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phie. Les sciences positives, ainsi que l'étude du droit, s'étendaient et se fortifiaient, tandis que PHEDRE (1), dont on ne connaît pas bien la date et l'époque, s'essayait à la fable dans un recueil plein de concision, d'élégance et de morale; et PÉTRONE (2) à une sorte de satire varronienne dans son Satyricon, mélange de prose et de vers, de détails honteux et de poésie ingénieuse, dirigé contre Claude, Néron et les débauches de leurs palais.

CINQUIÈME PÉRIode.

Depuis Adrien jusqu'à Romulus Augustule (117-476 après J. C.).

Avant Marc-Aurèle les lettres deviennent cosmopolites; elles ne se concentrent plus dans Rome; elles sont cultivées, enseignées, florissantes à Byzance, à Alexandrie, à Milan et dans les principales villes des Gaules. Après Marc-Aurèle la littérature déchoit : elle a perdu ses principaux appuis; elle ne doit plus retrouver sa splendeur première. Le mouvement et les troubles qui marquèrent la transition du paganisme expirant à l'organisation du christianisme de plus en plus dominant, la menace perpétuelle et le mélange envahissant des populations barbares ou étrangères, le goût de la grammaire substitué au sentiment plus élevé des beautés littéraires, tout contribua à hâter cette rapide et inévitable décadence.

Le Pervigilium Veneris (3), espèce d'hymne en l'honneur de Vénus, imité du poëme séculaire d'Horace et qu'on a attribué, soit à Florus l'historien, soit à VIBIA CHELIDON, femme d'un autre Florus (ann. 253), ouvre la série, fort peu brillante, des poésies de cette période. Columelle, Manilius et souvent Virgile ont servi de modèles à ce petit poëme, sur lequel des commentateurs se sont exercés sans obtenir sur le nom de l'auteur et sur la date du livre une solution certaine.

Le petit poëme élégant, mais dur et sec, de aliorumque editt. recensiti; cum notis crit, vel exeget., vel integris, vel selectis Hermolai Barbari, J. Vadiani, P. J. Olivarii, F. Nonii, etc., nec non mss. J. G. Grævii, J. Gronovii et P. Burmanni, collectis præterea et appositis doct. viror, animadv., additis suis, a C H. Tzschukkio; Lipsiæ, 1807, 7 vol. in-8°. — De Situ orbis libri III; comment. C. H. Tzschukkii breviori in usum scholarum instruxit A. Weichert; ibid. 1815, in-8°.

(1) PHÆDRI Fabulæ Æsopiæ. Prima ed. critica, cum integra variet. codd. Pithœani, Remensis, Danielini, Perottini et ed. principis, reliqua vero selecta. Ed I, aucta Phædri fabulis novis ab Ang. Maio redintegratis; Turici 1832, in-8°.

(2) T. PETRONII ARBITRI Satyricon, cum integris doct. viror. comment, et notis D. Heinsii et Gu. Goesit antea ineditis. Adj. Jani Douzæ præcidanea, Jos. Ant. Gonsali de Salas commenta, var. dissert. et præf., curante P. Burmanno, cujus accedunt curæ secundæ. Ed. II, multo emendatior et auctior; Amstelodami, 1743, in-4°.

(3) Pervigilium Veneris, cum lectionis varietate e codice Thuano nunc primum enotata ad H. K. Abr. Eischtædt; lenæ, 1839, in -4°. -Heidtmann, de carmine latino quod Pervigilium Veneris inscribitur; Grytiswalda, 1842, in-8°.

LUCILIUS JUNIOR (1), élève de Sénèque, sur l'Etna; - les Distiques, souvent gracieux, plus souvent dénués de la finesse et de la précision nécessaires au style gnomique, attribués à DENYS CATON (2), qu'on croit avoir vécu sous les deux Antonins, peuvent tous deux se rattacher au précédent poëme pour la brièveté, la médiocrité et l'obscurité qui en enveloppe l'origine.Un contemporain de Septime-Sévère, SERENUS SAMMONICUS (3), médecin et bibliophile distingué, a laisé un poëme obscur Sur les maladies et leurs remèdes, qui n'est qu'une suite de recettes versifiées.- Un Carthaginois, NÉMÉSIEN (4), qui vécut en 284, écrivit trois poëmes, dont la chasse, la pêche et l'art naulique étaient les sujets; les Cynégétiques senles, celui qui est relatif à la chasse, nous sont restées, avec des fragments des deux autres. D'autres petits poëmes sont encore attribués au même auteur, mais sans certitude. CALPURNIUS, qui fut sans doute secrétaire de l'empereur Carus, écrivit des églogues et des bucoliques, dont quelquesunes sont attribuées à Némésien. Virgile et Théocrite ont été les principaux modèles qui ont servi à ces pastiches froids, élégants, mais dénués d'originalité.

