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Bibliothèques pédagogiques.

I.

Circulaire relative à la création de bibliothèques pédagogiques pour les instituteurs.

4 janvier 1876.

Monsieur le Recteur, je reçois de divers côtés des lettres par lesquelles certains groupes d'instituteurs témoignent le désir de créer des bibliothèques pédagogiques et me demandent de leur venir en aide.

Je ne vois aucun inconvénient à ce que ces sortes de créations soient encouragées, mais sous certaines conditions et avec des règlements particuliers.

Il faut surtout que ces bibliothèques ne puissent jamais dégénérer en lieu de réunion et qu'elles ne soient réellement que des bibliothèques de prêt à la disposition des maîtres, qui pourront y emprunter les volumes dont ils auront besoin.

Je vous prie, en conséquence, de vouloir bien centraliser les affaires de cette nature en donnant des instructions précises aux promoteurs de ces sortes d'établissements.

Vous me transmettrez ensuite, avec votre avis, après les avoir attentivement examinées, toutes les demandes de ce genre qui vous seront adressées.

Recevez, etc.

II.

H. WALLON.

Lettre au Vice-Recteur de l'Académie de Paris, pour l'inviter à former un choix des meilleurs ouvrages relatifs à la pédagogie.

4 novembre 1879.

Monsieur le Vice-Recteur, le mouvement général et spontané qui

s'est produit depuis quelque temps en faveur des bibliothèques pédago· giques prouve à quel point le personnel de l'enseignement primaire est désireux de compléter, de fortifier, d'étendre son instruction professionnelle.

Non content d'encourager ces efforts méritoires, de favoriser l'établissement des bibliothèques, d'y rattacher partout les conférences pėdagogiques qui en multiplient les bienfaits, en assurent l'efficacité, je me suis empressé de répondre à un vœu fréquemment exprimé en chargeant quelques-uns des hommes les plus compétents en cette matière, de dresser une liste des ouvrages principaux qui doivent composer la bibliothèque spéciale de l'instituteur.

Lorsque j'ai placé cette commission sous votre présidence, Monsieur le Vice-Recteur, je savais d'avance ce que vaudraient ses travaux. Vous m'annoncez qu'un catalogue d'ouvrages formant pour ainsi dire le fonds de la pédagogie française, va pouvoir paraître. Je n'attendais que cet avis pour faire un nouvel appel à votre dévouement et celui de vos collègues de la commission. A cette première liste des classiques de la pédagogie, je voudrais ajouter une série de documents assurément moins indispensables, mais, à mon sens, très utiles encore.

Je voudrais que le plus modeste des instituteurs, fût-il confiné dans le dernier village, n'eût rien à envier aux instituteurs des pays les plus renommés pour leur instruction primaire, qu'il pût profiter, s'il veut s'en donner la peine, de tout ce qui a été dit et fait de meilleur partout où il y a des écoles, qu'il lui fût donné de recueillir les leçons des plus éminents pédagogues, non-seulement de son temps et de son pays, mais de tous les pays et de tous les temps.

Or, il existe chez tous les peuples jaloux du progrès de leur instruction populaire des Traités de pédagogie et d'Histoire de la pédagogie qui, sous des formes diverses, servent à former l'élite des instituteurs. Ne serait-il pas possible de choisir avec un soin particulier, dans chaque langue, un ou deux spécimens des meilleurs ouvrages de ce genre, de les faire traduire en les accompagnant des annotations et explications nécessaires, et de les mettre à la disposition de nos élèves-maîtres et de nos instituteurs laborieux, de sorte que rien de ce qui au dehors a été jugé essentiel pour former l'instituteur ne leur fût étranger?

Pour mener à bonne fin ce travail délicat, je charge, sous votre direction, un comité spécial, qui sera une section de la commission des bibliothèques pédagogiques, de rechercher et de m'indiquer, après mûr examen, les ouvrages étrangers qui peuvent être considérés comme représentant le mieux, pour chaque peuple, les principes de la pédagogie nationale. Chacun des ouvrages ainsi examinės devra être l'objet d'un rapport écrit. La commission m'en désignera un, deux au plus par pays.

Quand j'en aurai la liste définitive, j'userai de tous les moyens qui sont en mon pouvoir pour en provoquer la traduction et la publication, que je souhaite de voir faites, aulant qu'il sera possible, sous les auspices de la commission elle-même.

J'attache un très grand intérêt à doter sans retard nos écoles normales et nos bibliothèques pédagogiques de cet instrument complémentaire d'informations et d'études; je le considére comme pouvant singulièrement stimuler l'esprit pédagogique et développer le goût des fortes études professionnelles qui sont la consécration nécessaire de toute vraie vocation. Je ne crains pas que ce large examen de méthodes étrangères fasse perdre de vue à nos instituteurs les besoins particuliers de leurs écoles, les humbles nécessités de la pratique journalière; c'est au contraire l'étude comparée des systèmes anciens et modernes, français et étrangers, qui fera justice des utopies et des engouements, tout en secouant la routine et l'indifférence. Ceux qui auront le mieux connu la pédagogie étrangère ne seront pas sans doute les derniers à retenir et à s'approprier toutes les innovations désirables qu'ils auront rencontrées, mais ils seront les premiers à comprendre que le progrès ne consiste pas dans l'imitation aveugle, et que les méthodes françaises, rationnellement perfectionnées, sont toujours les seules, en définitive, qui conviennent tout-à-fait aux écoles françaises.

