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TROISIÈME CONFÉRENCE

DE M. L'ABBÉ DE RAVIGNAN, A NOTRE-DAME.

1 mois.

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¿si irritante de sa nature, reposons nos esprits dans l'étude de la vérité. Vous l'avez vu, cette lutte du génie du mal 'aboutit après tout qu'à je ne sais

L'orateur, dans cette conférence,quel éclectisme, qui se résume à son

a eu dessein de présenter l'histoire de la vérité depuis les révélations primitives jusqu'à Jésus-Christ, et de montrer la conservation de la vérité: 1o par la religion primitive; 2o parson, et je n'ai pas d'autre dessein, que la théocratie mosaïque ; 3° par la succession du ministère prophétique. L'homme est fait pour la vérité; son origine, sa nature, sa destinée, tout le porte, l'entraîne vers elle. Le faux, examiné de près, le révolte, et ne sauroit répondre à l'activité de son intelligence, aux immenses désirs de son cœur. De nos jours, comme jadis, la science l'a cherchée, cette vérité primitive; elle est allée la demander aux monumens des an-nistère prophétique; car ce fut la triciens peuples; elle a interrogé les ple enceinte, pour ainsi dire, que lambeaux épars de leurs temples dé-Dieu avoit posée dans l'ancien monde truits par les siècles; elle a cherché autour de sa parole.

tour, en culte de la force, en un vaste panthéisme. Les faits primitifs nous diront si nous sommes faits pour un but semblable. Vous comptez avec rai

je m'appuierai sur les origines, telles que le catholicisme nous les présente. Telle sera, en effet, la base, le point de départ de cette grande, de cette sublime histoire de la vérité primitive que je vais rapidement aussi dérouler à vos yeux.

à deviner les quelques signes mysté

Ainsi examinon's :1 la religion pri

mitive;

2. La théocratie mosaïque ;

3° L'étonnante succession du mi

dire.

Il seroit difficile de préciser tout

ce que

Sur ces trois faits révélés repose rieux que la pierre couverte de sym-toute l'histoire de la vérité; c'est à boles a roulés jusqu'à nous; de lon-peine si le temps nous est douné gues veilles ont été consumées à sui- d'effleurer ce que nous aurious à en vre la trace d'un animal, à étudier les mœurs de l'insecte, sa constitution, aussi bien que celles de la plante et l'homme primitif avoit connu des fossiles ; ce que je suis loin de blâ- sur la vérité. Doué d'une noble inmer, à condition toutefois que ce telligence, accoutumé aux communin'est point là tout l'homme. Mes- cations familières avec le créateur, il sieurs, ce qui est encore plus beau, dut porter la connoissance des choses ce qui est plus utile, c'est de recher- aussi loin que ses facultés innocentes cher et de inéditer quelle fut l'histoire et pures alors, lui permirent d'aller de la vérité durant tout ce temps que dans le beau, dans le bien. Impossinous sommes convenus d'appeler l'an-ble donc de tracer la limite de ces cien monde. Après vous avoir rapide-sublimes. connoissances. Et même ment ébauché l'histoire de l'erreur, après le désordre de sa désobéissance, Tome XCII. L'Ami de la Religion.

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sainte? Quels hommes que ces patriarches, dont les descriptions homériques, avec tout leur charme et leur pompe de langage, n'ont pas même approché! Avec leur foi, qu'ils fu

les Jacob, les Joseph et tant d'autres, vrais modèles de la vie patriarcale, types majestueux des rois pasteurs!

l'homme conserva une large part de cet héritage brillant. Ce qui est certain toutefois, c'est que la tradition de quelques vérités positives surnagea à tous les naufrages qui ont pu engloutir les autres. Ainsi, le mono-rent grands les Abraham, les Isaac, théisme, c'est-à-dire la connoissance d'un seul Dieu, d'un créateur, passa du premier père aux générations suivantes; ainsi l'amour et le soin de son frère, c'est-à-dire le re-pect et l'affection de l'homme pour l'homme, l'idée du juste et de l'injuste, la pratique de la vertu, la fuite du vice, l'espérance d'une vie meilleure que devoit procurer l'arrivée d'un rédempteur à venir; voilà ce que la tradition et les faits anciens nous apprennent de la vérité première.

Qu'on aime à s'arrêter devant ces modèles de l'humanité, et à les voir, dans le fond de quelque vallée solitaire, jouir fréquemment, durant les belles nuits de la Chaldée, du spectaele des mystérieux concerts célestes, et de la douceur de la conversation divine! Oui, messieurs, un cœur droit aimera toujours à méditer de semblables sujets.