AUSONE (5), né à Bordeaux,en 309, fut professeur d'éloquence, précepteur de l'empereur Gratien, comte, questeur, préfet du prétoire, consul et proconsul. Il a écrit en vers des épigrammes, une ephemeris, des parentalies, des épitaphes, un poème sur les douze Césars, une sorte de comédie ou Ludus septem Sapientum, des Idylles et une Description de la Moselle. Ces poésies qui sont d'un polygraphe, plutôt que d'un poëte inspiré, renferment de l'esprit, de la science, mais témoignent de peu de goût. FESTUS AVIENUS (6), qui mourut avant le cinquième siècle, fut un poëte géographique et didactique. Une Description du monde, copiée de Denys de Charax, un poëme

(1) LUCILI JUNIORIS Etna. Rec. notasque Jos. Scaligeri, Frid. Lindenbruchii et suas addidit Fr. Jacob; Lipsia, 1826, in-8°.

(2) DIONYSII CATONIS Disticha de Moribus ad Al.; recens., var. lectt., alia opuscula indicemque adj. J. M. Bernhold; Schweinfurti, 1784, in-8°.

(3) Q. SERENI SAMMONICI De medicina præcepta saluberrima. Text. rec., lectionis varietatem, notas interpretum selectiores suasque adj. J. Chr. G. Ackermann; Lipsiæ, 1786, in-go.

(4) M. AURELI OLYMPII NEMESIANI Ecloga IV, et T. CALPURNI SICULI Ecloga VII ad Nemesianum Carthag. cum notis sel. Titii, Martelli, Ulitii et P. Burmanni integris, cur. J. P. Schmid; Mitav. 1774, in-8°. (3) DEC. AUSONII MAGNI Opera, ad optimas edit. collata. Præmittitur notitia litteraria, studio Societ Bipontinæ. Biponti, 1788, in-8°.

(6) RUFI FESTI AVIENI Descriptio orbis terræ, cum conjecturis nonnullis Clar. Schræderi nunc primum editis ac textui subjects. Acc. Nic. Heinsii, Casp. Barthil, Cl. Salmasii aliorumque adnotatt. in Avicuum, impensis et curis II. Friesemanni, qui bie illic sua addidit; Amstelodaini, 1786, in-8°. — Voy. Wernsdorf, Poetæ latini minores, tom. V.

intitulé Ora marilima, des élégies, des építres, et peut-être un abrégé de l'Iliade composent les titres, plus nombreux que célèbres, de ce poëte, qu'il ne faut pas confondre avec le fabuliste contemporain AVIANUS (1), auteur de quarante-deux fables traduites ou imitées de Babrius. Un autre poëte didactique, SEVERUS SANCTUS (2), qui vécut sous Théodose, écrivit Sur la mort des bœufs des vers où l'on rencontre avec surprise un éloge du christianisme.

Un poëte chrétien, le plus grand de tous à cette époque, Aurelius PrudenCE (3), né en 348, écrivit sur l'âme humaine, contre les sectes hérétiques et contre Symmaque, un des plus ardents restaurateurs du paganisme. Auteur aussi de poésies lyriques et élégiaques, il ne manqua ni de grâce ni de force; mais il se souvint trop des poëtes païens, et resta le plus souvent au-dessous d'eux en les imitant. → Saint PAULIN DE NOLE, né en 353, en Gaule, fut élève d'Ausone, écrivit trente-huit poëmes, dont la plupart sont chrétiens, et fut le premier poëte après Prudence.

