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Son Excellence Mirza Ahmed Khan Sadig Ul Mulk, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à La Haye, Délégué.

Pour le Portugal:

Son Excellence le Marquis de Soveral, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire, Conseiller d'Etat, ancien d'État, ancien Ministre des Affaires Étrangères, Délégué

Plénipotentiaire ;

Son Excellence le Comte de Sélir, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à La Haye, Délégué Plénipotentiaire;

Son Excellence M. Alberto d'Oliveira, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Berne, Délégué Plénipotentiaire;

M. le Lieutenant-Colonel d'État-Major Thomaz Antonio Garcia Rosado, Délégué Technique.

Pour la Roumanie :

Son Excellence M. Alexandre Beldiman, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Berlin, Premier Délégué ;

Son Excellence M. Edgard Mavrocordato, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à La Haye, Second Délégué.

M. le Capitaine Alexandre Sturdza, du Grand État-Major, Délégué Technique.

Pour la Russie:

Son Excellence M. Nélidow, Conseiller Privé Actuel, Ambassadeur de Russie à Paris, Délégué Plénipotentiaire ;

Son Excellence M. de Martens, Conseiller Privé, Membre Permanent du Conseil du Ministère Impérial des Affaires Étrangères, Délégué Plénipotentiaire ;

Son Excellence M. Tcharykow, Conseiller d'Etat Actuel, Chambellan, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à La Haye, Délégué Plénipotentiaire;

M. Prozor, Conseiller d'État Actuel, Chambellan, Ministre de Russie à Rio-Janeiro, Délégué technique;

M. de Major-Général Yermolow, Attaché Militaire à Londres, Délégué Technique; M. le Colonel Michelson, Attaché Militaire à Berlin, Délégué Technique;

M. le Capitaine de Vaisseau Behr, Attaché Naval à Londres, Délégué Technique; M. le Colonel de l'Amirauté Ovtchinnikow, Professeur de Droit International à l'Académie de la Marine, Délégué Technique.

Pour le Salvador :

M. Pedro J. Matheu, Délégué ;

S. Pérez Triana, Délégué.

Pour la Serbie:

Son Excellence M. le Général Sava Grouïtch, Président du Conseil d'État, Délégué ; Son Excellence M. Milovan Milovanovitch, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Rome, Membre de la Cour Permanente d'Arbitrage, Délégué;

Son Excellence M. Michel Militchévitch, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Londres et à La Haye, Délégué.

Pour le Siam:

M. le Major-Général Mom Chatidej Udom, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire, Premier Délégué ;

M. Corragioni d'Orelli, Conseiller de Légation à Paris, Délégué ;

M. le Capitaine Luang Bhuwanarth Narübal, Délégué.

Pour la Suède :

Son Excellence M. Knut Hjalmar Leonard de Hammerskjöld, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Copenhague, Membre de la Cour Permanente d'Arbitrage, Premier Délégué ;

M. Johannes Hellner, ancien Ministre sans Portefeuille, ancien Membre de la Cour Suprême de Suède, Membre de la Cour Permanente d'Arbitrage, Second Délégué ; M. le Colonel David Hedengren, Délégué Technique;

M. Gustaf de Klint, Capitaine de Frégate, Chef de l'État-Major de la Marine Royale, Délégué Technique.

Pour la Suisse :

Son Excellence M. Gaston Carlin, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Londres et à La Haye, Délégué Plénipotentiaire ;

M. le Colonel Eugène Borel, Chef d'Etat-Major du IIIème Corps d'armée, Professeur à l'Université de Genève, Délégué Plénipotentiaire;

M. Max Huber, Professeur de Droit à l'Université de Zurich, Délégué Plénipotentiaire.

Pour la Turquie :

Son Excellence Turkhan Pacha, Ambassadeur Extraordinaire, Ministre de l'Evkaf, Premier Délégué Plénipotentiaire ;

Son Excellence Réchid Bey, Ambassadeur de Turquie à Rome, Délégué Plénipotentiaire ;

Son Excellence le Vice-Admiral Mehemmed Pacha, Délégué Plénipotentiaire ;
Raïf Bey, Conseiller Légiste de la Liste Civile, Délégué Adjoint;

Le Colonel d'État-Major Mehemmed Saïd Bey, Délégué Adjoint.

