, les complices de l'ordre militaire. Cela leur fait revenir les états de siége à la pensée, et ne leur paroît rien moins que le germe des cours prévôtales. Ils se disent menacés également d'une autre loi qui remettroit la non - révélation des complots au nombre des crimes d'état.

elle n'ait pas fait payer, jusqu'à présent, sa bienvenue pins cher. Il seroit plaisant vraiment de faire les choses au même compte que les gouvernemens issus de l'ordre et du droit! Non, non, messieurs les patriotes de juillet, vous ne pouvez pas en être quittes pour le peu que vous avez vu; ce n'est que votre pain blanc. Si vous avez fait des rêves plus agréables que ce qui vous arrive, tant pis pour vous; il falloit consulter les autres révolutions avant de vous embarquer.

Une sérénade donnée à l'occasion de l'acquittement des prévenus du complot de Strasbourg est devenue pour les journaux la matière d'une dissertation dont ils ne nous paroissent être sortis qu'à la faveur de distinctions subtiles. Ils conviennent que cette sérénade a eu lieu auToutefois, il nous semble que, sur ce tour de l'hôtel où les personnes qui vedernier point, ils ne devroient pas se noient d'être acquittées par la cour d'asmontrer si effrayés. Qui sait mieux qu'eux sises se trouvoient réunies avec leurs décombien il est facile d'échapper à celle fenseurs; mais ils ajoutent que cette mapénalité? N'est-elle pas restée écrite dans nifestation n'avoit pour objel que de té nos lois pendant les quinze années de la moigner aux jurés et aux avocats comrestauration, lorsque les machinations et bien le public étoit satisfait de la males complots étoient flagrans de tous cô-nière dont ils avoient rempli leurs devoirs tés? Au milieu des conspirations actives respectifs. et permanentes de cette époque, à qui at-elle fait du mal? Quel est le carbonaro, | quel est le membre de la Société aide-toi, enfin, quel est le confident de tant de conjurations, qu'elle ait atteint et saisi à raison de ses non-révélations? Elle auroit eu assez d'affaires vraiment, et le bourreau n'y auroit pas suffi. Ainsi, que ces mes. sieurs ne viennent pas nous dire qu'ils en ont peur; cela est impossible; ils en ont trop vu.

Quant à leur étonnement sur les autres points où ils prétendent que la révolution de juillet les trompe si cruellement, c'est une surprise que nous avons le bonheur de ne point partager. Au contraire, si quelque chose nous étonne, c'est que celle révolution puisse encore leur faire aussi bon marché de son régime. Nous ne concevons pas cn cffet que, née du désordre, de la violence et de l'irrégularité,

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A notre avis, c'est ici que se trouve la distinction subtile. Car, de deux choses l'une ou il s'agit d'une mauvaise et injuste poursuite à laquelle les accusés ont eu le bonheur d'échapper; et dans ce cas, nous ne comprenons pas clairement pourquoi ils seroient exclus de la félicitation commune. Ou bien les faits qui les avoient amenés devant la justice étoient de nature à ne point mériter d'avoir cette heureuse issue; et dans ce dernier cas, nous ne voyons pas de quoi non plus on auroit à féliciter les avocats et les jurés qui, dans cette affaire, n'auroient eu que le mérite de fausser l'esprit des lois et les règles de la justice. La vérité est qu'il n'y avoit lieu à sérénades pour personne à cette occasion: ni pour ceux qui, les pr miers, avoient introduit la conf l'irrégularité dans ce procès motage du principal accusé,

« Alarmés du rapport qui doit être fait selon toute apparence pendant la session prochaine du parlement. et qui auroit pour objet de fixer au nom de l'état un fonds pour défrayer le clergé catholique irlandais, nous regardons comme un devoir sacré qui nous est' imposé, de ne pas nous séparer sans exprimer notre entière désapprobation d'une pareille mesure, et notre ferme détermination de la combattre par tous les moyens en notre pouvoir, comme contraire à l'indépendance de l'Eglise catholique irlandaise et à la conservation de la pureté de notre sainte religion dans notre pays. »

Ce n'est pas la première fois que les évêques d'Irlande se prononcent sur cette question. Déjà elle avoit été fort agitée il y a douze ans, et les évêques dans leur réunion de janvier 1826, où ils firent une déclara tion célèbre, s'étoient aussi occupés de la dotation. Ils s'exprimèrent sur ce point avec beaucoup de mesure, et sans se prononcer formellement pour accepter ou refuser un traitement de l'état, ils déclaroient seule inent « que ce traitement ne pouvoit être accepté à moins que l'émancipation n'eût été accordée, à moins encore qu'il ne s'alliât entièrement avec l'indépendance de l'Eglise catholique en Irlande et avec l'intégrité de sa discipline, et enfin, si cette mesure pouvoit rompre l'union entre eux et leurs troupeaux, et si elle ne recevoit point l'assentiment et l'approbation du peuple fidèle dont les contributions généreuses ont soutenu eux et leurs prédécesseurs depuis des siè

cles. »

évéques sages ne pouvoient se mettre
en opposition avec leurs troupeaux
qui leur ont donné tant de preuves
qui
d'un inviolable attachement.