Le cinquième siècle s'ouvre par le nom du poëte CLAUDIEN (4). Attaché surtout à Stilicon, ministre d'Honorius, ce poëte, qui fut comblé d'honneurs, et qui traita tous les genres, depnis l'épopée jusqu'à la satire, depuis le Rapt de Proserpine, par exemple, jusqu'à ses invecti ves contre Rufin et Eutrope, fut un peintre un peu trop complaisant pour ses protecteurs, un écrivain d'un goût douteux, mais d'un talent qui s'élève quelquefois. - RUTILIUS NUMATIANUS (5) écrivit avec plus de sensibilité et autant d'élégance un poëme de voyage: Itinerarium, seu de reditu, dont tout ne nous est pas resté. SIDOINE APOLLINAIRE (6), qui fut un prêtre chrétien, publia vingt-quatre poëmes, où le goût du panégyrique domine, et qui sont mêlés de traits et de passages plus ambitienx que vraiment beaux. Enfin ce siècle se ferme par le nom d'ALCIMUS ECDICIUS Avitus (7), archevêque de Vienne en Dauphiné, qui dans un poëme en cinq chants, De Mosaïca historiæ gestis, témoigne d'une connaissance assez heureuse des modèles de l'antiquité.

(1) FLAVII AVIANI Fabula; ed. Cannegieter; Amstelodami, 1731, in-8°. Fabula. Car. Lachmannus recensuit et emendavit; Berolini, 1845, in-8°.

(2) Voy. Wernsdorf, Poeta Latini min., t. II. (3) AURELII CLEMENTIS PRUDENTII Opera; cum notis ed. Heinsius; Francofurti ad M., 1701, in-8°. Carmina. Recens. et explicavit Theod. Obbarius; Tubingæ, 1843, in-8°.

(4) CLAUD. CLAUDIANI Quæ exstant, varietate lectionis et perpetua adnotatione illustrata a J. M. Gessnero; Lipsiæ, 1789, 2 vol. in-8°.

(8) CLAUD. RUTILII NUMATIANI GALLI Itinerarium, sive de Reditu quæ supersunt, ed. J. S. Gruber.; Norimbergæ, 1804, in-8°. De reditu. Recens. et illustr. A. G. Zumptius: Berolini, 1840, in-8°.

(6) C. SOLU APOLLINARIS SIDONII Opera, cum notis Jac. Sirmondi; ed. Ph. Labbe; Parisiis, 1852, in-4°. (7) S. AVITI, archiep. Viennensis Opera, cura et studio Jac. Sirmondi edita; Parisiis, 1645, in-8°.

Entre autres petits poëtes du sixième siècle, PRISCIEN de Césarée (1), contemporain des empereurs Zénon, Anastase et Julien, et professeur de grammaire, ainsi que tous les poètes de cette époque, écrivit comme Avienus une Description de l'univers, un poëme sur les Poids et mesures et un Éloge d'Anastase, pièces assez médiocres, où la science technique tient plus de place que le style, et qui semblent, excepté la dernière toutefois, avoir été composées pour les élèves du poëte. - EUCHERIA (2), quoique femme, est l'auteur d'un poëme de trente-deux vers très-méchants contre un serf trop audacieux. — FORTUNAT (3), poëte chrétien, eut les mêmes défauts que tous les poëtes de cour du temps. Il fut courtisan et païen dans ses vers, où le mauvais goût tient trop de place. Sainte Radegonde de Poitiers, chez laquelle il vécut longtemps, l'éleva trop pour son médiocre talent.

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En prose, l'histoire compte une compilation sans talent, qui, sous le nom d'Histoire Auguste (4), traite de la vie des empereurs Adrien, Antonin le Pieux, Marc-Aurèle, et de ceux qui les suivirent jusqu'à Carin. Six compilateurs, dont Vopiscus est le plus véridique, laissèrent leurs noms à ces biographies, qui restent fort audessous de celles qu'avait composées Suétone sur les premiers empereurs romains. - SEXTUS AURELIUS VICTOR (5), auteur du De viris illus tribus Romæ et d'une Vie des Césars, depuis Octave jusqu'à Constance, est un abréviateur concis et facile, plus utile à lire qu'Eutrope (6), sans doute son contemporain, auteur aussi d'un Breviarium Historiæ Romanæ, qui s'étend jusqu'à la mort de Jovien. Enfin AMMIEN MARCELLIN (7), Grec d'origine, qui avait servi dans les armées romaines jusqu'au temps de Valentinien II, composa une histoire qui va jusqu'en 378 après J. C., sous ce titre : Rerum gestarum libri XXXI, dont les treize premiers livres nous manquent, et où l'impar.