Pour l'Uruguay:

Son Excellence M. José Battle y Ordóñez, Premier Délégué;

Son Excellence M. Juan P. Castro, Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire à Paris, Délégué;

M. le Colone! Sebastián Buquet, Délégué;

M. Samuel Blixen, Secrétaire de la Délégation;

M. Pedro Manini Ríos, Secrétaire de la Délégation.

Pour le Venezuela :

M. José Gil Fortoul, Chargé d'Affaires à Berlin, Délégué

Son Excellence le Jonkheer van Tets van Goudriaan, Ministre des Affaires Étrangères des Pays-Bas, ouvre la séance et prononce le discours suivant :

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"Au nom de Sa Majesté la Reine, mon auguste Souveraine, j'ai l'honneur de vous souhaiter la bienvenue.

"S'associant à la pensée dont Sa Majesté l'Empereur de Toutes les Russies s'est inspiré lorsque ce Monarque a fait adresser aux Puissances la proposition d'envoyer des Délégués à une deuxième Conférence de la Paix, Sa Majesté la Reine a été heureuse de consentir à ce que sa résidence offrît derechef l'hospitalité à votre illustre assemblée.

"Le Gouvernement des Pays-Bas m'a chargé d'exprimer de cette place ses sentiments de profond respect et de sincère reconnaissance envers l'auguste Souverain qui a pris l'initiative de la Conférence.

"Pendant les huit années écoulées depuis la première Conférence, l'œuvre commencée en 1899 a fait des progrès.

"Il appartiendra à l'histoire d'enregistrer les dates qui jalonnent ce développement. Elles vous sont du reste connues. Je puis donc m'abstenir de vous les rappeler, mais je pense qu'il convient de ne pas omettre à cette heure d'offrir le tribut de notre gratitude à l'éminent homme d'État qui préside aux destinées des États-Unis d'Amérique. M. le Président Roosevelt a puissamment contribué à faire lever la graine semée par l'auguste initiateur des solennelles Assemblées internationales convoquées pour discuter et préciser davantage les règles de droit international, qui, comme les Etats sont les premiers à le reconnaître, doivent régir leurs relations.

"Les résultats des travaux de la première Conférence de la Paix ont été l'objet de critiques sévères.

"Ces jugements et les événements qui se sont produits et qui, selon quelques esprits pessimistes, auraient fourni la preuve de la stérilité des efforts de cette Conférence, n'ont pas sérieusement affaibli le courant de l'opinion qui s'était formée en faveur de l'œuvre de l'Assemblée de 1899.

La meilleure preuve que les populations et leurs Gouvernements, loin de se désintéresser de ce courant de l'opinion, en subissent l'influence, me paraît l'empressement avec lequel les Puissances ont répondu à l'appel qui leur avait été adressé. Cet accueil, pour ainsi dire unanimement favorable, m'a semblé de bon augure. J'y ai une indication paraissant justifier l'espoir que la Conférence qui inaugure

vu

aujourd'hui ses travaux, marquera une étape sur la route qui doit conduire au but qu'il s'agit d'atteindre et qu'elle ne sera pas la dernière qui se réunira à La Haye dans un

même dessein.

"L'augmentation du nombre des États représentés-leur nombre s'est presque doublé est un autre symptôme favorable dont il me paraît difficile de méconnaître la portée, car plus le nombre des Etats qui participent aux Conférences est grand, mieux sera assurée l'observation générale et incontestée des dispositions dont ils seront

convenus.

"La Maison du Bois, où en 1899 les Délégués des Puissances tinrent leurs séances, n'était pas assez vaste pour accueillir une Conférence mondiale et partant très nombreuse. Il a donc fallu préparer une autre demeure.

"La vénérable salle, dans laquelle vous venez d'entrer, a été construite au treizième siècle par Guillaume II, Comte de Hollande, Roi des Romains. Des décisions d'une grande portée, qui furent prises par la suite dans cette salle, lui valurent une certaine célébrité historique. Actuellement les États-Généraux s'y assemblent en séances réunies. Elle nous a paru digne de recevoir la deuxième Conférence de la Paix et elle acquerra un nouveau titre à la célébrité historique qui dépassera désormais les limites de l'histoire nationale, maintenant que dans son enceinte aura délibéré l'Assemblée la plus complètement représentative des États du monde qui se soit réunie jusqu'à nos jours.

