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six articles, avec un préambule qui en est la base. »

Suit la teneur du décret et du préambule, que nos lecteurs connaissent.

<< La congrégation ayant délibéré sur ce projet et sur son préambule, a estimé, à la majorité des voix, que le décret susdit, avant d'avoir force de loi, devait être soumis à l'approbation de Sa Sainteté, et que cette clause devait y être insérée, attendu : 1° que la concession de Sa Sainteté n'est pas dans les formes; 2° que l'addition qui en dérive, relativement à l'institution des métropolitains, n'est pas textuellement comprise dans les concessions faites par le Pape.

<< En conséquence, la congrégation particulière a été d'avis de présenter aux Pères du Concile le rapport sommaire, avec les deux pièces ci-jointes. »

On lut en effet le libellé des concessions que les évêques députés à Savone affirmaient avoir obtenues de Pie VIII, et dont il sera parlé tout au long plus loin. Cette lecture fut écoutée avec un redoublement de silence. Mais, observe le caustique rédacteur des notes, « Venise rit à la fin ».

La séance devait finir sur cet éclat de rire,

car, tout à coup, alors qu'on s'apprêtait à ouvrir la discussion qui promettait d'être animée, le cardinal président se leva et déclara la séance terminée, ajournant le Concile à une nouvelle congrégation générale, pour le surlendemain 12 juillet.

XI

LE CONCILE EST DISSOUS

A peine rentrés chez eux, les Pères reçurent notification d'un décret impérial, qui déclarait le Concile dissous.

Le 12, à trois heures du matin, l'évêque de Gand, l'évêque de Troyes et l'évêque de Tournay étaient saisis dans leur lit et conduits par des argousins au donjon de Vincennes, où ils furent mis au secret, sans plumes, encre, ni papier.

Quelques jours après, le cardinal Fesch recevait du duc de Rovigo la lettre suivante : << Monseigneur, j'ai l'honneur d'adresser à

Votre Altesse Eminentissime copie de l'analyse de quelques-uns des papiers trouvés chez MM. les évêques de Troyes et de Gand, dont Sa Majesté m'a ordonné de vous donner communication. >

C'étaient 1° un manuscrit latin de quatrevingts pages, portant pour épigraphe: Veritas quæ non defensatur, opprimitur 2° un autre manuscrit latin de quatre pages, sous la même épigraphe; 3° une brochure, correspondance authentique de Rome avec la France, 1809; 4° un long mémoire, en cinq cahiers, qui paraissait de l'écriture de M. de Broglie, sans titre, contre les invasions de l'autorité civile; 5° un manuscrit (auteur inconnu) sur le divorce et le second mariage de l'Empereur; 6o des copies de lettres au cardinal Fesch et à M. Emery; 7° des lettres d'évêques sur l'Université et la nomination aux chaires de théologie; 8° un très grand nombre de pièces de l'écriture de M. de Broglie, sur le serment de la Légion d'honneur.

Dans le même dossier, nous avons retrouvé le mémoire du vaillant évêque de Gand sur l'incompétence du Concile, à la date du 3 juillet, chef-d'œuvre de logique et de courageuse résistance aux volontés de César,

Le cardinal Fesch était navré. Une première démarche, tentée auprès de son neveu irrité, n'avait servi qu'à augmenter la colère de Napoléon, qui l'accusa publiquement de pactiser avec ses ennemis. Cependant, la famille de Mgr de Broglie, son grand vicaire, dans une lettre touchante que le cardinal a soigneusement conservée, le conjuraient de faire délivrer un prélat coupable d'avoir usé de son droit, en parlant et en votant selon sa conscience. Mais d'autres soucis vinrent enrayer les démarches du cardinal, qui aimait de prédilection les trois évêques captifs, spécialement celui de Gand, sa créature et souvent son confident intime.

L'Empereur, de plus en plus irrité, avait commencé une enquête policière, dans laquelle Fesch lui-même se trouva compris.

II

Nous trouvons, en effet, dans un cahier soigneusement épinglé et qui paraît avoir été l'objet d'une sollicitude spéciale dans le classement de ses archives, une longue lettre du car

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