290

POLITIQUE.

Rien de plus raisonnable assurément, édifiant et de plus conservateur que d'enet nous ajouterons même, rien de plus tendre les plaintes des journaux du gouvernement, tel que les Débats en particulier, contre les effets pernicieux de la mauvaise presse. Mais n'avons-nous pas le droit et le droit sévère de lui demander, au nom de la morale et des véritables intérêts de la France, pourquoi il approuvoit il y a six ans et encourageoit ce qu'il blâme si ouvertement aujourd'hui? Vous autorisiez alors les tendances démocratiques; elles sont venues depuis

se résoudre dans les faits. Vous l'avez

voulu! Ainsi M. Casimir Périer, votre grand homme d'état et le seul à bien fourni, malgré son énorme consommaprendre que la révolution de juillet ait tion de capacités de tous les genres, M. Casimir Périer osoit faire un appel à l'insurrection en prononçant ces paroles sous la restauration : « Nous ne sommes que six dans cette enceinte; mais nous avons derrière nous trente millions d'hommes. »

Et huit ans après, il s'écrioit douloureusement : « Une révolution que l'on suit ne s'arrête jamais que dans l'abîme. » Alors il étoit trop tard, et pour son propre compte, M. Casimir Périer mouroit à la peine.

Voilà que les zélateurs de la révolution de juillet retombent dans leurs tristesses et sont repris de leurs grandes douleurs Cette déclaration de 1826 explique au sujet des nouveaux périls qui s'anla résolution que les évêques d'Ir-noncent pour ce cher enfant d'ordre lélande viennent de prendre. Le peuple irlandais craint que le gouvernement anglais ne cherche surtout à s'assujétir le clergé par une dotation. Cette opinion est dominante en Irlande, et de là la chaleur avec laquelle on a repoussé la mesure projetée. Des

gal sur lequel ils avoient fondé tant de joies et d'espérances. A mesure qu'il leur survient des mécomptes sur ce point, ils se rappellent ce qu'ils avoient rêvé d'heureux; et en regardant les blessures qui s'amassent sur leur pauvre corps, en voyant les lois d'exception et les mesures

de salut public dont on corrobore leur charte-vérité, ils poussent des gémissemens, ils se récrient, ils disent qu'ils ne savent plus où ils en sont, et ils demandent avec inquiétude où l'on veut les

mener.

Leurs surprises et leurs anxiétés redoublent dans ce moment à l'apparition du projet de loi qui a pour objet de scinder | et disjoindre les affaires mixtes, où les complices de l'ordre civil avoient le pri- | vilége d'entraîner avec eux devant leur juridiction, les complices de l'ordre militaire. Cela leur fait revenir les états de siége à la pensée, et ne leur paroît rien moins que le germe des cours prévôtales. Ils se disent menacés également d'une autre loi qui remettroit la non - révélation | des complots au nombre des crimes d'état.

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elle n'ait pas fait payer, jusqu'à présent, sa bienvenue plus cher. Il seroit plaisant vraiment de faire les choses au même compte que les gouvernemens issus de l'ordre et du droit! Non, non, messieurs les patriotes de juillet, vous ne pouvez pas en être quittes pour le peu que vous avez vu; ce n'est que votre pain blanc. Si vous avez fait des rêves plus agréables que ce qui vous arrive, tant pis pour vous; il falloit consulter les autres révolutions avant de vous embarquer.

