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en plus les destinées de ce vaste empire, sur la colonne qui le porte tout entier. >>

Séance du 30.

On présente un projet de loi relatif à la conservation des grandes routes, aux moyens d'empêcher leur détéOn adopte celui qui concerne l'aliénation des terrains disponibles, près le jardin et le palais des Tuileries.

rioration.

Séance du 2 ventose.

On adopte un projet concernant la répartition des amendes forestières. On en présente deux autres : l'un relatif à la construction de l'écluse de Covebergheim, dans l'ancien port de Dunkerque, écluse détruite par une des conventions du traité de 1713, et qu'il sera beau, dit le conseiller d'état Regnauld, de construire en présence des flottes anglaises. L'autre projet est relatif aux propriétés qu'on veut restituer incommutablement aux hospices de trente-deux départemens qui y sont dénommés.

Séance du 3.

Deux projets ont été annoncés pour cette séance. Ils sont relatifs, le premier aux partages de biens communaux effectués en vertu de la loi du 10 juin 1793; le second, à l'ouverture d'une nouvelle route entre Grenoble et Briançon, département de l'Isère.

PARIS.

Il y a huit jours, une division de la flottille, composée de 80 bâtimens, a eu un engagement entre Grisay et Boulogne, avec la croisière anglaise forte de 14 voiles, dont un vaisseau de ligne et 5 frégates. Deux frégates ont été démâtées, et la croisière a repris le large.

- Le 26 pluv. dernier, la garde consulaire et les corps de la garnison ont été présentés au premier cousul. Le général de brigade César Berthier, chef de l'état-major, a porté la parole, et a exprimé les sentimens des officiers, soldats et administrateurs de la première division militaire et de la place de Paris. « Nous venons, a-t-il dit, vous témoigner avec quel transport nous avons appris, que le bonheur de la France vous a fit triompher des complots horribles soudoyés par les ministres d'une nation ennemie. Si parmi leurs complices il se trouve des hommes qui avaient droit à la reconnaissance de la nation, ils ont niérité toute sa haine..... Disposez de notre vie. Nos corps vous serviront de rempart contre les attentats des ennemis de votre gloire, du bonheur de la France entière, et de la tranquillité de l'Europe. »

Le premier consul, après avoir remercié des sentimens

qui venaient d'être exprimés, a dit : « Que les soldats de la république, qui avaient reçu du peuple français l'honorable mission de le défendre contre ses ennemis, mission dont les armées s'étaient acquittées avec autant de gloire que de bonheur, avaient plus de droit que les autres citoyens de s'indigner des trames que notre plus cruel ennemi avait formées jusqu'au sein de la capitale ; que quels que soient les services rendus par des citoyens, ils n'en sont que plus coupables, lorsqu'ils oublient leurs de-voirs envers leur patrie, et qu'ils ourdissent contre elle des trames criminelles; que les circonstances actuelles offriront à la postérité deux inconcevables exemples....; qu'il a été trois jours sans pouvoir croire à des trames aussi noires qu'insensées; mais qu'il avait été forcé de se rendre à l'évidence des faits, et de ne plus arrêter la marche de la justice; que jamais sous son gouvernement, des hommes, quels qu'ils soient, quels que soient les services qu'ils aient rendus, ne fausseront leurs sermens et ne pratiqueront impunément des liaisons avec les ennemis de la France...; mais que, dans les circonstances actuelles, l'union de tous les Français était un spectacle consolant pour son cœur; que ce n'était pas à eux qu'il avait besoin de répéter que ces attentats si souvent renouvelés contre sa personne ne pourront rien, n'eût-il autour de lui que le corps le moins nombreux de l'armée. »

Hier, 29 pluviose, ont été admis à l'audience du premier consul, le préfet de la Seine, le secrétairegénéral, le conseil de préfecture, les maires et adjoints des douze arrondissemens municipaux, le conseil municipal de Paris, le directeur des contributions directes du département, les membres de la commission des contributions de Paris, le conseil général d'administration, les membres de la commission et de l'agence des hôpitaux et secours, et la chambre de commerce de Paris.

Le sénat, le tribunat en corps, et une députation du corps législatif, s'étoient rendus, le 28 pluviose, près du premier consul, pour lui témoigner les sentimens dont les avait pénétres le rapport du grand juge, qui leur avait été communiqué la veille. Il a répondu au sénat : «Depuis le jour où je suis arrivé à la suprême magistra»ture, un grand nombre de complots ont été formés » contre ma vie. Nourri dans les camps, je n'ai jamais mis » aucune importance à des dangers qui ne m'inspirent

» aucune crainte.

» Mais je ne puis me défendre d'un sentiment profond » et pénible, lorsque je songe dans quelle situation se » trouverait aujourd'hui ce grand peuple, si le dernier

>> attentat avait pu réussir; car c'est principalement contre » la gloire, la liberté et les destinées du peuple français » que l'on a conspiré.

» J'ai depuis long-tems renoncé aux douceurs de la con»dition privée : tous mes momeus, ma vie entière, sont » employés à remplir les devoirs que mes destinées et le » peuple français m'ont imposés.