Le second fait sur lequel s'appuie la vérité de l'histoire, c'est l'institution de l'admirable théocratie mosaïque. Cet ensemble de lois, c'étoit là comme le rempart que Dieu avoit élevé autour de la foi et de la vérité, afin de les défendre contre l'invasion de l'idolâtrie et de l'erreur qui débordoient de toute part. C'est ici que les législateurs devroient fixer leurs

Si les générations qui ont marché dans la voie de Caïn out altéré quelques-uns de ces principes, si l'erreur a lutté souvent avec triomphe contre la vérité, du moins les enfans de Dieu, les générations imitatrices d'Abel, nombreuses aussi, conservèrent dans leurs cœurs fidèles, comme dans un sanctuaire inviolable, l'enseignement et la pratique du bien. A mesure que la corruption gagnoit ail-recherches. Moïse sauvé des eaux et leurs, leur foi devenoit plus vive. Le culte du Seigneur, principalement, se maintenoit par une cérémonie à la fois expiatoire et consolante, qui rappeloit la chute première et figuroit la réparation future, sevère à la fois et présage de la miséricorde, le sacrifice, en un mot, n'étoit - il pas l'abrégé et le témoignage de la vérité primitive? Je ne fais qu'indiquer ce point, messieurs; vous vous rappelez trop bien avec quelle foi, avec quel rare talent il vous a été développe dans cette chaire. Et toute fois, comment ne pas inviter votre meditation sur les mœurs de la race

adopté par la fille des rois, grandit au milieu des connoissances de l'Egypte Dieu le charge de la conduite de son peuple. Quelle mission difficile, mais quels prodiges la secondent, et quelle sagesse la régit! Etudier la loi des Juifs, c'est connoître l'action visible déde Dieu sur les hommes, pour fendre au sein des libertés humaines, l'ordre, la foi et la vérité, contre les implacables ravages du génie du mal. Voyez en effet, comine au milieu du conflit de toutes ces libertés, la main puissante du Seigneur s'élève, domine et gouverne tout. Ce peuple à la tête si dure, si impétueusement

ROYAL

porté vers les superstitions de l'Egypte ; ce murmurateur incorrigible, il faut le maintenir malgré lui dans la foi, et pour cela, lui prescrire une loi positive, des rits forts et multipliés, lesquels ont leurs motifs dans les lieux, les mœurs et les circonstances de ce temps. Vous savez toute l'histoire de ce peuple, prodige cutre tous les autres, qui fut toujours si insolemment puissant contre Dieu, selon l'étymologie de son nom Israel: eh bien! qu'on étudie donc cette législation divine, qu'on se pénètre de son esprit, et l'on saura comment Dieu tient en main le gouvernement des états, et les brise les uns contre les autres. Oui, la loi mosaïque est digne de son auteur, destinée qu'elle étoit à maintenir dans un peuple choisi la vérité primitive, laquelle devoit ensuite comme se déverser dans le christianisme, ainsi que le fleuve donne ses eaux à l'océan.

qui trouvoit tant d'échos dans le cœur des Hébreux.