Une sérénade donnée à l'occasion de l'acquittement des prévenus du complot de Strasbourg est devenue pour les journaux la matière d'une dissertation dont ils ne nous paroissent être sortis qu'à la faveur de distinctions subtiles. Ils conviennent que cette sérénade a eu lieu auToutefois, il nous semble que, sur ce tour de l'hôtel où les personnes qui vedernier point, ils ne devroient pas se noient d'être acquittées par la cour d'asmontrer si effrayés. Qui sait mieux qu'eux | sises se trouvoient réunies avec leurs décombien il est facile d'échapper à cette fenseurs; mais ils ajoutent que cette mapénalité ? N'est-elle pas restée écrite dans nifestation n'avoit pour objet que de ténos lois pendant les quinze années de la moigner aux jurés et aux avocats comrestauration, lorsque les machinations et bien le public étoit satisfait de la males complots étoient flagrans de tous cô-nière dont ils avoient rempli leurs devoirs tés? Au milieu des conspirations actives respectifs. et permanentes de cette époque, à qui a- A notre avis, c'est ici que se trouve la t-elle fait du mal? Quel est le carbonaro, distinction subtile. Car, de deux choses quel est le membre de la Société aide-toi, | l'une : ou il s'agit d'une mauvaise et inenfin, quel est le confident de tant de con- juste poursuite à laquelle les accusés ont jurations, qu'elle ait atteint et saisi à rai-eu le bonheur d'échapper; et dans ce cas, son de ses non-révélations? Elle auroit eu assez d'affaires vraiment, et le bourreau n'y auroit pas suffi. Ainsi, que ces mes. sieurs ne viennent pas nous dire qu'ils en ont peur; cela est impossible; ils en ont trop vu.

Quant à leur étonnement sur les autres points où ils prétendent que la révolution de juillet les trompe si cruellement, c'est une surprise que nous avons le bonheur de ne point partager. Au contraire, si quelque chose nous étonne, c'est que cette révolution puisse encore leur faire aussi bon marché de son régime. Nous ne concevons pas cn cffet que, née du désordre, de la violence et de l'irrégularité,

nous ne comprenons pas clairement pourquoi ils seroient exclus de la félicitation commune. Ou bien les faits qui les avoient amenés devant la justice étoient de nature à ne point mériter d'avoir cette heureuse issue; et dans ce dernier cas, nous ne voyons pas de quoi non plus on auroit à féliciter les avocats et les jurés qui, dans cette affaire, n'auroient eu que le mérite de fausser l'esprit des lois et les règles de la justice. La vérité est qu'il n'y avoit lieu à sérénades pour personne à cette occasion: ni pour ceux qui, les premiers, avoient introduit la confusion et l'irrégularité dans ce procès, par l'escamotage du principal accusé; ni pour ceux

qui se sont piqués d'en faire autant par représailles et par jalousie de métier; ni enfin pour ceux qui n'ont dû leur salut qu'à cette espèce d'anarchie des pouvoirs, et de lutte du désordre contre le désordre.

PARIS, 25 JANVIER.

M. Pagès, député de l'opposition, a déclaré que « la restauration avoit fait jouir la France d'une prospérité sans exemple. » Faites donc des révolutions!

- Le journal ministériel du soir, qui a assuré qu'aucune arrestation n'avoit eu lieu dimanche au moment où Louis-Philippe sortoit par le guichet du Louvre, mieux informé, annonce aujourd'hni qu'un sous-officier en semestre, qui ne vouloit pas s'éloigner, a été arrêté par les sergens de ville et envoyé à la Préfecture de police, sous la prévention du délit de rébellion envers la force publique.

- M. Jacquinot-Godard, président à la cour royale de Paris, vient d'être nommé officier de la Légion-d'Honneur.

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François Gérard, peintre célèbre, dont nous avons annoncé la mort, étoit né à Rome en 1770 d'un père français et d'une mère italienne. Il se destina à la peinture et eut pour maîtres Pajon, Brunet et David. I excelloit dans les por trails, et en fit un très-grand nombre. Son tableau principal est celui qui représente l'entrée d'llenri IV à Paris; le plan et l'exécution sont également fort beaux. Le sacre de Charles X a eu moins de succès. En dernier lieu, Gérard travailloit aux pendentifs de Sainte-Geneviève et à un grand tableau d'autel représentant Jésus-Christ sur le mont Thabor. Ce tableau étoit destiné à la chapelle du Plessis-les-Tournelles, et avoit été commandé par M. de Genoude. Atteint, le 6 janvier, d'une fièvre nerveuse, M. Gérard connut bientôt le danger de son état, et réclama les secours de la religion. Il donna des signes de piété et fit quelques prières. Il ne paroît pas qu'it ait eu le temps de se confesser.