» Le ciel veillera sur la France, et déjouera les com» plots des méchants; les citoyens doivent être sans » alarmes : ma vie durera tant qu'elle sera nécessaire à la »> nation; mais ce que je veux que le peuple français » sache bien, c'est que l'existence, sans sa confiance et » sans son amour, serait pour moi sans consolation, et » n'aurait plus aucun but. »

Le premier consul a fait à-peu-près la même réponse au tribunat et à la députation du corps législatif.

-M. Spencer Smith, qui était ministre d'Angleterre, à Constantinople, a été nommé ministre de S. M. britannique à Stuttgard. Cette promotion paraîtrait une étrange chute, si l'on ne savait que la mission de M. Spencer: Smith ne se borne pas aux relations de la Grande-Bretagne avec l'électeur. Elle est toute relative à des opérations d'espionnage, de corruption et de complots. M. Spencer. Smith a donc remplacé M. Wiekam. L'Angleterre ne pou vait pas trouver un homme plus digne de sa confiance pour de tels services. La nature lui a donné les sentimens et les dispositions nécessaires pour remplir une mission aussi honteuse. Toutefois, le premier consul pourra demander un jour si le droit des gens permet à l'Angleterre d'entret nir à Munich et à Stuttgard, sous un caractère politique, des agens d'espionnage, de corruption et de complots. (Moniteur.)

La police a fait arrêter à Strasbourg la dame Lajollais et saisir ses papiers. Elle était de retour de Londres depuis six mois. Elle avait reçu de l'argent depuis quelques jours, et se disposait à partir pour Paris, où elle devait voir son ancien amant Pichegru. ( Moniteur.)

Le 29 pluviose, le sénat, le tribunat, le corps lé-, gislatif et le tribunal de cassation, se sont rendus chez madame Bonaparte.

De toutes les armées, de toutes les autorités constituées, de tous les tribunaux, de toutes les corporations, il arrive au premier consul des félicitations sur la décou verte du complot tramé contre sa vie, et la sûreté de la république. On a retenu cette phrase remarquable de sa à l'Institut: « Il y a des orages qui affermissent les racines d'un gouvernement. »

réponse

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Les troupes françaises évacuent la Suisse.

(Samedi 10 Mars 1804.)

MERCURE

DE FRANCE.

LITTÉRATURE.

POESI E.

ON

N aurait plutôt imprimé la traduction qu'on va lire, si elle n'avait pas été si longue. On a pris le parti de la donner en deux numéros, pour ne pas priver le public d'une pièce qui nous parait porter le cachet du vrai talent. On ne peut que remercier l'auteur de son offre de nous faire d'autres présens du même genre, l'assurer qu'ils seront accueillis avec empressement, et l'engager à se faire connaître.

CÉIX ET ALCION É.

(OVIDE, Métamorph.)

O vous qui, sous les lois d'un paisible hyménée,
Filez de vos beaux jours la trame fortunée,
Apprenez de Céix l'amour et les malheurs ;
Aux pleurs d'Alcioné, daignez mêler vos pleurs ; →
Par leur exemple instruits, fuyez les longs voyages
Fuyez sur-tout, fuyez la mer et ses orages.

Le frère de Céix, de chagrins consumé,
Excitait la pitié de son peuple alarmé :
Ce prince malheureux avait perdu sa fille,
L'ornement de sa cour, l'espoir de sa famille.
Envain dans sa douleur il invoquait là mort.
Céix épouvanté d'un si funeste sort,

Veut aller à Claros consulter les oracles:
Vain recours des mortels avides de miracles!
A sa fidelle épouse il apprend son dessein.
Ce départ imprévu la fait pâlir soudain,
Son cœur conçoit déjà de mortelles alarmes.
Et les lys de son sein sont baignés de ses larmes.
A travers ses sanglots, ses soupirs et ses pleurs,
Elle adresse à Céix ces reproches flatteurs :
« Quoi! je ne suis donc plus cette épouse chérie
» A qui tu consacrais tous les jours de ta vie !
>> Quel crime m'a ravi ton amour et ta foi?

» Qu'ai-je fait, cher époux, pour t'éloigner de moi?
» Quoi, tu me fuis pour prix de ma tendresse extrême !
» Ah! peut-on desirer de quitter ce qu'on aime?
» Mais, si pour t'arrêter tous mes efforts sont vains,
» Si tu veux voyager, prend les plus sûrs chemins.
» Je pleurerai du moins sans craindre pour ta vie.
» Des mers, par-dessus tout, redoute la furie.
» J'ai vu dernièrement des débris de vaisseaux,
>> Et cet affreux rivage est couvert de tombeaux.
>> Crains, crains de t'aveugler par trop de confiance;
>> Ne compte point, Céix, sur la vaine alliance
>> Du dieu qui sous ses lois tient les vents enchainés :
» Quand une fois Eole, à ses vents mutinės

» A permis de sortir de leur prison profonde
» D'un vol impétueux ils parcourent le monde ;
» Ils
ravagent la terre, ils soulèvent les mers

» Et de leurs chocs affreux jaillissent les éclairs.
» Des mes plus tendres ans, j'appris à les connaître;
» Leur fureur fut souvent redoutable à leur maître.

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