Ils redisoient à leurs frères les enseigneniens divins; ils saluoient de loin," et sous l'empire de la loi écrite, ce bonheur de la promesse dont elle ́ ́ n'étoit que l'ombre, selon la magnifique expression de saint Paul, umbram enim habens lex futurorum bonorum. Et aussi quelles vertus étoient jointes à cet enthousiasme! Admirez la puissance d'Elie, la sagesse de David et de Salomon, les ravissemens d'Isaïe, la sublime tristesse de Jérémie, la piété de Daniel; voilà les ombres figuratives du Juste par excellence, du Messie, du Fils de l'Eternel, qui devoit réaliser toute prédiction. Car ils ont dit sa vie, son histoire, ces prophètes, de longs siècles avant sa venue: sa naissance, son pays, la virginité de sa mère, sa pauvreté, son denuement, son ministère trahi, calomnié, sa mort, son retour à la Enfin, le troisième fait qui a trans-gloire, ils ont tout vu, depuis l'Eden mis la vérité, c'est la succession du jusqu'au Calvaire et ce qu'ils ont ministère prophétique ; le peuple en-annoncé, fut conservé vivant, intact, tier et toutes ses destinées étoient par cette nation opiniâtre à retomber d'attendre, de publier celui qui de- vers le mal, mais invincible dans son voit venir; et cette chaîne ad- attachement à l'espérance du Messie. mirable de prophètes qui com- Car Dieu la maintenoit dans cette mence avec les premiers justes, espérance, comme enveloppée d'un s'augmente, comme de magnifiques rempart contre lequel venoit se brianneaux, par Abraham, Isaac, Jacob, ser la corruption générale, comme. Elie, Samuel, David, Salomon, Isaïe, une île au milieu de l'Ocean, inacJérémie, Daniel, et finit au vieillard cessible même aux eaux d'un déluge. de Patmos, qui a reçu de l'Esprit de Voilà ce qu'on ne sauroit trop étudier vérité les secrets de l'avenir, même de nos jours, et qu'on dédaigne ceaprès les effets de la promesse. Si la pendant d'approfondir. Bien que je nation choisie devient infidèle, si n'aie fait qu'ébaucher rapidement ses iniquités et ses misères n'ont plus les traits principaux de l'histoire de de mesure, alors s'élève la grande la vérité, j'en aurai assez dit, je crois, voix du prophète, corrigeant le mal, pour que des hommes francs et géet annonçant des jours sereins, suite néreux baissent avec joie la tête sous du repentir. Ils entonnent surtout un joug glorieux. l'hymne de l'espérance, ce chant

Ainsi, la foi antique, coinme un

foyer divin de lumière et de chaleur long-temps comprimée dans la plétude des temps, manifesta toutes ces splendeurs, et alors la voix puissante et créatrice redit une seconde fois : Que la lumière soit, et la lumière fut. Toute cette conférence, dout nos impressions et nos souvenirs dans cette analyse n'ont pu rendre l'entraînement et la rapidité de style et d'éloquence, a produit le plus grand effet sur l'immense auditoire, qui écoutoit encore, après le silence de l'orateur, lorsque M. l'Archevêque s'est levé pour le bénir. N.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le 9 février, les cardinaux de la création de Léon XII ont

fait célébrer, suivant l'usage, dans le chœur de l'église Saint-Pierre un service pour le repos de l'ame du pontife. M. Soglia, patriarche de Constantinople, officia. Avant la messe, le Saint-Père descendit dans l'église avec sa suite et assista à la cé

rémonie.

en ont deux, quarante-six diocèses n'en ont qu'un.

Le nombre des élèves prescrit par l'ordonnance du 17 juin 1828, étoit de 19,810. Ce nombre étoit complet au 1 janvier 1830, mais les évé

coup

nemens de cette année amenèrent
une grande diminution. Plusieurs
petits-séminaires furent fermés. Beau-
d'élèves furent retirés par leurs
parens effrayés de l'aspect défavora-
ble des choses. Aux années suivan-
tes, le nombre total se trouva dimi-
nué d'un tiers. Au 1er janvier
1836, il montoit à 14,799, et an
1er janvier dernier, il étoit de
16,619. Mais ce nombre est encore
loin d'être en proportion avec les
besoins des diocèses. Au surplus, il
seroit bien temps qu'on supprimât
ces entraves humiliantes apportées
par l'ordonnance de 1828 à des éta-
dans l'état actuel.
blissemens si nécessaires à la religion

Le tableau ministériel offre le relevé, en revenus, des dons ut legs faits aux petits-séminaires depuis le concordat de 1802. Ce relevé ne doit pas effrayer beaucoup ceux qui ont tant de peur de voir le clergé riche. Le revenu pour les cent-vingt-une PARIS. On a vu que sur la mo-écoles, est de 43,249 fr. 68 c. Če qui tion de M. Dubois (de la Loire-Inférieure) un tableau de la situation actuelle des petits-séminaires a été demandé au ministère des cultes. Ce tableau a été envoyé, il présente la situation des petits- séminaires au 1er janvier dernier.

fait pour chaque établissement un revenu de 357 fr. Véritablement cela n'est pas exorbitant.

