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NOTIONS SUR LE CALENDRIER.

Le mot Calendrier, en latin calendarium, vient de Kalenda, calendes, nom donné par les Romains au premier jour de chaque mois.

Le Calendrier est un tableau de la division de l'année avec l'indication des fêtes civiles ou religieuses. Il prenait aussi chez les Romains le nom de fastes, parce qu'il était surtout destiné à l'indication des jours pendant lesquels la justice et le travail étaient suspendus, jours fériés ou néfastes, et de ceux pendant lesquels on vaquait aux affaires et qui étaient des jours fastes. On appelait encore fastes des tableaux destinés à présenter, jour par jour et année par année, les évènements politiques; ces tables qu'on appelle consulaires ou historiques ont seules conservé parmi les modernes le nom de fastes, et on a réservé celui de Calendrier au tableau de la division civile et religieuse de l'année. L'ordo dressé pour les ecclésiastiques est aussi un Calendrier, mais un Calendrier purement religieux.

Les peuples anciens ont adopté chacun des Calendriers différents et une année différente. Notre but n'est pas d'indiquer dans cet article les détails des Calendriers de chaque nation; nous nous bornerons aux observations qui regardent l'année et sa division en mois. Dans les annuaires suivants nous ferons connaître successivement, et en détail, le Calendrier des peuples les plus connus.

Les principales divisions de l'année chez les anciens sont celles adoptées par les Juifs, les Egyptiens, les Grecs, les Macédoniens et les

Romains.

Parmi les modernes, on distingue le Calendrier grégorien, le grec et le turc.

Les Juifs avaient une année civile et une année religieuse divisée en douze mois, nommés: Nisan ou Abib, Iïar ou Ziv, Siban, Thammouz, Ab, Eloul, Tischri, Markhesvan ou Boul, Kasler, Tebeth, Schebeth, et Adar. L'année religieuse commençait par le mois de Nisan, à l'équinoxe du printemps, et l'année civile au mois de Tischriou Aïlanhim, à l'équinoxe d'automne. Les mois étaient alternativement de 29 et de 30 jours; par conséquent l'année était lunaire et de 354 jours seulement. Quand l'année se trouvait trop en retard pour les moissons, attendu que le seizième jour du premier mois on devait offrir les prémices de l'orge mûr, on ajoutait un treizième mois nommé Adar second et qui avait trente jours.

L'année des Egyptiens était bien mieux réglée : elle était divisée comme notre année républicaine en douze mois de trente jours chacun, suivis de cinq jours complémentaires. On perdait un quart de jour tous les ans et on avait 1461 années pour 1460. Les mois se nommaient Thot, Paophi,

Athyr, Choiac, Tybi, Mechir, Phamenoth, Pharmouthi, Pachón, Payni, Epiphi et Mesori. Les jours supplémentaires se nommaieut Epagomènes.

Les Grecs ou plutôt les Athéniens avaient comme les Juifs l'année lunaire ou de 354 jours divisée en douze mois alternativement caves et pleins ou de 29 et 30 jours; mais en l'an 430 avant Jesus-Christ, ils réglèrent leur Calendrier de manière à y ajouter trois fois en huit ans un mois de trente jours, ce qui donnait pour la période de huit années ou octaétéride 2922 jours et par conséquent huit fois 365 jours 1/4.

Les mois athéniens se nommaient Gamelion, Anthesterion, Elaphebolion, Munychion, Thargelion, Scirrophorion, Hecatomboon, Metagitnion, Boëdromion, Mamacterion, Pyanepsion et Posideon. Lors de la réforme, l'année commença au mois Hecatomboon qui était auparavant le septième. Le mois ajouté trois fois en huit ans s'appelait Posideon second. Le Calendrier réformé prit le nom de Calendrier olympique.

Le Calendrier macédonien qui fut adopté par la plupart des peuples de l'Asie après les conquêtes d'Alexandre, et dont les Ptolémées en Egypte se servaient en même temps que du Calendrier égyptien, paraît avoir différé peu du Calendrier athénien. Comme celui-ci il était vague, c'est-à-dire qu'il n'avait pas un rapport exact avec le cours du soleil. Ses mois nommés Dius, Appellaus, Andynous, Peritius, Dystrus, Xanthicus, Artemisius, Dosius, Panemus, Lous, Gorpiæus et Hyperberetaus se rapportaient à des époques de l'année différentes chez les divers peuples qui l'employèrent.

