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cile de Trente, et regagnent ainsi une teinte orthodoxe fort compromise par les dithyrambes du début.

Mais nous avons une autre preuve de l'émoi du clergé terrorisé, celle-là tellement apeurée que nous avons hésité un moment à l'extraire des dossiers où elle dort depuis le 28 février 1811. Elle est trop probante cependant, pour qu'elle ne soit point acquise à l'histoire de ce moment si critique de notre histoire religieuse, où la France se retrouve tout à coup, comme en 1682, sur le bord d'un abîme.

La lettre venait d'Orléans. Le cardinal Fesch en reçut copie du Ministre des Cultes, à qui elle était adressée. L'original avait été mis sous les yeux de l'Empereur, le 2 mars.

L'évêque nommé d'Orléans, M. Raillon, écrivait au ministre Bigot de Préameneu :

<< Monseigneur, il vient de m'arriver par la poste une brochure portant ce titre : Lettres de N. S. Père le Pape Pie VII concernant les élections capitulaires. L'enveloppe a le timbre d'Avignon, et il ne s'y est point trouvé de lettres d'envoi, en sorte que j'ignore par qui cette brochure m'est adressée.

Quoiqu'il en soit, Monseigneur, j'ai l'honneur de transmettre le tout à Votre Excellence,

même sans couper les feuilles de la brochure. Comme ce paquet m'a été apporté de la poste dans le moment que je tenais le Conseil, les vicaires généraux et ceux des chanoines qui le composent, ont vu comme moi le titre de la brochure, parce que j'ai coutume de décacheter les lettres qui m'arrivent devant le Conseil, afin que, s'il s'y trouve quelque affaire pressée, je puisse la mettre à l'instant même en discussion. Au reste, MM. les membres du Conseil n'ont vu comme moi que le titre de la brochure dont il s'agit. »

Et, comme s'il ne s'était pas suffisamment excusé d'avoir eu le périlleux honneur de recevoir cette terrible brochure, le pauvre évêque ajoute un post-scriptum.

« Il n'y a pas une heure que ce paquet m'est arrivé. »

Décidément, des prélats aussi tremblants ne sont point de la race des vaillants qui peuvent sauver Israël. Napoléon s'en rendit compte, et c'est à ce moment qu'il ordonna la seconde réunion du Conseil Ecclésiastique, déjà racontée plus haut, et qui devait être, dans sa pensée, la vrai préface du Concile.

1

II

LA CONVOCATION DU CONCILE

I

Le 25 avril 1811, l'Empereur dictait à SaintCloud le décret de convocation au Concile. Véritable ukase dictatorial, il y parlait en mattre absolu de l'Eglise, seul chargé des intérêts sacrés qu'il prétendait assurer, sans aucune mention de l'autorité du Vicaire de JésusChrist, et ce qui blessa vivement les membres du Conseil Ecclésiastique, quand le Ministre des Cultes leur en communiqua la minute chez lui par ordre du maître, sans aucune allusion aux avis de ce Conseil.

n'ont pas

Les mémoires contemporains n'ont

donné le texte de ce décret. Nous l'empruntons à la copie que M. Bigot de Préameneu fut autorisé à laisser entre les mains du cardinal Fesch.

<< Napoléon, etc. - Animé du désir de rétablir l'ordre et la paix dans les Eglises catholiques situées dans notre empire, dans notre Royaume d'Italie et dans les Etats de la Confédération du Rhin, au moyen d'une discipline conforme aux saints canons, et les circonstances actuelles exigeant que plusieurs points de cette discipline soient constatés et généralement reconnus, nous avons cru ne pouvoir prendre une voie plus assurée pour atteindre ce but que la convocation d'un Concile auquel seront appelés tous les archevêques et évêques desdites Eglises. En conséquence, nous avons décrété et décrétons ce qui suit :

Tous les Archevêques

<< ARTICLE PREMIER. et Evêques des Eglises de notre Empire, de notre Royaume d'Italie et des Etats de la Confédération du Rhin seront convoqués dans notre bonne ville de Paris pour le..... (1).

« ART. 2. Les objets que le Gouverne

1. On va voir pourquoi la date demeurait en blanc sur la copie.

ment proposera aux délibérations de l'assemblée lui seront présentés par des commissaires que nous nommerons à cet effet.

<< ART. 3.

Les résolutions de cette

assemblée ne pourront être mises à exécution que de notre consentement.

«

<< ART. 4. Notre présent décret sera par notre Ministre des Cultes adressé à tous les

Archevêques et Évêques des Églises de notre Empire, pour servir à chacun d'eux de lettre de convocation.

« ART. 5. Le même décret sera par notre Ministre des relations extérieures de l'Empire adressé au Ministre des relations extérieures de notre Royaume d'Italie et aux Ministres ou autres agents diplomatiques des Rois et Princes de la Confédération du Rhin, afin que les Archevêques et Évêques desdits Etats reçoivent l'ordre de se rendre à ladite assemblée.

<< ART. 6. Il sera par nous pourvu aux frais de route et de séjour pour tous les membres de l'assemblée sur les états qui nous seront présentés par Notre Ministre des Cultes..... >>

Il ne resterait plus, on le voit, qu'à ajouter au protocole, dans l'énumération des titres de l'Empereur et Roi, comme autrefois aux inti

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