La recette totale pour les centvingt-une écoles autorisées est de 4,015,110 fr. 50 c., et la dépense de 4,215,300 fr. 5 c. Trente-un petits-séIl en résulte qu'il y a pour les qua- minaires ont un excédant de recettre-vingts diocèses cent vingt-une éco- tes, quelquefois fort modique, puisles autorisées; plusieurs diocèses ayant qu'il y en a un, le petit-séminaire de obtenu d'en avoir plus d'une, soit Reims, où l'excédant de recettes est parce qu'ils renferment plusieurs dé- de 11 fr. 25 c. L'excédant total est de partemens, soit à raison de leur 65,006 fr., mais soixante-trois sémiétendue, de la difficulté des commu-naires éprouvent un déficit qui monte nications, des différences de langage ou d'autres motifs pris des localités. Lyon a cinq petits-séminaires; Besançon, Saint-Brieuc et Soissons en ont chacun trois, vingt-ncuf diocèses

en tout à 265,195 fr. Les diocèses où le déficit est le plus considérable est Versailles où il est de 25,870 fr. Valence de 13,458 fr. Nevers où il est de 12,747 fr.; Grenoble, de 12,

227 fr., Saint-Claude de 12,078 fr. Un des embarras des évêques est de combler ce déficit par leurs dons et par ceux du clergé et des fidèles.

ayant demandé une messe, il n'avoit pas cru devoir le refuser, qu'il ne devoit point y avoir de service, et qu'on n'auroit pas dû faire d'invitaIl y a seize écoles où la dépense et tion. Il paroît que l'autorité a bien la recette se balancent. De plus, il y voulu se payer de ces raisons. a trois écoles qui ne viennent que de L'affiche de l'église Chatel annons'établir; celles d'Ajaccio, de Pont-à-çoit dernièrement une conférence du Mousson et de Rodez. Il y en a quel-primat sur l'origine du monde selon ques autres dont la situation n'a pas l'église française et selon la science. été encore constatée. Les cent douze Cela a paru quelque peu ambitieux. petits-séminaires dont les comptes L'abbé Chatel expliquant l'origine du ont été envoyés au ministère reçoi-monde, et l'église française affectant vent 4,258 élèves qui paient la pen- de se mettre sur la même ligne que la sion entière, 10,552 qui ne paient science, il y a là une jactance qui prête que des parties de pension et sou- assez au ridicule. vent très-peu de chose, et le reste absolument gratuit.

Il sera curieux de voir ce que les ennemis du clergé trouveront à épiloguer sur ce tableau. La meilleure réponse à leur faire, c'est qu'il est plaisant, quand on ne donne rien aux petits-séminaires, qu'on épluche leurs comptes avec tant de sévérité. Cette entrave devroit bien disparoître comme les autres; c'est une addition qu'on a faite à l'ordonnance de 1828.

Une affaire qui a fait beaucoup de bruit dans le Midi a été portée le 25 février au conseil d'état. Il y a deux ans, M. l'évêque de Digne frappa de suspense M. Isnard, curé de Castellane. L'ordonnance datée du 27 janvier 1835 le déclaroit déchu à la fois de ses fonctions et de son bénéfice. Le curé se pourvut devant le métropolitain; le siége d'Aix étoit alors vacant. M. l'abbé Abel, grand-vicaire capitulaire, prétendit annuler comme official la suspense portée par M. l'évêque de Digne, en alléguant que les formalités de l'ancienne procédure ecclésiastique n'avoient pas été observées. Cette décision du grand-vicaire étonna tout le

Nous avons parlé des lettres de convocation pour un service à la chapelle Auzou, le jour de l'anniversaire de l'exécution de Pepin, complice de Fieschi. La forme du billet en in 'iquoit bien l'intention; il invitoit à as-monde, et en effet on ne conçoit guère sister au service funèbre du citoyen Pe- comment un grand-vicaire seul poupin, décapité par les thermidoriens, l'an voit réformer une sentence épiscopale. 44 de la république. Le billet finissoit Il y cut appel comme d'abus devant par la formule républicaine : Salut et le conseil d'état, et une ordonnance et fraternité. Bien des gens avoient du 2 novembre 1835 annula ce qu'acru que l'autorité profiteroit de cette voit fait le grand-vicaire, qui n'avoit mauifestation républicaine pour faire pas qualité suffisante pour réformer fermer l'église française dont les sym-seul une sentence épiscopale. De plus, pathies ne sont pas douteuses. Il n'en une autre ordonnance du 29 novema rien été. Qu'un curé eût fait quel-bre 1835 approuva celle de M. l'évêque chose de semblable, on eût certainement sévi contre lui. On s'est contenté d'empêcher le service pour le citoyen Pepin. M. Auzou a fait insérer dans des journaux une note Fortant que le neveu de Pepin luj

que de Digne. M. Isnard se pourvut devant le conseil d'état, et son avocat soutint que la mesure prise par le prélat, ne tenoit qu'à des dissentimens et des discussions politiques. Mais M. Marchand, maître des requètes,

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