Les Romains et les Aborigènes de l'Italie n'avaient d'abord que dix mois à leur année. Ces mois étaient alternativement 6 de 30 et 4 de 31 jours, ce qui ne donnait à l'année que 304 jours. Numa y ajouta le mois de janvier de 29 jours au commencement, et celui de février de 28 jours à la fin, en réduisant à 29 jours sept autres mois qui auparavant en avaient 30 ou 31, en sorte que l'année avait 354 jours et était lunaire. Pour la faire concorder avec le soleil on ajoutait tous les deux ans un mois nommé Mercedonius qui avait alternativement 22 ou 23 jours.

Quelques siècles plus tard le mois de février, qui était le dernier dans le Calendrier, fut placé immédiatement après janvier, et l'année, qui commençait d'abord à l'équinoxe du printems, commença au solstice d'hiver. Le Calendrier romain n'en resta pas moins sujet une grande confusion jusqu'à la réforme qu'en fit Jules César. Celui-ci régla l'année telle qu'elle est aujourd'hui, avec l'intercalation d'un jour tous les quatre ans, après le 24 février qui s'appelait sexto calendas; ce sexto calendas ainsi doublé donna à l'année où cette répétition avait lieu le nom de bissextile. Les mois se trouvaient ainsi dans le même ordre et de la même longueur qu'aujourd'hui, en observant toutefois que les mois de juillet et d'août s'appelaient quintilis et sextilis et que leurs noms ne furent changés que plusieurs années après la réforme Julienne.

Ce que nous venons de dire des Calendriers anciens, quelque court et superficiel qu'il soit, suffit pour qu'on puisse remarquer les variétés innombrables qui existaient dans la manière de supputer les temps parmi les peuples, surtout si l'on considère que nous n'avons cité que les

Calendriers de quelques nations élites et les plus éclairées. Que doit on penser des peuples plus obscurs et plus ignorants?

Cette diversité avait pour résultat que l'année ne comprenait pas le même nombre de mois où le même nombre de jours, qu'elle commençait à des époques différentes, et que ses divisions étaient loin de se rapporter, même chez un seul peuple, aux mêmes phenomènes astronomiques.

De là sont nées des difficultés sans nombre pour la vérification des dates et les recherches chronologiques, difficultés dont la plus grande partie ont résisté aux efforts du travail et de la science.

Lorsque l'Astronomie fut mieux connue et que les conquêtes des Romains permirent de recueillir et de comparer les Calendriers des peuples divers, les savants trouvèrent le moyen de résoudre les difficultés jusqu'alors insolubles que présentait, pour la division du temps, le rapport de la marche du soleil, qui devait régler l'année, à celle de la lune qui semblait devoir servir de base à la longueur des mois. On se décida à sacrifier les phénomènes lunaires, comme étant d'un intérêt secondaire, aux phénomènes solaires qui président non seulement à l'année et aux saisons, mais encore aux jours. C'est alors que se fit la réforme à laquelle ⚫ donna son nom Jules César, sous les auspices duquel elle fut entreprise et conduite à fin.

Alors chaque peuple put faire commencer son année à tel jour qu'elle avait coutume et conserver à ses mois les anciens noms; mais ces mois durent tous avoir la même longueur que les mois romains correspondants, et l'intercalation d'un jour au bout de quatre ans fut prescrite; en sorte qu'au moins sous l'empire de cette supputation, il y a une concordance continue d'année en année entre les mêmes jours des Calendriers différents, et on put établir un tableau de concordance entre tous les Calendriers. Ce tableau fut fait, et au moyen de ce tableau on peut tout rapporter à l'année romaine réformée.

La réforme julienne date de la 46° année avant J.-C. la 708o de Rome. Celle qui la précéda eut chez les Romains 445 jours divisés en 15 mois, et fut appelée l'année de confusion. Elle est au moins la preuve du désordre que la réforme allait faire cesser. Jules César fixa le commencement de son année à la nouvelle lune qui suivit le solstice d'hiver.

On peut regarder cette époque comme celle qui sépare les Calendriers anciens des Calendriers modernes; puisque le Calendrier julien fut successivement adopté par tous les peuples, grâce aux efforts des empereurs et plus encore à l'influence du Christianisme qui l'employait.