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J'ai, Messieurs, deux propositions à vous faire: d'abord de présenter à Sa Majesté l'Empereur de Toutes les Russies nos respectueux hommages par la voie télégraphique

et dans les termes suivants :

“Au début de ses travaux la deuxième Conférence de la Paix dépose aux pieds de votre Majesté ses respectueux hommages et lui exprime sa profonde reconnaissance d'avoir pris l'initiative de continuer l'œuvre commencée en 1899. La Conférence prie votre Majesté de vouloir bien être convaincue de son profond désir de travailler de toutes ses forces à l'accomplissement de la tâche aussi délicate qu'ardue, qui lui a été confiée.' (Assentiment unanime.)

"Je déduis de vos applaudissements l'unanimité de votre assentiment.

"Je ne doute pas que ma seconde proposition ne réunisse également tous vos suffrages.

"Je me permets donc, Messieurs, d'exprimer le vœu de voir déférer la présidence de votre assemblée à l'Ambassadeur de Sa Majesté l'Empereur de Toutes les Russies, son Excellence M. de Nélidow, dont la grande expérience des affaires et les qualités éminentes contribueront à faciliter vos travaux. (Assentiment unanime.)

"En présence de l'acceptation unanime de ma proposition, je prie son Excellence M. de Nélidow, Ambassadeur de Russie à Paris, et Premier Délégué, de vouloir bien prendre la présidence et d'occuper à cet effet le fauteuil présidentiel."

Son Excellence M. de Nélidow prend place au fauteuil présidentiel et prononce l'allocution suivante :

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"Permettez-moi de remplir d'abord un agréable devoir, celui de vous exprimer ma profonde reconnaissance pour l'honneur que vous me faites en consentant à me confier la direction de nos travaux.

"Je sais bien qu'en adhérant gracieusement à l'aimable et flatteuse proposition de M. le Ministre des Affaires Étrangères des Pays-Bas, vous avez voulu rendre un hommage au Souverain que j'ai l'honneur de représenter, qui a été l'initiateur des Conférences de Paix, et au sujet duquel son Excellence M. de Tets vient de s'exprimer dans des termes qui me touchent profondément.

"Vous avez également voulu sans doute faire par votre acquiescement acte de déférence envers l'homme d'Etat distingué qui dirige la politique extérieure des Pays-Bas et que j'ai l'honneur de compter parini mes très anciens collègues et amis. Aussi, croirais-je répondre à votre sentiment unanime en demandant à son Excellence M. van Tets van Goudriaan de conserver des liens avec la Conférence en voulant bien accepter le titre de son Président d'Honneur. (Assentiment unanime.)

"Je vous proposerai également d'offrir la vice-présidence de la Conférence au Premier Délégué des Pays-Bas, M. de Beaufort, sous les auspices de qui a siégé en 1899 la première réunion de la Paix. (Assentiment unanime.)

Quant à moi, je n'ai pas besoin de vous assurer que j'emploierai tous mes efforts à

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diriger nos travaux de manière à les rendre aussi fructueux que possible. Dans ce but, je tâcherai toujours de maintenir entre nous la concorde en recherchant des points de contact et en évitant tout ce qui pourrait faire éclater de trop vives divergences de vues. J'espère pouvoir compter pour seconder la bonne volonté que j'y apporterai sur votre bienveillant concours et sur votre aimable indulgence.

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"Mais nous avons, Messieurs, à accomplir avant tout un respectueux devoir envers la très Gracieuse Souveraine du pays qui nous offre une si large hospitalité. Je vous propose donc de m'autoriser à envoyer au nom de la Conférence à Sa Majesté la Reine des Pays-Bas le télégramme suivant: Les Représentants de quarante-cinq États, réunis à La Haye pour la Seconde Conférence de la Paix, ont l'honneur de déposer aux pieds de votre Majesté Royale l'expression de leur reconnaissance pour l'accueil gracieux qui leur est fait dans sa résidence en même temps que l'hommage de leur très respectueux dévouement.' (Assentiment unanime.)