L'affaire de l'impasse Saint-Sébastien, qui à la fin du mois dernier, et lorsque

les débats étoient commencés devant la cour d'assises de la Seine, fut renvoyée à une autre session, parce que l'un des jurés avoit manifesté son opinion, a été appelée de nouveau aujourd'hui. Il s'agit, comme on doit se le rappeler, de treize ouvriers de diverses professions, représentés par l'acte d'accusation comme affiliés à la Société secrète des Familles, et du 31 août au 1er septembre, au domicile qui furent arrêtés la plupart dans la nuit de l'un d'eux, impasse Saint-Sébastien, à la suite du convoi du sieur Canlai, décoré de juillet. Ce sont les nommés Leprestre. Dubocage, ouvrier fondeur; Castaud, serrurier; Chouette, vernisseur; Dubos,

ouvrier en châles; Paquet, fondeur; | fils, et une fille qui a épousé M. de RianDaussin, gazier; Vaucamp, imprimeur en court. Possesseur d'une grande fortune. papiers peints; Maraitte; Bruna; Parent; le marquis de Lameth en usoit noblePotier et Ilenin. Le sieur Poussard, fabri-ment. Royaliste et chrétien, il ne donna cant d'armes, est en état de contumace. dans aucune nouveauté, et s'honoroit de

gion.

Sur un bureau, auprès de la cour, figu- la pratique fidèle des devoirs de la relirent, comme pièces à conviction, des sabres, des poignards, des cannes plombées, des cartouches, un devant de cheminée sur lequel sont représentés en découpures une paire de balances avec un bonnet phrygien; plusieurs lithographies, dont l'une est la constitution de 93; les autres lithographies représentent les ac cusés de jain.

Les témoins cités sont au nombre de 66. M. Plougoulm est chargé, comme la première fois, de l'accusation.

Pendant l'année 1836, il est entré au Havre 603 navires étrangers, 501 français, 109 du grand cabotage et 185 paquebots anglais; en tout, 1,398. Il en est sorti 641 étrangers, 404 français, 76 du grand cabotage, 182 paquebots. En tout,

1,303.

-

cent

Les journaux de la Meurthe annonque cinq personnes ont été trouvées mortes sur diverses routes. Elles avoient succombé à la rigueur du froid.

-

Après la lecture de l'acte d'accusation, M. Delahaye, président des assises, raconte aux jurés comment on a découvert Dans sa déposition devant la cour les listes d'affiliation, ce qui reporte sa d'assises du Bas-Rhin, le colonel Tallannarration aux événemens d'avril, à l'at- dier déclara qu'il avoit arraché les épautentat de Fieschi, et à l'affaire des poulettes du commandant Parquin, en lui dres de la rue de l'Oursinc.

On procède à l'interrogatoire des accusés. Leprestre-Eubocage est le premier interrogé. On a trouvé chez lui, impasse Saint-Sébastien, des munitions et des cartouches. L'accusé, ainsi qu'aux débats du mois de décembre, nie fortement être l'individu désigné dars une des listes saisies. Comme la première fois, il dit aussi

avoir fait des cartouches avec ses économies, pour parer à l'éventualité ďune révolution, et n'être pas pris au dépourvu. Leprestre-Dubocage paroît ne pas vouloir s'écarter, par toutes ses réponses, du sys. tème de défense qu'il a précédemment adopté.

000

NOUVELLES DES PROVINCES.

Le marquis Augustin - Louis - Charles de Lameth, l'aîné de toute la famille des Lameth, vient de mourir dans un âge avancé. Il étoit né le 20 juin 1755 d'une ancienne famille de Picardie, et ne sc jeta point dans la révolution comme ses frères, quoiqu'il eut servi comme cux en Amérique. Il avoit été marié deux fois, d'abord avec mademoiselle de La Tour du Pin, puis avec mademoiselle de Choi seul. Deux fils qu'il avoit eus de son premier mariage sont morts. Il laisse un

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disant qu'il étoit un traître. L'accusé, après cette déposition, répondit : «Il est vrai que M. Tallandier m'a insulté, qu'il m'arracha mes épaulettes, mais il a pu le faire impunément, j'étois son prisonnier.»> Aussitôt que le verdict d'acquittement fut connu à Strasbourg, on craignit une collision, qui malheureusement ne se fit pas attendre. M. Parquin écrivit, le 19, de Kehl, à M. Tallandier, pour lui donner un rendez-vous au-delà du Rhin. Le 20, ils se battirent à l'épée, et tous deux forent blessés, heureusement assez légèrement, le commandant Parquin à la poitrine, et le colonel Tallandier au bras.

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Le froid a repris à Nantes avec une nouvelle intensité ; la navigation y est une seconde fois interrompue par les glaces.

Le procès de M. Charreyron, député. contre la Gazette du Limousin, a été appelé, le 16, devant la cour d'assises de la HauteVienne. M. Théodore Bac, avocat des inculpés, MM. Deschamps et Laurent, étant malade et dans l'impossibilité de plaider, a fait demander la remise de l'affaire, qui n'a pas été accordée. Alors MM. Laurent et Deschamps se sont retirés, el la cour les a condamnés par défaut; le premier,

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