(1) PRISCIANI CÆSARIENSIS Opera. Ad Vetustiss. codd. nunc primum collatorum fidem recens., emaculavit, lect. varietate notavit et ind. adjecit A. Krehl; Lipsiæ, 1819-1820, 2 vol. in-8°. - De Laude imp. Anastasii et de Ponderibus et Mensuris Carmina; alterum nunc primum, alterum plenius ed. et illustr. Endlicher; Vindobonæ, 1828, -in-8°.

(2) Voy. Meyer, Anthologia veterum lat. epigr. (3) VENANTII HONORII CLEMENTIANI FORTUNATI. Opera poetica; Moguntiæ, 1630, in-4°.

(4) Scriptores Historia Augustæ VI: EL. STARTIANUS, JUL. CAPITOLINUS, ÆL. LAMPRIDIUS, VULC. GALLICANUS, TREBELL. POLLIO, FLAV. VOPISCUS, cum præf. J. L. E. Puttmann; ed. J. P. Schmidt; Lipsiæ, 1774, in-8°.

(3) SEXTI AURELII VICTORIS Historia Romana, ex recens. et cum animadv. crit. atque hist. J. Fr. Gruneri; Coburgæ, 1784, in-8°. - Quæ vulgo habentur scripta historica; ed. Frid. Schrœter; Lipsia, 1829-1831; 2 vol. in-8°.

(6) FLAVII EUTROPII Breviarium Historia Romana; ed. C. H. Tzschucke; Lipslæ, 1796, in an

(7) AMMIANI MARCELLINI Quæ supersunt ; eð. J. A. Wagner. et Erfurdt; Lipstæ, 1808, 3 vol. in-8°.

tialité et 'exactitude n'auraient besoin que de se montrer sous une forme plus élégante et moins boursouflée. Après ces historiens il faut se borner à citer JORNANDES (1), abréviateur partial de Florus dans son livre De regnorum et temporum successione; et dans son histoire De Rebus Geticis abréviateur stérile de l'Histoire des Goths de CASSIODORE (2), de cet homme savant, qui, honoré de la confiance de Théodoric, nous a laissé des rescrits et ordonnances rédigés au nom des rois ostrogoths, sous le titre de Variarum libri XII, et une Chronique des événements qui ont rempli le monde depuis son origine jusqu'en 520; ouvrages curieux par la science, l'ordre, et la nouveauté des renseignements; - enfin Sulpice SÉVÈRE (3), auteur d'une Histoire sacrée, dont le style, d'une pureté remarquable, lui a valu le surnom de Salluste chrétien.

Dans l'éloquence, après CORNELIUS FRONTON (4), qui consigna quelques préceptes dans son livre De differentiis vocabulorum, se distingue APULÉE (5), qui répondit à une accusation de magie par une Apologie pleine d'esprit et de fines railleries, et publia en même temps la Floride, déclamation remarquable de rhétorique. Les panégyriques depuis Pline le Jeune étaient devenus une mode, une nécessité malheureuse de la littérature; le nombre des prosateurs et des poëtes qui se livrèrent à ce genre partial et indigne d'un grand écrivain s'accrut considérablement dans cette période (6). Parmi eux, le poëte ENNO

(1) JORNANDES, episcopus Ravennus, de Getarum sive Gothorum origine et rebus gestis. Access. et ejusdem de Regnorum et temporum successione; omnia ex recognitione et cum notis Bon. Vulcanii Brugensis; Lug. Bat., 1897, in-12.

(2) MAGNI AURELII CASSIODORI Opera omnia, in duos tomos distributa. Ad fidem mass. codd. emend. et auct. notis et observatt. illustr, eum indice; opera J. Garetii; Rothomagi, 1679, in-fol.

(3) SULPICII SEVERI opera; éd. Hieronymo de Prato; Veronæ, 1741-1754, 2 vol. in-4°.

(4) M. CORNELII FRONTONIS Reliquia ab Ang. Maio primum editæ. Meliorem in ordinem digestas suisque et Ph. Buttmanni, L. F. Heindorfii ac selectis Ang. Mali animadversionibus instructas, iterum ed. Bened. G. Niebuhr. Acc. liber de Differentiis vocabulorum, et ab eodem Ang. Maio primum edita Q. AURELII SYMMACHI VIII Orat. fragmenta; Berolini, 1816, in-8°. M. CORNELII FRONTONIS Opera inedita, cum epistolis item ined. ANTONINI PI, M. AURELII, L. VERI, etc. Cellæ, 1832, in-8°.