Lors de la réforme julienne, les mouvements de la lune et du soleil n'avaient pas été exactement appréciés. Une inexactitude légère dut, dans la suite des temps, amener une perturbation considérable. Elle était de 10 jours au bout de seize siècles; c'était une erreur de moins de dix minutes dont chaque année était trop longue. Le Concile de Trente la signala et le pape Grégoire, par une bulle de 1581, ordonna la suppression de dix jours entre le 11 et le 21 octobre 1582, ce qui rétablit les choses dans leur état normal et mit l'année d'accord avec le soleil. Le même

pontife prescrivit de supprimer à l'avenir trois jours bissextiles dans l'espace de 402 années, en sorte que sur 4 années séculaires il n'y en a qu'une de bissextile; 1600 l'a été, 1700, 1800 et 1900 ne le sont pas, 2000 le sera et ainsi de suite.

Le Calendrier ainsi réformé s'appelle Calendrier grégorien ou style nouveau. Il est en usage chez tous les peuples, excepté chez les mahomé

tans.

Les Grecs dataient de l'Ere de Constantinople dont les années commençaient par le premier septembre. Les Russes ont conservé ce Calendrier jusqu'à Pierre-le-Grand qui a fait adopter l'ère chrétienne. Ils ont encore l'habitude d'indiquer leur dates dans les deux styles.

Il ne reste plus à parler que des Calendriers de l'Orient. Il y en a trois: l'arménien, le persan et le turc.

L'arménien commence au 11 août; l'année est exactement divisée comme la julienne.

Le persan commence l'année au 16 juin; il a été réformé en 1075. L'année est de 365 jours 4 heures 49' 15" 0" 48""""

L'année turque n'a que 354 jours; elle est lunaire. Cependant sur 30 années 11 ont 355 jours. Les mois sont alternativement de 30 et de 29 jours. Il ne peut par conséquent exister de concordance entre l'année grégorienne et l'année turque qui avance tous les ans de 10 ou 11 jours, (Editeurs).

L'insurrection populaire du 10 août 1793 avait envahi le palais des rois de France. La Convention, dans sa première séance du 21 septembre 1792, consacra cette révolution en prononçant, sur la proposition de Grégoire, l'abolition de la royauté, et la république française commença d'exister. La Convention, qui semblait vouloir abolir toutes les idées du passé, décréta, le 5 octobre 1793, que l'ère des Français compterait de la fondation de la république; que l'année commencerait à minuit du jour où tomberait l'équinoxe vrai d'automne pour l'Observatoire de Paris; et serait divisée en douze mois de trente jours chacun, suivis de cinq jours complémentaires, et que tous les quatre ans, on ajouterait un sixième jour complémentaire qui serait appelé le jour de la Révolution. Les mois furent divisés en décades ou périodes de dix jours. Les mois, les décades et les jours ne devaient d'abord avoir d'autre nom que celui de premier, second, etc. Ce ne fut que le 2 novembre 1793 (12 brumaire an a) que l'on commença à donner légalement aux mois les noms qu'ils portèrent ensuite; il y a des décrets de ce jour datés les uns du douzième jour du deuxième mois, les autres du douzième jour de brumaire. On donna aussi alors aux jours, dans les Calendriers, des noms d'outils aratoires ou de légumes, sans doute pour faire oublier les saints. Quoi qu'il en soit, on voit que l'usage du Calendrier républicain n'a commencé qu'en l'an 2 : voilà pourquoi, dans

le tableau qui suit de concordance de ce Calendrier, nous ne donnons pas

l'an 1er.

Napoléon, qui cherchait à détruire peu à peu l'esprit révolutionnaire, et qui avait déjà rendu à la religion chrétienne ses temples et ses ministres, ne fit que satisfaire un sentiment national et un besoin public en renouvelant l'usage du Calendrier auquel la France était habituée depuis des siècles, dont elle n'avait pu se défaire, et qui était d'ailleurs celui de toutes les nations chrétiennes. Le Calendrier grégorien, en vertu d'une loi du 22 fructidor an 13, dut remplacer celui de la république à dater du 1er janvier 1806, ou 11 nivôse an 14, époque à laquelle se termine notre tableau de concordance.

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