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En assumant les fonctions que vous venez de me confier, je ne crois plus nécessaire, après les paroles éloquentes que vous venez d'entendre de la bouche de M. le Ministre des Affaires Étrangères des Pays-Bas, de rappeler quels ont été les antécédents de cette Seconde Conférence de la Paix et quelle part revient dans sa convocation au Chef éminent de la grande Confédération Nord-Américaine, dont les élans généreux s'inspirent toujours des plus nobles sentiments de justice et d'humanité. (Assentiment unanime.)

"En voyant réunis ici en une seule assemblée les Représentants de la presque totalité des États constitués, je ne saurais m'empêcher d'éprouver une vive et profonde émotion. C'est pour la première fois que pareil fait se produit, et c'est une idée de paix qui a amené les Gouvernements à déléguer de tous les points du globe les hommes les plus éminents de leur pays pour discuter en commun les intérêts les plus chers à l'humanité-ceux de la conciliation et de la justice. Oserai-je en tirer un heureux augure pour la marche de nos travaux et exprimer l'espoir que les mêmes sentiments de concorde qui ont animé les Gouvernements régneront également parmi leurs Représentants et contribueront ainsi au succès de la tâche qui nous est dévolue ?

"Cette tâche, Messieurs, telle qu'elle résulte du programme de la Conférence, accepté par tous les Gouvernements, se compose de deux parties: il s'agit, d'un côté, de rechercher les moyens de régler à l'amiable les différends qui peuvent surgir entre les Etats et de prévenir ainsi des ruptures et des conflits armés. Il faut tâcher, d'autre part, si la guerre a éclaté, d'en adoucir les charges, tant pour les combattants que pour ceux qui pourraient en être indirectement atteints. Ces deux problèmes ont pu paraître quelquefois incompatibles. Lorsque pendant la Guerre de la Sécession aux Etats-Unis un professeur, le Docteur Lieber, je crois, eut ébauché un projet d'instructions aux Commandants des troupes occupant un territoire ennemi et aux autorités locales du territoire occupé dans le but d'alléger pour les uns et les autres les difficultés et les charges de cette situation anormale, j'ai entendu exprimer l'avis que c'était absolument à tort qu'on cherchait à adoucir les horreurs de la guerre. Pour que les guerres soient courtes et rares,' me dit-on, 'il faut que les populations engagées en ressentent tout le poids afin de chercher au plus tôt à y mettre un terme et de ne plus vouloir recommencer." Cette opinion, Messieurs, me paraît absolument spécieuse: les horreurs des luttes anciennes et des guerres du Moyen-Age n'en ont diminué ni la durée ni la fréquence, tandis que les adoucissements apportés, dans la seconde moitié du siècle passé, au régime des guerres, au sort des prisonniers et des blessés, toute cette série enfin de mesures humanitaires qui ont fait l'honneur de la Première Conférence de la Paix et qui doivent être complétées par les travaux de celle que nous inaugurons, n'ont nullement contribué à développer le goût de la guerre; ils ont répandu, au contraire, dans tout le monde civilisé un sentiment d'aménité internationale et créé un courant pacifique qui se révèle dans les manifestations de sympathie par lesquelles l'opinion publique accueille et va, j'espère, accompagner nos travaux. Nous aurons donc à persévérer sous ce rapport dans la voie ouverte par nos prédécesseurs de 1899.

Quant à l'autre partie de notre tâche, celle qui a trait aux moyens de prévenir, et d'éviter les conflits entre les Etats, il semble inutile d'appuyer sur les services que les institutions et les dispositions décrétées par la Première Conférence ont déjà rendu à la cause de la paix et du droit. On a exprimé l'opinion que les différends réglés à la suite de la Première Conférence de La Haye ne dépassaient pas comme importance ce qu'on pourrait appeler des cas de justice de paix internationale. Eh bien! Messieurs, les juges de paix rendent aussi des services signalés à l'ordre et à la tranquillité publique. Ils règlent amicalement les querelles privées et contribuent à maintenir une atmosphère de calme entre les individus en écartant les petites causes d'irritation qui, en s'accumulant, produisent souvent de grandes hostilités. Il en est de

même entre les nations. C'est en prévenant les troubles minimes dans leurs rapports qu'on prépare le terrain à des ententes lorsque de plus grands intérêts se trouvent en jeu. La reconnaissance solennelle du principe de l'arbitrage a déjà créé parmi les divers États une disposition à y recourir pour le règlement des litiges sur un terrain dont les limites tendent à s'élargir sans cesse. C'est ainsi que depuis 1899, trente-trois Conventions d'Arbitrage ont été conclues entre les différents États. Mais il y a plus; quatre causes graves et compliquées, capables de créer de l'irritation entre les Puissances, ont été portées devant la Cour d'Arbitrage de La Haye, et la Commission d'Enquête, créée par l'Acte de 1899, a eu à s'occuper, comme tout le monde s'en souvient, d'un cas infiniment sérieux et qui aurait pu sans son heureuse intervention, avoir les conséquences les plus dangereuses.