(8) LUC. APULEII MADAURENSIS Opera: vol. I, cont. Metamorphoseon libr. XI, cum notis; ed. Dav. Ruhnkenius; Lugd. Batav., 1786, in-4°. - Vol. II, cont. Florida et Opera philosophica. Acc. Apologia et fragmenta; ed. J. Bosscha. Vol. II, cont. apparat. crit. et exegel.; ibid., 1823, in-4°. — - Opera. Rec., notas Oudendorpii integras ac ceterorum excerptas adj., perpetuo comment. illustravit G. F. Hildebrand; Lipsiæ, 1842, 2 vol. in-8°.

(6) Panegyrici veteres; ed. W. Jæger; NorimCe recueil contient bergæ, 1779, 2 vol. in-8°. douze panégyriques; savoir : trois de CLAU DIUS MAMERTINUS, quatre d'EUMENIUS, un de NAZARIUS, un de LATINUS PACATUS DREPANIUS, un de FLAVIUS CRESCENIUS CORIPPUs, et deux

DIUS (1) prononça en 508 l'éloge pompeux de Théodoric, comme AUSONE celui de l'empereur Gratien, dans un panégyrique beaucoup trop recherché pour être louable.

Parmi les épistolaires, après FRONTON et MARC-AURÈLE, dont les Lettres ont été récemment retrouvées, il faut mentionner SYMMAQUE (2), le fameux préfet de Rome, qui lutta en vain, par l'éloquence et la conviction, en faveur du rétablissement de l'autel de la Victoire et des rites païens. Ses Lettres, publiées en dix livres, contiennent des renseignements curieux sur le mouvement des esprits d'alors et sur les passions païennes intéressées à combattre l'envahissement des idées chrétiennes.

Parmi les romanciers, APULÉE, que nous avons cité déjà, écrivit sa fameuse métamorphose de l'Ane d'or, où l'on a cru trouver quelques-uns des mystères de l'alchimie, et qui n'est autre chose que le tableau allégorique des désordres moraux, des superstitions de son temps. Les Amours de Psyché, qui sont le plus charmant épisode de ce livre, sont un modèle de grâce et de naturel exquis, auquel il ne manque que le naturel du style. — Un tel écrivain, imbu lui-même de toutes les croyances, de toutes les superstitions de son siècle, devait les porter jusque dans ses œuvres philosophiques. On les retrouve en effet dans son Liber de Mundo, dans sa dissertation du Dieu de Socrate, dans ses essais d'imitation et d'introduction des livres de Platon.

La philosophie, destinée à défendre non pas de vaines chimères, mais le christianisme luimême, trouva de plus savants interprètes dans saint AUGUSTIN (3), évêque d'Hippone, né en 354, auteur de la Cité de Dieu et des Confessions, et dans BOÈCE (4), conseiller de Théodoric, qui écrivit en prison son admirable livre de la Consolation de la philosophie, touchante et haute protestation contre les persécutions, injustes peut-être, dont l'auteur était alors l'objet.

La religion chrétienne avait rencontré an d'auteurs inconnus. Tous ces auteurs, excepté le dernier, étaient Gaulois leurs discours, surtout ceux d'Eumenius, sont des documents précieux pour l'histoire de notre pays.

(1) MAGNI FELICIS ENNODII Panegyricus Theodorico, regi Ostrogothorum, dictus. Ed. C. Fr. Manso; Vratislaviæ, 1822, in-4°.

(2) Q. AURELII SYMMACHI Epistolarum libri X, cum Ambrosii nonnullis; Lugduni Batav., 1653, in-12. Octo orationum ineditarum partes. Invenit notis. que declaravit Ang. Maius. Acc. additamenta quædam; Francof. ad M., 1816, in-8°.

(3) S. AURELI AUGUSTINI Opera, emendata, studio monachorum ordinis Sancti-Benedicti (F. Delfau; T. Blampin. P. Coutant et C. Guesnie) publicata; Parisiis, 1679-1701, 8 vol. in fol.