Je vous serai reconnaissant de vouloir bien me tenir au courant des travaux du comité, et je vous prie d'agréer, Monsieur le Vice-Recteur, l'assurance de ma considération la plus distinguée.

Jules FERRY.

Bibliothèques populaires et scolaires.

I.

Circulaire relative à l'envoi de livres destinés à former des bibliothèques primaires dans les écoles communales.

11 novembre 1820.

Monsieur le Recteur, il vous a été adressé en plusieurs circonstances divers livres élémentaires que l'Université a jugé utile de répandre dans les écoles primaires et. dont elle a acheté, à cet effet, un certain nombre d'exemplaires.

L'intention du Conseil royal est que ces ouvrages, ainsi que ceux du même genre qui pourront être envoyés, soient distribués dans les écoles de manière à ce que l'on atteigne le but d'utilité que l'on s'est proposé en en faisant l'acquisition.

Pour atteindre ce but, le Conseil vous invite d'abord à donner de ces livres aux élèves des écoles de votre Académie qui paraîtront le plus dignes de cette récompense.

Un autre emploi qui peut encore être fort utile est celui dont l'un de MM. les Recteurs a fourni l'idée, en s'occupant de commencer pour toutes les écoles primaires de son Académie une bibliothèque primaire. Un exemplaire de chaque ouvrage est donné à cet effet, non au maître, mais à l'école même.

Il est bien entendu qu'il s'agit ici des écoles communales et non des écoles particulières. Le maître doit donner reçu des ouvrages qui lui sont remis, et il en demeure responsable. Le Conseil désire, Monsieur le Recteur, que vous fassiez l'essai de cette mesure dans votre Académie. Vous commencerez par telle ou telle école que vous jugerez à propos. Il est probable que cet exemple donné par l'Université trouverait des imitateurs parmi les hommes amis de l'instruction: et ainsi se répandraient de plus en plus la connaissance et l'usage des bons livres, en même temps que s'accroît le nombre de ceux qui savent lire.

Un exemplaire de chacun des ouvrages qui vous seront ainsi envoyés doit rester dans les archives de l'Académie.

BIBLIOTHÈQUES POPULAIRES ET SCOLAIRES.

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Le Conseil vous fait passer en ce moment, pour être employés, conformément aux vues qui viennent de vous être indiquées, six exemplaires d'un livre ayant pour titre : Leçons choisies à l'usage des écoles primaires, etc. Cet ouvrage a été spécialement adopté par l'Université. Recevez, etc.

Le Conseiller d'État, exerçant les fonctions de président

du Conseil royal de l'instruction publique,

Baron CUVIER.

II.

Circulaire relative à l'établissement de bibliothèques communales populaires.

1er décembre 1848.

Monsieur le Préfet, le gouvernement républicain place au premier rang de ses devoirs le soin de procurer, par la propagation des lumières, le bien-être et le bonheur du peuple. Le développement de l'instruction primaire est sans doute un des meilleurs moyens d'atteindre ce résultat ; mais l'enseignement de l'école, considéré jadis comme un luxe, aujourd'hui comme un besoin, ne doit plus être envisagé désormais que comme une excellente préparation. En effet, pourquoi l'instruction serait-elle un privilège, puisque l'intelligence n'en est pas un? Il faut donc qu'au sortir de ces cours où il a puisé les premiers éléments, l'enfant des communes rurales trouve à sa portée des livres d'instruction pratique et professionnelle, dont l'étude libre forme le complément indispensable de l'enseignement de l'école primaire.

Ces motifs me font vivement désirer qu'il soit établi dans chaque commune rurale une bibliothèque composée de livres appropriés aux besoins de ses habitants. L'homme d'État, le savant, le lettre, l'artiste, ont tous leur bibliothèque ; pourquoi l'agriculteur et l'ouvrier n'auraient-ils pas aussi la leur ? J'y voudrais voir figurer en première ligne de bons écrits sur les nouvelles institutions que la France vient de se donner, sur les droits et les devoirs des citoyens, sur la législation usuelle, sur l'administration départementale et communale, sur la culture de la terre, l'élève du bétail, l'horticulture et l'arboriculture, sur les notions de physique, de chimie et d'histoire naturelle applicables aux usages de la vie, aux arts, å l'industrie et au commerce, sur l'arithmétique, l'arpentage et les autres parties des sciences mathématiques dont la connaissance importe le plus aux habitants des . campagnes, sur l'hygiène et l'économie domestique. A ces divers traités d'utilité pratique se joindraient des livres de lecture

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