"Nous pouvons donc, Messieurs, envisager avec respect les résultats de l'activité de nos prédécesseurs à La Haye. Ils doivent nous servir d'encouragement à persévérer dans l'œuvre déjà accomplie et à lui donner un plus large développement. Tous les amis de la civilisation suivent avec un sympathique intérêt les progrès des institutions internationales issues de la Première Conférence de la Paix et un généreux citoyen des États-Unis a même fait don d'une fortune pour édifier ici un somptueux Palais où elles aient leur siège permanent. C'est à nous de les rendre dignes de cet acte de munificence, ce qui sera aussi un moyen de témoigner notre gratitude à Mr. Carnegie. (Assentiment.)

Toutefois, ne soyons pas trop ambitieux, Messieurs. N'oublions pas que nos moyens d'action sont limités, que les nations sont des êtres vivants tout comme les individus qui les composent ; qu'elles ont les mêmes passions, les mêmes aspirations, les mêmes défaillances, les mêmes entraînements. Que si dans la vie quotidienne, les organes judiciaires, malgré la sévérité des sanctions dont ils sont munis, ne parviennent pas à empêcher les querelles, les rixes, et les violences entre individus, il en sera de même parmi les nations, quoique les progrès de la conciliation et l'adoucissement progressif des mœurs doivent certainement diminuer ces cas. N'oublions surtout pas, Messieurs, qu'il y a toute une série de causes où l'honneur, la dignité et les intérêts essentiels sont engagés pour les individus comme pour les nations, et où les uns comme les autres ne voudront jamais, quelles qu'en soient les conséquences, reconnaître d'autre autorité que celle de leur propre jugement et de leur sentiment personnel.

"Mais que cela ne nous décourage pas à rêver à l'idéal d'une paix universelle et d'une fraternité des peuples qui ne sont après tout que des aspirations naturelles et supérieures de l'âme humaine. La condition essentielle de tout progrès n'est-elle pas la poursuite d'un idéal vers lequel on tend toujours sans pouvoir jamais y arriver? Un but tangible une fois atteint arrête l'élan, tandis qu'il faut pour le progrès de toute entreprise le stimulant continu de l'aspiration vers quelque chose de plus élevée. 'Excelsior est la devise du progrès. Mettons nous donc bravement à l'œuvre, ayant, pour nous éclairer la voie, l'étoile lumineuse de la paix et de la justice universelles à laquelle nous n'arriverons jamais, mais qui nous guidera toujours pour le bien de l'humanité. Car ce que, dans les modestes limites de nos moyens, nous pourrons faire en faveur des individus en leur allégeant les charges de la guerre et des États en leur évitant des conflits, constituera, au profit des Gouvernements que nous représentons, autant de titres que nous aurons acquis pour eux à la reconnaissance de l'humanité."

Sur la proposition du Président, la Conférence désigne pour composer son Secrétariat:

Comme Secrétaire-Général : M. W. Doude van Troostwijk, Ministre-Résident de Sa Majesté la Reine des Pays-Bas.

Comme Secrétaire-Général de Rédaction: le Conseiller d'État Actuel, M. Prozor, Délégué Technique de Russie.

Comme Secrétaires :

M. P. Delvincourt, Secrétaire d'Ambassade de Première Classe de France;

M. J. H. van Royen, Conseiller de Légation des Pays-Bas ;

M. W. J. Oudendijk, Conseiller de Légation des Pays-Bas ;

M. le Comte de Lichtervelde, Secrétaire de Légation de Première Classe de Belgique ;

M. E. Margaritescu-Grecianu, Secrétaire de Légation de Première Classe de Roumanie ;

M, le Jonkheer van Vredenburch, Secrétaire de Légation de Première Classe des Pays-Bas;

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