(4) ANICII MANLI TORQUATI SEVERINI BOETHU De consolatione philosophia libri V, cum præfat. P. Bertii, Lipsiæ, 1785, in-8°. - De Consolatione philo sophia libri V, optimor. libr. mss. nondum collatorum fidem recens. et prolegomenis instruxit Theod. Obbarius; Jenæ, 1843, in 8°.

nombre de ses premiers, de ses plus éloquents défenseurs, le talent un peu âpre, mais véhéinent et fort, de TERTULLIEN (1); l'élégance pure et de bon goût de MINUCIUS FELIX (2). Après ces deux écrivains, qui marquent d'une manière brillante les premiers pas des chrétiens dans la carrière des lettres latines, il faut mentionner SAINT Cyprien (3), dont les écrits sont plus intéressants sous le rapport ecclésiastique et théologique que comme monuments littéraires; ARNOBE (4), auteur d'un ouvrage Contre les païens, auquel on reproche une excessive affectation d'élégance; LACTANCE (5), dont les Institutions divines sont regardées avec raison comme un des mo. numents les plus remarquables de l'antiquité chrétienne: SAINT Hilaire (6), évêque de Poitiers, qui se fit remarquer par son talent pour la controverse; SAINT AMBROISE (7), évêque de Milan, et enfin SAINT JEROME (8), le père de la critique et de l'érudition chrétiennes.

Boèce s'était aussi mêlé de mathématiques, et après ses œuvres en ce genre on cite celles de JULIUS FIRMICUS MATERNUS (9), qui sont plus curieuses par les rêveries bizarres qu'on y rencontre que par les discussions de la science pure. - FRONTIN (10), qui commanda sous Domitien les armées romaines en Bretagne, et qui sous Nerva fut chargé de l'inspection des aqueducs de Rome, nous en a laissé une description, écrite sans prétention, précieuse cependant, pour les nombreux renseignements archéologiques qu'on y trouve. Ses Stratagèmes, qui l'on fait classer parmi les écrivains militaires, ne sont qu'une compilation, un recueil d'anecdotes, où il fait trop souvent preuve de peu de critique.

(1) Q. SEPTIMI FLORENTIS TERTULIANIS Opera; ed. Semler; Halæ, 7770-1773, 6 vol. in-8°.

(2) M. MINUCH FELICIS Octavius, cum observ. Rigalti; rec. J. Davisius; Cantabriye, 1707, in-12. (3) S. CYPRIANI Opera, ex recognitione Steph. Balusii, cum 'præfatione et vita Cypriani ( per Prud. Maran, Benedictinum); Parisiis, 1726, in-fol.

(4) ARNOBII Disputationum adversus gentes libri IV. Rec. et notis illustravit J. C. Orelli; Lipsiæ, $816-1817, 2 vol. in 8°. cum supplem.

(B) L. CÆCILII LACTANTII FIRMIANI Opera omnia. Editio novissima, cui manum primam adhibuit J. B. Lebrun, Rothomagensis, extremam imposuit N. Lenglet du Fresnoy; Parisiis, 1748, 2 vol. in 4o.

(6) S. HILARII Opera; ed. Constant; Paris., 1693, fol. 7) S. AMBROSII Opera, ex recognitione monachorum ordinis Sancti-Benedicti (J. du Frische et N Le Nourri); Parisiis, 1686-1690, 2 vol. in-fol.

(8) S. HIERONYMI Opera, ad vetustissimas codd. mss. nec non ad editt. Vett. emendata, studio et labore monachornm S.-Benedicti ( J. Martiany et Ant. Pouget); Parisiis, 1693-1706, s vol. in fol.

(9) JULII FIRMICÍ MATERNI Astronomicon libri VI; Basile, 1833, in-fol.

(10) SEXTI JULII FRONTINI Opera, ad optim. editt. collat.; Biponti, 1788, in-8°. De aquæductibus Urbis Romæ commentarius, adspersis J. Poleni aliorum que notis una cum suis editus a G. C. Adler; Altonæ, 1792, in-8°. -- Strategematicon libri IV, cur. Oudendorpio. Ed. II, auctior et emendatior; Lugduni Batav., 1779, in-80,

Un traité d'art militaire beaucoup plus important est celui que VÉGÈCE (1) dédia à Valentinien II ou à Théodose. C'est l'onvrage de ce genre le plus intéressant et le plus complet qui nous soit resté de l'antiquité.

-

La médecine valut à l'Ecole de Salerne, dirigée par les moines du mont Cassin, une célébrité qui ne s'est point effacée. L'Economie agricole trouva dans Palladius (2) uu interprète qui, pour son livre De re rustica, emprunta beaucoup à Columelle. Toutefois, i il est plus complet que son modèle, mais il est gâté par un style prétentieux, rempli d'incorrections et de mots nouveaux.

Ce qui fut la gloire de cette époque, ce qui la caractérisa principalement au milieu de la décadence des genres les plus littéraires, ce furent les études positives de la géographie et surtout du droit. Dans celles-là, les Itinéraires de toute espèce, la Cosmographie sous toutes ses formes, Solin, Publius VICTOR (3), VIBIUS SEQUESTER (4), devinrent facilement populaires. Dans celles-ci, les œuvres les plus longues, les travaux les plus sérieux, les plus profonds furent tentés, et resteront comme le produit d'une expérience consommée, comme le code de la raison même.

ADRIEN eut le premier l'initiative de la révo lution qui s'opéra dans le droit romain, comme promoteur de l'Édit perpétuel, qui substituait une marche uniforme de procédure aux édits annuels prononcés précédemment par les préLeurs ; SALVIUS JULIANUS en fut le rédacteur,

Sous Septime-Sévère florissait ULPien, célèbre par sa fin malheureuse et par ses nombreux travaux sur le droit, dont une faible partie nous est seule restée. -VALENTINIEN III fit décider par le sénat quels seraient les rescrits des princes et les jurisconsultes dont les lumières et la justesse feraient autorité en matière judiciaire. Le CODE THÉODOSIEN, recueil des constitutions des princes, dressé par huit jurisconsultes, suivit bientôt. Droit civil, droit public, droit ecclésiastique, tout y eut sa place. Malheureusement il ne nous est pas parvenu complet.

JUSTINIEN tit plus encore et mieux; par ses ordres, TRIBONIEN, son chancelier, revisant les travaux de ses prédécesseurs, les Novelles, les Institutes de GAIUS, les Sentences de

(1) FLAVII VEGETII RENATI Institutionum rei militaris libri V, ex recens. Schwebelii, cum integris ejusd. et selectis G. Stewechii, P. Scriverii, Fr. Oudendorpii et Besselii notis; Argentorati, 1806, in-8°. (2) Voy. Schneider, Scriptores rei rustica.

(3) PUBLII VICTORIS De regionibus urbis Rome, inter Script. historiæ romanæ latin. vett., in unum redact. corp. a B. C. Haurisio; Heidelbergæ, 17431748, 3 vol. in-fo,

(4) VIBIUS SEQUester, De fluminibus, fontibus, lacubus, nemoribus, paludibus, monțibus, gentibus, quorum apud poetas mentio fit. Leet, var. et integr. doct. commentatt, adj. et suas J. J. Oberlinus; Argentorati, 1778, in-80

PAULLUS, les Livres de PAPINIEN, forma un corps complet de droit, qui devint les Pandec tes, le Digeste, auxquels furent ajoutés les éléments de tout le droit romain avec le titre d'Institutes de Justinien.

Enfin les compilateurs et les grammairiens devaient naturellement trouver place et faveur sous ces empereurs à l'esprit positif, aux goûts sérieux et encyclopédiques. Après SULPICE APOLLINAIRE, professeur de grammaire, dont il ne nous est rien resté, il faut citer AULU-GELLE (1), un de ses élèves, auteur des Nuits Attiques, ouvrage où l'on trouve des extraits de toutes sortes, qui sont pleins de renseignements pour nous. — - On peut en dire autant des écrits de NONIUS MARCELLUS (2), auteur du livre De proprietate sermonum; de FESTUS (3), de DONAT (4) et de MACROBE (5), ce dernier contemporain de Théodose le Jeune, et qui écrivit des Saturnales, compilation sous forme de dialogue de table, ainsi qu'un Commentaire sur le songe de Scipion, ouvrage dont nous lui devons la conservation, et des Études sur la différence des mots grecs et latins. SERVIUS (6), Diomède, Priscien Charisius, Isidore de Séville (7), ferment cette liste de grammairiens commentateurs, qui viennent toujours à la suite des littératures qui'se meurent, comme pour les critiquer, les analyser et les ensevelir. Ce sont les derniers écrivains de cette époque, qui vit tout périr autour d'elle, excepté les études positives et la science du droit.

MAURICE MEYER. LATITUDE. Voyez LONGITUDE. LAURINÉES. ( Botanique. ) Cette famille se compose de végétaux dicotylédonés, apétales, à étamines hypogynes (apétalie éleuthérogynie, Rich.)

(1) AULI GELLII Noctium Atticorum libri XX; ed. Alb. Lyon; Gottingæ, 1824, 2 vol. in-8°.

(2) NONIUS MARCELLUS. De proprietate sermonis. Additus est FULGENTIUS PLANCIADES, De prisco sermone. Ex rec, et cum not. Jos. Merceri. ad ed. parisiens. anni 1614 quam fidelissim. repræsentat. Acc. notitia litteraria: Lipsiæ, 182%, in-8°. -- De compendiosa doctrina, per litteras ad filium, et FAB. PLANCIADIS FULGENTI Expositio sermonum antiquorum. Ad fid. vett. codd. ediderunt et apparatum criticum indicesque adjecerunt F. D. Gerlach et C. L. Roth; Basileæ, 1842, in-8°.

(3) SEXTI POMPEII FESTI De verborum significatione quae supersunt, cum PAULI Epitome, emend. et annot. a C. Od. Mueller; Lipsiæ, 1839, In-4°. (4) Voy. Fr. Lindemann, Corpus grammaticorum latinorum (Lipsiæ, 1831-1840; 4 vol. in-4°), t. I. (8) AMBROSII AURELU THEODOSII MACROBI Opera; ed. Zeunius; Lipsiæ, 1774, in-8°.

(6) Commentarii in Virgilium Serviani; sive commentarii in Virgilium, qui MAURO SERVIO HONORATO TRIBUUNTUR; ed. H. Alb. Lion; Gottinga, 1826, 2 vol. in-8°.

(7) ISIDORI HISPALENSIS Opera omnia, denuo correcta et aucta recensente Faustino Arevalo; Romæ, 1797-1803, 7 vol. in-4°.

Pour DIOMEDE et CHARISIUS, Voyez Lindemann, recueil cité, t. IV.

Les laurinées sont ordinairement des arbres ou des arbrisseaux, d'un port élégant, ornés, dans toutes les saisons, de feuilles lisses et luisantes. Leurs fleurs, quelquefois unisexuées, disposées en cimes ou panicules, offrent : un périanthe à quatre ou six divisions, et des étamines au nombre de six à neuf, dont les anthères s'ouvrent au moyen de valves ou panneaux; ce caractère ne se présente, du reste, que dans un petit nombre d'espèces. Le fruit charnu, entouré à sa base par le calice persistant, ne contient qu'une seule graine.

Cette famille a pour type le genre Laurus (laurier), et quelques autres genres qui s'en rapprochent, tels que les genres Borbonia, Ocotea, Cassytha. Ce dernier se compose de plantes herbacées, volubiles et sans feuilles. Il est peu de familles, dans tout le règne végétal, qui présentent des propriétés plus uniformes et des produits plus intéressants que celle des laurinées. Dans toutes les parties des végétaux qui la composent se trouve répandue en abondance une huile volatile aromatique, d'où provient cette odeur suave, quelquefois forte et pénétrante, cette saveur chaude et åcre qui se fait remarquer dans l'écorce de cannelle, dans le bois de sassafras, dans les baies de laurier, dans les feuilles de malabathrum, dans les fèves de pichurim, etc, etc., en un mot dans tous les organes de ces végétaux.

Le genre laurier est, avons-nous dit, le type de cette famille. Les principales espèces de ce genre sont le laurier ordinaire, ou laurier d'Apollon ( Laurus nobilis ).

Tout le monde connaît l'histoire de Daphné. Depuis que la chaste amante d'Apollon fut métamorphosée en laurier, les branches de ce noble arbuste se tressèrent en couronne pour le front des poëtes et des triomphateurs. Aux jeux Olympiques, aux jeux Pythiques, où l'on voyait accourir la Grèce entière, les vainqueurs recevaient une couronne de laurier. A Rome les généraux victorieux portaient le laurier non-seulement autour du front, mais encore dans la main; les faisceaux des dictateurs et des consuls étaient ornés de laurier, après la victoire; César couvrit sa tête chauve d'une couronne de laurier, et depuis les empereurs suivirent cet exemple. On plantait cet arbre aux portes et autour des palais des pontifes et des empereurs ; aussi Pline l'appelle-t-il le portier des Césars: Janitrix Cæsarum pontificumque, sola et domos exornat, et ante limina excubat (1). Deux raisons molivaient cet usage: la première était fondée sur la croyance où l'on était que la foudre ne tom(1) Hist. nat. XV. 30, 39. Ovide, Metamorph 1, 562, parle de cet usage:

Postibus augustis eadem fidissima custos,

Ante fores stabis.

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